Le blog d'eve anne, Madrid.

 

 

tn 22Image: L'envol des libellules


 

Chapitre 21

 

 


          « Nous voudrions voir le rédacteur en chef s’il vous plait.
–Il n’est pas là ! »
Les deux policiers sortirent leur carte de police.
« Je répète ma demande, pourrions nous voir le rédacteur en chef ?
–Premier étage, 2ème bureau à gauche.
–Merci. »
Chris
ta frappa à la porte, le bureau était vide. Elle redescendit à la réception.
« Vous vous moquez de moi ?
–Pas du tout, je vous ai dit qu’il n’était pas là, vous avez cru que je vous racontais des histoires, vous avez pu vérifier.
–Et où peut-on le trouver ?
–En salle de presse avec les autres. Je vous l’appelle si vous insistez, mais il ne sera pas content. !
–Moi non plus.
–Il arrive ! »
Il fallut attendre un bon quart d’heure, la salle de presse devait être ailleurs, une voiture freina devant la porte, et l’homme descendit. Il bondit vers la réceptionniste.
«Vous savez bien qu’on ne me dérange jamais en salle de presse ? »
La fille fit un mouvement du menton en direction des visiteurs et lui dit : « Police »
L’homme tourna la tête, et fronça le sourcil.
« Qu’y a-t-il ? Que me voulez-vous ? »
Christa déplia le journal, et le tendit au rédacteur.
« Nous voudrions voir la photo originale avec le fichier exif.
–Impossible, on ne communique pas les sources. Liberté de la presse vous connaissez ?
–Je connais aussi la liberté de vivre. Dans ce cas précis, il s’agit d’assassinat. Si vous ne voulez pas nous aider dans notre enquête, vous serez au minimum complice.
–Qu’est ce que vous racontez. ?
–Vous remarquerez qu’il manque quelques millimètres à la photo, pour pouvoir lire le numéro dans son entier. Peut-être que la photo originale est cadrée différemment ? Je suppose qu’elle a été coupée volontairement par mesure de discrétion ? Si vous n’acceptez pas de nous rendre ce service, nous en déduisons que vous êtes le propriétaire de la voiture, et dans ce cas, nous procédons à votre arrestation pour le meurtre de Madame Girault.
–Vous êtes malades ? »
Quentin, s’approcha avec les menottes ouvertes, prêtes à se refermer sur les poignets de l’homme. Un attroupement commençait à se former, et au moins une dizaine de personnes suivaient la scène. Puis le Directeur descendit les marches, et s’approcha.
« Bon ça va ! Donnez-leur cette photo de merde, on n’a pas que ça à faire !
 »
 Christa et Quentin suivirent le rédacteur en chef dans un bureau où quelques personnes s’absorbaient derrière leurs écrans.
«Bastien ? Mets-moi cette photo à l’écran tu veux ?
–Pas de problème. La date ? Ça sera plus facile. La voilà. »
La photo apparut, en couleur, avec la plaque minéralogique arrière parfaitement lisible.
« Je vous l’imprime ?
–Je vous en prie ! »
Le rédacteur en chef prit la photo, et la tendit aux policiers.
« Les témoins pourront certifier que je vous remets cette photo sous la contrainte.
–Bien sûr, ils pourront aussi vous apporter des oranges ! Au revoir Monsieur et merci de votre coopération !»
Ils remontèrent dans la Peugeot.
« Quel con ce type !
–Les journalistes sont presque aussi pires que les flics ! Ils se croient tout permis ! »
Christa appela la préfecture pour vérifier l’immatriculation de la voiture. Au bout de cinq minutes son téléphone vibra dans sa poche de poitrine.
« Allo, Zimermann, merci de me rappeler je vous écoute. . . Merci beaucoup !...Oui si vous voulez, un de ces jours, Au revoir !
–On drague à la préfecture ?
–On le dirait. Alors tu paries ?
–Non ! je perds toujours. C’est pas celle de Prunelle ?
–Non ! Perdu ! Cherche un peu !
–Tu m’agaces !
