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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

 



Les Etoiles Eteintes
IV.

Paloma.

 

  

PalomaB

 

 

« La Savoie » eut beaucoup de difficultés à se ranger contre le quai. Le port de Saint Benoit n'aurait pu contenir un  second paquebot de la même taille. Ce navire était tout récent. C'était une chance de le voir sur cette ligne Marseille Sydney, qui était desservie habituellement par les rafiots les plus décrépits. Le navire amarré, une porte s'ouvrit dans le flanc du navire un peu au dessus du quai. Une passerelle fut rapidement installée, et les voyageurs purent ainsi retrouver la terre ferme. Carmela avait le sourire aux lèvres, et Sarah se forçait pour garder un visage de circonstance. Mais au fond d'elle-même, elle n'était pas tellement heureuse de l'arrivée de Paloma. Non qu'elle ne l'aimait pas, au contraire, leurs relations avaient toujours été des plus cordiales,  et  leur complicité dans certaines circonstances, les avait liées. pour le peu de temps qu'elles s'étaient fréquentées, c'était déjà beaucoup. Mais instinctivement, elle pensait que cette arrivée inattendue allait ternir les derniers moments de son séjour. Pour Sarah, ce séjour avec Carmela avait été un rêve qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir vivre. Carmela et Paloma étaient de grandes amies, elles allaient bien entendu se consacrer l'une à l'autre au détriment de Sarah.

tnsavoieCarmela dut sentir le désarroi de son amie, elle se rapprocha d'elle, et la prenant par les épaules se serra un peu plus. « Ne t'en fais pas, ma douce, c'est pour toi que je vis en ce moment.
- Et quand je serai partie, elle prendra ma place ?
- Peut être, peut être pas, Je dormirai sûrement avec Emeline pour avoir encore un peu de ton amour près de moi. »
Curieuses habitudes pensa Sarah. Encore que depuis son arrivée, elle avait fini par intégrer cette façon créole de vivre et d'aimer. Elle s'était « créolisée » comme se plaisait à dire Carmela. Cette situation, un mois plus tôt l'aurait mortifiée. Là elle souriait tristement, essayant de chasser les quelques traces de jalousie qui habitaient encore son cœur.
Paloma termina les interminables formalités, et se dirigea vers les deux femmes qui l'attendaient avec le sourire.
« Quelle bonne surprise mes amies, comment avez-vous su que j'étais dans ce bateau ? Je n'avais pas eu le temps de prévenir.
-La surprise est la même pour nous Paloma, Nous étions venues voir arriver le bateau que Sarah prendra pour continuer son voyage vers Marseille.
-Sarah ! J'ai un message pour vous, il est de Sophia Matilda, je craignais d'arriver trop tard pour vous le remettre.
-Merci Paloma, mais je pense que l'on peut se tutoyer, je ne sais pas si le « vous » existe dans le langage d'ici.
-Tu as raison Sarah, et puis on se connaît depuis si longtemps !
-As-tu fait une bonne traversée ? » Demanda Carmela.
-Excellente. Ce navire est d'un confort qui frôle le grand luxe. Tu verras Sarah, tu n'auras pas à le regretter. »
Les bagages récupérés, elles reprirent le chemin de la maison de Carmela. Elles passèrent au salon, et devant un cocktail rafraichissant, elles commencèrent à papoter. Il faut dire qu'elles ne se voyaient pas souvent !!
« Et quel est le but de ton voyage Paloma ?
-Paris, comme toi Sarah, sauf qu'il n'y a plus de place, je devais prendre le bateau suivant, mais il restait des places pour La Réunion seulement. Alors je me suis embarquée, pour attendre ici le prochain convoi.
-Voilà une bonne nouvelle. Le départ de Sarah me sera moins dur à supporter.
-A Paris, je veux voir le nouveau spectacle du Moulin Rouge, "Le French Cancan" et je vais voir si je peux le monter en Argentine ou ailleurs.
-Mais pour la nuit, il ne faut pas te déranger pour moi Carmela, j'ai fait la connaissance d'une dame d'ici sur le navire, et je peux m'installer chez elle !
-Il ne manquerait plus que ça ! Tu me dis son nom ?
-Son prénom : « Séraphina »
-Je vois qui c'est. Hummm!  Jolie femme en effet ! Elle est veuve depuis peu. Tu as bien de la chance Paloma.
-Je pense que tu n'as pas à te plaindre, Sarah pendant un mois, ce n'est pas mal non plus ! » Même Sarah sourit à cette plaisanterie.
« Oui mais Sarah s'en va, et Sarah est triste.

