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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

                              

 
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XXIX-Ma vie en rose.
 

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Si je vous le disais, qu’une douce folie
A fait de moi votre ombre, et m’attache à vos pas ?

A de Musset

                                              L’année 1996 commença mal pour l’ex président François Mitterrand qui décéda le 8 janvier. Pour moi, c’était plus encourageant. J’avais obtenu une très grosse commande pour la vente par correspondance. Les catalogues en tous genre. Fourniture des mannequins, photos et mise en page. J’allais voir du slip et du soutien-gorge à la tonne. Mais trop c’est trop. Distinguer la perle rare au milieu de centaines de modèles, j’avais capitulé. Pourtant au milieu de toutes ces beautés, il y en avait une qui voulait absolument se faire remarquer, et qui ne me quittait pas. Elle était partante pour travailler avec moi, mais quand je regardais ses yeux, son décolleté sans presque de poitrine, ses fesses, et sa peau noire, j’imaginais tout autre chose. Elle avait parait-il 18 ans, mais je pense qu’elle ne devait en avoir que 16. Elle était très belle, et elle arrivait quelques fois à me déstabiliser. Je pense qu’elle était originaire des caraïbes, bien que très foncée de peau. Je n’allais pas non plus jusqu’à éviter les frôlements, les mains qui se touchent (par hasard) les sourires grandioses, les regards qui s’attardent et n’en finissent pas de regarder ailleurs. Les coiffures changeaient souvent. Elle s’imposait peu à peu, et si le déclic fonctionnait à chaque fois, j’arrivais à penser à ma femme, et je passais le cap. Mais pour combien de temps? J’avais passé trente deux ans, et qu’une fille de 16 ans s’intéresse à moi, me faisait plaisir. Sans doute avais-je réellement retrouvé mes formes. J’étais même un peu plus mince. J’avais repris le sport depuis longtemps déjà, le vélo bien sûr qui était notre messe du dimanche matin, la piscine du mercredi soir, et en plus je faisais des abdos-fessiers pour combattre quelques séquelles de la maternité. Je me trouvais assez séduisante, la poitrine n’avait pas été endommagée, elle avait retrouvé ses bonnets préférés à la grande joie de Marie-Noëlle. Elle, par contre avait pris un bonnet de plus. Je trouvais que ça lui allait bien. C’était dû à un changement de pilules. Il était de plus en plus question que Marie-No entre à l’école des sous officiers. Cela lui permettrait d’atteindre les grades d’Adjudant et d’adjudant chef, avant la retraite, c'est-à-dire ses trente cinq ans. Elle aurait ensuite une meilleure retraite, et une meilleure possibilité de reclassement dans l’administration. Elle pourrait aussi peut être franchir la barrière et passer chez les officiers, pour une seconde carrière. Pour cela, elle déménagerait, et Jean-Marc déménagerait aussi, pour rester au plus près. J’étais prévenue. Je savais que notre amour allait mourir, je savais que notre vie ne serait plus jamais la même. J’étais assez grande pour me faire une raison, et j’avais assez de responsabilités pour ne pas me laisser aller à des crises existentielles néfastes. Saint Maixent, entre Poitier et La Rochelle, ce n’était pas la porte à côté. Comment allais-je vivre pareille séparation ? Comment allait-elle vivre aussi cette séparation ?
Au début du mois de mars, il y eut une alerte sérieuse. La treizième compagnie était supposée partir pour la Bosnie-Herzégovine. Ce fut le choc de ma vie. Il me semblait que ce genre de mobilisation ne pouvait pas nous arriver. Et pourtant, tout était en route pour un départ prochain. Marie-Noëlle restait calme et sereine, elle n’avait pas peur, elle disait qu’elle s’était préparée mentalement à cette éventualité depuis longtemps. Si elle partait, Jean-Marc ne pourrait pas la suivre. Le Commandant Ducrocq proposa une mutation, pour lui éviter ce départ. Elle refusa tout net. Je me torturais l’esprit de la sentir partir pour Saint Maixent, et voilà qu’elle allait s’en aller au combat. J’étais atterrée. Je la comprenais fort bien. Dans la même situation, je n’aurais pas accepté non plus de mutation salvatrice. Mais là, c’était elle, c’était pire. C’était toute ma vie qui risquait de ne plus revenir jamais.
Marie-Noëlle ne changea pas sa façon de vivre d’un iota. Elle restait sereine et joyeuse, comme elle avait toujours été. On faisait l’amour avec autant de passion, avec autant d’impatience, avec autant de joie. Rien n’aurait pu faire penser qu’il y eut un risque à venir. J’admirais cette force, j’admirais sa maîtrise. Aurais-je été capable d’une telle sérénité ? Marie-No était mon amie depuis le premier juillet 1988. Cela faisait huit ans. Ce jour là, nous nous sommes embrassées, et j’ai glissé ma main sous son pull à la découverte d’une éternité de douceurs. J’ai embrassé ses lèvres, son cou, ses seins, et le parfum de sa peau ne m’a plus jamais quitté. A chaque fois que nous avons été séparées, ce fut difficile à vivre. Encore y avait-il à chaque fois une certitude de retrouvailles. Mais là ? Qu’allions nous devenir ? Certes on peut vivre sans amour, s’il n’existe pas. Mais s’il existe ailleurs, comment faire ?
