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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

 



Les Etoiles Eteintes
III.

Amours Vaudoues.

 

 

 

Amelie

 


Les cocktails arrivèrent très vite. C'était fort, c'était glacé, c'était délicieux.
Après avoir trempé les lèvres dans le punch, Sarah se tourna vers Carmela, lui prit la main, et lui dit.
« Dommage que nous ne soyons pas seules, sinon je crois que je te prendrais les lèvres pour un baiser éternel.... »
Carmela était très émue. C'est en essuyant rapidement une larme de bonheur qu'elle regarda Sarah dans les yeux.
« Crois tu que j'ai déjà été plus heureuse Sarah ? Non, je n'ai jamais ressenti autant de bonheur.
-Quelle douceur de me parler comme tu le fais, mais je suis consciente de mon âge, et je ne voudrais pas que ma présence entrave tes envies les plus secrètes. Je ne suis plus habituée à tant de désirs, c'est soudain, c'est inattendu, tu me fais rêver même quand je suis éveillée.
-Et cela ne te gêne pas que je sois noire ?
-Ne sois pas stupide, je ne serais pas avec toi, la couleur de la peau est un élément de séduction que j'apprécie. J'avais une servante, plutôt une amie, Amiya, qui elle était beaucoup plus foncée, puisqu'elle était Indienne, mais elle était d'une beauté surnaturelle, et je l'aimais comme une folle.
-Plus jolie que moi ?
-Ce n'est pas ce que je voulais dire. Simplement que sa couleur ne l'empêchait pas d'être très belle et désirable. Et moi qui ai la peau blanche comme le lait, tu pourrais ne pas me trouver à ton goût ?
-Quand je t'ai vue pour la première fois, j'ai été instantanément persuadée que nous serions amantes.
-Nous ne le sommes pas encore. Mais qui pourrait nous empêcher de le devenir ?
N'as-tu pas peur que Florane s'interpose dans nos esprits ?
-Pas du tout. Florane préfèrerait participer plutôt que d'être jalouse. J'ai toujours été plus ou moins amoureuse à chaque fois qu'elle est venue, elle n'en a jamais pris ombrage. Quelques fois même nous avons partagé la même fille. Il faut dire qu'elles sont tellement belles et tellement aimantes. Si tu aimes les femmes, tu ne peux vivre qu'ici. C'est le paradis des femmes. »
Ecoutant parler Carmela, Sarah lança un regard à la ronde, histoire de vérifier les affirmations de Carmela. Ce qu'elle vit la rassura effectivement. Il y avait beaucoup de femmes, presque toutes jolies, en tout cas très soignées, des métisses, des Indiennes, des européennes, et quelques africaines. Quelques regards croisèrent le sien, et elle put constater avec plaisir que personne ne la trouvait « trop vieille ».
La soirée touchait à sa fin, Carmela  invita Sarah « dans sa case ». Quelques fois, il faut se méfier des traductions. La case en question était un hôtel particulier isolé au centre d'un parc aux arbres exotiques. Du moins pour ce que Sarah put en voir en faisant le chemin en pleine nuit. La façade de l'immeuble était magnifiquement éclairée, et des réverbères étaient dissimulés dans les palmiers les plus proches. C'était féérique.
En montant les marches du perron, Sarah se sentit revenue trente ans en arrière. Elle vivait ce qu'avait vécu Florane la première fois qu'elle était entrée dans l'immeuble de la place Victoria de Montréal. Du luxe à profusion, mais pas de tape à l'œil, pas de décoration outrageusement chargée. Ce n'est pas du toc ! pensa Sarah en souriant. Le style Créole était sensible dans tous les choix de la décoration. Des domestiques discrètes étaient aux ordres,  pas de personnel masculin, que des jeunes femmes, toutes très belles, légèrement mais élégamment vêtues, toutes natives de Bourbon avec des couleurs de peau très variées. Elles étaient savamment maquillées, l'impression était royale. Florane n'avait pas eu pareil traitement !!!
« Ces filles travaillent pour moi, ce sont mes mannequins. J'essaie sur elles toutes mes créations, mais aussi tous les produits de beauté et produits cosmétiques que je distribue. Ces filles me sont totalement dévouées, Elles vivent chez moi, elles travaillent chez moi, elles aiment chez moi. Et tout cela dans la plus grande discrétion. Elles n'ont qu'un seul devoir: être belles.
Sarah en avait le souffle coupé. Pas tellement par le luxe, ça elle avait l'habitude, mais par cette mise en scène délicieusement sensuelle.
« Programme si cela te convient : on prend un dernier cocktail, on passe dans la salle de bain, ces demoiselles nous assisteront, et ensuite nous aurons tout le temps que nous voulons pour réparer tout ce retard que nous avons pris à nous connaître. »
Sarah prit le parti de s'en remettre entièrement aux bons soins de Carmela. Et elle fit bien. Le cocktail était sûrement « spécial », mais qu'importait maintenant. La chambre de Carmela était une véritable merveille. Sortie du conte des mille et une nuits. Le cocktail aux reflets bleus, dans de grandes flutes givrées, était servi sur un petit guéridon de marbre. Sarah prit place sur un pouf et Carmela vint se mettre tout contre elle. Ella avait retiré sa veste, et la chemise à jabot était largement ouverte sur sa poitrine. L'invitation était irrésistible. La couleur de la peau prenait sous cette lumière des reflets ambrés, et le parfum vanillé s'était vu renforcer d'on ne sait quelle essence. Tout était fait pour aiguiser les sens, et Sarah sentait monter en elle des désirs bien précis. Elles n'étaient pas seules. Près d'elles, sur un tapis, deux servantes étaient alanguies attendant les ordres. Elles étaient vêtues d'une robe de soie blanche croisée devant et refermée par une simple ceinture. La soie était si fine qu'elle en était transparente, et ne cachait pas grand-chose du corps des jeunes femmes. Sarah eut encore assez de raison pour remarquer que toutes les filles se ressemblaient. Grandes et fines, de couleurs sombres, même cheveux montés en chignon, et petite poitrine aux aréoles noires. Une chaîne de perles noires décorait la cheville gauche. Elles semblaient être là pour s'aimer aussi, l'ambiance amoureuse était palpable. Carmela s'adressa à Sarah à voix douce. Elle leva son verre à leur rencontre, et versa deux gouttes du cocktail entre ses seins. Puis une fille aux jolis seins nus, vêtue d'un pantalon de soie blanche, vint pour dire que le bain était prêt.
Elles s'y rendirent, Sarah appuya le front sur l'épaule de Carmela. La baignoire débordait de mousse odorante, et sur les rebords, des petits photophores fumaient un parfum capiteux. Elles se firent face, les yeux dans les yeux, et les filles derrière elles commencèrent à les dévêtir. Ce fut une sensation étonnante, de se sentir devenir nue face à Carmela qui faisait de même. Le dernier vêtement tomba au même moment. Carmela apparut aux yeux de Sarah dans toute sa splendeur. Sarah pensa que pour voir autant d'idéales proportions elle aurait pu faire le tour de la terre. Carmela admirait Sarah, Sarah ne pouvait se détacher les yeux de Carmela. Les filles regardaient aussi, et leur regard pétillait de plaisir. Elles entrèrent dans l'eau tiède sous la mousse épaisse. Les filles s'approchèrent et firent couler de l'eau sur leurs épaules. Quand les femmes furent allongées l'une contre l'autre dans le bain odorant, les filles se retirèrent sans un bruit. Sarah craignait que le bain ne lui procure un assoupissement auquel elle aurait du mal à résister. Il n'en fut rien, bien au contraire. Les parfums, les sels dissous dans l'eau, la fumée des bougies odorantes donnèrent un coup de fouet à la vitalité des baigneuses. Les brumes des boissons alcoolisées s'effacèrent progressivement. Seul resta le désir de serrer l'autre dans ses bras, de boire à son amour, de se nourrir de ses seins, de ses épaules, de son ventre. Elles ne prirent pas le temps de s'essuyer le corps, c'est enlacées bouche à bouche qu'elles basculèrent sur le lit.

