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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
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La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

 
Jolie Luna II
 

 C’était un mercredi d’automne. Une fois n’est pas coutume, l’air était doux

et ensoleillé. Le ciel était sans nuage, le soleil un peu bas.

Rachel arrêta sa voiture sur le petit espace qui tient lieu de parking dans le virage près de l’étang de Sainte Perrine. La couleur des feuillages était d’or, au maximum de sa lumière, cela n’arrive une fois l’an, de pouvoir profiter de cet enchantement de la forêt de Compiègne. Ici, les charmes et les hêtres se couvrent d’or en automne alors qu’à Chantilly ville sœur, la forêt, magnifique elle aussi, se teinte de pourpre.
Descendue de la voiture, sa petite fille se mit à courir dans le chemin, traînant les pieds dans l’épaisseur des feuilles mortes. Le tas de feuilles lui arrivait aux genoux. Rachel marchait derrière elle, son seul souci était de respirer ce parfum étrange mêlé d’humidité et de végétaux en décomposition. Le parfum de la forêt, elle le connaissait bien pour parcourir à vélo toutes ses routes par tous les temps. A la surface de l’étang deux ou trois colverts, une dizaine de foulques, ces oiseaux qui ne volent pas, (on se demande comment ils sont arrivés là), et un couple de cygnes majestueux sur les eaux calmes. L’étang de sainte Perrine n’est pas très grand mais s’il est un lieu dans cette forêt, habité par les Fées, cela ne peut être que là. Rachel venait ici souvent, pourquoi ? Elle ne le devina que récemment, s’étant rendue compte qu’elle y venait machinalement quand elle avait des soucis, et qu’elle en repartait toujours apaisée.
Elle avait pris le parti d’en faire le tour, sur un sentier étroit et glissant toujours dans le même sens, on n’est pas superstitieux, mais quand même ! Elle s’assit sur un tronc d’arbre tombé, et regardait gambader la fillette qui s’était mis dans l’idée de cueillir du muguet pour sa maman ! À cette époque, ça n’était pas gagné ! Des soucis, Rachel n’en avait pas vraiment, son travail marchait bien depuis que, en accord avec sa direction, elle avait adopté le statut de travailleur indépendant. Elle pouvait travailler pour plusieurs clients, son patron lui avait assuré un volume de travail lui permettant de commencer, et de démarcher une autre clientèle. Les promesses étaient tenues, les clients se manifestaient, tout allait bien, pas de problème de santé, la gamine était en pleine forme, elle aussi, coté cœur ? Là peut être était le hic, c’était le calme plat, pas de liaison, pas d’amours cachées, ni même espérées, rien, nada. De toute façon, depuis le départ de Luna, rien n’était plus tout à fait pareil. Sans pouvoir dire exactement pourquoi, mais peut être était-ce la cause de son arrêt ici. Depuis le vernissage où Luna était réapparue, elle l’avait revue deux fois. Rachel s’était proposée pour aider à faire les cartons de son déménagement, mais d’Amours, que nenni. Les amours de Rachel et de Luna s’accordaient mal, sans doute, avec un scénario de départ. Nulle demande, pas d ‘effets, il n’y eut pas d’autre nuit de folie.
Luna était partie depuis deux mois maintenant, et Rachel était sans nouvelles. Luna était comme ça, une présence qui emplit le monde quand elle est là, ou alors le vide sidéral, le silence radio le plus total. Le téléphone, visiblement, elle n’en connaissait pas l’existence, et Rachel, second rôle, n’avait pas l’outrecuidance d’imposer ses inquiétudes.
Ce qui va suivre, Rachel n’en eut connaissance que bien après lors d’une nouvelle rencontre ensoleillée.
Luna avait sollicité un emploi suite à une annonce parue dans une revue professionnelle. Convoquée par un cabinet conseil en recrutement elle avait subi avec succès les tests et rencontres avec son futur employeur. Elle avait en poche un contrat de travail à durée déterminée, certes, mais un contrat quand même ! Elle prit le temps de se trouver un logement selon ses goûts, convoqua un décorateur, donna ses instructions, insista sur le respect des délais, imposa des pénalités de retard par contrat, bref elle était chez elle la veille de ses débuts au laboratoire. Visiblement il n’y avait pas de problème d’argent !
