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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

 



Le  Testament de Benjamin  Briggs.



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Les Tempêtes

 

«  Me llamo Paloma. » (Je m'appelle Paloma.)
Puis ce fut la voix de Lusciano, violente, dure, sans un soupçon de tendresse :
« Que fais tu encore ici, va m'attendre dans ma cabine.
- J'y vais. »
C'est la seule chose que Florane trouva à répondre.  La danseuse lui prit le bras et l'accompagna. A la porte de la cabine, elle chuchota :
« Je n'oublierai jamais ton visage. Je prierai tous les jours pour ton salut. Il est temps que des femmes comme toi nous montrent la voie. »
Florane entra et s'écroula sur la couchette.
Au dehors, le Commandant continuait son enquête. Tous les témoignages furent concordants, tous témoignèrent de leur admiration de ce qu'avait accompli Florane. Lusciano fit mettre le marin aux fers.
Quand il entra dans la cabine, Amiya était là, et elle coiffait les longs cheveux de Florane.
« Que vas-tu en faire ?» demanda Florane.
Je vais le remettre à la police du port. C'est la règle.
«  Vous plaisantez Commandant ! Le tutoiement avait disparu.
- Non je ne plaisante pas, il en sera fait suivant ma volonté.
- Je suis votre femme, j'ai été agressée par un criminel, vous n'êtes pas venu à mon secours et il va s'en tirer comme ça ?
- Visiblement vous n'aviez pas besoin de mon aide !
- Heureusement, j'aurais eu le temps de mourir dix fois avant que vous bougiez vos fesses de votre fauteuil.
- Je vous interdis....Reprenez vous !
- Et moi, je vous dis que si vous ne le tuez pas, je m'en chargerai.
- Assez ! Ne m'obligez pas à vous mettre aux arrêts vous aussi. »
Florane était glacée d'effroi.
« Tu vas donc attendre qu'il me tue ?
- Tu n'as rien à craindre, je suis là.
- Je suis rassurée dit elle en sortant et en claquant la porte.
A la porte de la cabine, Paloma était là. Elle avait tout entendu de la scène, mais sans doute pas tout compris Florane traduisit.
Elle prit le bras de Florane et l'entraîna dans l'entrepont. Dans la cabine réservée au groupe des argentins, Ils étaient tous là. Une dizaine de personne environ.
La fille expliqua ce qui s'était passé. Les hommes se regardèrent, ils ne dirent pas un mot et sortirent un par un de la cabine.
Paloma resta seule avec Florane. Le baiser cette fois fût sur les lèvres, et dura longtemps. Elle reprit le bras de Florane et l'emmena vers la cabine de Sarah. Le Commandant l'interpella.
« Que faites vous ?
- Je la reconduis chez son amie.
- Sa place est dans ma cabine.
- Je vous déconseille de le prendre sur ce ton, Commandant, El Choclo a plus besoin d'amour que d'autorité. »
Et elle continua son chemin. C'est Sarah qui l'accueillit.
« Alors ma chérie, il a fallu encore une fois que tu te fasses remarquer ? J'ai entendu tous ces cris c'était horrible.
- Tu as raison Sarah, je suis une mauvaise femme. Désormais, je te laisserai tuer toi-même l'assassin de ton  mari, inutile que je me fasse remarquer une fois de plus. »
Les femmes ne purent sortir de leur cabine, elles étaient aux arrêts, une sentinelle en arme était devant la porte.
Le lendemain matin, on retrouva le matelot sans vie, égorgé sur sa paillasse, et son gardien ligoté.
« Comment as-tu pu faire ça ? » Demanda le commandant à Florane.
- Je l'ai fait commandant. Mes pouvoirs vont bien au-delà de votre administration. Vous pouvez me pendre à la vergue si cela vous chante. Mais sachez que si vous ne le faites pas, je tuerai tous ceux qui me manqueront de respect.»
Le commandant comprit qu'il se battait dans le vide, et que tous les marins et tous les passagers prenaient le parti de Florane.
L'escale à Libreville ne dura que le temps de prendre de l'eau et du charbon. Le navire repartit vers le sud.

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A l'approche du Cap de Bonne Espérance, un couple d'albatros vint se poser sur la crête de la vague, tout près du navire.