tn Carmela2Elles firent l'amour durant des heures. Elles ne se rendirent pas compte que les bougies s'éteignaient une à une, laissant les deux amantes s'aimer sous la lumière sélène. La fenêtre était ouverte, seule la moustiquaire les protégeait des bestioles attirées par ces vapeurs sucrées. Elles ne surent pas quand elles s'endormirent, ni combien de temps elles dormirent.
Quand elles se réveillèrent, la chambre était rangée, débarrassée des verres et des vêtements, et le drap recouvrait pudiquement les deux femmes quand la servante entra chargée d'un plateau de brioches de café, de fruits, et de jus aux couleurs irisées.
« As-tu bien dormi ? » demanda Carmela
« J'ai fait de très jolis rêves. Je ne crois pas avoir vécu pareille nuit de toute ma vie. Tu m'as droguée ?
-Non, pas droguée. Mais ici, c'est la coutume. Les femmes aiment l'amour, elles pensent d'ailleurs que c'est plus important que tout, et pour faire l'amour, on se met en « condition » Ce qui veut dire que l'on soigne les détails qui feront d'une simple nuit à Saint Benoit, les fêtes de Versailles. Et le climat est favorable, le mode de vie, tout est propice à l'amour. Pour le reste, quelques bougies odorantes, un peu de poivre et de cannelle dans les alcools, de l'herbe bleue, de la vanille, et c'est le septième ciel assuré. On reste consciente et active toute la nuit. Ici j'ai un autre avantage, c'est que les filles sont à côté, et si on désire que l'une d'elle participe, elle se fera une joie de se joindre à nous. Voilà pourquoi je ne pourrai jamais quitter mon île, je suis née ici, j'ai l'amour dans le sang, et si je ne l'ai plus je meurs.
-Et pour les hommes, c'est la même chose ?

