Le blog d'eve anne, Madrid.

 
Venezolana mia
 
Kiss  est une très jolie personne, qui a vu le jour à Caracas.
J'ai une raison particulière pour lui consacrer une page. Au début de sa carrière de top model, elle a été engagée par une agence Française. J'avais à cette époque une amie au Venezuela qui m'a téléphoné de la réceptionner à Roissy, et de faciliter son installation en France, elle ne parlait pas le Français, je me suis donc "dévouée".Je n'ai pas eu  à me forcer.
 

 

Tout de suite, je fus frappée par l'extraordinaire beauté de cette jeune femme, qui malgré un visage assez typé, était d'une classe sans pareille.  Plutôt que de se chercher un studio à Paris, elle a accepté de venir séjourner chez moi, avant qu'elle trouve à se loger près de son lieu de travail.

Il y avait une petite heure de route pour se rendre de Roissy à Compiègne. Bien qu'elle fût beaucoup plus jeune que moi, on devint très vite de vraies amies. À tel point qu'il ne fut plus question de chercher un autre domicile. Souvent en déplacement pour son travail, nos retrouvailles étaient toujours joyeuses.

      

 

Son travail marchait très fort. Elle remporta très vite un vif succès. En peu de temps elle était devenue un top model recherché. Après quelques mois de travail acharné, nous sommes allées faire un break en Corse. C'est sur une plage de Propriano que nous sommes devenues très intimes. Elle se plaisait à Compiègne, dans mon petit appartement. Nous y vivions à trois avec ma petite fille. Comme nous parlions espagnol,  ensemble, ma fille apprit très vite la langue qu'elle avait toujours refusé de parler avec moi. Elles étaient devenues complices, et l'ambiance était douce et feutrée dans notre petit trois-pièces.

Ce fut salutaire pour nous, plus tard quand je m'expatriai à Madrid, ma fille n'eut aucun mal à suivre les cours du collège.

 

   

Elle avait presque 14 ans de moins que moi.  Elle n'a jamais me semble t il souffert de cet écart significatif. Elle ne m'a jamais non plus reproché de ne pas être de sa « génération ».

Je la regardais s'affirmer de jour en jours. Elle faisait des progrès sensibles dans son allure, sa démarche, sa façon d'être belle me faisait forte impression. Elle n'apprit jamais le Français. A quoi bon, elle parlait l'espagnol et l'anglais, même le chat la comprenait.

Une ombre au tableau, ses absences étaient de plus en plus fréquentes, ses déplacements de plus en plus lointains et de plus en plus longs.

   

     

Et puis, le jour fatal arriva, elle me dit simplement, « je ne pourrai plus revenir. Mon travail maintenant n'est plus à Paris. Il faut que je quitte ce pays, je ne pourrais plus te voir, et crois bien que je le regrette. »
Je n'ai pas mis en doute ses paroles, d'ailleurs, la vie passée avec elle fut  pour moi un bonheur dont je n'aurais même pas rêvé. C'est comme cela qu'elle est partie pour Milan. C'est maintenant là bas que sont les créateurs, les stylistes, et pour elle, les employeurs.

J'ai eu du mal à me remettre de ce départ, Mon travail ne m'intéressait plus. Je n'avais plus d'amie et plus envie d'en avoir. C'est comme cela que j'ai décidé de changer de vie.

 

 

Elle est partie dans un brouillard de larmes. Je n'ai eu de ses nouvelles que par Internet. Ainsi j'ai appris son élection à Miss Venezuela. J'ai appris qu'elle avait tourné quelques films, dont certains un peu limites. J'ai appris son mariage, et la naissance de son petit garçon. Dans ce métier, les années ne pardonnent pas, et je suppose que le top model est devenu simplement une jolie femme.
Depuis, j'ai changé de métier, j'ai eu la possibilité d'entamer autre chose en Espagne, et je suis venue m'installer à Madrid. Mes craintes se sont révélées inutiles quand j'ai vu que ma fille était conquise par sa nouvelle vie.
Nous sommes heureuses ici, et nous ne parlons jamais de ce temps passé. Pourtant, ma fille reçoit à chacun de ses anniversaires quelques baisers de « Tia Kiss »

  


 
Sam 8 fév 2003 Aucun commentaire