Elle arriva au laboratoire à l’heure dite, elle était attendue ; une jeune femme l’accueillit, lui consacra la journée en visites et présentations. C’était le grand style, Luna était contente. La jeune femme lui présenta son responsable hiérarchique un homme d’une quarantaine d’années, peut être moins, bel homme, élégant, l’air sérieux, Un dénommé Gérard L. . . . En fait le laboratoire était une usine, une PME de 150 personnes, déjà une grosse boîte ! Les installations étaient modernes, le matériel dernier cri, tout paraissait idéal pour travailler dans les meilleures conditions. Luna se jeta à corps perdu dans son travail qui se révéla intéressant, pendant plusieurs mois il n’y eut que cela dans son esprit, elle avait la soif d’apprendre, le désir de faire bien.
Et puis insidieusement elle sentit quelques changements. D’abord dans ses rapports avec ses collègues, et puis il lui apparut qu’il lui manquait quelque chose, elle ne savait pas quoi, mais sa vie se transformait. Luna sentait que sa vie voulait changer de vie. Au travail elle se rendit compte au fur et à mesure que le temps passait, que Gérard la regardait d’une autre façon, elle remarqua aussi que chez ses collègues femmes, deux d’entre elles cherchaient constamment son regard et sa présence, d’autres l’ignoraient de façon visible, et avec mépris.
Elle n’avait pas de liaisons amoureuses, elle n’en cherchait pas.
Un beau matin elle fut convoquée par le Directeur à une réunion de Comité d’Entreprise, Ordre du jour, Examen du règlement intérieur etc., etc.
Elle se retrouva dans la salle du CE avec les délégués syndicaux qui se présentèrent, le responsable du personnel, et le directeur, qu’elle n’avait pas revu depuis son arrivée. Elle se demandait bien ce qu’elle faisait là, elle le sut tout de suite.
« Melle, depuis votre arrivée chez nous, beaucoup de choses ont changé, et pas dans le bon sens, beaucoup de vos collègues se plaignent de votre tenue, de vos manières, bref ils se disent déstabilisés par votre présence. »
«  Je vous demande pardon ? » Luna s’attendait à tout, sauf à cela !
« Je vais tout vous dire, puisqu’il faut vous mettre les points sur les « i ». Regardez vous ! vous ne portez quasiment rien sous votre blouse celle ci n’est pas totalement fermée , ni en haut ni en bas, votre décolleté indispose , votre minijupe également , nous ne sommes pas ici dans une discothèque ! » Luna se sentit devenir rouge sans savoir si c’était de honte ou de colère !
« Et mon travail monsieur qu’en pensez vous ? »
« Votre travail n’est pas en cause à ce que je sache, il s’agit de votre tenue, de votre façon de vous habiller, voire de ne pas vous habiller, qui trouble vos collègues de travail ! » Luna regarda les délégués, qui les yeux baissés ne voulaient visiblement pas participer aux débats.
Le lendemain elle arriva en pantalon, pull à col roulé, chignon. Gérard pensa en secret que le pantalon moulait mieux les fesses et la taille, que le pull mettait la poitrine en valeur un peu plus, et que le chignon dégageait une nuque souple et parfumée. Gérard pensa que la réunion avait eut un effet positif ! Il fut le seul. Les autres collègues lui firent publiquement des réflexions, les deux femmes    «  intéressées » furent les seules à prendre son parti.
Luna ne l’avait pas fait exprès, elle était au fond d’elle même extrêmement vexée, elle ne savait plus que faire. Elle était devenue malgré elle, celle qui était différente, la provocatrice, la femme de mauvaise vie, bref, un sujet à ne surtout pas fréquenter. Dans son désarroi, Gérard essaya le la soutenir, Luna vit tout de suite où il voulait en venir, L’une des deux femmes l’invita chez elle sans détours. Luna déclina l’invitation. Luna en était là, elle n’avait rien fait, rien dit, essayé de rentrer dans le standard, mais en vain, elle était belle, trop sensuelle, les autres ne le supportaient pas, la rumeur arriva sur sa vie privée, sur ses soit disant relations avec les uns et les autres. Luna demanda un congé qu’elle obtint, le service du personnel se sentit soulagé.
Son appartement était situé dans le vieux Tours, l’usine était à une vingtaine de km. En ville elle se sentait débarrassée de ces agressions, le moral lui revint. Elle aimait cette ville où la qualité de vie ressemblait beaucoup à celle qu’elle avait connue à Compiègne.