-Ne te laisse pas aller au désespoir, songe que tu pars retrouver Florane.
-Oui, et j'espère ne pas arriver trop tard. »
Sarah parvint à retrouver sa bonne humeur. Si Paloma voulait aimer Carmela, pourquoi pas? Il ne restait que quelques jours, ce n'était pas si grave, elle dormirait avec Emeline, ou sa petite amie, celle qui a une jolie poitrine ! Pas de risque d'être en manque chez Carmela. Mais cela va être dur de dormir seule comme avant, avant de connaître Carmela. Cette traversée allait lui sembler très longue. A moins que... C'est vrai que souvent des femmes seules s'ennuient sur les "liners". Alors on verra bien. Sarah regardait Paloma, elle était surprise de la voir aussi détendue, aussi enjouée, aussi belle. Il faut dire qu'elles ne s'étaient rencontrées que dans des moments difficiles. Ici, dans l'ambiance de l'île, tout était différent. Et le visage Andin de Paloma reflétait une lumière aux reflets dorés.
Au repas du soir, l'atmosphère était totalement détendue. Elles parlèrent de choses et d'autres, de mode de spectacles, des tournées de Paloma colportant son spectacle à travers le monde !
« Alors Sarah ? Les nouvelles de Sophia sont bonnes ?
-On ne peut pas vraiment dire cela. Côté santé, tout va bien, mais côté cœur tout est perdu. Son fiancé, l'Américain qui préside le groupe financier, a disparu avec une grosse somme d'argent. Arthur a pris les commandes, et a prévenu l'armée des Etats-Unis.
-Arthur ? Et pourquoi pas ton mari ?
-Lui, il s'occupe des moutons, et ça lui suffit !
-Donc, ces magnifiques tissus de laine que je reçois, c'est grâce à lui ?
-Non, c'est grâce aux moutons. J'ai bien peur que Sophia soit encore jeune fille un moment. Pauvre fille, elle était si heureuse.
-Si elle veut se consoler, elle peut venir ici !
-Bien sûr, en plus tu l'aimeras, elle est très belle. Qu'en penses-tu Paloma ?
-C'est vrai, elle est aussi belle que sa maman, d'ailleurs c'est une ressemblance étonnante, je l'ai trouvée assez sereine malgré cet incident.
-Il appartient aux américains de régler ce problème. C'est curieux, j'avais confiance en ce garçon.
-Il ne faut jamais faire confiance aux garçons.
-Tu te trompes, Benjamin mon premier mari était tout ce qu'il y avait de plus attachant. 
-Et tu lui as préféré Florane !
-Oui, je suis une mauvaise femme !» La conversation dura jusqu'à la nuit. C'est Paloma qui y mit fin.
« Et si nous allions au lit mes chéries ? Je vous quitte, je vais rejoindre Séraphina. »
Comme ça tout était dit, et tout était clair.
Sarah et Carmela passèrent la nuit enlacées. C'était peut être la première fois où la tendresse avait participé aux jeux de l'amour. Comme si elles voulaient entasser le maximum de souvenirs des moments passés ensemble.
Elles partageaient l'idée que Paloma était allée dormir à l'hôtel, pour ne pas les déranger, sinon, elle serait partie plus tôt, ou aurait fait porter un message. Elle aurait pu aussi dormir dans la case, ce n'était pas la place qui manquait, et peut être qu'une pensionnaire lui aurait tenu compagnie ?
Le lendemain, elles se retrouvèrent toutes les trois pour le déjeuner. Sarah prit la parole.
« Si j'ai bien tout compris, tu as pris ce bateau parce qu'il restait une cabine, et tu prendras l'autre, dans deux ou trois semaines pour continuer ton voyage ?
-C'est exactement ça.
-Comme je l'ai fait moi-même. Sauf que pour moi il n'était pas prévu de continuer, je devais retourner à Adélaïde. Pour quoi y faire, je me le demande. J'ai appris que Florane était sûrement en vie, donc je pars à sa recherche. Et le voyage continue.
-Avant d'arriver ici, nous avons fait une escale à Pondichéry. Je n'ai eu aucun mal à trouver la piste d'Amiya.
-Amiya ? Tu l'as vue ?
-Non, je n'ai pas eu le temps de la rencontrer, elle était en déplacement dans le nord du pays. J'ai appris qu'elle était mariée à un riche Maharadja, et qu'elle régnait sur un pays aussi vaste que l'île Bourbon. Je retournerai là bas, et je prendrai le temps de la rencontrer.
-Douce Amiya, comme quoi l'amour des femmes mène à tout.....
-Oui, si l'on regarde ce que nous sommes, nous n'avons pas si mal réussi. » -Je n'aurais jamais pensé qu'elle ait pu se marier ! -Elle l'a fait sans doute pour avoir une position sociale. Et si en plus elle a des servantes, c'est parfait. Sa beauté lui ouvrait toutes les portes, elle a eu raison d'en profiter. Et le mariage, même pour une lesbienne, ce n'est pas la mer à boire!
-Oui, mais il reste le mari.
-Et ça, ce n'est pas toujours génial. J'espère bien passer toute ma vie sans avoir à connaître les caresses d'un seul homme.
-Quand je dansais en Argentine, j'avais une relation avec mon partenaire. Pour bien danser, il faut bien se connaître. J'en garde un souvenir plutôt agréable. Je l'ai quitté quand il m'a proposé le mariage. Il a voulu me tuer, Florane toujours sur ses gardes l'en a empêché. Je lui dois la vie !
-Charmant garçon, moi, je n'ai eu que deux hommes dans ma vie. Mon défunt mari, Benjamin, dont je garde d'agréables souvenirs et Lusciano, que je n'ai jamais aimé. Je me suis donnée à lui pour que Florane se détache de lui et me revienne, et c'est le contraire qui s'est passé.
-On peut comprendre Florane. Que serait devenu votre couple si l'enfant était né ?
-Quel enfant ?
-Mais oui Paloma, Florane était enceinte, c'est pour cela qu'elle a débarqué. Elle a perdu le bébé un mois après environ, elle n'en avait parlé à personne. Je ne l'ai appris que quelques années plus tard. 
-Je l'ignorais totalement. 
-Si je comprends bien, des cinq femmes de notre cercle, je suis la seule qui n'ait pas reçu les honneurs masculins ?
-Oui Carmela, et c'est sûrement toi la plus heureuse.»
L'après midi se passa sans Carmela qui était retournée à ses affaires.

