Le blog d'eve anne, Madrid.

 

 

tn 22Image: L'envol des libellules


 

Chapitre 6

 

 


          Christa retourna dans son bureau et s’entretint un moment avec ses collègues. Ils étaient eux aussi convaincus que Tcho-Phil avait confondu les deux filles, et qu’il avait cru s’adresser à Prunelle. Il avait sans doute eu le coup de foudre pour elle en montant dans sa voiture quand ils sont venus au commissariat. C’est vrai qu’elle est jolie, et comme elle a été gentille et correcte avec lui, il s’est sans doute fait un film en croyant que c’était possible. Il ne doit pas avoir l’habitude de côtoyer des jolies femmes, c’est un pauvre homme, un sauvage, et qui plus est célibataire. En plus, il ne sait peut-être pas comment s’y prendre, peut-être croit-il que c’est comme ça qu’il faut faire pour séduire une femme. Il n’est sûrement pas méchant, c’est un rustre.
«La jeune fille va porter plainte ?
–Sûrement ! Il y a eu agression, la chienne est morte, ça fait quand même un peu désordre ! Il ne trouvera pas grand monde pour le plaindre. »
Christa se fit reconduire chez elle par Quentin qui la déposa chastement devant sa porte. Elle récupéra son courrier qu’elle parcourut en montant les escaliers. Quatre étages, jamais avec l’ascenseur. Il faut faire du sport dans toutes les occasions. De tout ce fatras de papier, une seule enveloppe retint son attention, un rappel des impôts !!! Elle se promit de faire le nécessaire. Elle se fit couler un bain, très chaud, avec la moitié du flacon d’Obao. Une tonne de mousse surmonta bientôt la baignoire dans laquelle elle s’engouffra avec un réel plaisir. Elle resta un instant immobile, le temps que son corps absorbe la température, le parfum et la douceur de l’eau. Puis naturellement, les mains commencèrent à vivre leur vie. Les tétons dressés au ras de l’eau furent la première escale. Elle se caressa doucement les seins. Elle aimait ses seins. Pas par leur volume, ils étaient beaucoup plus discrets que ceux de Prunelle, mais elle en était fière parce qu’ils étaient jolis à voir, une forme très académique, un peu descendus, ce qui leur donnait cette souplesse si douce aux caresses. Elle regrettait un peu que les aréoles ne fussent pas plus grandes, mais comme elle n’y pouvait rien, elle oubliait ce détail.
Et puis ce fut le ventre. Douceur infinie, sensation à chaque fois renouvelée. Elle sentit qu’une petite épilation ne serait pas inutile, elle se promit de la faire quand elle aurait plus de temps. Puis cette fleur qu’elle sentit s’épanouir sous ses doigts entraînés. Elle savait qu’elle devait garder son énergie pour Prunelle, elle ne devait pas épuiser ses ressources avant, il fallait tout lui donner, elle était tellement douce cette petite !.
Le bain terminé, ce fut le séchage, les crèmes, la coiffure le maquillage, avec une idée fixe, être la plus belle possible pour que Prunelle soit contente. Quand la clochette clocheta, elle se regarda une dernière fois dans le miroir. Satisfaite, elle alla ouvrir. Elle vit l’effet de surprise sur le visage de Prunelle.
«Si je m’attendais à ça, tu t’es mise sur ton trente et un ! Et moi qui ait gardé mon Jean’s !
–Je voulais être belle pour toi, pour une fois.
–Mais tu es toujours belle pour moi, mais ce soir tu es divine. Laisse-moi voir. »
Et Prunelle s’approcha et tendit ses lèvres. Tout en embrassant Christa, elle déboutonna la veste.
«Pas de soutif non plus ! Tu es magnifique. Quelle jolie poitrine, offerte comme ça. Je suis toute excitée. Je peux ? »
Prunelle se jeta goulûment sur le téton dressé. Christa s’abandonna et ferma les yeux. Elle sentit que prunelle remuait. Elle comprit qu’elle se déshabillait. Elle ouvrit les yeux pour voir Prunelle torse nu. Son adrénaline monta de quelques degrés. Le canapé, tout près, reçut les deux amantes enlacées.
