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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 


Titre

Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier.
Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine. D’ailleurs, de toutes les filles qui entouraient les médecins, toutes avaient semble-t-il les mêmes mensurations.
En constatant cette particularité, je trouvais que le casting était réussi. Une exception cependant, un peu à l’écart devant des écrans impressionnants, l’anesthésiste, était totalement différente. Elle devait être Algérienne ou Marocaine. Une Maghrébine d’une troublante beauté. Sa blouse demeurait tristement sans reliefs, mais cette différence ne lui enlevait pas le moindre atome de séduction. Je regardais tout ce petit monde affairé. On n’entendait que le minimum de paroles échangées, le sérieux devenait silence et quelque fois angoisse. Alternativement, je regardais toutes ces filles, toutes très belles, maquillées, bronzées, l’élite de l’hôpital. Seulement, cette fois là, ce sont les yeux noirs du chirurgien d’en face qui retenaient mon attention.
Il dût sentir le poids de mon regard, car il se tourna légèrement vers moi, planta son regard dans le mien, et cela dura plusieurs secondes, à tel point que son vis-à-vis le rappela à son devoir. Quelques dizaines de minutes plus tard, les chirurgiens quittèrent le bloc, laissant les internes terminer le travail. Puis ce fut le tour des infirmières de quitter le bloc et de se diriger vers le vestiaire « des filles ». Parmi ces filles, il y avait Juliette, très jolie brune aux cheveux noirs, courts, une belle coupe de garçon, au temps où les garçons n’avaient pas cette stupide manie de se raser le crâne. Quand je regardais Juliette, je croyais voir Sylvia Kristel sur son fauteuil en rotin, sur l’affiche d’Emmanuelle.
Juliette La ressemblance était frappante, quelques collègues d’ailleurs la surnommaient « Manu » mais cela lui déplaisait passablement. Juliette avait une autre singularité, elle était la femme de Bruno, le chirurgien aux yeux noirs. Depuis le temps que l’on travaillait ensemble, je l’admirais beaucoup, mais je ne l’avais jamais draguée, bien que je ne la sente pas hostile à ce genre de relation. Juliette et Bruno formaient un couple parfait, ils étaient beaux, ils savaient se tenir, ils ne mélangeaient jamais le travail et la vie privée. Ils avaient un enfant, que Juliette prenait à l’école tous les soirs. Nous étions dans le vestiaire, où il était obligatoire de se laver de la tête aux pieds après chaque sortie de bloc. Certaines étaient encore sous la douche, d’autres, en tenue d’Ève s’essuyaient avec soin. J’avais remis mon slip et mon soutien gorge, et devant la glace, je me coiffais interminablement. Ce faisant, je regardais surtout les autres filles, que je trouvais vraiment très belles. Juliette était la spécialiste de la suture, elle seule, parait-il savait faire de jolies cicatrices. Elle était ressortie la dernière, et de ma glace je la regardais se dévêtir. Quand elle fit tomber le soutien gorge, je ne pus retenir un soupir de plaisir.
C’est à ce moment que la porte s’ouvrit, et comme un coup de vent, Bruno entra, torse nu, la serviette à la main et sans un regard pour son épouse, me lança : « Line, quand tu seras prête, tu passes dans mon bureau » Ok dis je. Toutes les filles me regardèrent, mais aucune ne fit de commentaires. Bruno était très beau garçon, très athlétique. Le seul défaut que je lui trouvais : il était assez velu sur la poitrine et les avants bras. Moi je n’aimais pas les poils, je trouvais ça très laid et malsain. Lorsque j’entrais dans son bureau, un lieu très désordonné, encombré de dossiers, de caisses cartons, d’objets divers, un calendrier de filles nues au mur, un éclairage au néon, bref, rien qui put être un lieu de travail agréable. « Line, tu n’étais pas à ton travail, tout à l’heure, tu m’as troublé, dérangé même, j’étais déconcentré, et Loïc s’en est aperçu. Qu’est ce qui s’est passé ?
Bruno, je voudrais que tu me fasses un enfant. » J’étais la première étonnée de ce que je venais de dire, d’autant plus que je n’y avais pas songé un seul instant auparavant. Pourtant, l’ayant dit, cela me paraissait maintenant évident, normal, incontournable.
« Tu es malade ? Tu sais bien que je suis marié, Juliette sera furieuse.