Florane s'approcha du bord, les oiseaux ne furent pas effrayés. Ils la regardaient comme pour lui transmettre un message. Les albatros n'ont pas bonne réputation chez les marins, ce sont "des oiseaux de malheur"
«...
L'albatros est signe de mauvais temps s'il se pose sur l'eau mais annonce du bon vent et du soleil s'il plane.» Lui souffla un matelot qui observait la scène. Puis il ajouta:
«...Chaque Albatros emporte l'âme d'un marin mort...»
«...ça promet ! » pensa t elle.
Le navire doubla le cap, et remonta vers Bourbon.
Le calme semblait être revenu à bord de  La Porteňa. Les argentins se contentaient de danser dans leur cabine. Florane, invitée par Paloma s'y rendit quelque fois pour s'initier à la Milonga. C'était d'autant plus intéressant que Paloma jouait le rôle du cavalier.
Florane n'était pas retournée chez le Commandant. Elle n'en avait plus envie, Il ne lui demanda pas non plus.
Elle remarqua seulement que Sarah soignait de plus en plus sa toilette. Les chignons compliqués, les décolletés somptueux, le corset serré à l'extrême, devenaient quotidiens. Sarah évitait Florane, et Florane dormait seule.
Un après midi de chaleur, alors que tout le monde semblait assoupi, Florane était sur le pont. Elle y était souvent, et son visage avait pris un hâle saisissant. Le navire n'allait pas très vite, le vent était faible. Alors qu'elle ne pensait à rien de particulier, elle vit Amiya devant la cabine du Commandant. Elle sentit son cœur s'arrêter de battre. Elle savait ce que cela signifiait. Elle marqua un temps d'arrêt, Puis doucement rejoignit Amiya.
« S'il te plait Amiya, laisse moi passer, je dois savoir. »
Amiya laissa le passage en baissant la tête.
Florane entra, la porte n'était pas fermée. Sur la couche, au fond de la cabine, elle vit ce qu'elle était venue voir. Lusciano était nu, allongé sur la couche, et Sarah nue elle aussi se tenait sur lui à califourchon, visiblement empalée sur le sexe. Elle se tenait cambrée, la tête rejetée en arrière, ses cheveux déliés tombaient sur ses fesses. La forte poitrine de Sarah était soutenue par les mains de Lusciano :
Dans un premier temps, la scène ne la choqua pas, tellement elle s'y attendait, mais de voir les mains de Lusciano sur les seins qu'elle avait tant aimés lui fut insupportable :
« Mes astres, il a osé ! »
Elle s'avança vers le couple. Amiya qui l'avait suivie, reconnut la démarche féline qui précédait l'orage. Elle attrapa le bras de Florane et la tira en arrière. Florane  la repoussa violemment. Dérangé par le bruit, le capitaine repoussa vivement Sarah, et bondissant de sa couche, se saisit de son épée. Florane éclata de rire.
« Si tu te voyais, mon pauvre Lusciano, Tout nu avec ton épée, tu ne ferais peur à personne. Même avec ton épée tu ne me fais pas peur, et si tu es si brave, donne m'en une.
Lusciano ne bougea pas, il ne semblait pas être saisi de peur, mais ne voulait prendre aucun risque. Florane continua....
« Et si c'était à Sarah que j'en voulais, aurais tu le courage de la défendre, elle ? Excusez-moi de vous avoir dérangés, je ne faisais que passer. » Entraînant Amiya par la main, elle sortit de la cabine.
« Je te demande pardon si je t'ai fait mal.
- J'ai eu très peur, vous avez eu tort. Ce sont des amants, pas des criminels.
- Je sais Amiya, la criminelle c'est moi, je fais peur à tout le monde. »
Florane reprit la direction du pont arrière, là où elle était sûre de trouver Paloma. Celle-ci la prit par les épaules, et lui dit :

641432tn_Paloma.jpg« Ne t'en fait pas, il y a encore beaucoup d'amours à vivre. »
Elles s'assirent à même le pont, et les yeux perdus dans le sillage, elles se parlèrent pendant des heures. Florane regagna sa cabine à la nuit tombante. Avant d'y pénétrer, elle leva les yeux vers le ciel. La croix du sud, brillait intensément. Florane sourit. Tant qu'une étoile brillera pour elle tout ira bien.

Sarah était dans la cabine, elle faisait sa toilette. Elle ne tourna pas la tête quand Florane entra. « Alors ma chérie, pourquoi n'as-tu pas tué le Commandant ?