«On ne sort plus ?
–Si, plus tard. Il ne fallait pas me faire une telle surprise !
–Alors, viens me caresser. »
En quelques secondes elles étaient nues. Le temps s’était arrêté, il n’avait plus d’importance. On n’entendait que les respirations haletantes, que les gémissements étouffés, que de vagues mots à peine prononcés. Combien de temps a duré cette violente étreinte, aucune n’aurait pu le dire. Maintenant il fallait tout refaire, si elles voulaient aller se faire un slow langoureux. Et puis de toute façon, elles avaient faim, les baisers, les caresses, les jouissances répétées les avaient épuisées. Elles entreprirent de réparer les dégâts, les rougeurs sur les visages, les irritations de la bouche, les cheveux humides et décoiffés. Pour obtenir un résultat appréciable, ce ne fut pas aussi simple. Quand elles arrivèrent chez Charlie-Rose il était déjà tard.
En accueillant ses clientes, l’œil affûté de la patronne comprit tout de suite qu’elles avaient commencé la soirée par la fin. Elle sourit. S’approchant de Prunelle elle murmura :
«Quelle chance tu as. Tu me laisses la place la prochaine fois ?
–Je ne suis pas propriétaire, c’est elle qui décidera. Mais bon, je note que je ne t’intéresse plus ?
–Ne dis pas de bêtise, mais j’aime bien la nouveauté, et j’aimerais bien passer un moment avec elle. Je la trouve très excitante.
–Moi aussi, et ce n’est rien de le dire !
–Arrête, je mouille !
–Retiens-toi ! »
Christa s’était arrêtée en chemin pour embrasser une connaissance qui se trouvait, là, elle ne sut rien de la conversation de Charlie-Rose.
Quand elles furent installées à leur petite table ronde, Prunelle demanda :
«Tu as vu Charlie-Rose ? Je la trouve plus jolie qu’à l’habitude.
–Elle n’est jamais très jolie, mais elle a du chien ! Peut-être qu’un jour qui fera nuit…
–Tu me laisserais pour elle ?
–Je te demanderai un congé sans solde.
–Bon je te l’accorde. Je crois que tu lui plais.
–Tu ne seras pas jalouse ?
–Non, parce que je prendrai la suite.
–J’aurais du me douter qu’il y avait une arrière pensée.
–Je plaisantais. Tu sais bien que tu es libre et que je ne te ferai jamais de scène. C’est vrai qu’elle est excitante avec ses allures de garçon.
–Oui c’est le paradoxe des filles à filles qui préfèrent celles qui ressemblent à des garçons !
– C’n’est pas systématique, Charlie-Rose a du charme et son regard est à mourir. Et puis, mes gros seins ne te déplaisent pas tant que ça !
Eh  bien survis encore un peu, je suis encore là.
–Oui chérie, allons danser. »
Le lendemain matin, Christa eut du mal à faire surface. Les excès en tout l’avaient épuisée, et le temps restant pour la récupération, bien trop court. Arrivée au bureau, on lui rappela gentiment qu’elle devait revoir la victime de Tcho-Phil. Après avoir parcouru les affaires courantes, elle se rendit à la clinique, et demanda la chambre de la victime. Celle-ci était assise dans son lit, adossée à ses oreillers. Visiblement elle avait fait sa toilette, elle était coiffée, et s’était fait les yeux avec un bleu très pâle. Elle était au téléphone, Christa attendit dans le couloir qu’elle eût terminé, puis elle entra.
«Bonjour Mademoiselle! Je suis le Capitaine Christa Zimermann, du commissariat Amiens-Sud. Comment vous sentez vous ?
–Très bien Capitaine, je vais sortir en fin de matinée.
–Vous vous souvenez de ce qui vous est arrivé ?
–Parfaitement, j’ai eu très peur. Avez-vous retrouvé Aubrie, ma chienne ? –Oui, hélas, elle a pris un mauvais coup, on l’a retrouvée morte, la nuque brisée.
–Mon dieu ! Aubrie ! Pauvre bête, elle était si gentille.
–C’est un drôle de nom pour une chienne !
–C’est parce que c’est ma copine Martine qui me l’a donnée !