–Tu n’es pas obligé de tout lui dire, je ne te demande pas d’être amoureux de moi, je te demande trois gouttes de sperme, ce n’est pas la mer à boire !
– Je serais incapable de lui mentir, et de lui cacher une chose pareille. Et puis qu’est ce qui t’arrive, tout le monde dit que tu préfères les femmes !
–Oui, c’est vrai, mais je veux un enfant, et je n’ai pas d’autre solution que de trouver un type qui veuille bien me le faire, je ne te demanderai rien d’autre, je te le jure. Je te trouve très beau, et je veux un garçon qui te ressemble. » Bruno me regardait fixement, l’air hagard, il ne me voyait pas, il ne voyait pas qu’il avait devant lui une femme comme la sienne, avec les mêmes désirs, les mêmes besoins, et même si elle n’était pas aussi jolie, elle était loin d’être moche, pas de raison de réagir comme ça !
« Fiche le camps. Tu ne me ferais même pas bander» me dit il,
« Tu reviendras quand tu seras moins conne » Il me prit par un bras, et brutalement me jeta dehors. La porte claqua, et je me retrouvais dans le couloir nez à nez avec Juliette, qui visiblement était curieuse de cette entrevue. « Que se passe t il ?» me demanda t elle.
« Rien, ton mari m’a traitée de conne, ce n’est pas grave, il t’expliquera » Je mis mon blouson, et sans me retourner, je sortis de l’hôpital. L’affaire avait fait des petits, car en arrivant le lendemain, je fus convoquée par le DRH, qui m’apprit ma mutation dans le service Uro. Je ne fus pas étonnée, c’était la punition habituelle. Je montais de deux étages et l’infirmière en chef m’accueillit avec un joli sourire.
« Viens, » dit-elle « Ne te bile pas, tu verras, ici, tout le monde est cool. » Je crus discerner dans son regard sombre, une lueur que je connaissais bien, et cela me fit sourire. Je pris mon travail au sérieux, le bloc ne me manquait pas. C’est vrai qu’il y avait une bonne ambiance dans ce service, sauf que retirer et remettre des sondes, ce n’était pas ma tasse de thé. Les patients étaient généralement polis et souriants, malgré quelques cas sérieux. Le fait d’avoir une infirmière accorte dans un service comme celui-ci, autorisait certains à des gestes indélicats. Tel cet homme d’une quarantaine d’années, exhibant son sexe en érection, un sexe démesuré, demandant « une petite douceur, » sans que l’on sache exactement ce qu’il entendait par là. Moi dans ces cas là, je savais faire débander les exhibitionnistes, je lui replaçais sa perfusion, et comme par hasard je m’y reprenais en cinq ou six fois. Et avec ce qu’il y avait dans le bocal, il n’était pas là de retrouver sa virilité. Le temps passait sans grands changements, je n’entendis plus parler de Bruno et des autres. Le bloc était à deux étages en dessous, et l’infirmière en chef était belle et sentait bon. Un soir chez moi, le téléphone sonna :
« Bonsoir Line, c’est Juliette, je voudrais qu’on se voie, c’est possible ?
– Pas de problème Manu ! » Elle ne releva pas la pique, et moi je ne savais pas pourquoi je lui avais lancé ça.
« Quand tu veux je n’ai rien d’autre à faire !
–Écoute pas ce soir, il faut que je couche Ludo, mais ton jour de congé c’est Lundi ? Je te rappelle et on se voit Lundi.
–Ok la belle à Lundi » C’est vrai qu’elle était belle, je la revoyais avec ses yeux pétillants de malice… Elle est vraiment belle. J’aurais mieux fait de lui demander à elle plutôt qu’à son mec !
Lundi 14 heures Juliette sonna à ma porte.
« Entre » lui dis-je.
« Je suis très heureuse de te voir, tu me manquais énormément » J’avais lancé ça à tout hasard, peut être que j’allais en prendre une pour toute réponse. Je la fis asseoir, et prenant place sur le fauteuil d’en face, j’eus une première plongée sur deux superbes cuisses fuselées habilement découvertes. Elle avait suivi mon regard, sourit, mais ne changea rien à sa position.
« Bruno m’a tout raconté.
–Je le sais, il m’avait prévenue.
