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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

 



Les Etoiles Eteintes
I.




Mur Plaque99

Sarah

EtoilesEteintes 152 Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle  appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Marie. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière et cette plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que  le service des pompes funèbres pourrait peut être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ? Une amie, une amoureuse, pourquoi pas, cela faisait trente ans qu'elles s'étaient séparées, bêtement, stupidement, à cause .... d'un homme. C'était le comble, c'était triste à hurler.
Mais Sarah ne pleurait pas, Sarah ne pleurait plus. Elle avait versé ses dernière larmes en Janvier 1873, elle ne savait plus le jour, elle savait seulement que cela s'était passé là, tout près, derrière elle, au large. C'était après un terrible ouragan. Du pont du navire, elle avait vu la chaloupe s'éloigner. Florane était debout dans la barque et regardait s'approcher la cote. A son côté, Paloma lui tenait la main. Paloma, qui avait su lui donner le réconfort dont elle avait besoin. Florane ne s'était pas retournée. Sans doute pour que personne ne voit ses larmes. Sarah n'avait pu voir la barque accoster aux ruines qui restaient debout après le passage de la tempête, tant ses larmes brouillaient sa vue. C'est à ce moment sans doute que ses forces l'ont abandonnée, et qu'elle s'est écroulée sur le pont, inanimée.
Quand elle sortit de sa torpeur, le navire avait repris la mer, elle était sur sa couche, Amiya, sa fidèle amie lui tamponnait les tempes d'un linge humide imprégné de fleur d'oranger. Amiya pleurait elle aussi. Sans doute souffrait-elle autant que Sarah de cette brutale séparation.
Amiya, qu'est-elle devenue ? Pourquoi l'avait elle quittée elle aussi ? Pour retourner dans ses Indes natales ? Qui y avait-il de mieux là-bas que Sarah n'eût pu lui donner ?
Sarah, gardait les yeux secs. Elle  essayait de se concentrer sur les souvenirs qu'elle avait gardés depuis tout ce temps, mais elle n'y parvenait pas vraiment. Quelque chose l'empêchait de se recueillir comme elle s'attendait à devoir le faire sur la tombe de son amour de tente ans.
Il est vrai que trente ans, c'est une vie, c'est une grande partie de la vie, et bien qu'ayant eu l'image de Florane perpétuellement à l'esprit, elle se rendait compte en ce lieu que ce souvenir n'était pas celui qu'elle croyait. Mais si c'était le cas, pourquoi aurait elle vécu cette vie sans amours ?
Sarah ne pouvait plus répondre à toutes ses interrogations. Avec d'infinies précautions, comme pour ne réveiller personne, elle referma la porte de l'édifice, se promettant de revenir quand elle aurait retrouvé son humilité, et que sa pensée serait plus disponible.
Elle sortit du petit cimetière, referma la grille de fer forgé, remonta dans sa voiture et se fit conduire à son hôtel.
Au réceptionniste de l'hôtel, elle demanda qu'il lui prenne rendez vous avec le responsable des pompes funèbres, puis aussi avec le notaire qui avait eu la charge des affaires de Florane. Elle se réfugia ensuite sur le balcon de sa chambre, s'installa sur la chaise longue, et plongea son regard dans l'horizon marin. Sarah se sentait mal à l'aise. Elle ne comprenait pas pourquoi. Elle avait fait ce pèlerinage sur la tombe de Florane pour apaiser ses regrets, et elle se sentait au contraire plus agitée. Quelque chose avait insidieusement  pénétré son ego déjà fortement mis à  l'épreuve. De ne pas se sentir au bord du désespoir sur la tombe de Florane avait quelque chose de frustrant comme si on l'avait privé de  sa mélancolie.
Elle pensa avec horreur que toutes ces années, toutes ses responsabilités, tout ce qu'elle avait créé, construit, lui avait endurci le cœur de façon irréversible. Plus rien maintenant ne semblait pouvoir l'émouvoir. Elle pensa à Lusciano, son mari, l'homme qu'elle avait pris à son amie Florane, ce qui avait motivé leur séparation. Au cours de sa vie, elle a toujours reproché à Lusciano de s'être conduit comme un vil séducteur, et d'avoir profité de son désespoir pour en faire sa maîtresse. Mais comment avait-elle pu ?
Lusciano l'aura payé aussi, toute sa vie.  Liés tous les deux par des intérêts communs, ils se sont mariés par convenance, dès que Lusciano eut quitté la marine marchande. Mais pas une seule fois Sarah ne s'est donnée à lui, depuis ce jour funeste à Saint Benoît. Elle sut bien évidemment qu'il avait eu de nombreuses aventures, mais cela lui était égal. Peut être était-ce la véritable raison pour laquelle Amiya s'était enfuie. Amiya et sa beauté surnaturelle, ne pouvait laisser indifférent un matelot portugais méprisé par son épouse. Amiya, était follement amoureuse de sa maîtresse, elle avait eu aussi quelques tendresses pour Florane, quand, malicieusement elle participait à leurs ébats amoureux. Mais là, nul doute, Lusciano avait abusé d'elle, et elle était partie.
Sarah décida qu'elle prolongerait son voyage pour retrouver Amiya. De toute façon elle avait le temps : son futur gendre dirigeait maintenant son « empire », elle pouvait profiter de sa retraite bien méritée.
Le soir tombait doucement, mais à Saint Benoît, il n'y a pas de coucher de soleil. La cote étant orientée à l'est, seule une brume sombre engloutissait peu à peu la ligne d'horizon.