- Il ne m'a pas semblé que tu étais menacée.
- Non, en effet, mais je n'ai pas fait autre chose que ce que tu as fait.
- Oui, je le sais, mais si tu en avais envie, il fallait le prendre tout de suite, j'aurai préféré. Comment ai-je pu me laisser entraîner de la sorte ?
- Je ne pensais pas que vos relations tourneraient comme ça, et puis tu ne me fais plus l'amour, et puis, j'ai eu envie simplement.
- Je ne te reproche rien, Sarah, mais je ne sais si notre amour survivra.
- Moi je le sais, chérie, tu ne me dois rien.
Les trois femmes, ce soir là, dormirent chacune dans leur coin.

 L’ambiance sur le navire était devenue délétère. S’il n’y avait pas eu Paloma, Florane n’aurait plus adressé la parole à personne. Le Commandant l’évitait en affichant le plus visible mépris qu’il put composer, sur son visage basané. Sarah restait enfermée dans sa cabine, et Amiya faisait la navette pour lui apporter ses repas et sa ration d’eau. On voyait aussi la belle Amiya faire la lessive agenouillée sur le pont. Il faisait très chaud, très lourd. Un léger vent adoucissait quelque peu les brûlures du soleil. Florane avait sorti son hamac, et sur le pont arrière, elle avait trouvé quelque support pour l’y accrocher. Bien que ce fût contraire à la mode, elle aimait cette couleur dorée qui ombrait son visage. Elle aurait souhaité retrouver la joie de vivre des jours passés, mais elle ne voyait pas comment leur différend pourrait s’arranger. Pourtant, elle sentait que ses reproches envers Sarah s’évaporaient de minute en minute.
Ce voyage n’était pas une réussite sur le plan financier. Le chargement embarqué n’était que de peu de valeur. Lusciano passait son temps à étudier tous les aspects techniques du navire. Ces «vapeurs» étaient quand même très impressionnants, et leur utilisation requerrait de la part du boss et de l’équipage une totale maîtrise de ces nouvelles technologies. Pour économiser le charbon, et n’étant pas particulièrement pressés, le Commandant décida de mettre la machine en veille et de naviguer à la voile. Dans cette partie de l’océan Indien, les vents étaient favorables, les courants aussi à cette période de l’année. Un ou deux mois plus tard, et les moussons inverseraient le sens des courants, phénomène unique sur les océans de la planète. La machine aidait à la manœuvre des voiles immenses, au moyen de cabestans mécaniques appropriés. Bien qu’il fût plus grand et plus chargé que « La Belle Indifférente », le navire demandait moins de main d’œuvre. Le travail était moins pénible, c’était véritablement un progrès. Florane allongée sur la toile du hamac lisait un chapitre des poésies de
Joseph Mery. Elle leva les yeux pour contempler les reflets du soleil, déjà très bas sur l’horizon. La côte n’était pas très loin, elle le savait, mais on ne la voyait pas. Lusciano hésitait à se lancer au large ne connaissant pas encore tous les secrets du navire. Pourtant, la destination était bien l’Australie, et après l’escale de Bourbon, il faudra bien qu’il se décide !
C’est à ce moment que la vigie annonça l’apparition d’une voile ! C’est toujours un événement en mer, que de croiser ou de doubler un autre navire. Tout le monde arriva sur le pont pour « voir » le visiteur. Lusciano sur la passerelle, avait appuyé sa longue vue sur un support pour avoir plus de netteté dans la lunette. Il faut dire que ces grosses lunettes étaient particulièrement lourdes. L’étranger était apparu sur l’arrière du navire. Le fait qu’il ait été aperçu renseignait déjà sur sa vitesse, le navire étranger était plus rapide. Florane arriva près du Commandant :
« De quoi s’agit-il ?
–C’est une Frégate. Trois mats barque. Elle a le vent en poupe, elle va très vite.
–Elle n’est peut-être pas chargée ?
–C’est ce qui la rend plus dangereuse. Un navire qui n’est pas chargé ne sert à rien !
–Alors vous en déduisez quoi ?
–Que c’est une Frégate qui veut battre un record de vitesse, ou que c’est un navire-pirate qui a décidé de nous faire la peau.
–Vous parlez sérieusement Commandant ?
–Non, je plaisante bien sûr !