–Tout le monde dit que tu es lesbienne, et je pense que c’est vrai, alors je vais te faire une révélation : Je suis aussi lesbienne, et depuis ma plus petite enfance. J’ai simplement fait une entorse à mes principes pour avoir un enfant, et j’ai choisi Bruno pour ça. C’est pour cela que je comprends ta demande, et c’est pourquoi je suis ici. Durant toutes ces années, travaillant à tes côtés, j’ai bien souvent eu l'envie de te toucher la main et de tout te dire, et aussi l’envie de commencer quelque chose avec toi. Je n‘ai jamais osé de peur que mon mari l’apprenne. Aujourd’hui, je comprends ta démarche. Ton désir d’être mère, je le comprends aussi. Je viens te proposer une solution pour que tu puisses avoir l’enfant que tu désires. »
–Si c’est pour me proposer une éprouvette ou une insémination comme les vaches, non merci. Je veux un enfant, oui, mais un enfant de Bruno et de personne d’autre. Si vous ne voulez pas, j’oublie, je n’aurai pas d’enfant et je vous laisserai tranquilles.
–Tu ne m’as pas laissé finir… je veux bien que Bruno te fasse un enfant, mais je veux être là, je ne veux pas être tenue à l’écart. Faire un enfant est avant tout un acte d’amour, un acte d’amour que je veux partager avec vous deux. Je n’imagine pas être chez moi devant la télé en pensant que vous faites l’amour, et qu’il va me revenir parfumé de toi, avec peut être l’envie de te revoir, de recommencer et m’oublier peu à peu. Je n’accepte pas ce scénario, je t’ai dit ce que j’en pense, réfléchis et tu me diras quoi. Si tu es d’accord, on s’appelle, et on verra pour le reste » Elle avait dit tout ce qu’elle voulait me dire, et se préparait à me quitter.
« Non reste encore un peu. Je suis heureuse que tu voies les choses comme ça. Rien ne me choque dans ta réflexion, et je pense qu’il faut d’abord que l’on apprenne à se connaître. On digère un peu tout ça et on se revoit demain ? Ou après c’est comme tu veux.
–Non non, demain me va très bien, je t’attendrai sur le perron de Saint-Eustache. » Au moment de franchir le seuil, elle se retourna, et je sentis ses lèvres sur les miennes pour un petit baiser léger. Avec un sourire et un petit geste de la main, elle tourna le coin du couloir et appela l’ascenseur. J’écoutais l’ascenseur arriver, le souffle de la porte, et la cabine redescendre vers une autre vie. Lentement je refermai la porte, m’allongeai sur le canapé et je fermai les yeux.
Le lendemain on se retrouva sur le perron, et après une bise parfumée, on se mit à marcher sous les tilleuls.
« J’ai bien pensé à ce que tu m’as proposé. C’est très généreux de ta part. Mais qu’en pense ton mari ?
–Il me dit que je suis folle, qu’il n’a aucune envie de baiser une gouine, qu’il n’aime pas les partouzes, et que c’était bien une invention de femmes. Il a ajouté, si vous avez envie de vous envoyer en l’air, vous n’avez pas besoin de moi. Je n’ai pas aimé sa réponse, je l’ai trouvé vulgaire, et j’ai senti une réaction de faux cul. En réalité, je crois qu’il est flatté comme un pou que tu lui aies demandé ça, et il s’est fait à l’idée que maintenant il pourrait te sauter quand il en aurait envie.
–Oui je m’en doutais un peu, mais peut être qu’il finira par comprendre que ce n’est pas un jeu idiot, mais réellement un besoin de maternité d’un côté, et de générosité de l’autre. »
Chemin faisant nous étions arrivées au bas de l’immeuble, et je lui proposais de monter. Elle ne se fit pas prier, et en quelques minutes on se retrouva l’une contre l’autre à s’embrasser passionnément. Reprenant mon souffle, je déboutonnai son chemisier, ce qui laissa apparaître une gorge magnifique, deux jolis globes de douceur. Elle ne portait pas de soutien gorge. Je lui enlevai le chemisier, et me collai à son dos. Sa peau était brûlante. Je la fis pivoter un peu et on se retrouva devant la psyché. Qu’elle était belle, cette poitrine gonflée, cette taille de guêpe sur des hanches arrondies. Je m’étonnais de la voir entre mes bras, elle que j’avais admirée durant longtemps sans jamais avoir osé l’embrasser. Je retirai doucement le chemisier blanc, et les seins prirent leur position naturelle, comme après chaque opération quand je la regarde dans la glace du vestiaire. Décidément, il semblait que le miroir fut indissociable de nos relations. Passant son bras derrière ma nuque, elle me fit pivoter pour venir m’embrasser. Quand on s’étendit sur le lit, mon envie d’elle était à son comble. Nous étions nues, l’une contre l’autre, deux corps brûlants d’envie de prendre tout de l’autre. Quelques temps après, je ne saurai dire si c’était quelques minutes ou quelques heures, je me reculai un peu pour la regarder, amoureuse, à bout de souffle, le corps luisant de bonheur.
