Le blog d'eve anne, Madrid.


Il paraît que...

                    ...Les cailloux possèdent un pouvoir hypnotique qui leur permet de se déplacer. Quand un caillou veut changer d’endroit, il attend que quelqu’un passe, et l’hypnotise. Le passant le ramasse et l’emporte ailleurs.

 ...Il parait tellement...!

 

 Je sais que ce qui parait et se révèle être vrai aux yeux de certains, de certaines, alors qu'ils ou elles ne croient pas un mot en temps normal d'histoires pour le moins étonnantes, peut s'avérer une montagne de vérités ou de faussetés au moment où ils ou elles s'y attendent le moins, vivre l'invivable n'est pas si simple à accepter, vivre l'impensable non plus.   

 

Quoi? J'ai dit une fadaise? Pourtant, c'est clair, enfin... pour moi.

C'est en tombant d'une falaise que je me suis transformée en pierre!

J'abandonnerais dès lors le "ils ou elles", et parlerai dès maintenant en mon nom seul, cela évitera ainsi aux autres de se propulser héroïne de cette histoire abracadabrante sans pouvoir l'expliquer vraiment... et personne ne le pourrait de toute façon!

En fait pour résumer mon introduction, je dirais qu'on n'est jamais à l'abri d'une surprise, d'incertitudes extravagantes qui nous pousseraient à nier le concevable et à accepter l'inconcevable. Comme lorsqu'on vous plonge dans une histoire, qui aurait pu n'être qu'un rêve...

Je m'appelle Lazuly Galet de la Mare...

La mer il y a des lustres m'a emporté de rivage 
en rivage.

L'eau salée et écumante m'a noyée, lorsqu'un matin de mai, je me suis jetée de la falaise du Loup. Un endroit où la mer creuse, s'incruste et se confond au fleuve formant ainsi des rias.

Plaquée au sol, je n'ai rien senti, rien d'autre que le sol humide. Un moment de flottement, jusqu' au choc. Un tout petit moment... ma vie contrairement à ce que l'on dit, n'a pas défilé.

Un seul saut avec la peur indéfinissable d'avoir mal, de ne jamais me remettre de cette acrobatie finale. Chose ridicule puisque justement le but était bel et bien d'atteindre un final. Le bien ou le mal, n'avait plus d'importance, moins encore donc... d'avoir, ou ne point avoir mal.

N'empêche que là, face contre terre, le visage écrasé contre le sol, alors que je ne pouvais bouger les pouces, je sentais à travers les pores de mon visage le moindre micro grain de sable, qui s'agrippait à ma peau. Tous ainsi réunis, ils me faisaient l'effet d'un papier de verre, un peeling étonnant, alors que je devais être morte... comme une peau morte, rien de plus convenant à la situation.

Le jour se couchait, et je me voyais là, aplatie, dans cette eau salée, aussi mousseuse que l'eau d'un bain que je prenais autrefois. Sauf que l'eau de mon bain était en bien des occasions nettement plus chaude. Drôle de sensation, alors que je dis... je me voyais, parce que je m'y vois encore, je me voyais vraiment. Lui... mon corps, en bas et moi, alors que je ne savais plus ce que j'étais, au-dessus de celui-ci.

La mer m'attirait vers l'intérieur, profondeur déjà noire, j'allais me noyer c'était certain, et d'un instant à l'autre je ne pourrai plus penser. D'ailleurs... comment se faisait-il que je le puisse encore?

Je songeais alors à mil et une choses, pas même importantes, mais à des choses bêtes, comme: comment ferais-je pour respirer sous l'eau, si une vague venait à me noyer de sa frappe, et me glisser dans les bulles folles et troubles de l'abysse.

 

 

Je me rappelle de m'être réveillée dans une pièce opaline, la lumière entrait par une fenêtre, je clignais des yeux, sans distinguer vraiment ce qui m'entourait, je ne voyais rien que le dessous d'une lampe de chevet au pied cuivré.

Impossible de bouger le moindre doigt, et pour cause... je sentais le bois à peine tiède de cette table de nuit inconnue sous mon ventre. Après le sable, je me retrouvais dans une chambre, sur une table de nuit. Quand je parlais de chose invraisemblable!

Une personne entra dans la pièce, une autre bougea imperceptiblement à côté de moi.

-Bonjour mon ange, tu dors encore, quand te réveilleras-tu enfin?

L'autre à côté, ne répondit pas. Je n'arrivai pas à bouger. Avec un peu d'effort... je pourrai me lancer en vrille, pour me retourner, et voir qui refusait ce plateau. Je n'aurai pas dû arrêter le hip-hop! Peine perdue, je ne pouvais me bouger,  mais... la voix s'approcha encore et finit par se poster sous mes yeux, ne me demandez pas lesquels, je ne sais pas! La voix... alla alors jusqu'aux rideaux, les tira l'un contre l'autre en refermant ses bras, le soleil cessa de briller, et moi de cligner des yeux qu'apparemment je ne pouvais avoir. Je me sentais lourde.

La femme d'une quarantaine d'année, avança sa main vers moi, elle me frôla à peine alors qu'elle attrapa la poire de la lampe qu'elle éteignit. Et dans l'ambiance tamisée, je la contemplais. Son visage m'en rappelait un autre, un autre d'une douceur que je n'oublierais jamais. Mais n'était-ce pas le même? Elle s'approcha de moi, me prit dans ses mains, dans ses bras et posa ses lèvres sur moi. Je fermais les yeux que je n'avais pas, pour mieux sentir la douceur de ses lèvres, ma peau frissonna, et ma tête tourna.

-Regarde-moi, me dit-elle. Par pitié réveille-toi...

Je lui obéis, mes paupières si lourdes clignèrent enfin, et je la vis encore, tout comme je vis ce caillou sur la table de chevet.

Se pouvait-il que tout cela ne fut qu'un rêve, s'en sort-on par un rêve lorsqu'on a voulu un jour mourir?

Je regardais cette pierre qui fut moi, revis ma chute, le sable, la mer m'engloutissant, mon corps au-dessus de cette pierre... qui n'était autre qu'un galet au reflet bleuté!

 Un autre moi, le temps d'un voyage, un voyage, je le sais,  que je ne referai jamais plus.


 
AnA

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2007 © Ana Luthi


10 janvier 2007
Ven 18 fév 2005 Aucun commentaire