–Arrêtez de jouer ce jeu, si ce sont réellement des pirates, vous aurez besoin de tout le monde, alors inutile de me renvoyer dans ma cabine.
–Et que pouvez-vous faire contre ces sauvages ?
–Je pense qu’il faudra se défendre.
–La Porteña est un navire de commerce, pas un cuirassé. Il nous faut prendre la fuite.
–Les machines sont à l’arrêt !
–Je sais, je donne des ordres pour remonter la pression.
–Il faudra combien de temps ?
–Une dizaine d’heures pour la pleine puissance.
–Ils seront là dans combien de temps ?
–Un peu moins. Mais comme vous êtes très intelligente, vous allez sûrement trouver une solution.
–Nous avons des canons ?
–Oui, mais je ne sais pas ni s’ils sont en état, ni si les hommes savent s’en servir.
–Et quoi encore ?
–Quelques mousquets…
–Permettez que je regarde ?
–Je vous en prie. Je vais donner les ordres. »
Florane colla son œil à la lunette, et fut surprise de la netteté de la vision, démesurément agrandie. C’était effectivement un vaisseau de course. Très bas sur la vague, une voilure très puissante, pas de canons apparents, sûrement pour gagner du poids. C’était un navire d’abordage. Effectivement il allait falloir avoir des idées. Sinon, ils étaient tous condamnés. Florane sentit une vibration sur le pont, et comprit que la machine avait redémarré. Lusciano revint.
« La pression n’était pas tellement retombée. On a peut-être une chance de les distancer.
–Puis-je faire une suggestion ?
–Pourquoi pas ?
–Il faudrait changer de cap, marcher au grand largue, il sera contraint d’opter pour un petit largue, il va se heurter à la vague. Il va gîter. Avec la machine on a plus de possibilités comme ça de le distancer ? »
Lusciano ouvrait de grands yeux en regardant Florane. Décidément, cette fille le surprendrait toujours.
« Mais où vas-tu chercher tout ça ? »
Florane nota avec amusement que le tutoiement était revenu.
« Je réfléchis, simplement. Pouvez-vous me dire commandant si la frégate est en bois ou en métal ?
–En bois, je suppose, attends, je vérifie, mais je ne sais pas ce que ça change…..Elle est en bois !
–C’est parfait ! Dites-moi, avons-nous des pompes assez puissantes en état ? Si oui, est-il facile de les mettre en route ?
–C’est un concours de questions idiotes ou c’est pour passer le temps ?
–C’est pour nous sauver la vie Commandant.
–Tu comptes les arroser pour refroidir leur envie de nous massacrer ?
–Non, je compte bien les massacrer moi-même !
–Mademoiselle Florane d’Auteuil est en plein délire ! comme si c’était le moment. !
– Combien nous faut-il de temps pour mettre les pompes en service ?
–Une heure environ pour les pompes avant, autant pour l’arrière, si on n’utilise pas les pompes de la machinerie. Avec les chaudières, les pompes sont indispensables en cas d’incendie. Elles sont actionnées par la vapeur, elles sont très puissantes.
–Si votre susceptibilité est mise en berne, nous avons peut-être les moyens de les combattre de façon efficace. Comment peut-on savoir s’il s’agit bien de pirates, je ne voudrais pas tuer des innocents.
–Parce qu’en plus tu veux les tuer ?
–Que voulez-vous faire ? Les inviter à votre bord pour une partie de criquet ? Vous les repêcherez si vous voulez !
–Arrête de dire des âneries. Laisse-moi réfléchir.
–Changez le cap d’abord, sinon, le temps de réfléchir, on les aura sur le dos. » Lusciano rouge de colère donna les instructions à l’homme de barre, à la grande stupéfaction des matelots.
« Ils me prennent pour un fou !
–C’est ce que pensaient les officiers français en voyant manœuvrer Nelson. »
La Porteña vira de bord. Au bout de quelques instants, la frégate gouverna au petit largue. Une heure après, elle avait disparu de l’horizon.
« Hé bien ! ça a marché on dirait ?
–Oui, ça a marché pour l’instant. Mais on est proche de la côte, s’il y a changement de marée, ils peuvent revenir.
–Et Alors on fait quoi ?