–On n’est pas encore mariés et déjà une scène de ménage ! Réfléchis un peu ! C’est pas difficile ! Bon je vois que tu fais la gueule, comme un p’tit con de flic que tu es. C’est la voiture de Fantine Tavernier.
–Arrête tes conneries, il y a des jours où franchement tu me les brises menu !
–Voyez-vous ça ! Monsieur est de mauvais poil ! Garde-le ton mauvais caractère. A propos de poil, tu devrais épiler ton gros machin, ça serait plus agréable !
–Pour ce que tu t’en sers !
–Que veux-tu que j’en fasse ? Je n’ai rien à foutre d’un mec qui fait la gueule !...............Je suis impardonnable, je savais que c’était la même que celle de Prunelle. Elles ont acheté les deux Twingo ensemble, en même temps, pour avoir une grosse remise. Elles sont allées à la préfecture pour demander deux numéros qui se suivent ! Et deux mois après, elles ne s’aiment plus !
–Et la voiture de Fanta ? Qui l’a conduite dans cette rue ? Son fantôme?
–Peut-être bien ! On va se renseigner bien sûr. On passe à Moreuil d’abord ! Station Total !
–Tu veux faire le plein ?
–Oui, dans ta tête. »
–Et Après ?
–On va faire le plein de Viagra !
–C’est une obsession ?
–Non une précaution. Si je t’intimide, tout pourrait capoter si je puis m’exprimer ainsi !
–Chez Total ! On va se passer une vidéo ! C’est pour ton éducation. de toute façon, il faut la saisir. Et je ne peux saisir sans témoin !
–Banco pour la vidéo ! C’est du porno J’espère !
–Si le tour de poitrine de la demoiselle est un critère, oui ! »
Quentin regarda la cassette et la repassa à deux ou trois reprises.
« Pas de doute, c’est bien Prunelle dans la voiture du magnétiseur ! Plus de doute !
–Pour le premier crime, il y a de fortes chances. Mais pour le second, c’est une autre histoire.
–Je suppose que tu vas nous sortir un assassin de ton chapeau ? Évidemment, sinon tu ne m’aimerais plus ! Allons voir le fantôme. »
–La voiture fut garée près de la mairie comme la première fois. Et comme la première fois, la maman de Fantine reçut les policiers dans l’arrière boutique.
« Oui c’est encore nous Madame. Nous n’en n’avons hélas pas fini. Pouvez-vous nous dire où se trouve actuellement la voiture de Fantine ?
–Elle est dans son garage depuis sa disparition. Elle n’a pas bougé depuis le drame.
–Vous en êtes certaine ?
–Absolument.
–Nous allons poser les scellés sur la porte du garage. Nous avons des vérifications à faire. Il semblerait que quelqu’un se soit servi de cette voiture à votre insu. Et vous madame vous avez une voiture personnelle je présume ?
–Oui, j’ai une BMW série 5.
–Essence ou Diesel ?
–Turbo diesel.
– Pouvez-vous me donner le N° ? et me dire à quel endroit vous faites habituellement le plein ?
–Voilà le N° et je fais le plein généralement au super marché Carrefour à Moreuil.
–Et le dernier plein remonte à quand ?
–Attendez, je vais retrouver le ticket. Je ne perds rien, vous savez ce que c’est, la comptabilité c’est avant tout de ne rien oublier.
–Oui bien sûr, Vous réglez comment ?
–Carte bleue tout le temps.
–Le garage est ici ?
–J’habite la maison d’à côté. La grande maison avec le portail en fer forgé. Les garages sont là-bas.
–J’appelle mon labo, et vous nous y conduirez. »
Christa appela Mélie, qui, toujours joyeuse et disponible, promis de faire au plus vite. Ce qu’elle fit ! Une demi-heure à peine, elle arriva avec deux collègues. Ils se rendirent dans la maison de madame Tavernier, et se dirigèrent vers le garage. C’était une construction bâtie en pierre dans le style de la villa. Sur le côté du garage on pouvait voir la campagne. Arbres remarquables sur des gazons entretenus, traversés par la rivière, surmontée d’une passerelle romantique. .