–Tout s’explique alors ! C’est elle qui a mis votre adversaire en fuite apparemment. Nous allons l’inculper, pour l’instant il est à l’hôpital, il a été profondément mordu. Comment vous appelez-vous ?
–Elzéanne Girault.
–Avez-vous l’intention de déposer une plainte ?
–Naturellement, c’est un minimum.
–Vous avez raison. En vérité, votre agresseur s’est trompé de personne. Il vous a confondue avec une autre jeune femme du village, L’institutrice.
–Ah oui, je vois. C’est vrai qu’on pourrait être sœurs.
–En repartant, pourriez-vous passer au commissariat ? Nous nous débarrasserons des formalités. Je vous laisse, je vais aller voir votre médecin. À bientôt !»
Christa demanda à voir le chef de service.
«Bonjour Monsieur. Je suis le Capitaine Zimermann. Vous avez fait, je pense tous les examens possibles concernant Elzéanne Girault. Avez-vous fait également un prélèvement d’ADN ?
–Je regrette, je ne dois pas répondre à ce genre de question.
–Oui, je sais, mais j’ai une affaire d’assassinat sur les bras, c’était pour gagner du temps.
–D’assassinat ? Vous pensez que…
–Je ne peux répondre à ce genre de question, au revoir Docteur, et merci de votre amabilité. »
En réalité, un prélèvement avait été réalisé tout de suite, de même qu’un prélèvement sanguin. C’était pour avoir une confirmation éventuelle. D’ailleurs, les résultats devraient déjà être connus. Christa fit les formalités pour présenter Tcho-Phil au juge dès qu’il sera sur ses pieds. Renseignements pris, il souffrait d’une infection très avancée. De retour au commissariat, c’est Quentin qui l’accueillit :
«Ah chef ! Vous voilà. Asseyez-vous, la nouvelle est de taille !
–J’espère que c’est une bonne nouvelle !
–C’est selon….
–Eh bien vas-y accouche !
–L’ADN d’Elzéanne Girault…… C’est celui de l’assassin de Fanta !
–Arrête tes conneries, on n’est pas le 1er Avril !
–Non, mais c’est la vérité. Tout concorde. L’ADN, le groupe sanguin…ne manque que l’eau de toilette !
–Merde ! Si je m’attendais à ça ! Je viens de la quitter il y a à peine une heure, elle doit passer pour sa déposition. Je n’y crois pas, il y a un truc, une erreur, ce n’est pas possible !
–Vous savez bien que tout est vérifié et qu’il n’y a pas d’erreur possible ! –Jusqu’au jour où…Et l’autre ADN ?
–Inconnu jusqu’à maintenant. On recommencera si vous voulez, ce n’est pas un problème. Mais on fait quoi en attendant ?
–Une garde à vue, c’est la moindre des choses. Je m’en charge.
–J’espère bien ! »
Le planton vint annoncer l’arrivée de la jeune Elzéanne Girault.
«Installez-vous dans la salle des interrogatoires, et allume l’enregistrement et la vidéo.
–Tout de suite. »
Christa et Quentin observèrent un moment la jeune femme à l’écran de la vidéo. Elzéanne s’était assise devant la table, et paraissait chercher quelque chose dans son sac. Elle en sortit un face-à-main qu’elle utilisa pour retoucher le contour de ses lèvres.
«Elle ne semble pas traumatisée la fille !
–Je te le dis, il y a quelque chose qui ne colle pas. Allons-y. »
A l’entrée du Capitaine et de son adjoint, Elzéanne afficha un gracieux sourire. Visiblement elle n’avait aucune crainte.
«Rebonjour Elzéanne. Voici le brigadier Quentin Dubreuil, mon adjoint. Pour commencer, nous devons vous refaire un prélèvement d’ADN, le précédent n’a pas donné de résultats lisibles. C’est rare, mais ça arrive.
–Il n’y a pas de problème, dès l’instant où ça ne fait pas mal.
–Notre laborantine va arriver. Installez-vous. Le brigadier Dubreuil va prendre votre état civil. Je reviens dans un instant. »
Les formalités furent rapidement expédiées, Et Christa put revenir dans la pièce. Elle s’assit en face d’Elzéanne, Quentin s’assit à côté et mit en route l’enregistreur. Date, heure, noms des présents etc..

 

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Ven 8 déc 2000 Aucun commentaire