A la terrasse ensoleillée d’un café, emmitouflée dans son manteau, seule, elle était la cible de quelques regards intéressés de la gent masculine. Un homme l’aborda, la cinquantaine aisée, l’invita à dîner sans autres manières. Luna ressentit en elle un sentiment violent qui partit du sternum, là au milieu de la poitrine, s’attarda un peu au bout des seins, puis descendit plus bas vers le ventre, sentiment qu’elle reconnut sans déplaisir. Elle adorait ce genre de situation qu’elle maîtrisait parfaitement. Elle avait pensé s’en affranchir définitivement par le travail, elle avait toujours été persuadée que sa vie Compiègnoise avait été un mal  nécessaire qui ne laisserait aucune trace et que cette période finie, tout serait effectivement fini. Elle venait de découvrir qu’il n’en était rien, Elle découvrait en plus, qu’elle en éprouvait un certain plaisir.
Luna s’organisa en conséquence, fit ses choix, fixa ses limites, ses clients furent rapidement nombreux. Elle fit un contrat « moral » avec le milieu en place. Certes, elle gagnerait moins mais elle aurait du temps pour travailler. Après trois semaines de « repos » elle regagna l’usine. En une semaine elle avait amassé plus d’argent que son mois de salaire. Là bas, sans elle, les passions s’étaient déchaînées, les employés loin d’être apaisés par son absence se reprochaient les uns les autres ce qui s’était passé. Il y avait les pro-Luna et les autres, qui s’affrontaient dans de violentes invectives. Luna constata avec stupeur ce qu’était devenu l’ambiance chaleureuse de travail et le calme studieux qu’elle avait connu en arrivant.
Elle fut terrorisée, demanda à voir le directeur, celui ci effondré lui avoua qu’il ne reconnaissait plus son entreprise. Elle offrit sa démission qu’il accepta immédiatement en lâchant d’un air blasé, « Je ne suis même pas sûr que cela va changer quelque chose ».
Le jour même la nouvelle courut comme une traînée de poudre. Luna la tête haute voulut faire ses adieux au personnel. A la salle de restauration, elle déclara simplement qu’elle partait parce que le travail n’était pas celui qu’elle avait souhaité. Ce qui n’était ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux.   Elle alla serrer la main des délégués, embrassa Gérard sur la joue, celui-ci en fut visiblement troublé, S’approcha de son « amie » qui sans complexe et devant tout le monde, l’embrassa sur les lèvres dans un baiser un peu plus appuyé qu’il n’était nécessaire. Nullement troublée Luna continua, poignées de main, bisous, selon les uns ou les autres, beaucoup ne l’avaient jamais approchée de si près, et pour la première fois furent enivrés de parfum, égarèrent un oeil dans un profond décolleté, et le balancement des hanches qui s’éloignaient, leur fit comprendre qu’ils venaient de perdre quelque chose de précieux. Le dernier fut Le Directeur, à qui Luna sans rancune fit la bise en souriant, et partit sans se retourner.
Luna ne voulut pas faire de sa vie, une vie de courtisane. Elle chercha un autre emploi. Elle fut serveuse dans l’un des grands cafés de la ville, puis vendeuse à la FNAC , puis caissière au Carrefour . Finalement elle devint hôtesse d’accueil dans une grosse société de la région, où visiblement, on considérait une jolie femme comme un bienfait pour l’image de marque de la maison, plutôt que comme une personne méprisable et de mauvaise vie. Le « management » de la société comprit tout de suite le parti qu’il pouvait tirer du savoir faire de Luna, face à la clientèle  internationale de la société. Personne n’eut jamais connaissance du « contrat de travail » que Luna aurait obtenu. Elle monta rapidement dans la hiérarchie de l’entreprise, jusqu’à devenir un cadre influent du Comité de Direction, spécialisée dans les relations publiques. Le Président appréciait en elle son élégance naturelle, son aisance, sa compétence, son talent à créer des relations durables avec la clientèle. Il était devenu son plus ardent partisan, En quelques mois Luna était devenue quelqu’un d’incontournable dans la société, beaucoup la voyaient obtenir rapidement un poste de direction.
En fait, Luna avait trouvé son équilibre, elle avait un travail qui lui plaisait, dans une bonne ambiance, ou elle exerçait de grosses responsabilités. A coté de cela elle avait sa vie secrète, qu’elle exerçait pour le plaisir, personnage à deux faces, qui lui apportait tout ce qu’elle désirait. Quelques bons clients triés sur le volet, quelques clientes aussi. Tous, gens fortunés qui avaient trouvé en elle, suffisamment de grâce et de beauté pour justifier « à leurs yeux » d’y laisser une petite fortune. Luna avait le béguin pour une jeune étudiante d’une grande beauté à qui elle ne demandait pas d’argent , mais lui en laissait le plus souvent, pour quelques folies vestimentaires.