tnPlageReunion

Sarah et Paloma allèrent prendre le soleil sur une plage déserte. A l'extrémité sud de la plage, quelques rochers les dissimulèrent à l'abri des regards. Elles se mirent nues pour profiter du soleil. Dans l'île de la Réunion, la couleur de peau idéale, n'était pas blanche. Sarah avait déjà eu l'occasion de prendre quelques couleurs, tandis que Paloma était naturellement très foncée. Sarah fut surprise en voyant Paloma dans le plus simple appareil. Elle avait un corps magnifique. La danse pratiquée durant toute une vie lui avait sculpté un corps de rêve. Jolies jambes, jolie poitrine, fesses et cuisses musclées. Elle était mince, elle avait une morphologie d'athlète. Totalement épilée, elle exhalait une féminité sans pareille. C'était  Emeline avec quelques années et de la poitrine en plus. Sarah fut impressionnée par l'extraordinaire majesté qui se dégageait de son attitude. C'était sans doute le lointain  atavisme d'une descendance Andine.

« Tu es magnifique Paloma, je ne m'attendais pas à voir en toi la Vénus ressuscitée.
-Encore que la véritable Vénus a quelques petits bourrelets autour de la taille ! Je ne suis pas Vénus, je suis la fille du soleil, une princesse Inca.
-Tu as raison, tu es parfaite. De quoi ai-je l'air à tes côtés ?
-D'une femme qui possède toute la féminité que je n'ai pas. Ce visage parfait, ces seins magnifiques, ces hanches qui appellent les caresses, et des fesses sûrement plus douces que les miennes.
-Pour ça, il faudrait vérifier.....
-Je vais le faire Sarah »
Sarah n'avait aucune arrière pensée. Elle avait appris très vite à obéir à ses moindres désirs, sans la moindre retenue. Jusqu'en cet instant, Paloma ne l'avait jamais attirée. Peut être que son visage, aux traits un peu masculins l'en avait dissuadé. mais depuis qu'elle avait débarqué dans l'île, elle s'était habituée aux visages de type indien. En ce moment ci, elle n'avait qu'une seule envie, que Paloma la serre dans ses bras. Elle ressentait aussi de besoin  de respirer le parfum de sa peau bronzée. C'est le baptême de l'île Bourbon sans doute, ou alors Carmela lui avait jeté un sort. En une fraction de seconde, elle comprit que Carmela n'avait rien d'urgent à faire, et qu'elle les avait laissées ensemble délibérément. Décidément, ici, Carmela décidait de tout. Cette pensée s'évapora quand elle sentit la main de Paloma sur sa hanche.
«Vérification faite, c'est encore plus soyeux que je ne l'imaginais.
-Tu veux me flatter ma belle amie, mais je sais que je porte bien mon âge, et que je ne devrais pas me conduire comme une jeune fille.
-Que dis-tu là ? Ne sommes nous pas ensemble pour nous aimer sous le soleil ?  Quand nous étions jeunes, nous n'avons pas eu l'occasion de nous connaître. Nous avons quantité d'années à rattraper !
-Oui sûrement, mais j'ai un peu honte de jouer les midinettes.
-Il n'est pas question de cela, comme moi, tu as un grand besoin d'amour, tu as un corps qui sait donner l'amour, et tes sentiments sont purs. Qu'importe notre âge, si nous nous trouvons belles et que nous avons envie l'une de l'autre ? »