EtoilesEteintes 144

Quelques coups discrets furent frappés à la porte. Le réceptionniste entra et tendit à Sarah un petit billet sur lequel était noté le rendez vous avec les pompes funèbres. Pour le notaire, trouver celui qui était en charge des affaires de Florane d'Auteuil, allait demander plus de temps.

Le responsable de l'établissement reçut Sarah avec déférence. Celle-ci se présenta comme étant la seule amie de Florane-Marie d'Auteuil, et qu'elle voulait avoir, si possible, des détails sur les derniers jours de la défunte.
L'homme la regarda avec étonnement, le visage ouvert et souriant de l'accueil, avait fait place à un masque de déception qui intrigua sérieusement Sarah.
« Aurais-je dit une incongruité pour que vous me regardiez de la sorte ?
- On peut dire cela de cette façon madame. Comment avez-vous appris le décès de Madame d'Auteuil ?
- Il y a quelques mois par un enquêteur qui s'est fait passer pour son fils, pour des raisons sur lesquelles je ne m'étendrais pas.
-Je vois de qui vous voulez parler. Nous avons eu également la visite de ce monsieur. Sa curiosité et ses questions insidieuses nous ont paru suspectes. Si j'avais eu connaissance de votre existence, je vous aurais prévenue de cette visite.
- Oui c' eût été utile.
- Je dois rétablir la vérité. Florane Marie d'Auteuil n'est pas inhumée dans ce cimetière. La tombe qu'elle nous a chargé de préparer est vide. Si vous vous êtes rendue sur place,  vous avez pu constater que sur la plaque de bronze, il n'est pas gravé de date de décès. Alors que pour chaque deuil, cette formalité est réglée dès le lendemain des obsèques.
- Est-ce possible ? Florane serait donc toujours vivante ? Savez vous où elle se trouve ?
-Je n'ai pas dit que Madame d'Auteuil était toujours vivante. Je vous ai simplement dit qu'elle n'était pas inhumée dans ce mausolée. Celui-ci a été réalisé selon ses instructions très précises. Il comporte trois places, j'ignore pour quelle raison, mais dieu soit loué, elles ne sont pas occupées.
-Mais alors où peut se trouver Madame d'Auteuil ?
-Je l'ignore. Elle était souffrante, gravement atteinte d'un mal mystérieux, elle est peut être décédée dans un autre lieu, et inhumée sur place, ou peut être, ce que j'espère, elle a recouvré la santé et se trouve dans une autre ville, ou dans un autre pays. Toujours est-il qu'elle était satisfaite du travail que nous avons fait pour elle, et nous a payé rubis sur l'ongle. Elle a payé également les obsèques qui seront les siennes quand l'heure aura tristement sonné.
- Ce pourrait-il, qu'elle soit inhumée dans cette tombe et que vous ne soyez pas au courant ?
- C'est impossible madame. Le caveau est scellé avec notre sceau, et je peux, en votre compagnie, aller vérifier qu'il est intact.
- Madame d'Auteuil ne peut être dans le cimetière de Saint Benoît, je vous le garantis. Si vous le souhaitez, nous pouvons enquêter dans toute l'île, mais je pense que c'est inutile. Madame d'Auteuil était universellement connue dans Bourbon, pour ses affaires florissantes, et pour ses œuvres, elle n'a pu quitter ce monde dans cette île sans que nous ne l'ayons su. »
L'homme était très typé, de race indienne sûrement, il s'exprimait dans un français impeccable. Vers la fin de l'entretien, un semblant de sourire sembla éclairer son visage coloré comme l'était celui d'Amiya jadis.