Elle fit la rencontre de Gérard, son ancien chef, dans la salle des pas perdus de la gare, attendant tous deux le train pour Paris, où Luna devait accueillir une délégation Japonaise.
Elle le trouva plus « beau mec » qu’avant, moins stressé, cela lui fit plaisir. 
Ils firent le voyage ensemble, à sa grande surprise Luna se fit la remarque qu’elle s’était sentie plutôt heureuse de cette rencontre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
Chez Rachel, début Juin, tard dans la soirée, le téléphone sonna
« C’est Luna ! Ça va ma biche ? »
« Oui ça va. Et toi que deviens tu ? »
« Impec ! J’ai quelques jours de vacances à prendre, une semaine 10 jours peut être, j’aimerais les passer avec toi au soleil, ça te dit ? »
« Rachel, surprise, oui pourquoi pas, quelle période ? »Et la conversation continua, et les détails furent décidés, « j’ai plein de trucs à te raconter » etc. etc. . .
Rachel s’occupa de tout. Pour des raisons de simplicité elle décida d’aller à St Cyprien. Là bas elle connaissait bien, et ses amis, Jean et Dominique, y avaient un mas. Ils y seraient à cette époque. Rachel prit quelques temps pour tout organiser, et se mettre tout ça dans la tête, dans une démarche logique. Et petit à petit, elle devint pressée et attendit le départ avec impatience.
Elle récupéra Luna à Clermont. Rachel la trouva plus belle que jamais. Déjà bronzée de cette couleur dorée inimitable, ses cheveux aux épaules semblaient plus longs, ils étaient naturellement ondulés, et leur blondeur était lumineuse. Il lui sembla qu’elle était un peu plus mince, cela la faisait paraître encore plus grande. Elle retrouva la voix cassée, un peu rauque avec amusement. Luna semblait sincèrement heureuse de retrouver Rachel, son visage était éclairé d’une joie intense. Ces deux là avaient l’air de se connaître depuis toujours. Axelle la petite fille de Rachel était en admiration, elle avait devant les yeux une vraie Barbie, une grande !
Arrivées à Saint Cyprien ils s’installèrent à la Résidence du Golf, endroit calme et agréable, superbement équipé en piscines tennis restaurants et golf bien entendu. Luna fut très contente d’être là! Le lendemain tôt elles étaient sur la plage, il y avait déjà du monde, Luna et Rachel s’installèrent, l’une brune à la peau sombre, l’autre blonde à la peau dorée, Joli couple qui attirait déjà beaucoup les regards. Luna alla vers le bord de l’eau, jugea la température du bout du pied, et enleva son maillot. Rachel stupéfaite vit Luna entièrement nue au milieu de la foule. Elle revint vers elle, pour déposer le maillot sur la serviette, Rachel la regardait venir, (elle n’était pas la seule) le souffle coupé. La démarche, le corps doré, les cheveux au vent, et ce triangle d’or au bas du ventre . . . . . Superbe beauté blonde. Luna n’en finissait pas d’être belle. Elle jeta le maillot, fit un clin d’œil à son amie amusée, et repartit vers l’eau. Elle noua ses cheveux. Elle entra dans l’eau sans hésiter et partit dans un crawl impétueux, suivie par le regard connaisseur de Rachel ! Rachel commença à enduire copieusement la petite de crème solaire puis s’étendit au soleil, gardant dans ses yeux fermés l’image surprenante de ce triangle d’or ! Elle sursauta quand Luna l’éclaboussa à son retour.  « Vas y dit elle je reste avec la petite ».
Rachel retrouva l’eau avec délice, c’était son élément, elle pratiquait la natation régulièrement, et de nager jusqu’aux bouées des trois cents mètres aller retour sans s’arrêter ne lui posait vraiment aucun problème. Elle revint et repartit avec Luna et la petite, chahuter un peu dans l’eau. Quand elles revinrent, un jeune « beur »  surveillait  leurs affaires! Il s’était arrogé le rang de garde du corps ! En fait le jeune homme presque noir, était subjugué par la blondeur de Luna, il ne la quittait pas des yeux. Dans son parler très particulier, il expliqua aux jeunes femmes, qu’il ne fallait pas laisser les affaires sans surveillance, qu’il était interdit d’être nu, qu’elles risquaient une amende et l’expulsion de la plage. Il leur expliqua qu’il y avait une plage naturiste de l’autre coté du port et qu’il y avait moins de monde. Elles remercièrent, mais le jeune homme resta là, à moins d’un mètre, dévorant des yeux Luna étendue toujours nue. « Comment t’appelles-tu » demanda Rachel ? Bachir! Luna sans ouvrir les yeux prit la parole « Moi c’est Luna, elle c’est Rachel, la petite, Axelle. Tu peux rester avec nous, mais tu parles en français, tu jettes ta clope, tu retires cette casquette ridicule, et tu arrêtes de me regarder comme un singe au zoo! Sinon je t’arrache les yeux et le reste » Bachir retira sa casquette et ne dit plus rien. Quand elles quittèrent la plage, le jeune homme suivit les femmes à distance. La soirée se passa bien dans un restaurant du port, l’Hidalgo, Rachel y avait des amis. Bachir, tout ce temps était resté tout près, assis sur le petit muret, au bord du trottoir.   