Mon père, m’invita à participer à une réunion avec le couple de personnes qu’il m’avait présenté à mon mariage. Je me souvenais effectivement, cela faisait déjà quatre ans et demi. Maud serait étonnée. Je suis sûre qu’elle n’a pas réalisé que nous fêterions le cinquième anniversaire cette année. Je me souvenais surtout que la femme était jolie. Mais c’était déjà loin. Je les rencontrais chez mes parents. Lui s’appelait Louis, il était plus jeune que mon père, de dix ans peut être, et Jocelyne, qui était plus jeune que lui. Ces braves gens avaient le projet de créer une société industrielle. Ils étaient à la recherche de partenaires financiers. Mon père avait une grosse somme d’argent placée, qui lui venait de la vente de la maison de ses parents, que je n’ai pas connus. Il était disposé à prendre une participation. Il était le seul à savoir que j’avais aussi, grâce à la générosité de Simone de l’argent disponible. C’était de l’argent placé, mais les taux n’étaient vraiment pas très attrayants. J’avais donc accepté de participer à la discussion, il me semblait quand même primordial de savoir quel était ce projet. Louis ne souhaitait pas éparpiller l’actionnariat, il préférait que ce soit un groupe de personnes qui se connaissaient, et que la société puisse fonctionner en parfaite harmonie avec ses actionnaires. Il pensait que l’actionnariat passif n’était pas la solution pour les petites et moyennes entreprises. A ma question sur l’identité des autres actionnaires, il me répondit qu’ils pressentaient une amie de Jocelyne, actuellement à l’étranger, et un couple de personnes vivant près de Perpignan, qui étaient des amis de longue date. Quand ils auraient la réponse de tous, une seconde réunion d’information serait organisée avec tous les actionnaires. S’ensuivit une première présentation du projet, suivi d’un busines-plan présenté avec brio par Jocelyne. Je la trouvais élégante dans ses gestes, elle avait une jolie voix, et me paraissait compétente. Son sourire était agréable, nos regards se croisaient souvent, sans ressentir aucun déclic. J’en étais presque déçue. Rendez-vous donc était pris pour rencontrer nos futurs partenaires.
Mon travail à Paris avançait bien. J’avais engagé plusieurs photographes dont la plupart venait du journal de Simone. On se connaissait, tout était plus simple, c’était de bons professionnels, et j’avais confiance. J’avais fini par embaucher Linda la petite noiraude si craquante avec sa queue de cheval et sa poitrine de garçon. C’était son genre : tout le reste était excessif, les cuisses d’une coureuse de 400, des fesses d’enfer, des abdominaux en tablette de chocolat. Elle était plate, mais très attirante. Les femmes sont comme ça ! Quand on voit une fille comme ça, on se demande à quoi servent les seins. Elle jouait les script-girls, profession indispensable au métier de l’image. Je ne l’avais pas encore mise dans mon lit, mais je sentais l’échéance approcher. Et je souffrais toujours du syndrome de Lucie, de quelque chose que je n’avais pas fini. J’avais une grande attirance vers les filles de couleur.
Marie-No était sereine. Toujours gaie, toujours demandeuse, toujours aussi belle et désirable. Nous avions élu « domicile » chez la maman de Maud. C’était pratique, il y avait une entrée côté avenue, et une sortie sur une petite rue derrière. Maud se contentait de garder la petite, c’était son grand amour. D’avoir retrouvé une occupation lui avait rendu le dynamisme qui lui allait bien. Je la voyais de temps en temps, quand Marie-No était de sortie. Maud faisait toujours l’amour avec passion. J’avais l’impression qu’elle avait un peu maigri. Elle gardait un corps magnifique, j’aimais admirer sa poitrine qui bougeait bien, et dont les tétons dressés attiraient les envies. Maud était belle. Elle avait en elle toute la féminité qui rend l’amour si facile. D’un caractère égal, c’était un plaisir que de vivre en sa compagnie ces instants de douce folie. Maud était ma belle mère. Tout le monde aurait crié au scandale en apprenant notre liaison. Pourtant, nous n’étions que deux femmes qui s’aimaient avec douceur. Maud avait senti à la première seconde de notre rencontre, que l’on deviendrait amantes. Quel miracle que la femme. Simone se faisait rare, elle ne passait que rarement à l’agence, et l’on allait au studio passer quelques instants de passion. Mais je savais qu’elle se rendait assez souvent au studio sans moi, avec une autre sûrement. Je voyais en passant les volets ouverts, et quelques fois le soir un peu de lumière.