« Une dernière question monsieur, si cela ne vous dérange pas, Madame d'Auteuil devait avoir un ou des hommes d'affaires qui travaillaient pour elle, et qui assument son absence ?
-Parfaitement, j'allais vous conseiller de prendre contact avec Maître Nemours, qui assure la gestion de son patrimoine. Voilà son adresse.
Merci mille fois Monsieur, de votre amabilité et de vos révélations. Si j'apprends d'autres nouvelles, je ne manquerai pas de vous le faire savoir.
- Je vous en remercie madame, que dieu vous garde. »
Sarah se retrouva sur sa chaise longue quelques instants plus tard, après avoir prévenu la réception qu'elle avait les coordonnées du notaire.
Voilà le pourquoi de ce sentiment bizarre. La tombe était vide. Inconsciemment elle l'avait ressenti, et c'est pour cela qu'elle n'avait pas éprouvé ce sentiment de tristesse auquel elle s'était préparée. 
Sarah comprenait que le lien entre elle et Florane ne s'était pas établi. Elle était sûre que si Florane avait été là, elle aurait ressenti d'autres sentiments.
Florane n'étant pas sous cette dalle, tout devenait possible, elle était encore de ce monde, cela ne faisait pour elle aucun doute !
Peu à peu, un sentiment de sérénité vint envahir son esprit qui fonctionnait à toute vitesse pour remettre toutes les choses dans leur ordre logique.
Elle décida pour commencer de ne pas informer Lusciano de la nouvelle. Elle décida également de laisser sa fille et son gendre dans l'ignorance, finalement, ce n'était pas leurs affaires. Elle allait se retrouver avec Florane, et elles iraient vivre Square Victoria, à Montréal, là où elles s'étaient connues.
Pour le lendemain, elle obtint un rendez vous avec le Notaire. Elle aurait le temps de visiter un peu la « ville », qui n'en était pas vraiment une, elle ressemblait plutôt a une banlieue avec ses petites maisons de planches et de tôles, bariolées de toutes les couleurs. La végétation était luxuriante, et la vue sur les montagnes enneigées du centre de l'île, était magnifique. Elle se promit de prolonger son séjour pour quelques visites notoires, le volcan par exemple, s'il pouvait être approché. La température était douce, seule l'humidité était perceptible. L'église semblait mériter quelqu' attention, mais c'est à peu près tout ce qu'il y avait à voir. Le seul véritable attrait de Saint Benoît était l'océan qui était un bon apport de nourriture. Il paraissait même qu'il n'y avait pas de requins, ce qui semblait à peu près improbable. Il y avait une immense plage de sable fin. Sarah s'était laissé dire que des gens passaient des vacances en bord de mer, à prendre le soleil, nus sur la plage. Elle pensait qu'elle aurait aimé pratiquer cela avec Florane, au temps béni de leur amour.
« Faire l'amour sur la plage, nues, sous le soleil, dans le vent, mais que m'arrive t il pour songer à des choses pareilles ? Et Amiya, j'oublie la douce Amiya et son corps de rêve. Je me demande pourquoi Florane m'a choisie moi, plutôt qu'elle, elle était plus jolie, plus jeune, et la couleur de sa peau, mon dieu quelle était belle à voir ! »
Le lendemain matin, Maître Nemours ne la fit pas attendre. Dans son bureau immense aux  murs de boiseries foncées, il la pria de s'asseoir dans un profond canapé. Sur un meuble, la traditionnelle "Horloge de Notaire". Il prit place dans l'autre canapé qui lui faisait face. C'était un homme d'une cinquantaine d'année, très typé, d'une amabilité apparemment sincère.

