Le blog d'eve anne, Madrid.

                              

 

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VII-Michèle
 

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Toute femme n'existe que pour aimer.

                                         Deux années s’écoulèrent, sans que rien ne vienne troubler notre quiétude. Nous avons beaucoup travaillé, nous avons visité tout le Nord, des plages jusqu’aux Ardennes, une partie du Pas de Calais, la Belgique, et nous avons fait quelques sorties à Londres. Nous avons appris à connaître Lille et à apprécier ses trésors et ses habitants. Nous avons poursuivi notre entraînement sportif. Michèle roulait bien maintenant, et avec son nouveau vélo de pro, on se faisait des balades de 100 km le dimanche matin. Nous avons eu droit à la visite de mes parents quelques fois, mais plus souvent de mon père seul, qui venait pour nous accompagner sur les routes flamandes. Nous avons conservé notre piscine du jeudi soir, et je dois dire que Michèle maintenant avait une sacrée concurrente. Toujours un peu de cheval, mais moins, car nous avions commencé la musculation. Physiquement, Michèle avait pris un ou deux kilos, qu’elle avait adroitement dissimulés dans son soutien-gorge. Le jour où il lui a fallu un bonnet de plus, fut pour elle, une véritable fête. Moi, j’étais restée sensiblement pareille. Peut être avais je la taille un peu plus fine, ce qui faisait encore ressortir ma volumineuse poitrine. Nous n’avons plus été agressées par des mecs exhibitionnistes, seulement quelques mains aux fesses dans les rues piétonnes. Beaucoup de filles m’ont draguée, Michèle était plutôt la cible des messieurs. On aurait pu imaginer le contraire, sans doute que la féminité n’est pas un élément de séduction comme on pourrait le croire. Mais jamais nous n’avons cédé à ce genre de proposition. Nous arrivions en fin de licence. Nous avions beaucoup étudié, ensemble, et nous n’avions aucune appréhension. Comme de fait, notre licence fut une formalité. Pour Michèle c’était immédiatement exploitable, vu qu’elle était déjà prof, pour moi, j’avais encore deux années au mieux pour obtenir le Capes. Cela commençait à me sembler un peu long. Michèle ne savait que faire de ses trois licences. Il faudrait trouver le lycée qui puisse l’utiliser au mieux. Moi j’aurais bien voulu souffler un peu. Je pensais que d’empiler les diplômes allait nous séparer plus vite que si nous avions un travail salarié. Mais Michèle répondait à cela que de toute façon je serai enseignante, alors ça ne changerait pas. Cette analyse me parut quelque peu rapide. Certes je suivais les cours pour devenir prof de lettres, mais si j’avais envie de changer de voie, je le ferais de toute façon. Et cette idée ne me quitta plus. Nous en discutions ensemble, et je sentais Michèle inquiète.
« Si tu quittes l’enseignement, tu me quitteras aussi.
-Si je quitte l’enseignement tu le quitteras aussi !
-Et pourquoi faire ?
-Travailler dans le privé, on gagnera le double !
-Oui, mais avec plus d’heures et moins de vacances.
-Les heures on les fait déjà, et nous ne sommes jamais parties plus d’un mois !
-Si, la première fois,
-Oui, le plus beau cadeau que tu m’as fait.
-Et moi, sais tu quel est le plus beau cadeau que tu m’as fait ?
-Pas spécialement,
-Le jour où tu es entrée dans la douche !
-Ah ! C’était osé, non ?
-Je le désirais tellement, que mes ondes ont dû t’influencer !
-Parce que tu crois qu’en faisant cela je t’ai obéis ? Non, j’étais persuadée que tu allais m’évincer, mais je t’aimais tellement, que j’aurais pu braver le monde entier. Et pour moi, il y a eu le second cadeau, l’après midi, où tu t’es offerte à mes lèvres.
-Oui, j’y repense souvent, que de bonheurs partagés, que d’amour que de tendresse. Si nous devions ne plus être ensemble, je suis sûre d’en mourir. Je sais, bien sûr, que pour la jeune fille que tu étais, poser ses lèvres entre mes cuisses, devait être la chose la plus importante. Pour moi, je revis ce bonheur à chaque fois que tu recommences. Mon amour n’a pas faibli depuis que nous sommes ensemble. » Et puis il y eut deux autres années, deux autres années de sérénité.