S'en suivit le premier baiser, sur des lèvres brûlantes mais avides de plaisirs.
Sur la plage, sous le soleil filtré par le feuillage d'un palmier, elles se sont aimées sans être dérangées. Ou alors, s'il y eut quelques regards indiscrets, ils profitèrent de la scène sans l'interrompre. D'ailleurs, il est possible qu'un spectateur n'eût pas été suffisant pour interrompre une telle passion.
L'après midi se passa en caresses, en amours, en plaisirs. Les deux femmes s'étaient trouvées avec bonheur. Elles avaient toutes les deux la connaissance parfaite de leur corps, et des multiples  façons d'arriver au septième ciel. A chaque fois que Sarah faisait l'amour, elle était persuadée qu'il ne serait plus possible d'aller plus loin dans le plaisir. Et pourtant, à chaque fois elle avait l'impression de tout découvrir. Paloma  se montra une amante imaginative, et elle n'eût aucune difficulté à dévoiler ses désirs les plus secrets. Elle était tellement belle dans ses attitudes, que Sarah ne pouvait s'en détacher les yeux. La beauté de cet abandon donnait à Sarah des ressources inépuisables.
Le soleil était caché derrière la montagne, quand, les lèvres rougies, la peau brûlée de soleil et les sexes meurtris, elles décidèrent de regagner la vie domestique.
Quand elles arrivèrent chez Carmela, celle-ci les attendait dans le salon, en grande conversation avec Emeline.
Echange de sourires et de baisers, Emeline était au summum de sa beauté.
En les voyant s'approcher, Carmela  se laissa aller dans une hilarité inextinguible.
« He bien mes chéries, visiblement vous avez eu très chaud cet après midi !!! Il faut faire attention, le soleil est dangereux en cette saison, et de se baigner dans les vagues épuise rapidement. Je n'aurais pas dû vous laisser seules, vous êtes imprudentes comme des gamines.
-Le seul risque que nous ayons encouru, est d'être surprises alors que l'on se baignait nues.
-Entre autre chose je suppose. !! Mais vous ne risquiez rien, j'avais placé des sentinelles pour que vous ne soyiez pas dérangées.
-Carmela, tu penses à tout, tu prévois tout, avec toi il n'y a qu'à se laisser vivre.
-Mais il faut aussi payer de sa personne quelques fois.
-Tu savais où nous allions ?
-Je sais tout ici. La police est moins bien renseignée que moi ! Heureusement sinon, en fait de jolies sentinelles, vous auriez eu l'armée au grand complet. Allez vous donner un coup de peigne, et revenez prendre l'apéritif.
En gravissant les marches de l'escalier, Sarah eut la certitude que Carmela avait été l'une des « sentinelles » et qu'elle n'avait rien perdu de leurs ébats. Il faudra en parler à Paloma
Quand elles revinrent, la serveuse aux seins nus préparait les cocktails. Sarah détailla la  fille dans les moindres détails. Le pantalon blanc large et serré aux chevilles qu'elle portait était quasi transparent, et l'on ne perdait rien de sa ligne incomparable. Le voile de mousseline vieux rose qui ceinturait ses cheveux, éclairait son visage d'une lumière cuivrée. Carmela suivit le regard de Sarah et sourit.