EtoilesEteintes 179 « Voulez vous boire quelque chose ? Demandez n'importe quoi,on vous l'apportera.
- Je voudrais un cocktail de fruits s'il vous plait.
- Vous avez raison, les fruits dans ce pays sont un don de dieu.
- Je suis heureux de vous recevoir Madame .... D'Aveiro ? Excusez-moi, je ne suis pas sûr de votre état civil.
-Appelez moi Sarah voulez vous ?
-Comme il vous plaira. Je dois vous dire d'emblée que j'attends votre visite depuis quelques années déjà.
- Excusez-moi, le temps passe vite, et les affaires nous en prennent la totalité.
- Vous avez entièrement raison. Je suis heureux de vous voir pour de multiples raisons. La première est que Madame d'Auteuil m'a souvent parlé de vous comme étant sa plus fidèle et sa plus tendre amie. Elle ne tarissait pas d'éloges sur votre beauté, je vois qu'elle n'a rien exagéré.
-Merci !
-Je suis très lié avec Florane d'Auteuil. Je m'occupe de ses affaires, je suis son conseil et aussi un peu son ami. Aussi, si vous le permettez, je parlerai d'elle en l'appelant « Florane » comme j'ai l'habitude.
- Avez-vous de ses nouvelles ? Où se trouve-t-elle ?
- Cela va faire bientôt un an que je ne l'ai pas vue. Mais je ne crois pas qu'il fasse en tirer des conclusions aussi malheureuses qu'hâtives. Je sais, pour avoir insisté souvent, qu'elle porte avec elle une lettre à mon adresse, et une à la vôtre.
-Elle a donc mon adresse ?
-Elle savait que vous étiez en Australie, à Adélaïde sans savoir où exactement, mais elle insistait en disant qu'une femme de votre élégance devait être connue de tous. »
Sarah était un peu agacée de toutes ces manières. Elle pensait que le notaire était beaucoup trop flatteur pour être honnête. Mais elle avait besoin de lui, elle prit patience.
« Mais alors pourquoi n'a-t-elle pas pris contact ?
-Je l'ignore. Je ne puis vous répondre, nous étions proches pour ce qui est du présent, mais de son passé, elle ne m'a jamais rien dit.
- Donc, selon vous Florane est toujours de ce monde ?
- Je le crois, enfin pour le temps qu'aurait mis une lettre à me parvenir.
- Et où pourrait-elle se trouver ? Dans quel pays ?
-Florane était malheureusement très affectée par un mal mystérieux qui laissait nos médecins dans l'incertitude la plus totale. Elle a quitté Saint Benoît pour prendre des soins en France, et elle aurait pour cela été conseillée par le gouvernement Français pour qui elle travaillait dans les plus sereines conditions. Vous dire où, je ne le puis, mais le gouverneur qui la remplace,  pourra sûrement vous renseigner.
- Excellente idée, je vais m'en occuper sur le champ. Mais dites-moi Maître, pourquoi ne m'avez-vous pas écrit ?
- J'étais son homme d'affaire Madame, pas son confesseur. Florane était souffrante, mais elle avait toute sa raison, et c'est elle qui décidait de tout.
- Oui, ça je le sais ! Je vous remercie mon cher Maître, je vais me mettre en quête au plus tôt.
- Ce n'est pas tout, si vous permettez. J'ai encore quelques détails à vous confier.
Florane d'Auteuil a reçu la visite d'un homme jeune se présentant comme votre fils. Elle n'en a pas cru un seul mot. Elle assurait, qu'en présence de votre fils, elle aurait ressenti quelque émotion. L'enquête que nous avons menée discrètement vient de nous révéler que ce garçon est en réalité un enquêteur de l'armée des états unis. J'ignore le sujet de cette enquête. Mais vous êtes américaine, peut être que cela explique tout.
- Très bien, je m'en souviendrai.
- La seconde chose est le testament de Florane d'Auteuil, qui est un document libre qui fait de votre fille et pour un quart, l'héritière des biens de Florane, en partage avec madame Amiya Ramshamy dont j'ignore tout, Madame Marchale, ainsi que madame Paloma Maya Vargas,  dont je n'ai pas les coordonnées actuelles. Peut être pourrez vous m'éclairer sur ces personnes.
- Ma fille est immensément riche, et n'a pas besoin de cet héritage. Si par malheur je ne retrouve pas Florane, je verrai avec vous ce qu'il faut en faire.
- Comme vous voudrez, mais après. Je dois d'abord exécuter les ordres qui me sont donnés.
-Et la troisième chose dont vous deviez me parler ?
-C'est un document que Madame d'Auteuil a laissé pour vous, au cas où je vous rencontrerais.
-Un document de Florane ? Pour moi ? Mais pourquoi ne pas me l'avoir fait parvenir ?
- Florane d'Auteuil voulait qu'il en soit ainsi, j'exécute ses ordres Madame.
- Vous avez raison Maître. Nul ne pourrait vous en tenir rigueur »
Maître Nemours ouvrit un pan de mur boisé, qui dissimulait la porte d'un coffre, une armoire forte plutôt. Après avoir manœuvré le système d'ouverture, il sortit une épaisse enveloppe scellée. Il referma le tout, et avant de remettre le document à Sarah, il lui présenta une feuille écrite dans une cursive de toute beauté.
« Veuillez lire et signer ce document, s'il vous agrée, bien entendu. »
Sarah parcourut le texte, plus pour le plaisir de lire une si belle écriture, que pour en prendre connaissance. Puis elle signa.
« Une dernière chose Madame.
-Je vous écoute.
- Florane Marie d'Auteuil appartenait à la diplomatie Française, en conséquence, elle bénéficie toujours du dispositif « Mercure » du ministère qui peut dans tous les cas faire suivre le courrier qui lui est destiné. Ce système est codé. Ce qui signifie hélas que personne ne sera en mesure de vous donner la dernière adresse de madame d'Auteuil. En plus, cela fait partie des règles de discrétion ministérielles. Ne vous attendez pas à obtenir facilement ses coordonnées. Par contre, je peux lui faire parvenir tout document que vous me remettriez à son intention : Pour lui fixer rendez vous par exemple. Ceci partira par la « valise diplomatique ».
-Je vous tiendrai au courant de mes projets Maître. »
« Pour en terminer et pour votre information, je dois vous faire savoir que Florane D'Auteuil possède le monopole de la canne à sucre sur le territoire de Bourbon, ainsi que la plupart des exploitations de géraniums.