 La seule différence, j’en avais honte, et je ne pouvais pas en parler. C’est que j’aimais de plus en plus que les filles me regardent. Cela me faisait beaucoup d’effet, et des fois même, je provoquais ces mêmes filles par un décolleté plus ouvert, une jupe plus courte, un regard plus maquillé qui s’attardait quelques fois. C’était une facilité à sourire aux regards intéressés. Je ne pouvais pas en parler, mais Michèle l’avait subodoré. Un jour même, elle me fit une réflexion, c’était la première fois, mais c’était entièrement mérité. Mes décolletés étaient souvent exagérés, et mes attitudes plus provocantes. Lorsqu’une fille me regardait, je n’hésitais pas à croiser et décroiser très haut les jambes, ce qui, avec une mini jupe à mi-cuisses, revenait à exposer mon entre jambes à ses regards. Comme invite, on ne fait pas mieux Michèle essayait de me ramener à la raison. Jusqu’au jour, où elle invita à la maison une fille visiblement séduite par mes provocations. Je n’étais pas prévenue. Quand je rentrais, Michèle m’adressa la parole.
« Voilà, c’est Hélène. Tu la reconnais? Tu lui plais, elle te plait. C’est vrai qu’elle est très jolie. Si tu la veux, tu la prends. Je vous laisse, Je rentrerai plus tard. Prenez votre temps, ne gâchez pas votre plaisir. » Bien sûr, je fus mortifiée de cette mise en scène. Je me mis à pleurer. Hélène essaya par tous les moyens de me consoler, mais en vain. Je pleurais toujours, maudissant ce qui avait pu me conduire à ce résultat. Hélène s’en alla, Michèle rentra très tard dans la nuit. Le lendemain, la vie sembla reprendre comme les autres jours. Michèle ne fit aucune allusion à l’épisode Hélène. Elle se conduisit comme si rien n’était arrivé. Mais je sentais que le ressort était cassé. Sept ans d’amour sans tâche, détruits en quelques minutes. Michèle savait, que rien ne s’était passé entre Hélène et moi. Elle savait que j’avais pleuré, et que je regrettais amèrement ma conduite. Elle m’aimait sûrement tout autant, mais moi, masochiste sans doute, je cherchais le détail microscopique dans sa façon d’être, qui me dirait que je l’avais perdue. Je n’ai jamais recommencé. A croire que sa méthode était au point, et qu’une fois de plus elle maîtrisait la situation.
Apparemment seulement.
Alors que j’entrai dans l’appartement, je vis Michèle avec les yeux rougis. C’était la première fois. Elle se cachait le visage pour que je ne la voie pas. Je m’approchais, lui fit un baiser dans le cou. Elle partit se coucher. Quelques jours après, elle pleurait à gros sanglots quand je suis arrivée. Ce n’était plus la Michèle forte et décidée que je connaissais, et que j’adorais. Je ne savais que faire, je la laissais dans son coin, fis les travaux du ménage, et j’allais la retrouver dans la chambre plus tard.
« Je sais que je me suis conduite comme une conne. Et tu as eu raison de me traiter comme tu l’as fait. Mais jamais je n’aurais touché un cheveu de cette fille ou d’une autre. C’était un jeu de gamine qui s’aperçoit qu’elle a des seins par devant et des fesses derrière. Je me suis amusée à plaire, je n’avais pas mesuré combien je pouvais te faire mal. Je suis idiote, et pour la millionième fois, je te demande pardon, je te demande d’oublier, je te demande de m’aimer encore, et de m’ouvrir ta douche. Si ce n’était pas possible, il serait inutile de rester ensemble à se torturer, et à pleurer chacune de notre côté. Si tu préfères que je parte, tu le dis et je pars. Si tu préfères que je reste, je reste, mais par pitié, ne pleure plus.
-Tu as raison. Il faut que tu restes, sans toi, je meurs. Je t’ai vue toute gamine, et c’est comme ça que je t’ai aimée. J’ai assisté à ta mutation, et je t’ai vue devenir femme avec de plus en plus d’amour. Et il faudrait que l’on se quitte ? C’est absolument impossible. J’aime tellement la femme que tu es devenue, qu’il me serait impossible de respirer sans elle. »
Nos relations reprirent leur cours normal. Mais toujours cette crainte en tête, ce doute impossible à évacuer. Je me rendais compte à quelle félicité nous étions arrivées elle et moi, pour que jamais un ciel gris n’ait couvert notre couple. Et moi, j’avais cassé tout ça en montrant mon slip à une fille que je ne connaissais pas. Mais il y eut quand même quelques changements dans le cours de notre vie. Michèle abandonna son agrégation. « Je ne peux plus, je suis trop fatiguée. » Entendant cela, j’ai bien sûr créé le lien avec ma connerie passée. En réalité cela pouvait être tout autre chose, un passage à vide, une anémie, une maladie ? Elle ne voulut pas consulter, ce qui me laissa penser qu’elle n’avait pas oublié. Je fus persuadée à ce moment là, que rien ne serait plus comme avant. Quand je rentrais à l’appart, elle ne me faisait plus travailler. Elle était couchée, ou allait le faire. Sans un cri, sans un mot, j’assistais à notre mort lente. Je passais l’examen du Capes. C’était un concours. Il y avait 30 Places, nous étions 29 candidats. Je crus l’affaire entendue. Mais non, sur les 29 ils en prirent 12. Moi j’étais 18ème. Il y avait 20 postes à pourvoir, Les postes libres seraient proposés à des stagiaires qui n’avaient pas notre formation. Devant autant de stupidité, j’ai décidé de laisser tomber. Passer ma vie dans un système aussi con, ne pouvait me convenir. En rentrant à la maison, Je trouvais Michèle en train de corriger ses copies d’espagnol. C’était bon signe, les dernières fois je l’avais fait à sa place.
« J’arrête. Je quitte ce bordel de l’enseignement. Demain, je cherche du boulot….. Tu ne dis rien ?
-Que veux tu que je dise, il y a longtemps que je le sais, qu’au premier incident tu laisserais tout tomber.
-Pourquoi dis tu ça?