tnJosephine-Celle-ci s'appelle Joséphine. C'est le plus joli minois de ma maison. Elle est très douce et très gourmande. Si vous la voulez pour cette nuit, elle ne dira certainemen pas non. » A cette évocation, la fille gratifia les deux femmes d'un sourire engageant. Sarah et Paloma se regardèrent. Et c'est Paloma qui prit la parole.
« Pourquoi pas ? Si nous n'acceptons pas cette proposition, nous le regretterons le reste de nos jours. »
Carmela s'adressa à Joséphine dans le dialecte local. La fille reçut la nouvelle avec un grand sourire et gratifia les trois femmes d'une superbe révérence.
« Quant à moi, je vais être obligée de me contenter d'Emeline. Quelle galère !!! »

Carmela tenait la grande forme. Ses plaisanteries sonnaient justes, mais n'y avait il pas au fond de son cœur quelque ambigüité qu'elle voulait dissimuler ? Pour ne pas laisser le doute s'installer, c'est d'elle que vint la solution.

« Je suis très heureuse que vous vous soyez trouvées. Très sincèrement heureuse. Chez moi la jalousie n'existe pas et heureusement. Assister à la liaison de mes plus chères amantes me tuerait sur le champ. Aussi ai-je pensé à une solution qui vous permettrait de vous aimer quelques temps de plus, et qui rendrait peut être service à Paloma ?
Sarah a loué une suite dans le paquebot, si vous n'avez pas peur d'être un peu à l'étroit, vous pouvez peut être la partager ? »
Les deux femmes se regardèrent. Pourquoi n'y avaient elles pas songé plus tôt ? Peut être pour Paloma le sentiment de rester redevable à Carmela d'un peu d'amour, peut être pour Sarah de ne pas priver Carmela d'un peu d'amour quand elle serait partie.
« C'est une excellente idée. J'accompagnerai Sarah si elle ne dit pas non. Mon seul soucis et de t'abandonner, sans avoir réalisé ce pourquoi j'étais venue.
-Ne t'en fais pas Paloma ce sera pour une autre fois. Je me consolerai avec la fiancée du Vaudou.
tnEmeline-C'est qui cette nouvelle recrue ?