Il y avait deux portes pour deux voitures. Madame Tavernier composa un digicode sur le clavier, et ouvrit la porte. Quand la première porte fut ouverte, on pouvait voir que l’on logeait facilement deux voitures l’une derrière l’autre, le fond du garage étant une porte sectionnelle. Une autre voiture, un coupé Audi occupait la place du fond.
« C’est la voiture de votre fils ?
–Oui, c’est la sienne !
–Avez-vous un contrat de surveillance pour votre maison et votre garage?
–Oui, c’est la société « Sécurit-Am » qui en est chargée. Ils interviennent s’il y a une alerte.
–Donc toutes les alertes sont enregistrées ? –Heu. . . Oui, je le pense. c’est une liaison GSM.
–Les codes tapés au clavier, pour ouvrir et fermer sont enregistrés aussi ?
–Sans doute, oui !
–Êtes-vous sûre que la Twingo n’est pas sortie ? Qu’elle n’a pas couché dehors ? Vous m’avez dit que vous ne vous en étiez pas servi ? Vous confirmez ? »
« Voilà la voiture Mélie. Je veux le relevé du compteur, les empreintes du dernier conducteur, et des traces génétiques si tu en trouves. Je veux aussi un prélèvement de carburant, et une fouille complète, au grain de poussière près. Tu as carte blanche comme d’hab. Ah, n’oublie pas les révisions du garage. » Et puis à voix basse :
« T’es libre quand ?
–La semaine prochaine, deux jours. Tu me promets le 7ème ?
–Si tu y mets du tien oui !
–Compte sur moi ! »
« Madame Tavernier ! Votre grand livre est à jour ?
–Oui, il ne manque que les opérations du mois en cours, pourquoi ? Vous allez encore me menacer d’un contrôle ?
–Non Madame, nous allons faire le contrôle ! Nous allons vous l’emprunter. Merci de bien vouloir nous le remettre. »
Christa fit mine de s’en aller, puis se ravisa.
« Madame Tavernier, combien avez-vous d’employés ?
–Je n’en ai qu’un. Mon fils, le grand frère de Fantine. Il est là, à la boutique.
–Quel âge a-t-il ? Et quel est son prénom ?
–Il s’appelle Samuel, il a 29 ans.
–Et votre Mari ? vous êtes divorcés ?
–Non, il m’a quittée. Il est parti l’année dernière avec une jeune employée. Ils vivent sur la côte, à Berck sur Mer.
–Merci madame Tavernier. 
 »
Christa et Quentin prirent congé, tandis que Mélie et ses garçons s’étaient mis au travail.
« Qu’espères-tu trouver dans sa compta ?
–Aucune idée. Je veux surtout la mettre en condition, si elle se sent menacée, elle peut craquer.
–Elle n’a pas l’air d’une femme qui craque ! Tu la crois coupable ?
–Je n’ai pas d’a priori, je veux surtout ne rien laisser dans l’ombre. Elle a un motif : la vengeance !
–Un peu tiré par les cheveux ! Alors ? On fait quoi ? Quelle sera la nouvelle distraction ?
–Ben Tcho-Phil, évidemment. Ça fait un bail qu’on n’a pas eu de ses nouvelles ! Avant je vais appeler Manon.
« Christa pour toi ma jolie ! Comment vas –tu ?
–Je vais bien, je suis ton feuilleton avec passion. C’est quand la prochaine saison ?
–C’est maintenant ma poule. Je voudrais te demander deux choses. Étudie tous les débits de la carte bleue de Mme Tavernier. Carte bleue Perso et carte bleue pro si elle en a une. Je cherche des achats de carburant. Commence par Carrefour, elle a peut-être dit la vérité. Mais vérifie toutes les stations du coin, y compris au Pôle Jules Verne ! Si tu en trouves, tu prends contact avec le détaillant, pour savoir s’il s’agit d’essence ou de gazole, et à quelle date.
–Je vais en avoir pour plusieurs jours !
–Si tu veux m’épater, fais un effort !
–On verra bien. C’est quoi sa banque ?
–Je te ramène son grand livre !
–Ben ça va aller tout seul alors !
–Je te le disais. Récompense à la clef !
–Tu me promets toujours des tas de choses mais je n’ai que des bisous ! Même Quentin a plus de chance !
–Faut pas croire ce qu’on raconte ma belle !
–Ah bon je suis rassurée. »
Christa raccrocha et s’adressa à Quentin.