-Parce que je t’ai toujours obligée à travailler. Maintenant je suis vidée, je n’ai plus la force.
-Tu n’y es pour rien, c’est le système qui est pourri. Les salaires non utilisés iront dans une poche. Et comme tout le monde a des poches…
-Si tu cherches du travail, c’est pour que l’on se quitte ?
-Mais c’est une idée fixe ? C’est faux et c’est bête. Demain j’irai à l’usine au lieu d’aller à la fac, qu’est ce que ça change pour nous ?
-Je ne sais pas, il ne faut pas m’en vouloir. Je ne me sens pas bien.
-Ecoute, parlons franchement. Ce n’est pas parce que j’ai montré mon cul à une gamine que nous devons mourir ? Je ne te reconnais plus. Je suis sûre que tu as un problème de santé. Demain j’appelle le médecin.
-Il n’en est pas question.
-Ok j’appellerai le SAMU. » Le lendemain, j’appelais le médecin. Il ne lui fallut que dix minutes pour faire son diagnostic :
« Vous avez un problème au sommet gauche.
-Ce qui veut dire ?
-Un début de tuberculose.
-Comment ? Ce n’est pas possible !
-Hélas, tout est possible. Mais rassurez vous, ce n’est sûrement pas grave. Demain vous passerez une radio et des examens plus détaillés. Que faites vous comme profession ?
-Je suis prof d’espagnol.
-Je ne pense pas que vous êtes contagieuse, mais il faut tout vérifier ; à commencer par vous, retirez votre pull. » Je retirais mon pull. Le médecin marqua un temps d’arrêt.
« On a beau en voir tous les jours, quand c’est comme ça, ça fait un choc ! -Remettez vous docteur, je ne veux pas avoir d’histoire avec ma femme.
-Ah ! Parce que ?
-Oui, parce que !
-Raison de plus, allez, respirez fort !
-Hum ! Désolé mais vous passerez la radio demain aussi. Je vous fais vos certificats, vos ordonnances. Arrêt de travail jusqu’à nouvel ordre.
-C'est-à-dire ?
-Je ne peux rien affirmer, mais au moins six mois.
-Mon dieu !
-Dieu n’y est pour rien. Vous aurez du temps pour vous aimer, de quoi vous plaignez vous ? »
« Charmant ce docteur.
-Au moins il n’a pas la langue de bois. ! Pourquoi ris-tu ?
-Je pense à des choses.. - ?????
-La langue de bois ! C’est malin ! C’est le début de la guérison ! » Le lendemain, nous passâmes des radios, des tomos, on nous fit des prélèvements. Nous n’étions pas contagieuses. Michèle avait une réelle infection, moi, je n’avais rien. Le traitement de Michèle ne nécessita pas d’hospitalisation, le traitement se fit à domicile. Piqûres et cachets. Rien de bien difficile à supporter. Comme je l’avais dit, je laissais tomber les études. Je suis allée chercher du boulot. J’en ai trouvé à la Voix de Nord. Cela déplut à Michèle, elle pensait sans doute que c’était un lieu de débauche. En fait, c’était un endroit très animé, où les employés n’avaient pas vraiment le temps de batifoler. Le salaire était déjà supérieur à ce que j’aurais perçu dans l’enseignement. Le traitement de Michèle se passait bien, elle semblait débarrassée de ses tourments. Quand je rentrais du travail, elle était heureuse de m’accueillir. Trois mois passèrent, je quittais le bureau pour faire du reportage avec un journaliste, un vieux de la vieille, qui fut suffisamment sympa pour m’apprendre le métier, sans jamais avoir ni un geste ni un mot déplacé. Ce monsieur s’appelait Gustave. C’était le plus ancien reporter du journal. Bien sûr, ses copains le charriaient de travailler avec une jeunette. Il avait beaucoup de mérite à encaisser tous les quolibets de ses collègues. Moi, je fus draguée à peu près par tous. Les trois quarts des hommes, et la moitié des femmes. Puis, après, courut le bruit que j’étais lesbienne et que je vivais en couple avec une femme, et on me laissa tranquille. Je parlais de tout cela avec Michèle, je voulais exorciser ses jalousies. Je ne sais pas si j’y suis vraiment parvenue. Ensuite, je me suis lancée dans un nouveau métier. Gustave m’apprit à me servir d’un appareil photo. Je ne pensais pas que c’était aussi difficile.
Effectivement, Michèle fut remise en six mois de temps. Elle put reprendre ses cours, elle avait me semblait-il un bon moral, et nos misères avaient disparu. Mon travail me plaisait, je lui en parlais souvent, Je l’ai même invitée dans la salle de rédaction, elle put voir d’elle-même que ce n’était pas le boxon. De plus, tout le monde fut très accueillant envers elle, ce qui la rassura. Je passais mon permis de conduire, facilement, puisque Gustave m’avait appris, et me laissait souvent le volant.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, ce fut au tour de Michèle d’être séduite par une autre femme. Je le sentis dès le premier jour, dans sa façon de me regarder. Nous étions tellement imprégnées l’une de l’autre que ces choses là ne pouvaient pas passer inaperçues. Je ne dis rien, je laissais faire. Je constatais un changement dans sa façon de se vêtir, de se maquiller, Elle semblait avoir repris un nouveau souffle. Je n’étais pas jalouse à proprement parler. Je trouvais simplement que c’était con,  et qu’il vaudrait mieux se séparer plutôt que d’abimer ce qui fut nous, pendant qu’il en était encore temps. A cette époque là, je me sentais bien dans ma peau, je me trouvais belle. J’étais plus mince que je ne l’avais jamais été, et ma poitrine de jeune fille était devenue celle d’une femme adulte, et je trouvais que c’était mieux comme ça. Quand Michèle entra ce soir là, j’étais nue dans la maison. Michèle en fut étonnée.
« Que t’arrive t-il ?
-J’ai pris une douche, je me trouvais belle, et j’ai voulu que tu en profites.
-C’est gentil ! » En d’autre temps elle m’aurait sauté dessus. Elle m’aurait reproché de ne pas l’avoir attendue pour la douche. Mais là, rien. Alors, sans le vouloir, sans préméditation, je portais le coup décisif.
« Elle est plus belle que moi, ou tu veux encore me faire payer ?
 ………………………………………………………………………..