-Je ne sais rien des hommes. Jamais un homme ne m'a touchée, et toutes les filles qui sont ici sont dans la même situation.
-Je crois que tu as raison sur tout Carmela, je ne sais comment te dire ce que j'ai vécu. J'espère que c'était moi que tu as aimée, et que tu ne m'as pas hypnotisée et que tout cela n'était pas qu'une illusion. »
Carmela éclata de rire.
« Mais pas du tout mon amour. Mes pouvoirs magiques ne vont pas jusque là, et d'ailleurs je ne vois pas l'intérêt. Je tiens à l'amour moi aussi.
Dans la matinée, Elles se rendirent au port, en quête de renseignement pour un départ pour Marseille. Il y avait un départ la semaine suivante, dix jours plus tard exactement.
« Je réserve une cabine pour deux personnes ?
-Hélas non Sarah, tu partiras vers ton destin, et je resterai ici pour assumer mes tâches. Tu le comprends n'est ce pas ?
-Bien sûr, je le savais dès le début.
-N'empêche, si on pouvait d'un coup de baguette magique supprimer tous les bateaux, ça serait quand même mieux. Mais en y réfléchissant, comme le prix n'est pas un problème, prend une cabine pour deux personnes, tu seras plus à l'aise, et quelques fois, il y a des passagères un peu seules sur les Liners.
Et tu n'auras plus besoin de moi.
- Ne dis pas cela Carmela. Quand je serai partie, tu retrouveras l'amour de tes filles magnifiques, de jeunesse, car elles le resteront encore des années. Pour moi, ce fut peut être la dernière fois où j'ai été capable de plaire à une femme comme toi. Je penserai à toi avec bonheur, en t'imaginant au milieu de ton harem parfumé. Je n'ai plus qu'un espoir : arriver à temps pour embrasser Florane. Après, grâce à elle, et grâce à toi, je pourrai mourir comblée. J'ai passé trente années à travailler, à construire un empire pour je ne sais quelle raison. Sans doute parce qu'il fallait que quelqu'un le fasse. Pendant tout ce temps, mes amours ont été en berne, et je pensais bien ne jamais ressentir une femme sous mes caresses. Merci mille fois Carmela de m'avoir procuré cette seconde chance. »
Sarah suivit le conseil de Carmela. Elle réserva une suite. Après tout, au diable l'avarice.
Sur l'insistance de Carmela, Sarah fit prendre ses bagages à l'hôtel, et s'installa chez Carmela.
Le lendemain matin, elles partirent très tôt pour Sainte Rose, là où se trouvaient les ateliers de Carmela. A la demande de Carmela, le coche s'arrêta sur le chemin en haut d'une colline. Carmela ouvrit la porte et d'un geste large, elle désigna le panorama. En contrebas on distinguait nettement un ensemble de bâtiments alignés, séparés par de larges allées bordées de palmiers.
« Voilà l'atelier principal »
Sarah resta interdite. Elle s'attendait à tout, sauf à cela. Elle pensait visiter un atelier de vingt, voire cinquante ouvrières, mais là !
«  Mais..... Tu emploies combien de personnes dans cette «  usine » ?
-Environ six cent cinquante. Mais rassure toi, on ne verra pas tout, ce serait trop fastidieux. »
Sarah était sidérée. Non qu'elle ne soit pas habituée aux grandes entreprises, elle avait elle-même des usines de traitement de minerai, mais là, le Notaire lui avait recommandé de prendre contact avec « la couturière de Florane » Quelle surprise. !!
« Mes compliments je ne m'attendais pas à cela.  Maintenant je comprends mieux ta façon de vivre !
- Ne t'emballe pas, j'ai développé cette affaire parce qu'il y avait une clientèle. Pas pour m'enrichir. C'est vrai que je vis dans un confort enviable, mais ce n'était pas le but, et je partage beaucoup avec mes employées, et mes mannequins vivent dans le luxe avec moi.
-Il n'y a pas d'hommes je suppose ?
-Si, les gardes. L'usine est gardée par un escadron de mercenaires. Il y a énormément de stock de tissus et de produits finis, et la tentation est forte. Nous avons généralement plusieurs intrusions par nuit !
-Il n'y a pas de risques de détournement de la part du personnel ?
-Aucun. Je connais chaque employée par son nom et souvent plus, et elles se sont engagées sur leur vie à respecter leur employeur.
-Et ça marche ?
-Ca marche !
La visite se passa au pas de course. Les locaux étaient propres et clairs, les conditions de travail confortables, des repos étaient programmés, les filles étaient souriantes. Sarah suivait Carmela entre les tables de confection. Chaque employée à portée de main était gratifiée d'un geste de Carmela. Une pression de la main sur l'épaule ou sur le poignet, une caresse sur la joue ou sur les cheveux. Quelque fois la fille se levait et elles s'embrassaient sur la joue. A chaque fois, Sarah lisait dans le regard des filles, une lueur de fierté et de satisfaction.
« Nous allons entrer dans l'endroit le plus secret de la maison. L'atelier de création. »
Là l'ambiance était différente. Sur des filles presque nues, d'autres filles ajustaient des morceaux d'étoffe, épinglaient, surfilaient, Et tout cela sous l'œil impitoyable d'une contremaîtresse omni présente. Sarah n'en croyait pas ses yeux. La beauté des filles, toutes quasiment ressemblantes aux servantes de la chambre de Carmela. La plupart avec une petite poitrine et le bracelet de perle aux chevilles.
L'allure de ces mannequins avait quelque chose de surnaturel.
« Toutes ces filles avec la chevillère, sont tes esclaves ?
-On peut appeler ça comme ça, mais pour simplifier, je dirai que ce sont des amies sur lesquelles je peux compter.