EtoilesEteintes 141

-De géraniums ? Grand dieu ! A part les œillets, elle n'aimait pas particulièrement les fleurs !

-Il s'agit là, de production d'essence de géraniums, qui sert de base à quasiment tous les parfums, comme la lavande ou encore le musc. Le géranium a été implanté en Réunion dès mille huit cent quatre vingt.
- Je suis très impressionnée.
- Tenez, prenez cette fiche. Vous y trouverez les adresses de ses propriétés ici, et à Saint Denis où se trouve le siège de sa compagnie, et sa maison de repos à l'île Maurice. Et puis celle de Madame Carmela Marchale qui était sa couturière et je crois.... sa meilleure amie. »
Sarah garda le sourire, remercia poliment, prit congé du Notaire et regagna son hôtel.

Elle déposa le document sur la petite table du salon de la suite, et se fit monter du Champagne. Elle se le fit servir sur le balcon donnant sur l'horizon. Il y avait au loin semblant immobile, un navire aux voiles gonflées. Depuis trente ans, c'était toujours le même frisson quand elle apercevait une voile à l'horizon. Et pourtant, elle était sûre maintenant de ne plus attendre personne, et que personne ne viendrait plus à elle, qui plus est, dans un navire à voiles.

Pour franchir les longueurs du temps, c'était maintenant à elle de parcourir l'espace. Elle ferma les yeux et se mit à vagabonder dans ses souvenirs. Le champagne l'emportait dans une douce langueur, où elle retrouvait l'air frais de la vague, et les bruits du gréement. Les yeux à demi fermés, elle devinait le dossier sur la table dans l'autre pièce, et plutôt que de l'ouvrir et de lire ce qu'il renfermait, elle se plût à l'imaginer avant de sombrer dans un profond sommeil. C'est la fraîcheur de la nuit qui la réveilla. De son balcon, elle ne voyait plus que les halos lumineux des pêcheurs à la lampe, comme le reflet des étoiles des constellations australes.

 

   

 

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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