Christian était toujours le papa et le mari le plus heureux. Notre vie était bien réglée, trop peut être, mais il m’apportait beaucoup d’amour et de tendresse. Et Axelle, ma toute belle Axelle, qui allait aller en maternelle dès le mois d’octobre. Le temps s’écoule à une vitesse phénoménale. Et puis un matin, je sentis quelques frémissements au niveau de mon bas ventre, c’était un signe avant coureur que je connaissais bien. J'observais dans la pièce à côté la jeune Linda. (Qui avait bien ses dix huit ans) Elle travaillait consciencieusement sur son PC, elle avait sa chemise entre ouverte, et elle ne portait bien sûr pas de soutien-gorge. Je voyais très nettement ses gros tétons encore plus noirs que sa peau noire, et j’eus envie d’elle, tout de suite. Je l’appelais, elle arriva avec son immense sourire. Elle portait bien son nom : Linda= Jolie en espagnol.
« Prends ta veste, on sort !
-On va où ?
-Pas loin, allez viens ! » Je pris la clef du studio, et je la conduisis dans le repaire des amoureuses. Elle fut très étonnée, elle ne connaissait pas l’existence de ce refuge. Elle n’avait pas encore compris le pourquoi de notre présence, quand je me plaçais face à elle, et que je lui pris les lèvres épaisses et pulpeuses. Elle réagit très vite, très bien, et quitta sa veste et son chemisier. Je défis la ceinture de son jean, et je la mettais nue. Quelle beauté que cette fille. Il ne lui manquait rien pour être extrêmement désirable. Je me dévêtis ensuite. Quand je libérai mes seins, je vis son regard briller. On se laissa couler sur le divan. Elle était très jeune, mais elle savait tout. On se fit l’amour comme si l’on se connaissait depuis toujours. Et quand épuisées on se regarda dans les yeux, je vis à son regard qu’elle était heureuse. J’avais adoré son corps, la peau noire exerçait sur moi un effet particulier, que je ne savais pas identifier. Et c’est elle qui prit la parole en premier :
« On se reverra ? Promets-moi qu’on recommencera. Je n’ai jamais fait l’amour comme ça. J’avais l’impression que tu faisais ça par amour.
-Evidemment ma puce, je t’ai fait l’amour avec amour. Quelle idée as-tu aussi d’être aussi belle ? 
-Je l’ai su tout de suite qu’un jour je pourrai caresser tes seins. J’en avais une envie folle.
-Et moi j’ai eu envie de toi tout à l’heure, quand tu travaillais, je voyais tes tétons dans l’échancrure de ta chemise.
-Seulement mes tétons hélas.
-Tu es très bien comme ça. Tu me plais.
-Ça ne te rebute pas que je sois noire ?
-Ne dis pas de bêtises, je t’adore et tu es magnifique.
-Tu sais, j’ai beaucoup de déboires, beaucoup de filles disent être amoureuses, et quand elles me voient nue, elles n’ont plus envie, elles sont dégoûtées.
-Elles sont stupides, elles ne savent pas ce qu’elles perdent. J’ai beaucoup d’amies, de tous âges, et je tiens à te rassurer, tu es sûrement la plus désirable de toutes. (Excepté Marie-No bien sûr)Mais ça je le pensais seulement. Quel miracle d’avoir dix huit ans ! Mon premier Amour était une fille noire. Elle s’appelle Lucie. J’en garde un souvenir attendri.
-Tout s’explique alors.
-El les hommes, tu les dragues ?
-Les hommes ne font pas l’amour avec les filles noires. Ils les violent et ils les jettent. J’ai été violée très jeune. Maintenant je ne sors qu’avec des filles. Mais c’est la première fois avec une femme comme toi !
-Tu veux dire aussi vieille ?
-Bien sûr que non, je veux dire adulte et aussi class.
-Tu es une flatteuse. Mais je t’aime. Allons travailler. »
Ce soir là en rentrant à la maison, Marie-No et Jean-Marc étaient là, Axelle sur les genoux de Marie-No. Christian venait le leur servir l’apéro. Ils étaient souriants, mais leur présence imprévue me laissa sur la réserve.
«C’est un plaisir de vous voir ! Vous avez vu de la lumière ?
-Non, je viens te dire que j’ai reçu ma feuille de route. Alors je voulais arroser ça ! -Tu plaisantes ?
-Non, jamais avec ces choses là, je pars dans 15 jours, le 5 Mai.
-Mon dieu ! C’est affreux.
-Non mon chat, c’est la vie. Ce sont les militaires qui font la guerre. Ce n’est pas moi qui vais te l’apprendre !
-Non je n’en sais rien. Je n’ai jamais fait l’armée pour faire la guerre, simplement pour te connaître. Et tu me dis ça comme ça ? C’est tout l’effet que ça te fait ?
-Ecoute mon chat, peut être est ce que je ne réalise pas, peut être ai-je un cœur de pierre mais pour l’instant ça va. Ne me rends pas la chose plus difficile. Je sais bien que je vais quitter les gens que j’aime, mais je reviendrai, je ne suis pas encore morte. C’est comme toi quand tu es partie à Angers, tu m’as laissée comme une vieille chaussette. Et tu es revenue. Et puis il y a aussi Jean-Marc, il n’en a pas l’air, mais c’est un bon mari, et il y a cette petite puce. Maintenant tu comprends pourquoi je ne voulais pas en faire une.
-Tu aurais pu donner ta démission, et faire un bébé aussi.
-Oui, avec des si j’aurais pu faire beaucoup de choses. Et puis toi, tu as Christian et Axelle, et Maud, et ta maman chérie et ta sœur adorée, tu ne seras pas seule.

- Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

-Tiens voilà la prof qui renaît. Allez mon chat, souris-moi. Je veux emporter des sourires et non des larmes. Et puis des vacances en Bosnie, il y en a beaucoup qui paieraient cher ! » Et Christian d’en rajouter une louche :
« Et pourquoi l’appelles tu toujours « mon chat » c’est très intime non ?
-A cause de ses oreilles pointues, de ses moustaches, et de sa longue queue.
-Oui, évidemment, j’aurais dû y penser. » A partir de cet instant, je fis un effort surhumain pour me retenir. Je ressentis le besoin de prendre Axelle avec moi, et de la serrer fort. Je regardais Marie-No, qui me regardait aussi. Et je pensais que s’il n’y avait pas eu la puce, je serais partie avec elle. Et Marie-No sourit tristement, et me dit :
« Oui, mais elle est là, et tu as bien de la chance ! » Et c’était encore ce miracle, cette télépathie qui fonctionnait entre nous, comment avait elle surpris ma pensée ? Comment a-t-on fait à ce moment là pour ne pas se jeter dans les bras de l’autre ? Comment n’avons-nous pas explosé notre image de convenance, comment n’avons-nous pas exprimé notre amour au grand jour ? Qu’avions-nous à perdre ? Ces deux garçons ? Et alors ? Était ce si important ? On ne leur devait rien, on leur avait donné plus que ce qu’ils étaient en droit d’attendre de nous ? On était quitte. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, et je ne pus m’empêcher de pleurer, doucement, pour essayer de ne pas gêner personne. 
Le 5 Mai 1996, à cinq heures du matin, je vis Marie-No monter dans le bus à destination de Villacoublay, où l’avion attendait la treizième compagnie. Peut être qu’Isabelle lui ferait un coucou en passant. Jean-Marc n’était pas là, Christian gardait la petite. J’étais seule avec le Commandant Ducrocq à regarder partir le bus.  S’il n’avait pas été là, je me serais laissé mourir sur place.
Marie-Noëlle partie, rien ne fut plus jamais pareil. Il me semblait qu’une partie de ma vie était montée dans le bus. Bien sûr, je vivais encore, je m’occupais de ma fille, de mon travail, je me forçais pour faire l’amour avec Christian, mais je n’éprouvais plus aucun plaisir, et je n’essayais même pas de dissimuler. Je ne voyais plus Maud, Je ne cherchais pas à revoir Simone. J’essayais d’aimer ma petite noire, tellement elle était fraîche et candide. C’était un souffle de vie, mais quand j’avais fait l’amour avec elle, j’avais envie de pleurer. Nous eûmes des nouvelles de Marie-No par le Commandant.
Peu après Jean-Marc vint nous faire ses adieux, il avait quitté son emploi, abandonné « Les Biches » où nous avions été si heureuses. Il retournait à Châlons pour retrouver sans doute « sa chère maman ». Voilà, maintenant le vide était total. Et cela faisait un bruit immense dans ma tête. J’appelais Patricia au secours. Elle arriva aussitôt. Elle n’essaya pas de profiter de la situation, et je savais qu’elle était la seule capable de m’aider dans ce putain de bordel de cafard qui me pourrissait la vie. Ma frigidité commençait à me poser quelques problèmes avec Christian. Bien sûr qu’il n’y était pour rien, et je comprenais ses reproches, même s’ils s’ajoutaient à tous mes problèmes. Patricia, patiemment essaya de remettre de l’ordre dans ma tête. Elle fut toutefois bien désarmée devant la disparition complète de ma libido. Je me pris de passion pour Linda. Je ne savais pas ce qu’elle pouvait réellement m’apporter. Mais avec elle, je ne pensais plus. Je fis moi-même son press-book, et je dois dire que je fus inspirée. Elle était très photogénique, et son sourire éclairait le tout comme un soleil. Quand elle regardait ses photos, elle me disait souvent :
« Quand j’aurai assez d’argent, je me ferai faire des seins.
-Si tu veux absolument des seins, je te les offre. Mais tu es comme ça et c’est très bien. Tu n’as pas besoin d’avoir des seins pour exister. Est-ce que c’est pour tes seins que je t’ai fait l’amour ? Est-ce pour cela que je t’aime ? Tu auras des seins quand tu auras un enfant. Et puis après tu verras. Mais il y a aussi des opérations qui ratent. En tout cas, tu es très belle, et je t’aime comme tu es.