-Je vois !
-Maintenant, tu vas voir quelque chose que tu n'imagines pas. »
Le local était sombre, juste un peu de lumière filtrait par les persiennes.
« Ici, tu peux trouver la plupart de mes créations. Des modèles connus, des modèles actuels, et des modèles futurs, et des essais de ce que pourrait être la mode dans cinquante, voir cent ans. Je ne te cache pas que certains de ces modèles, je les ai créés sous l'empire de stupéfiants. Mais toujours contrôlé.
Sarah était complètement sous le charme. Ce qu'elle voyait était absolument impossible. Jamais les femmes ne s'habilleront de cette façon ! Les vêtements étaient présentés sur des mannequins  d'osier, mais on oubliait le support en voyant l'audace des modèles présentés.
« Si quelqu'un voit ça, tu seras brûlée comme sorcière !
-Sûrement, mais tout est réaliste. Tout est possible.
-J'ai des doutes, quand je vois cet ensemble jupe au dessus du genou avec cette veste courte, et ces chaussures avec des talons aussi hauts, personne ne pourra jamais porter cela.
- Si tu voyais mes filles habillées avec ces modèles, tu te croirais sur une autre planète. Avec ces talons, elles ont une démarche à damner le pape.
-Et ce pantalon collant aux fesses, et ces bottes de cuir à hauts talons. Tu n'aimes pas ? Et voici la lingerie. »
Sarah resta un moment sans voix. Ce qu'elle voyait était totalement irréel, la luxure réinventée.
-Ok, j'avoue que c'est très sensuel, mais je serai obligée de revenir dans cent ans pour voir si tu as raison ...
-Et pour me faire l'amour aussi ?
-Of course !
-Tout ce qui mettra la femme en valeur aura toutes les chances d'exister.
Maintenant, voici la « boutique » il y a tous mes modèles, j'en porte quelques uns, et je ne suis pas encore brûlée vive. Et dans ce placard là, tout est pour toi. C'est un choix que j'ai fait pour que tu sois toujours la plus belle, c'est à ta taille, même ta jolie poitrine se sentira à son aise. Les dernières retouches ont été faites cette nuit.
-Cette nuit ? Oui, tu plais à mes filles, et elles veulent te laisser un souvenir de ton passage ici.
-Je n'en reviens pas ! Mais que pourrais-je faire pour les remercier ?
-Voilà la bonne question. Cela va te surprendre, mais tu seras heureuse de suivre mon conseil. Regarde et dis-moi si cela te plait. »
Sarah admira tout ce que Carmela avait préparé pour elle. C'était un choix très en avance sur ce que l'on voit partout. Mais un choix magnifique. Les étoffes étaient luxueuses, et les modèles choisis parmi ceux qui avaient attiré l'attention de Sarah.
« Je n'aurai jamais l'occasion de porter cela !....
-N'oublie pas que tu vas à Paris. Si tu veux être la femme dont parle le tout Paris, crois moi, la plus jolie garde robe est là. Tu seras la plus chic, et moi une étoile de la haute couture.
-Et pourquoi ne viendrais tu pas avec moi ?
-Parce que ma vie est ici. Là bas je ne pourrai pas respirer. 
-Et ce conseil ?
-Tu tiens à le savoir maintenant ? -Mais oui, si possible.
-Alors voilà : Avant de partir, tu choisiras l'un de mes mannequins, et vous ferez l'amour toute une nuit. Elle sera très honorée d'être choisie, et sa distinction retombera sur toute l'équipe. Mais rassure toi, je guiderai ton choix.....
-Carmela, tu te moques de moi et ce n'est pas bien. Ce que tu me dis là est totalement impossible.
-Ce n'est pas impossible, c'est ce qu'il peut t'arriver de mieux. Si tu as aimé faire l'amour avec moi, tu aimeras mille fois mieux faire l'amour avec elle.
-Mais ce n'est pas ça l'important....
-Je le sais bien, personne ne te demandera de tomber amoureuse. C'est un rite galant, il ne faut pas chercher plus loin....
-Et si je refusais ?
-Tu me décevrais énormément, et tu vexerais mes filles. Ce sont des filles bien, éduquées, élégantes, très soignées, et elles sont nées avec l'amour dans la peau.
-Elles n'ont pas de maris ?
-Non, elles sont libres, sinon elles ne travailleraient pas avec moi.
-C'est de l'esclavage !
-Evidemment, mais tout le monde y retrouve son compte. Elles sont heureuses, moi aussi, et toi tu vas passer des heures inoubliables.
-Est-ce que Florane a eu les mêmes « avantages » ?
-Joker. Secret professionnel, Secret personnel, secret sentimental, tu lui demanderas.
-Ok, j'attends de voir la merveille.
-Tu la verras demain.
-Demain soir on va voir le Vaudou ?
-Bien entendu ! Je tiens à ce que tu te souviennes de ton passage ici, et de moi en particulier.
-Mais pourquoi fais tu tout ça pour moi ?
-Pour te dire que je t'aime.
-Il te suffisait de me le dire en me regardant dans les yeux !
-Tu m'aurais trop vite oubliée. »
Sarah dormit avec Carmela. Elle ne souhaita pas que les filles participent à leurs ablutions. C'est libres d'esprit qu'elles passèrent une nuit d'amour comme en passent toutes les femmes qui s'aiment.
Le lendemain, Sarah visita d'autres « ateliers » où étaient élaborés les parfums et produits cosmétiques, et aussi les bijoux portés abondamment dans toutes les fêtes locales.
toilesEteintes 186 C'était moins important que la confection, mais il y régnait une atmosphère plus conforme à ce dont on pouvait s'attendre. Elle accepta un flacon de parfum de la part de la gérante de l'atelier. Sarah se demanda si elle devrait coucher aussi avec cette femme là. Elle pensa qu'il y avait pire comme châtiment.