-Elle n’est pas aussi belle que toi, je ne veux rien te faire payer, j’ai eu aussi besoin de savoir si je pouvais encore plaire.
-Et je suppose que tu as réussi. Il ne te suffit plus que je te le dise. N’en parlons plus.
-Mais, si, il faut en parler, je n’ai pas eu de relations avec elle. Tu ne dois pas me faire de reproches.
-Je ne t’en fais pas, sauf que j’étais nue, j’étais belle, et ça ne t’a pas intéressé.
-Ce n’est pas cela, j’avais d’autres idées en tête !
-Oui, c’est bien ce que je te dis. J’ai quelques dispositions à prendre, et après, je laisse la place. Histoire de quelques jours. Deux ou trois maximum.
-Je n’ai pas besoin de la place, elle est mariée.
-Et bien elle pourra divorcer, ce n’est pas un problème.
-Tu deviens méchante.
-Excuse-moi, j’apprends à penser différemment.
-Tu ne vas pas t’en aller comme ça ? Tu veux réellement me quitter ?
-Comme ça ou autrement, qu’est ce que ça change ?
-Tu fais partie intégralement de moi, si tu t’en vas, je ne pourrai plus vivre.
-Mais si, tu verras, ça se passera très bien, tu vivras avec Mme X et ça sera le grand amour. »
Je ne me reconnaissais pas à lui parler comme ça. Je ne voulais pas lui faire de reproches, mais j’utilisais les mots stupides, ceux qui font mal. Surtout que je n’avais rien prémédité. Le plaisir malsain de se détruire sans doute. Si je faisais partie intégrante de sa vie, c’était réciproque, et je ne sais pas comment je me passerai d’elle. Mais je le fis. Le lendemain, je ramenais une grande malle et j’y fourrais tout ce que je pouvais. Et je mis mes affaires courantes dans une valise.
« Je te demande de garder la malle quelques jours, le temps de me trouver un pied à terre. » Michèle ne répondit pas, je crois même qu’elle avait perdu la parole.
«Je voudrais bien voir ta nouvelle copine, histoire de voir ce qu’elle a de mieux que moi.
-Tu es odieuse.
-Oui, tu as raison, à vrai dire, je m’en fiche. »
Et c’est comme ça que l’on s’est quittées. Le lendemain j’ai cherché un studio, que j’ai trouvé tout de suite. Boulevard Montebello. J’ai acheté un clic-clac, un drap, une couette, et deux jours après je dormais chez moi, mais seule. Je suis retournée ensuite avec le break de Gustave, et j’ai emporté la malle et mon vélo, et j’ai laissé la clef dans la boîte aux lettres. Je travaillais toujours avec Gustave, je lui racontais mon histoire.
« Vous êtes con comme des mecs ! » ce fut son seul commentaire. J’aimais bien Gustave, il m’avait appris tant de chose, avec tellement de patience.  Et puis un jour je lui dis :
« Je ne resterai pas lesbienne toute ma vie. Je ne suis jamais sortie avec un garçon. Mais si ça devait m’arriver, j’aimerais que ce soit avec toi.
-Non seulement elle est conne, mais elle devient folle. Ecoute ma petite fille. Tes histoires de cul, je n’en ai rien à cirer. Ok ? Occupe-toi de tes fesses toute seule, et fous-moi la paix. J’ai soixante ans bientôt, je ne vais pas m‘emmerder avec une pisseuse qui ne sait pas ce qu’elle veut ! »
Je n’avais pas prévu une telle réaction, mais je sus tout de suite qu’il avait raison, et je n’en parlais plus. Le temps passa. Je pensais à Michèle et je regrettais. Je savais bien que tout était de ma faute. J’avais été stupide, ingrate et odieuse... Je travaillais plus pour m’occuper l’esprit.