– Je vais vous expliquer mon idée. Si vous le souhaitez évidemment. »
Et Florane expliqua ce qui naturellement lui était venu à l’esprit. Elle parla doucement, calmement, sachant pertinemment que Lusciano avait besoin de temps pour absorber les explications. Quand il eut enfin compris, il ouvrait de grands yeux, et c’est d’un air incrédule qu’il s’écria :
–Mais personne n’a jamais fait ça ! Ça ne peut pas marcher !
–Si, c’est comme ça que la galère de César et sa flotte ont vaincu la flotte de la reine d’Égypte, la très belle Cléopâtre ! »
Ce n’était sûrement pas vrai, mais ce genre d’affirmation marque toujours les esprits simples.
« Lusciano finit par accepter la manœuvre proposée par Florane. Il réunit ses hommes et expliqua « son idée ». Tous les hommes approuvèrent avec admiration l’idée géniale de leur commandant. Ils se mirent au travail, la nuit tombait, il était temps. Il n’y avait pas de lune, le ciel était nuageux, l’obscurité allait recouvrir la vague. La chaudière fut gardée en pression, mais la machine fut arrêtée. On ne voyait pas très loin, seule une oreille affûtée aurait pu discerner le clapot de la vague sur l’étrave du navire. Tous les feux étaient éteints. Le plus grand calme était requis, tout était prêt. Selon les estimations de Florane, aux premières lueurs du jour la frégate aurait rattrapé une bonne partie de son retard, et serait à deux ou trois milles du vapeur. C’était l’instant où il ne fallait surtout pas paniquer. Les instructions étaient claires, le bastingage du navire était beaucoup plus haut que la Frégate, donc ils pouvaient dissimuler leurs préparatifs. À moins que les poursuivants aient aussi une idée particulièrement géniale pour livrer bataille, le plan devait porter ses fruits en une heure, deux au maximum. Florane savait qu’il y avait un risque d’échec, mais elle n’en avait pas soufflé mot, et personne n’avait imaginé qu’il existât. À cette distance, on pouvait voir tout ce qui se passait sur le pont du navire, avec une bonne lunette dans la vigie. Aussi, tous les passagers étaient consignés à l’intérieur. Les matelots dissimulés dans les coursives, il était inutile que l’adversaire puisse estimer le nombre de personnes à bord. Le Timonier s’était mis à la barre intérieure. Dans le plan de Florane, il y avait un point capital. Il fallait que le navire ait la frégate sous le vent. Elle pensait qu’une manœuvre particulière pouvait semer le trouble chez l’adversaire. En regardant la Frégate à la jumelle, elle vit qu’il y avait foule sur le pont, avec beaucoup d’agitation. Tous les pirates brandissaient une arme, un fusil ou un sabre. Elle eut également l’impression que l’équipage était dans un état d’ébriété très avancé. N’importe qui en eut ressenti un frisson de peur. Florane souriait.
« Commandant, voilà ce que nous allons faire ; ces gaillards semblent pressés d’en découdre. Nous allons les déstabiliser le temps de manœuvrer pour nous mettre en position. Tous les hommes vont s’abriter. Je prendrai position au bastingage avec Sarah et Amiya. Les pirates croiront que le navire est gouverné par des femmes. Cela va les faire hésiter. En attendant, mettons cap au Nord à pleine vapeur comme pour amorcer une fuite. La Frégate aura des difficultés à nous suivre, car elle sera obligée de marcher au près serré. Le Pirate pensera alors qu’il ne nous rattrapera plus. Il ne faut pas trop les distancer pour qu’ils continuent la chasse. Cela va les énerver, et il faut attendre qu’il fasse très chaud. De ce côté-là, le ciel est avec nous. Est-ce que vos hommes sont prêts ?
–Ils sont à leur poste, les pompes sont vérifiées, prêtes à pomper.
– Y a-t-il des canons opérationnels ?
–Oui, en principe ils sont en bon état. Pourront nous avoir des projectiles chauffés ?
–Ils sont déjà à température.
–Il faudrait que le canon soit en poupe.
–Il y en a deux, j’en fais installer un troisième au cas où il y aurait des longs feux.
– C’est parfait. D’ici une heure, demi-tour. Je vais voir Si Sarah veut jouer le jeu. Ensuite on réunit les quartiers maîtres pour une dernière mise au point. Nous avons de la chance, le temps est au beau fixe, et le soleil chauffe très fort.
Sarah écouta la relation des événements, et les projets de Florane. Elle ne sembla pas se réjouir qu’un plan existât pour se défendre. Elle n’avait pas évacué sa colère vis-à-vis de Florane.