Elles revinrent de bonne heure, et se reposèrent sur l'immense terrasse de « la case » de Carmela. Puis elles commencèrent à se préparer. Pour l'occasion, on offrit à Sarah les services d'une maquilleuse, qui la transforma en créole grand teint. Les vêtements préparés pour elle était aussi très couleur locale. Sarah ne se reconnaissait pas dans le miroir, mais l'image renvoyée lui plaisait beaucoup.

« Tu es parfaite mon amour. Je me demande si ce n'est pas ce costume là que tu devrais porter dans les salons parisiens....
Quand elles arrivèrent sur les lieux de la cérémonie, la foule était immense. Très colorée, très bruyante, beaucoup d'hommes torses nus, beaucoup de femmes en robes de dentelle. L'éclairage était fourni par une grande quantité de torches qui brûlaient on ne sait quel mélange, dont l'épaisse fumée avait quelques relents que reconnaissait Sarah. Elle se tenait tout contre Carmela, avec la peur de la perdre dans la foule.
Et comme par miracle, le brouhaha de la foule fit place à un silence total. Le Grand Maître des cérémonies, venait d'apparaître sur l'estrade. Bariolé, emplumé, masqué, armé d'une lance et d'autres objets bizarres. La foule se sépara par le centre, et un espace vide circulaire se trouva formé en quelques secondes. Le Maître fit un geste, et les tambours se mirent à battre un rythme endiablé, le bruit était violent, et l'on sentait la vibration du sol . Puis apparut un groupe de danseuses à la peau noire, en pagne, seins nus. Elles devaient être enduites d'une huile particulière, car leur peau noire très foncée brillait dans les lueurs des torches. La danse, très érotique, dura un bon moment, qui ne sembla pas long à Sarah qui ne perdait rien du spectacle. Puis un feu fut allumé au centre de l'arène, et les danseuses quittèrent leurs pagnes en une fraction de seconde, pour apparaître entièrement nues. Les pagnes furent jetés dans le feu qui crépita de plus belle. Une grande fumée rouge s'éleva. Sarah pensait que tout cela avait une signification, mais elle se ferait expliquer cela plus tard. Sarah remarqua sur l'une des danseuses, un fil ténu qui lui barrait la cuisse, elle se rendit compte de cette façon que les filles n'étaient pas totalement nues, mais qu'elles avaient un petit triangle de toile noire maintenu en bas du ventre par ces fils très fins. Cela la fit sourire. Les tambours redoublèrent de force toujours sur le même rythme envoutant. Les danseuses continuèrent à tourner jusqu'à ce que le feu s'éteigne et disparurent derrière l'estrade. Un groupe d'hommes aux muscles saillants apporta une sorte d'autel, et un homme masqué dans une toge d'étoffe blanche commença à réciter une litanie absolument incompréhensible. Puis en cortège, arriva un autre groupe de jeunes filles en robes blanches, qui déposèrent un petit animal noir, un cochon ou quelque chose de ressemblant, et après bien des salamalecs, le pauvre animal fut immolé au milieu des hurlements de la foule.
Le groupe disparut lui aussi, et les cris de la foule redoublèrent. L'espace central s'était rétréci. Le même  groupe d'hommes noirs musclés apporta un autre autel, plus long, mieux décoré, et recouvert d'une étoffe qui semblait brodée de motifs non figuratifs.
Sarah sentit que Carmela lui serrait la main. Un autre cortège de jeunes filles en robes blanches apparut face à l'estrade où se trouvait le maître. Au premier rang du cortège, une jeune femme en robe blanche aussi, mais avec une traîne assez longue avançait d'une démarche « étudiée ». Elle portait un bandeau rouge, enserrant de longs cheveux bouclés, et deux anneaux aux oreilles. Elle tenait des deux mains une grosse bougie allumée. À sa ceinture des chaînes d'esclave, maintenues par deux bourreaux en cagoule. La jeune femme fit une profonde révérence au maître de cérémonie. Les deux bourreaux la saisirent comme une plume, et la firent monter sur l'estrade. Les chaînes furent enlevées, et la robe tomba d'elle-même aux pieds de la jeune femme. Elle paraissait sculptée dans l'ébène, tellement les détails de son corps étaient visibles. La femme avait la morphologie Créole. Une poitrine quasi inexistante, des tétons énormes percés d'un anneau doré, des aréoles invisibles. Mais ce qui était le plus surprenant, c'était la musculature, révélée par les reflets des flammes. Tous les muscles de son corps étaient saillants sans être trop développés, la taille fine, les fesses cambrées, les hanches bien marquées. Elle avait toujours le masque, et elle se tenait debout, les bras le long du corps, légèrement écartés, et elle tournait lentement sur elle-même pour que la foule puisse la contempler. Une chaîne d'or juste au dessous du genou reflétait par éclats la lumière des torches. A la cheville de la même jambe, un lourd » bracelet » d'or et de pierres. A entendre les clameurs, la femme était admirée de tous. Sarah sentit à nouveau la pression de la main de Carmela. Elle n'avait jamais vu de fille avec des abdominaux aussi joliment dessinés. Qu'une musculature puisse servir de prétexte à la beauté d'une femme paraissait absolument impossible. A moins que l'effet soit produit par le bijou scintillant qu'elle portait au nombril Et pourtant Sarah était sous le charme, elle trouvait que cette fille était une merveille. A tel point que l'absence de poitrine était oublié. Le corps était parfait tel qu'il était.