« Tu aurais pu éviter de raconter à tous ces connards de flics que je t’avais fait une turlutte ! J’ai l’impression que toute la ville est au courant !
–Tu as honte ?
–Non, je m’en fiche, mais mes copines n’aiment pas ça. Les filles n’aiment pas embrasser une autre fille si elle pense qu’elle vient d’en sucer une, qui vient de sodomiser un type dégueu. Chez les goudous, on doit respecter l’éthique !
–T’es pas obligée d’embrasser les filles.
–Non, mais ça fait drôlement du bien ! » Ils arrivèrent devant la maison de Tcho-Phil. Ils le trouvèrent dans son jardin, en train de sarcler des salades.
« Ah c’est vous capitaine ? Vous v’nez m’donner un coup d’main ? Ou vous m’ram’nez en prison ?
–Bonjour monsieur Gervais, nous venons simplement prendre de vos nouvelles. Comment va votre jambe ?
–Cha m’fait du maux, jusque dans min dos !
–Vous prenez bien vos médicaments ?
–Ben j’en ai pu !
–Il faut aller en chercher à la pharmacie, ils ne viendront pas tous seuls. Vous avez une ordonnance ?
–Ouais, mais la bonn’femme al veut pas. Elle m’a envoyé prom’ner. Elle m’a dit d’aller voir ailleurs, qu’elle voulait pu m’voir ! ! L’aut’jour elle a failli m’écrabouiller !
–Comment ça ?
–Ben j’ai vu arriver la voiture ed’Prunelle, alors je m’ suis avancé pour dire bonjour, ben c’était pas Prunelle, c’était l’aut’ peau d’vache !
–Mme Tavernier ?
–Ouais, la mère d' la fille qué morte ! Dans la voiture à Prunelle ! Elle a dû y piquer ! Pov ‘ Prunelle !
–Donnez-nous votre ordonnance Monsieur Gervais, on va aller chercher vos médicaments.
« Encore nous, Madame Tavernier. Voici l’ordonnance pour les médicaments prescrits à Monsieur Gervais. Il n’a pas de voiture pour se rendre dans une autre ville, et il a des difficultés pour se déplacer. Vous seriez aimable de préparer cette ordonnance et de lui porter. Il n’a pas de voiture, et vous en avez plusieurs, ça ne devrait pas vous poser de problème. Merci d’avance. S’il y a une objection, vous m’expliquerez pourquoi. Au-revoir Madame. ! »
Et en remontant dans la voiture, Christa ajouta :
« Et à bientôt !
–Décidément, tu t’accroches !
–C’est ça l’amour !
–Tu ne pourrais pas être sérieuse cinq minutes ?
–Si tu me le demandes gentiment ! Mais si je te les casse , je peux faire équipe avec Martin. Un mec bien qui respecte sa femme, qui s’occupe bien de ses enfants, qui ne raconte pas ses aventures à tous les trous du cul qui passent !
–Bon ça va ! On fait quoi Maintenant ?
–On retourne au commissariat, et je repars avec Martin.
–Et moi ?
–Mets-toi en RTT ! Ou va te faire mettre ! Voilà un langage que tu comprends, on fait des progrès ! Et puis non, je rentre chez moi, je suis crevée.
–C’est ça ! Ta putasse doit t’attendre. Ça sera mieux qu’avec Martin !
–J’espère bien, et demain c’est la perquise. Je vais y participer. je sais ce que je veux trouver. De retour chez elle, Christa se laissa tomber sur son canapé et prit son téléphone. Le numéro de Charlie-Rose était programmé. Une touche, et hop !
« Charlie-Rose allo ?
–C’est moi, le Flic, non la choute !
–Ah ! je préfère, comment vas-tu ?
–Un peu énervée, un peu fatiguée, un peu excitée.
–Tu m’appelles pour ?
–Te dire que je t’aime, et te demander de faire très attention à toi. Tu es menacée.
–Tu plaisantes ? Prunelle est toujours en prison, et personne ne me connait.
–Fais-moi plaisir. ne reste pas seule,
–Où veux tu que j’aille ?
–Essaie de changer. Tu peux aller chez Elzéanne, ou une autre copine, mais si tu restes chez toi, je te mets une surveillance. Ne sois pas surprise.»
Visiblement Charlie-Rose fut contente de cet appel. C’était aussi une vérification.

 

culdecoblanc

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Jeu 23 nov 2000 Aucun commentaire