Le lendemain matin elles allèrent sur la plage  naturiste : le Bocal du Tech, (l’embouchure du Tech) Au bout de la route étroite et défoncée, un petit parking encore vide à cette heure là, puis un chemin qui mène vers la plage. Au bout du chemin, une paillote,  « La Carette » Près de la Carette, Bachir était là avec deux copains. Ils les attendaient, sans casquettes. Luna comprit le truc, lui lança son sac en lui disant « Rends toi utile » et Bachir prit le sac. L’autre copain prit celui de Rachel, Le troisième prit la main d’Axelle. Ils choisirent un endroit où se poser, la plage était déserte. Les femmes se sont mises nues, la petite Axelle aussi, sans complexes les gamins se sont assis dans le sable les regardant. « Et Alors les garçons ? À poils ! Qu’est ce qu’on attend ? Ce n’est pas une plage de nudistes ? » Ils se regardèrent, hésitants, et Bachir se déshabilla le premier, les autres en firent autant. «  Voilà c’est mieux comme ça » dit Luna sans même les regarder !  Visiblement ça l’amusait! Au moins dit elle à Rachel, on ne sera pas dérangées ! Ojalà dit Rachel! C’était l’heure idéale, pas un souffle de vent, pas une ride sur l’eau, l’heure où il est bon de se mettre à l’eau et de nager dans cette mer de platine. Luna partit au loin Rachel la suivit, Axelle resta avec les gamins tout fiers de la confiance qui leur était faite. Confiance bien placée ils se seraient fait tuer plutôt que de manquer à leur engagement moral de défenseur de la femme et de l’enfant ! Luna et Rachel revinrent et s’allongèrent sur leur serviette de bain. Bachir n’avait d’yeux que pour Luna, Celle ci, sentant le regard sur elle, ouvrit un œil et dit : Bachir s’il te plait, va te tremper dans l’eau, ça te refroidira un peu ! Rachel éclata de rire, les autres gamins aussi. Bachir alla se « refroidir » et revint prendre son poste dès qu’il le put. Luna murmura à l’attention de Rachel ! « Il est beau ce gamin ! » « Trop jeune pour toi  » répondit Rachel ! Le lendemain matin près de la Carette, une personne de plus, une « beurette » ! Celle ci s’avança et demanda poliment « Je peux me joindre à vous ? »
«  C’est Lizza, ma meuf dit Bachir »
« Encore un mot comme ça et je t’arrache les yeux ! Je te l’ai déjà dit ! »
La fille était assez jolie, un peu épaisse de corps, la poitrine audacieuse, elle avait un beau sourire, de très beaux yeux; elle leur emboîta le pas !
Sur la plage Lizza marqua une nette préférence pour Rachel et resta près d’elle. Elle n’alla pas se baigner avec les autres, ni même avec les garçons. Rachel étendue après avoir nagé, les yeux fermés au soleil, sentit soudain dans sa main la main de Lizza qui essayait de croiser ses doigts avec les siens Rachel ne refusa pas la caresse, et garda dans sa main la main de Lizza. Rachel les yeux mi-clos voyait la poitrine de Lizza se soulever à un rythme accéléré. Elle allait avoir du plaisir, rien qu’en lui touchant la main . . .   Elle sentit les doigts se crisper, la serrer très fort, et puis doucement la relâcher, Rachel ne dit rien, d’une pression de la main elle fit comprendre à Lizza qu’elle avait compris et qu’elle avait aimé.
Le soir elles furent invitées Chez Jean et Dominique, pour un barbecue avec quelques autres amis. De cette soirée Rachel a gardé quelques photos, Luna et Dominique, ont sympathisé très vite. Les jeunes beurs n’étaient pas loin, Luna expliqua leur « inévitable » présence, Jean les invita à entrer.
C’étaient de vraies vacances, le  matin à la plage, avec la bande des jeunes, après midi, sieste, quelque fois agitée, quand Axelle dormait. Et puis les soirées calmes, pas de boîte, restaurants, promenades main dans la main, les confidences, Rachel apprit tout ce qui s’était passé depuis son départ de Compiègne, et elle entendit Luna dire «  En fait ce que je voulais surtout te dire, c’est que je veux avoir une petite fille belle comme la tienne, j’ai trouvé le père, ce sont mes dernières vacances de jeune fille » Rachel n’en était plus à une surprise près demanda : « Tu veux te marier ? » « Je n’ai jamais parlé de cela, je veux un enfant c’est tout ! »
 