Les deux « bourreaux » la soulevèrent comme une plume et la déposèrent allongée sur l'autel. Une prêtresse s'approcha, tenant à la main une corne d'animal, Une assistante portait une urne contenant vraisemblablement un liquide. De la fumée ou vapeur s'échappait de l'urne. Les tambours accélérèrent leur cadence. Les deux hommes écartèrent les jambes de la fille en remontant les genoux très hauts. Un reflet de lumière mit en valeur l'anneau qui transperçait le mont de vénus, juste au-dessus du sexe. La foule retenait son souffle, mais la tension était extrême. La prêtresse introduisit avec douceur la corne entre les cuisses de la femme. Celle-ci se cabra un peu, et les mouvements d'ondulation de son ventre avaient quelque chose de diaboliques. La prêtresse prit des mains de la fille l'urne fumante, et versa doucement son contenu dans la corne servant d'entonnoir. Elle vida apparemment la totalité du liquide, et resta figée le temps que les tambours accélèrent leur rythme. Puis doucement elle retira la corne, la renversa pour bien faire voir qu'elle ne contenait plus de liquide, et la déposa au pied de l'autel sur un petit support d'osier.
La fille commença à remuer de façon très lente au début. Les tambours reprirent et la danse « horizontale » de la suppliciée devint plus rapide, plus syncopée, comme si elle ressentait de violente douleurs dans le ventre. Un homme était monté sur l'estrade, il était entièrement nu, la virilité impressionnante. La prêtresse emplit la corne, et l'homme trempa son sexe dans le liquide. Quelques instants après, il le retira et poussa un rugissement de bête. Quand on renversa la corne, elle était vide. L'homme avait "bu" le liquide et arborait maintenant une érection monstrueuse. S'approchant de la fille, il entra en elle avec lenteur, mais de façon continue. Toute la longueur du membre pénétra ainsi dans le ventre de la fille, qui continuait avec volupté sa danse satanique..
Carmela serra la main de Sarah. Sarah ne perdait pas un détail de la scène, elle avait les yeux agrandis, le souffle court, totalement prise par le spectacle. Les deux « esclaves » commencèrent une scène de copulation violente, accompagnée des rythmes des tambours et des encouragements de la foule maintenant très excitée.
Le garçon se pencha sur la fille, passa ses main derrière ses épaules, et la souleva empalée sur son sexe. La foule poussa un cri. Après quelques mouvements dans cette position, l'homme reposa la fille. , Elle fut prise d'un violent orgasme qui la laissa épuisée, sur l'autel, les bras en croix. Puis l'homme se retira de son corps, et se saisissant de son sexe à pleine main, eut une gigantesque éjaculation qui se répandit sur le ventre de la suppliciée.
Les clameurs de la foule clôturèrent la cérémonie. Les « esclaves » furent raccompagnés sous bonne garde vers on ne sait quelle cachette secrète. Dans la foule déchaînée, des groupes se formaient autour de couples imitant la scène qu'ils venaient de voir.
Carmela entraîna Sarah par la main, et rapidement regagnèrent leur voiture. Elles se rendirent dans un restaurant typique, où elles se remirent de leurs émotions.
« Tu as aimé ? » demanda Carmela.
-Je suis contente d'avoir pu assister à la scène. C'était vraiment très excitant. Tu m'aurais violée au même moment, je n'aurais pas dit non !
-Si j'avais su je  l'aurais fait, nous aurions eu plus de succès peut être que la fille.
Et avec nos paires de mamelles, les gens en auraient eu pour leur argent.
-Oui, mais sans le garçon !
-Mon dieu oui, je me vois mal avec un engin pareil dans le ventre. Et la fille comment l'as-tu trouvée ?
-Absolument divine. Elle est extrêmement belle, et elle bouge bien. Je ne crois pas qu'une autre aurait pu faire aussi bien. Mais sais-tu quel est ce liquide qui a été introduit dans son ventre ?
-Aucune idée. Je vais me renseigner, et tu pourras en emporter un baril avec toi. »
Et les éclats de rire de Carmela redoublèrent.
Elles rentrèrent à la Case. Carmela proposa de passer au salon boire un dernier alcool. Puis elle s'adressa à Sarah sur le ton de la confidence. Ce soir, je ne pourrai pas t'aimer. Oui, il y des jours où les femmes sont privées d'amour.