-Sarah te racontera !!!
-Hum j'ai peut être tort de partir alors. Si tu as encore de bonnes choses à m'offrir.
-Tu sais bien que Dieu a créé le paradis des femmes à La Réunion. Mais si tu dois partir..... -Oui, il faut que je parte, j'ai pas mal de travail sur Paris. Et je ne pourrai pas accompagner Sarah dans ses recherches. -Quand vous aurez compris que vous ne serez jamais plus heureuses qu'ici, vous reviendrez vivre sous nos palmiers pour le restant de vos jours. Rien ne vous retient ailleurs, ici vous aurez tout, Amour Mer et soleil, des montagnes de fruits, et des filles à aimer par dizaine. Que demander de plus ?
-Tu as toujours raison Carmela, je me souviendrai du conseil. Cependant je crains que les filles se lassent d'aimer une vieille femme comme moi. En attendant, Paloma me fera le plus doux des plaisirs en partageant ma cabine. »
La nuit avec Joséphine se déroula dans un déluge de passions inattendues. Dire qu'elle était gourmande était en dessous de la vérité. Comment font toutes ces filles pour posséder à ce point la science des amours les plus folles ? En très peu de temps, Sarah et Paloma demandaient grâce. Il faut dire que l'après midi avait déjà été plus qu'agité. Pour des femmes de leur âge, pouvoir caresser le corps d'une fille de vingt ans, était un cadeau exceptionnel. Sarah et Paloma en avaient parfaitement conscience.
Sarah pensait que si on lui demandait ce qu'elle avait vu de son voyage à La Réunion, elle pourrait répondre qu'elle n'avait vu qie l'amour et que le rhum. C'était la débauche complète. Elle le savait mais elle avait adoré cela. Paloma, bien que plus réservée sur ses sentiments, était toujours présente pour une étreinte, un baiser, une passion. Il faut peut être imaginer que le parfum de toutes ces filles, vanillé? Poivré? (il était impossible de le cataloguer), était sûrement responsable de tous ces débordement.
Imaginons Sophia Matilda demandant à sa mère:
« He bien Maman qu'as tu fait tout ce temps à La Réunion?
-J'ai fait l'amour et je me suis saoulée!»
Le lendemain elles allèrent au port pour régulariser les détails du voyage.
Le départ était fixé au surlendemain. Les heures qui restaient à vivre à Saint Benoit seraient sûrement les plus émouvantes jamais vécues dans cet Eden.
Le jour fatal arriva. En fin d'après midi, Sarah était vêtue d'un costume pantalon d'un tissu très léger, et ce costume, fait à sa mesure, mettait en valeur un décolleté somptueux. Sarah portait le « cadeau d'Emeline », une chaîne à la cheville formée de perles noires. Carmela remarqua ce détail et en fut bouleversée. C'était le signe de soumission. Toutes  les filles qui appartenaient  à Carmela portaient fièrement cette chaine.. Sarah lui donnait ainsi la preuve de son amour, et de sa volonté de lui appartenir.
Le volume des bagages, augmenté des présents de Carmela était absolument gigantesque. Il faudra en stocker une bonne partie dans la cale, pour qu'il reste un peu de place dans la cabine. Celle-ci, comme l'avait décrite Paloma était divinement luxueuse. Le fait de voyager avec Paloma dispenserait Sarah de s'égarer dans les coursives du navire, elle n'aurait qu'à suivre.
Le plus dur fut évidemment pour Carmela. De voir partir simultanément ses deux grandes amies, lui procura un choc inattendu. Elle, rieuse, si forte et tellement maîtresse de tout et d'elle-même, sombra dans un profond malaise quand le bateau quitta le môle. Elle était là sur le quai, vêtue d'une magnifique robe de dentelle blanche, abritée d'une capeline, blanche également. Elle était accompagnée des plus proches de « ses filles », quand soudain, ses jambes se dérobèrent sous elle, et elle glissa sur le sol. Elle fut bien évidemment secourue tout de suite, et les suivantes firent ce qu'il fallait pour que le malaise de Carmela ne fût pas visible du bastingage.  Sarah et Paloma furent un peu frustrées de ne plus apercevoir Carmela dans la foule qui assistait au départ du paquebot.
Puis celui-ci gagna le large, doucement, avec dans son erre, des tonnes d'amour qui allaient manquer cruellement à Carmela, mais aussi à Sarah et Paloma. C'était la fin de la journée. Vers l'ouest, le soleil aveuglant éclipsait la terre qu'elles venaient de quitter. Comme si les adieux devaient se terminer au plus vite. Sarah se laissa tomber sur un transat, et ne put empêcher ses larmes de s'épancher à gros sanglots. Paloma, ne pleurait pas, elle ne pleurait jamais.  Elle se demandait pourquoi elle avait perdu de vue Carmela. Pourtant, avec cette capeline blanche, elle aurait du être facilement reconnaissable.
Dans ce moment de tristesse infinie, son visage se faisait plus dur, et son regard sombre questionnait l'horizon.

  

 

   DameGauche   DameDroite
Par eve anne
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