Les vacances finies, Rachel repartit pour Compiègne, Luna vers Tours, et le silence s’installa, Rachel laissa des dizaines de messages sur un répondeur inutile. Luna ne la rappela jamais. Elle reçut enfin une lettre, juste un faire-part, de Tours. Rachel était née, elle pesait trois kilos, la maman était heureuse ! Rachel était attendrie par le choix du prénom, et attendit d’autres nouvelles, en vain. Elle téléphona, elle écrivit, elle envoya des cadeaux, de la layette, aucune réponse ne lui parvint jamais. Une année se passa, puis une autre. Rachel n’était plus seule dans la vie, elle vivait en couple avec une jeune femme récemment rencontrée; elle avait rangé Luna dans un coin secret de son cœur et de son corps, dans le coin de ses plus beaux souvenirs.
Et puis, un matin une lettre, tamponnée de Tours, Rachel eut un battement de cœur. Elle hésita avant d’ouvrir, elle se décida fébrilement à le faire et lut :

 

Chère Rachel.
Je suis Gérard, le papa de la petite Rachel, l’ami de Luna.
Vous ne me connaissez pas, mais Luna, souvent, m’a parlé de vous. 
Vos lettres sont arrivées à destination et Luna a toujours eu l’intention d’y répondre. Tous les messages du répondeur ont été écoutés, mais la vie trépidante de Luna l’a empêché de répondre même à ses meilleures amies. La petite Rachel va bien, elle est superbe; Luna dit qu’elle vous ressemblera .
Malgré les moyens modernes de communication, il y a des choses qui sont plus faciles à dire par écrit qu’au téléphone, et ce que j’ai à vous dire en fait malheureusement partie. La maman de Luna très malade, a réclamé la présence de sa fille auprès d’elle. Luna est partie en voiture là bas, mais, elle est arrivée trop tard, sa mère était décédée. Elle est restée sur place le temps des obsèques. Elle a repris la route dès le soir, pour rentrer au plus tôt.
Luna s’est tuée sur l’autoroute, en heurtant de plein fouet la pile d’un pont.
Elle venait d’avoir trente ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
 