-Ce n'est pas un problème, d'ailleurs tous ces évènements m'ont épuisée.
-Mais ma chérie, tu n'es pas au bout de tes peines. Enfin, si l'on peut dire !
-Que veux-tu dire ?
-Que c'est ce soir, que je t'offre mon cadeau, comme promis.....
-Tu crois vraiment que.................... 
-Oui vraiment. Emeline est là, dans l'autre pièce, elle t'attend. Rappelle-toi que tu ne peux pas refuser, ce serait pour elle et ses amies la pire des avanies.
-Je suis donc condamnée à aimer une femme que je ne connais pas ?
-Pas si sûr. Mais tu peux te contenter de la laisser faire.» tn Doc 106
Carmela prit une petite cuiller et fit tinter son verre. La porte de la pièce s'ouvrit, et une jeune femme superbement vêtue entra dans la pièce avec élégance. Elle portait la chevillère de perles noires. Le visage avait les traits fins, le maquillage réussi, les cheveux épars sur ses épaules. Souriante, elle fit une révérence devant Sarah. Sarah s'approcha pour lui prendre la main pour qu'elle se relève. Ce faisant, elle plongea « naturellement » le regard dans l'échancrure de la robe. Elle vit que la fille était quasiment plate, et aperçut un téton dressé percé d'un anneau. Son sang ne fit qu'un tour. Elle se tourna vers Camilla qui souriait :
-Mais..... C'est elle ?
-Oui, je te présente Emeline. Cette jeune femme d'une sublime beauté est mon mannequin vedette. Elle arrive de Paris où elle a terminé des  études commerciales.
C'est sûrement la femme la plus diplômée de mon équipe. C'est aussi ma préférée. Ce soir je te l'offre comme gage d'amour. Tu l'as reconnue ? C'est effectivement une bonne comédienne qui sait faire vibrer tout un peuple.
-Comédienne ?
- Assis toi avec nous Emeline, que vous fassiez connaissance.
-J'ai déjà pu admirer la beauté d'Emeline, et je l'en félicite. Mais pourquoi comédienne ?
-A toi Emeline, explique, je ne dirai à personne que tu as révélé « les secrets de la cérémonie »
-Merci de m'accepter Sarah, C'est le plus grand honneur que vous pouvez me faire. J'espère que nous serons de vraies amies. Vous ne passerez pas la nuit avec l'esclave que vous avez vue sur l'autel du sacrifice. Tout cela est truqué.
-Mais quand même, il y a cette corne, ce liquide fumant ?
-La corne ne m'a pas pénétrée. La canule est mobile et se rentre à l'intérieur de la corne, donnant l'impression de s'enfoncer dans le sexe.
-Et le liquide fumant ?
-Un produit quelconque qui reste prisonnier de la corne. Celle-ci est munie d'un clapet qui empêche le liquide de s'écouler si l'on retourne la corne.
-Mais le jeune homme avec le sexe démesuré ?
-Il est bien membré c'est vrai, mais je ne lui ai pas fait suffisamment d'effet. Il a eu recours à un faux pénis qui ne m'a pas pénétrée non plus. Quant à cette superbe éjaculation, il s'agit de lait de coco propusé par une poire de cahoutchouc.
En réalité, je me suis contentée d'être nue et de danser. Mais rassurez vous, je suis encore vierge. Le Vaudou ne m'a pas violée.
-J'ai du mal à y croire.
- Et pourtant ce n'est qu'un spectacle d'illusion. Même le petit cochon est sain et sauf ! Nous répétons deux à trois fois par semaine.
- Mais les spectateurs sont au fait ?
- Non, s'ils apprenaient ça, il y aurait une révolution !
- Et ce beau mâle joliment musclé, il doit vous faire la cour ?
- Pensez-vous, il n'aime que les garçons !!! »
L'ambiance fut plus détendue.
« En réalité, je ne fus qu'une danseuse nue, comme il y en a partout. »
Mais une très jolie danseuse. Le cocktail commença à embrumer un peu l'esprit de Sarah. Depuis qu'elle était dans l'île, elle n'arrêtait pas de s'alcooliser.
Elle se leva et se tourna vers Carmela pour l'embrasser.
« J'accepte ton cadeau avec joie. J'espère que tu ne m'en voudras jamais d'avoir accepté.
-Je crains seulement que tu restes avec elle et que tu me laisses.
-Cela n'arrivera pas. »
Elle partit vers la chambre en tenant Emeline par la main.
C'est Carmela qui apporta le petit déjeuner le lendemain matin. Elle trouva les deux femmes endormies, nues, enlacées. Emeline avait trouvé entre les seins de Sarah le refuge idéal. Carmela regarda le tableau avec tendresse. De voir ses deux amies ensemble ne lui causait aucune amertume. Au contraire, elle trouvait qu'elles étaient très belles dans cet enlacement, et c'est avec une douceur infinie qu'elle réveilla les deux amantes.
Sarah n'avait pas non plus de remords. Elle avait passé une nuit d'extase. Emeline s'était révélée comme une amoureuse imaginative et infatigable. Sarah regarda Carmela, celle-ci lui souriait,
« Je ne serai heureuse que lorsque tu m'auras affirmé que tu ne regrettes rien.
La nuit prochaine, tu pourras reprendre Emeline, ou vouloir une autre fille. Mais la nuit suivante, je reprends ma place !
-J'y compte bien mon bel amour. »