La réunion des actionnaires de la future société industrielle fut fixée pour le mois suivant, elle aurait lieu à Compiègne dans l’un des salons des « Jardins d’Eugénie » un restaurant du centre ville. D’ici là, j’aurai tout le temps d’y penser. Patricia réussit encore des miracles, j’avais retrouvé un semblant de dignité. J’avais voulu l’embrasser, la caresser. Elle se déroba une nouvelle fois. Alors j’étais très vexée. Je lui demandais si par hasard elle ne serait pas un transsexuel. Cela la fit beaucoup rire.
« Quand tu auras un peu de temps, tu viendras vérifier ! Je ne veux pas faire l’amour à la sauvette avec toi, et tu n’es pas prête pour une nouvelle histoire. » J’avais renoué avec Maud. Ce fut un réel plaisir. Avec Christian, c’était un peu mieux, mais le cœur n’y était plus. Quelque chose était cassé. J’en étais aussi triste que lui, mais lui, il en devenait presque méchant. Il me faisait quantité de reproches sur tout. Quant à Simone, je n’avais pas de nouvelles récentes.
Toutes les nuits je rêvais de Marie-Noëlle. Et j’étais sûre que le lien qui nous unissait m’avertirait s’il lui arrivait malheur.
Le jour de la réunion, je me rendis aux « Jardins d’Eugénie ». J’étais pile à l’heure comme à mon habitude. Mon père était là, et vint m’accueillir. Il me demanda des nouvelles de la petite, mais je trouvai son attitude différente, comme si quelque chose le dérangeait. Louis fut souriant, et Jocelyne me fit la bise. Toujours pas de déclic. Pourtant elle s’était faite super belle, et son parfum était discret et agréable. Il y avait un autre homme au type méditerranéen très prononcé. Il se présenta tout seul avec un regard qui voulait dire : « Je te baise dès qu’on a fini » mais avec moi, il pouvait toujours attendre. Puis au bout d’un moment Louis nous pria de nous asseoir, en disant :
« .Asseyons nous, elle ne va sûrement plus tarder. »
« Comment va votre pu puce ? » me demanda Jocelyne ?
-A merveille. Elle est rentrée à la maternelle, c’est un évènement ! » Et puis on frappa à la porte.
« Entrez ! »
Je terminais ma phrase avec Jocelyne, puis je tournai la tête.

Dans l’embrasure de la porte, elle était là. Perchée sur ses talons aiguilles, elle était vêtue d'un ensemble veste pantalon bleu marine, qui lui allait à la perfection. Très mince, la taille joliment dessinée par la veste cintrée, la poitrine était discrète, l'échancrure de la veste descendait profondément et laissait voir la « rose » d'un soutien gorge noir. Elle avait les cheveux courts, d'un roux foncé.



Elle avait toujours ce petit air masculin qui lui allait si bien.





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tn MelusineD

 

Par eve anne
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