Juliette (3) Allongée sur le dos, les seins étaient dressés vers le ciel. Je parcourus son corps de baisers, partant de sa bouche passant par les seins, le ventre creusé, et enfin le mont de Vénus soigneusement épilé, jusqu’à ses lèvres ruisselantes de plaisir. Alors que recoiffée, rhabillée, elle se préparait à sortir, je pensais honteusement que même si l’opération projetée n’allait pas à son terme, au moins je n’aurais pas tout perdu. Dés lors, le moindre moment de liberté, nous le passâmes ensembles, au lit, dans un réduit de l’hôpital, même une fois à l’hôtel à Paris, alors qu’elle effectuait un stage professionnel. Nous avions tout calculé, d’après mes dernières règles, le moment précis où Bruno devait me donner un espoir de maternité. Le planning était maintenant établi, Juliette avait quinze jours pour persuader Bruno de se prêter à notre mise en scène. Il fut convenu qu’il y aurait une première rencontre à trois, histoire de se découvrir, de se connaître sous un jour différent. Pour moi, je n’avais aucune peur, je m’étais tellement imaginé cette première rencontre. Mais tout restait à faire. Je ne sais comment s’y est pris Juliette, mais elle m’annonça heureuse que Bruno avait accepté du bout des lèvres de se prêter à ce bout d’essai. Les modalités furent définies avec soin. Ce n’était pas du tout la rencontre surprise, du genre « tiens ! Vous ici ? Quel plaisir de vous voir » Non, tout était minutieusement préparé, et nous avions répété la scène chez moi le Lundi d’avant, Juliette et moi. Juliette et Bruno devaient commencer à faire l’amour au moment où j’entrais dans la pièce, et je devais m’approcher du lit, et prendre la main de Juliette qui m’attirait vers eux…. Le jour « J » arriva, et du recoin de la pièce laissé dans l’ombre par l’éclairage tamisé, je pus regarder les deux amants commencer à se caresser, à s’embrasser, Je fus agréablement surprise de constater que Bruno était entièrement épilé. Je le trouvais très beau. Nu comme un ver, il avait autant d’élégance que dans son smoking de mariage. Son sexe était bien proportionné avec le reste du corps, c’était vraiment un beau mâle. Je comprenais pourquoi Juliette avait viré sa cuti. Je m’approchai du lit, Juliette était sur le dos, et sur le côté Bruno lui dévorait goulûment le téton droit. Elle me tendit la main que je pris avec plaisir, et je m’allongeai contre elle, m’emparant du téton dressé resté orphelin. Et puis le reste se déroula naturellement. Je ne m’occupais pas de Bruno, j’étais toute à caresser Juliette, comme j’avais appris à le faire les jours derniers. Bruno se coucha sur son épouse, et avec une douceur infinie entra en elle avec quelques petits mouvements des hanches que je ressentais parfaitement. C’est à ce moment qu’il commença à me caresser le dos, les épaules, les seins le ventre. Juliette laissait ouvert le coté où je me trouvais, elle m’attirait contre elle, Bruno aussi. Je sentais monter en moi un plaisir inattendu, une vibration très forte, j’allais exploser, comme ça, au mental, ni l’un ni l’autre ne m’avait encore touché le sexe.