Le paquebot en provenance d'Australie était annoncé. Il restera à quai quelques jours, et emportera Sarah pour Marseille comme prévu d'ici une semaine, et toute la production de Carmela pour Paris..

Carmela et Sarah se rendirent au port pour voir le paquebot arriver. C'était toujours un spectacle haut en couleur d'assister aux embarquements-débarquements des passagers. Carmela espérait un nombreux courrier de ses clients, et Sarah aurait préféré que le bateau coule et n'arrivât jamais. Elle savait que ce genre de vie ne pouvait durer. Carmela avait ses responsabilités, et Sarah était bien placée pour comprendre qu'elle ne pouvait s'en libérer. Et puis, son escale avait duré plus que prévu. Elle aurait dû déjà être repartie. Mais l'espoir que Florane était vivante avait changé tous ses plans. Elle aura vécu trois semaines de folie, d'amour insensé, de fêtes de spectacles, d'excursion dans les jardins de l'Eden. Elles s'étaient baignées nues sur une plage déserte, sans être dérangées ni par les requins ni par les voyeurs. Nul doute que le Paradis sur terre devait être concentré dans l'île. Tout ne fut qu'enchantement, surprises et enchantements. Sarah voulait rencontrer la « couturière » de Florane. Le Notaire aurait du la prévenir que la Couturière en question était une femme d'affaire puissante et incontournable, avec un goût très prononcé pour  les jolies femmes.
Sarah repartira avec une nouvelle garde-robe, des souvenirs fastueux, Le cadeau secret d'Emeline, et une tristesse monumentale.
Pendant les manœuvres d'approche du navire, Sarah leva les yeux vers le bastingage, où la foule des passagers était agglutinée, gesticulante.
Une silhouette attira son attention. C'était une femme, sans aucun doute, qui se tenait un peu à l'écart, mais elle ne pouvait reconnaître de qui il s'agissait. Elle fit un signe à Carmela qui regarda à son tour. Il ne lui fallut pas longtemps pour arborer un sourire heureux. Elle se tourna vers Sarah :

« C'est Paloma ! »

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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