Mais je sentais qu’il me faudrait une autre vie pour l’oublier.






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Ven 15 jun 2007 2 commentaires

Sans doute avais-tu besoin de maîtriser ta vie, de prendre réellement ton destin en main? Sinon, comment expliquer ton comportement destructeur de votre belle relation et ta réaction aussi impulsive de quitter Michèle que tu aimais tant? Vraiment, l'âme humaine est complexe. Nous avons besoin d'amour, de preuves de cet amour, mais aussi de liberté, d'aventures, de surprises et de grand large...

Ophélie Conan - le 18/05/2010 à 21h15

Je me suis souvent posée la question. C'est sûrement le refus d'un avenir ordinaire. J'avais vécu un rêve, et le rêve était fini. Je suis admirative de l'analyse que tu fais chapitre après chapitre. tu vas devenir ma psy préférée.

eve anne

Votre amour était si rare et merveilleux... comme il en existe peu sur Terre

Pourquoi l'avoir gâché et avoir été si cruelle envers votre aimée et vous-même?

J'avoue que votre rupture m'a fait pleurer...

(La peur d'être abandonnée vous a-t-elle poussée à la quitter?)

Merci Eve Anne pour votre récit si prenant, d'autant plus beau qu'il est vrai

Ondine - le 12/01/2013 à 23h58

Bonjour Ondine ! Je vois que tu t'es lancée dans le roman de ma jeunesse, tu as du courage, il y a plus de 60 chapitres. Mais c'est une biographie romancée qui relate les évènnements que j'ai vécus, avec sincérité. Je suis heureuse si j'ai réusii à transmettre les sentiments ressentis.
je t'embrasse et te souhaite un bon dimanche. 

eve anne