« Si je comprends bien, les hommes vont se cacher, et nous , les femmes, nous allons nous exhiber comme des filles de mauvaise vies ?
–Exactement, les femmes de mauvaise vies que nous sommes devenues.
–Faut-il que je mette mes seins à l’air pour faire plus d’effet ?
–Tu fais ce que tu veux de tes seins, je ne suis plus concernée.
–Tu as réussi a embobiner Lusciano dans cette histoire ?
–Sarah nous, n’avons plus le temps de nous disputer. Si tu es d’accord, dans une heure sur le pont. Sinon, fais ce que tu veux, et commence par ta prière. » Florane sortit contrariée. La Porteña avait maintenant un bon mille d’avance sur la Frégate. La réunion des quartiers Maîtres fut courte et constructive. Visiblement ces matelots étaient courageux, et l’idée leur plaisait. Livrer un combat à dix contre un avec des pirates sanguinaires, c’était quand même un sacré pari.
« Il est temps de virer de bord Commandant. Je propose que vous restiez avec les marins, et je vais rester avec le Timonier. »
Lusciano acquiesça et donna ses ordres. Les matelots n’étaient pas dupes, ils voyaient bien qui menait l’aventure et d’où venaient les idées. Mais El Choclo avait fait preuve d’une audace peu commune, et les hommes étaient en admiration. Florane rejoignit le Timonier, elle lui expliqua méthodiquement ce qu’elle voulait. Elle fit affaler les voiles, et le navire commença à virer par tribord, très largement. Florane imagina la perplexité du commandant de la Frégate. Le Vapeur avait presque fini son demi-tour. Le Pirate voyait maintenant le navire revenir dans sa direction. À pleine vitesse. Il devait se demander quelle en était la raison. Peut-être pensait-il que la Porteña voulait éperonner le voilier ? Florane y avait bien sûr pensé, mais c’était difficile à réaliser avec un adversaire rapide et très certainement très adroit. La Porteña gouverna de telle sorte que les deux navires se frôleraient, séparés seulement de quelques coudées. Le plus difficile était d’être assez proche sans risquer d’être accroché par les grappins. Des petits groupes de marins s’étaient rassemblés pour faire face à cette éventualité. L’espace entre les bâtiments diminuait rapidement. La vitesse du navire était maximum, ce qui devait être très impressionnant pour l’adversaire. L’étrave du navire allait arriver à la hauteur de la Frégate. Florane se précipita au bastingage, et Sarah la rejoignit accompagnée d’Amiya. Puis arriva Paloma, accompagnée des autres danseuses, prévenues par on ne sait qui. Aucune des femmes ne semblait être apeurée de ce qui allait se passer. Il y avait sur le pont de la frégate un véritable tohu-bohu, une foule importante d’hommes hurlants, gesticulants et provocants. Quand ils aperçurent les femmes qui se tenaient au bastingage, le silence se fit, les hommes s’arrêtèrent et regardèrent sans comprendre. C’est à ce moment que la pompe de proue se mit en route, puisant dans les barils l’alcool dénaturé, et le projetant avec force sur la frégate ennemie. Le jet était très impressionnant, et atteignait facilement les voiles carrées de la mâture. Au même moment, Lusciano fit retentir les sirènes du navire. Florane, amusée regardait maintenant le trouble des combattants, totalement désorientés par ce qui se passait, oubliant même de manœuvrer les arbalètes pour lancer les grappins. La Porteña croisa la Frégate à pleine allure. D’aussi près, l’effet devait être terrifiant. Puis ce fut la pompe d'artimon qui se mit en route, achevant de noyer le pont et la voilure de l’ennemi. Lusciano donna l’ordre de tirer le canon. Les projectiles chauffés allumèrent l’alcool répandu sur le pont du vaisseau qui s’embrasa dans un gigantesque incendie. Le navire avait maintenant dépassé son assaillant. Florane regardait le vaisseau en flammes. Des marins se jetaient à l’eau, d’autres, arrosés d’alcool, devenaient des torches vivantes. s’agitant dans tous les sens. Le navire coupa ses machines, mais avant de pouvoir revenir sur son agresseur, il fallut du temps et de la distance. À mi-chemin de la manœuvre, une gigantesque explosion surprit tout le monde. La Sainte Barbe avait dû être atteinte par les flammes. Une gigantesque fumée cachait maintenant l’épave qui brûlait encore malgré le souffle de l’explosion. Florane revint vers le timonier :