 

Par eve anne
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Commentaires

j'ai beaucoup aimé , je reviendrais , merci à vous

Ludivine
commentaire n° :1 posté par : ludivine le: 08/02/2010 à 01h13

Si tu ne reviens pas, tu n'auras pas de fessée !

réponse de : eve anne le: 09/02/2010 à 17h27
 si tu me prends par les grands sentiments!!!
commentaire n° :2 posté par : ludivine le: 12/02/2010 à 00h02

Très belle histoire, hélas triste, dans laquelle il me semble te reconnaître sous les traits de la belle Rachel. Et Luna, a-t-elle existé? Tendres baisers très chère. Ophélie

commentaire n° :3 posté par : Ophélie Conan le: 06/09/2010 à 22h35

C'est une belle et tragique histoire, comme peut l'être la vie...

J'ai été attirée par le beau nom de Luna

Merci Eve-Anne pour cette émotion

et pour m'avoir mise dans vos liens

Je vous embrasse

commentaire n° :4 posté par : Ondine le: 10/01/2013 à 00h24

Merci de votre message Ondine, votre blog est trés soft, j'aime beaucoup, il était normal qu'il soit dans mes liens. Très heureuse que Luna vous ai plu. C'est une histoire hélas tout à fait vraie. J'espère que d'autres vous plairont aussi. Bonne journée, et que l'année vous soit douce.

réponse de : eve anne le: 10/01/2013 à 11h00

j'ai adoré, beau et touchant, proche de la vérité, dans toute son ironie et sa cruauté, mais malgré la bétise des gens une note d'espoir...

commentaire n° :5 posté par : Nicky Gloria le: 10/07/2017 à 17h56
 
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