De ses bras, elle tenta de soulever Bruno qui se redressa. Par des gestes explicites, elle se dégagea de dessous Bruno, et elle le dirigea vers moi. Ce que je ressentis à cette première pénétration fut foudroyant. Bruno me faisait maintenant l’amour comme il le faisait avec Juliette une seconde avant. Pendant ce temps Juliette me caressait, m’aspirait le téton. Je n’existais qu’entre deux brûlures, celle de mon ventre et celle de mes seins. J’étais devenue leur jouet, et j’acceptais tout ce qu’ils pouvaient avoir envie de faire avec mon corps et mes sens. Je ne pus retenir longtemps mon plaisir, et quand je finis par ressentir l’imminence de l’orgasme, Bruno explosa en moi dans un râle violent. J’étais épuisée, allongée tout contre Juliette, j’étais incapable de réagir. Celle-ci me caressait doucement, les cheveux, la poitrine, le visage. Bruno après quelques instants pour souffler, recommença à aimer son épouse, sans aucune trace de fatigue pour ce qu’il venait de me faire. Je me dégageai doucement, et partis dans la salle de bain. La porte entrouverte me laissait entendre les cris sourds arrachés à Juliette par cette folle étreinte. Peut être était ce de m’avoir aimée qui les avaient excités à ce point. Alors que je les quittais, je ressentais toujours la brûlure de mon sexe, et cette impression que mon ventre avait doublé de volume. Bien que le moment crucial fût fixé au surlendemain, j’étais persuadée que déjà la fécondation était faite. De retour chez moi, je repassai toutes les secondes de cet après-midi de folie. J’avais aimé, j’avais tout aimé, Juliette, Bruno, les caresses de l’un et de l’autre, l’amour qu’ils m’avaient donné, l’échange de nos corps brûlants. Et je pensais que, après demain, on allait recommencer, que ce serait plus violent encore, et après cette fois là, il y en aurait d’autres et que je deviendrais amoureuse des deux à la fois et du plaisir qu’ils me donneront. Je pensais aussi que leur couple ne sortirait pas intact de cette aventure.
Le lendemain j’allais retrouver Juliette. On se mit un peu à l’écart à la cafeteria.
« Juliette, je n’irai pas demain chez vous. Je crois que ça a réussi, je le sens comme ça. J’ai passé en revue tous les scénarios possibles après cette première rencontre, et la conclusion est sans appel. Si j’y retourne je ne pourrai plus m’en passer. Et nous finirons par être tous très malheureux. Juliette avait écouté, les yeux baissés, sans m’interrompre. Elle releva la tête, un triste sourire au visage sur lequel coulait une grosse larme. Sans se soucier des regards indiscrets, elle me prit la main la porta à ses lèvres et la garda ainsi un bon moment. Ce sera comme tu voudras, J’espère vraiment que tu mettras au monde notre bébé.
On ne parla plus jamais de rencontre amoureuse, de sexe ou même de tendresse. Seul le bébé occupait tous nos instants. Juliette me chouchoutait comme ma propre maman, elle choisissait la layette, venait à l’appartement préparer la chambre du bébé. Elle ne pensait plus qu’à ça. Quand le grand soir fut arrivé, Juliette me tenait la main, et Bruno attendait patiemment au café du coin. Tout se passa très vite, et sûre que ce serait l’unique enfant que je mettrais au monde, je refusai les piqûres. Laurent vint au monde à 20 heures, comme si il avait voulu que tout le monde puisse passer une bonne nuit de repos.
Bien qu'attendue, cette naissance intrigua tous les collègues. Mais personne n’était théoriquement censé savoir. À l’hôpital, pourtant, tout le monde avait raconté l’histoire à sa façon. Chacun savait que Bruno était le père, et l’on ne comprenait pas pourquoi Juliette avait laissé faire ça. Juliette, pauvre Juliette, c’était elle, la seule victime, critiquée par les imbéciles, qui n’avaient pas réfléchi une seule seconde. Sinon, tout le monde aurait compris, qu’elle avait voulu sauver le sens de sa vie, garder l’homme qui était le père de son enfant, et la femme, cet amour qui était l'essence même de toute son existence.

Laurent grandit sans difficultés. Il n’eut jamais à souffrir de la situation. Il avait une maman qui l’adorait, Il avait même une autre maman qu’il voyait souvent, et un papa gentil comme tout qui le couvrait de cadeaux. Et puis un grand frère, Ludo, qui passait par tous ses caprices. Il avait beaucoup de chance. A bientôt cinq ans, Laurent n’avait pas compris encore le pourquoi et le comment de sa naissance. Il ne se posait pas encore la question, peut être plus tard, quand il en sentirait le besoin. En attendant, il trouvait tout à fait normal qu’au réveillon de Noël tout le monde soit réuni. Le petit Laurent n’avait rien à envier à personne, c’était un enfant de l’amour. Et rien que ça c’était déjà un grand bonheur.


  Laurent (2)
            
Par eve anne
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