« On leur donne le coup de grâce. On les éperonne ! La Porteña revint en direction de ce qui restait de la Frégate. Quand la fumée se dissipa, on aperçut qu’il manquait la moitié du vaisseau. Toute la partie supérieure, les ponts, les mâts, tout avait disparu. Un amoncellement de débris était malmené par la vague. Florane regardait le résultat de son plan machiavélique. Au milieu de ce désastre, elle distingua nettement un albatros posé sur la surface des flots, se balançant au même rythme que les poutres de bois flottantes. Peut-être était-il là, pour marquer l'indifférence de la création devant la bêtise des hommes ? On distinguait aussi nettement, les corps des marins sacrifiés dans cette terrible bataille, dont ils n’avaient pas imaginé, un seul instant, qu’elle leur serait funeste. La Porteña n’eut pas besoin d’éperonner ce qui restait de la Frégate, qui sombra bien avant que le navire arrive sur elle. Florane n’était pas insensible, mais le sort des pirates ne lui laissait aucun remord. Elle aurait plutôt regretté la disparition de ce magnifique voilier, de ceux qu’elle aurait aimé piloter en compagnie de Benjamin Briggs. Elle pensait qu’un voilier construit en bois ne devrait pas couler. Elle se jura que pour se faire pardonner des dieux de la mer, elle se ferait construire une goélette, en totale ressemblance avec la Mary Celeste. Paloma vint à sa rencontre, et se colla contre elle.
« Tu nous as offert un supplément de vie. Qui pourra l’oublier ? »
Puis arriva Lusciano, suivi un à un de tous les marins et passagers du bord. Tous, appuyés au bastingage regardaient défiler les débris de la destruction.
« Je ne sais pas ce que tu as voulu faire, mais nous avons bien failli éperonner le voilier !
– J’ai vengé Cléopâtre en premier, après, je voulais porter secours aux survivants.
– Je n’en crois pas un mot, ça ne te ressemble pas ! »
Près du navire, flottant à quelques coudées de la coque, on vit défiler une partie de la proue du voilier. On voyait la traditionnelle sirène sculptée, et la planche gravée avec le nom de la Frégate : « Van Warwick » Sur cet esquif, un homme s’était accroché, noirci par le feu. Son visage reflétait la terreur de ce qu’il venait de vivre. Lusciano s’adressa à Florane :
« Hé bien ! voilà l’occasion de manifester ta grande bonté ! »
Florane ne répondit pas. Il y eût un claquement sec et l’homme bascula dans le flot. Sarah tenait encore le pistolet fumant. Tous les regards s’étaient tournés vers elle. Regardant seulement Florane, elle jeta le pistolet par-dessus bord, et, sans un mot, se dirigea vers sa cabine.
« Voilà un problème de résolu, Commandant. Je vois que votre femme est aussi généreuse que moi. Peut-être allez-vous me reprocher d’avoir fait mourir tous ces marins, d’avoir détruit un si joli voilier, d’avoir porté atteinte à l’Amiral Van Warwick , Hollandais de son état, qui prit possession de l’île Maurice. Me reprocherez-vous aussi d’avoir sauvé votre navire de malheur, sa cargaison, ses passagers, et vous par la même occasion ? Allez-vous me mettre aux arrêts ? Allez-vous me remettre aux autorités militaires du port le plus proche ? Pas un blessé, un seul coup de feu tiré ! Il y a vraiment de quoi me punir.
–Je n’ai rien dit !
–Encore un conseil Commandant, avant qu’il n’arrive un dernier malheur : Portez secours aux marins qui ont respiré malgré eux les vapeurs d’alcool. Cet alcool est un poison. Faites réviser vos pompes avant que leurs mécanismes soient définitivement hors d’usage. L’alcool a sûrement dû dissoudre toute la graisse indispensable au fonctionnement. Et félicitez vos marins, ils ont fait preuve de beaucoup de sang-froid. »
Florane prit la main que lui tendait Paloma et la suivit dans la cabine que les Argentins lui avaient laissée. La Porteña était sauve, le voyage pouvait continuer. Le commandant ordonna de reprendre le cap vers Bourbon. Quelques jours furent nécessaires à tous pour « digérer» ce qui s’était passé.

Un triste matin, Florane se réveilla en sursaut. Il lui semblait que le navire roulait plus qu'à l'habitude, et d'une  façon à laquelle elle n'était pas habituée. On ne peut pas dire que le bateau roulait, mais il était véritablement secoué. Elle sortit en toute hâte, Elle fut reçue dehors par une pluie diluvienne. Et le navire était secoué de manière anarchique. Le commandant était debout à la passerelle, le timonier était cramponné à sa barre, et le commandant hurlait des ordres que les marins n'entendaient pas. Florane comprit tout de suite ce qui se passait. Devant le navire, à plusieurs milles devant, très loin sûrement, il semblait que les nuages étaient posés sur la mer, cela faisait l'effet d'un cône qui aurait été en équilibre sur sa pointe. Elle grimpa la passerelle, oubliant les rancœurs. Le commandant leva le bras devant lui, et dit :
« C'est un cyclone. C'est courant dans cette région à cette époque de l'année. »
Le navire était face à la vague et au vent, les voiles avaient été affalées, et c'est avec la machinerie que le bateau faisait machine arrière avant de pouvoir pivoter en toute sécurité et aller se mettre à l'abri. La pluie avait redoublée, il faisait presque nuit, on ne voyait plus le cyclone, mais les vents ne faiblissaient pas.
« Si le cyclone prend un chemin plein sud, nous sommes perdus. 
-Et bien voilà au moins une certitude. ! Il me semble que d'aller vers la côte comme nous le faisons n'est pas la bonne solution. Sur les hauts fonds, les vagues vont devenir énormes et nous mettront en difficulté.
- Et que conseillez-vous, Amiral je-sais-tout ?
- Il faut se rapprocher du cyclone, et profiter de son énergie pour gagner la haute mer au plus vite.
- Ca me parait risqué !
- Oui mais si le cyclone vient plein sud, au lieu de nous atteindre il nous passera derrière, et nous profiterons de ses vents pour filer au plus vite. Si nous faisons machine arrière, nous nous rapprocherons de la terre et  nous risquons énormément.
- Vous me paraissez bien renseignée.
- J'ai étudié cela à l'université. Je ne prétends pas que nous ne  serons pas secoués, mais la houle en haute mer sera plus longue, et nous n'aurons pas à subir la montée du niveau de l'eau.
779512clipper_1.jpg- Allons y puisque vous êtes tellement savante, vous n'en êtes plus à un cadavre près !
-Je prends votre réponse comme une insulte, ce n'est pas le moment, mais vous devrez m'en donner réparation.  Ce n'est pas de ma faute si La Porteňa  est commandée par un homme ignorant et pleutre. Je pourrais même vous dire ce qu'il va se passer. Mais je ne suis pas votre professeur. Débrouillez vous Commandant avec votre rafiot de malheur !
Le Commandant, vexé, réfléchit un bon moment, et finalement suivit les conseils de Florane.
Le navire frôla le cyclone, et comme elle l'avait prévu ils furent repoussés vers le large. Il n'y eut que peu de dégâts sur le navire, mais énormément de peur. Ils durent attendre une bonne semaine avant de pouvoir reprendre leur route.
Le navire arriva à Saint Benoît. Le cyclone avait ravagé la ville, et les installations portuaires n'étaient plus utilisables. « Nous ne pourrons débarquer décréta le Commandant.
-Je suis désolée Commandant, mais mon voyage s'arrête là. Et je dois débarquer. Ainsi, vous et vos gens pourrez dormir tranquilles, vous ne risquerez plus rien. Veuillez donner des ordres pour mettre un canot à la mer, et me faire conduire à terre !
Le Commandant en resta stupéfait, Amiya se mit à pleurer, Sarah détourna le regard.
En peu de temps ses malles furent fermées, et elle fut prête à débarquer. Elle embrassa Sophia Mathilde, Elle embrassa Amiya, s'approcha de Sarah et lui dit :
« Ne doute jamais Sarah. Que dieu te garde .........  »
Puis elle chercha Paloma pour l'embrasser. Celle-ci était à coté du canot un gros sac aux pieds, et lui dit sans rire :
« Desciendo también, tengo el dolor de mar»
- Yo tambien vamos !» Elles partirent en direction de la terre. Elles firent le voyage debout, en se tenant la main, sans se retourner..

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Par eve anne
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