Le blog d'eve anne, Madrid.

                              

 

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XIV-Paranthèse
 

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Je t'aime, tant pis pour les autres!

eve anne

                                        Le lendemain, le régiment était rassemblé sur la place d’armes. Comme le Colonel me l’avait dit, il m’en laissa le commandement. Je savais que ça ne plaisait pas à tout le monde, mais qu’importe. Je lui présentai le régiment, et l’accompagnai pendant la revue. Arrivés devant la 13ème, il s’arrêta devant Marie-Noëlle, et lui remis sa promotion. Il salua, et termina la revue. Puis je rendis les ordres aux commandants de compagnie, et je quittais la place. Le Colonel me fit monter dans sa voiture, et il me reconduisit chez moi.
« Vous montez prendre un verre Colonel ? »
-Avec plaisir eve anne. » Je souris. Puis je passais devant. Arrivés dans l’appartement, il regarda tout avec attention, sortit sur le balcon, et admira le panorama. Pendant ce temps là j’étais dans la chambre en train de me changer. J’allais lui apparaître en civil, jupe courte noire et chemisier bleu nuit. Je n’avais aucun bijou. Je n’avais pas mis de soutien gorge, et insidieusement, j’avais oublié le bouton du haut.
« Je vous sers un whisky ?
-Avec plaisir et des glaçons. » J’étais tout à fait consciente en faisant le geste, de l’inviter à plonger le regard entre mes seins. Pour une fois, je pris la même chose. « Je suis certain que vous êtes triste, parce que vous aimiez passionnément votre travail.
-Oui, je ne m’en cache pas.
-Moi je le suis de vous perdre. Vous n’imaginez pas, le bonheur que c’était pour moi, d’arriver au camp, sachant que vous y étiez.
-C’est une déclaration Colonel ?
-Sûrement ! J’ai l’immense avantage d’être là, mais je connais bien des officiers qui voudraient être à ma place.
-N’exagérons pas, je passais pour une emmerdeuse. Je n’aurais fait monter personne d’autre.
-Vous êtes bien aimable de me le dire.
-Colonel, comme vous le savez, je suis amoureuse de Marie-No, et je n’ai aucune certitude de savoir me conduire avec un homme.
-Tout le monde est amoureux de Marie-No, c’est vraiment une très belle femme.
-Oui, bien plus jolie que moi, et les blondes sont toujours plus attirantes.
-Mais moi, C’est de vous que je suis amoureux.
-Je crois le savoir Colonel, depuis le début. Je vous dois tout.
-Non, tout ce que je vous ai accordé était mérité. Il n’y a pas eu de favoritisme.
-A votre santé Colonel !
-A votre santé eve anne. Pardonnez–moi, si je me suis déclaré inutilement.
-Aucune femme n’est insensible à une déclaration sincère. Sauf que je n’ai pas l’habitude. Je fais peur aux hommes. » Le Colonel me posa quantité de questions sur l’avenir qui serait le mien. Je n’étais pas sûre de pouvoir répondre à toutes ses questions. Puis il se leva pour prendre congé. Je l’accompagnai jusqu’à la porte. Au moment où il se saisit de la poignée, il marqua un temps d’arrêt puis se retourna. Il me prit la main et me tira doucement vers lui. Il me colla contre lui, et se pencha pour m’embrasser. Je fermai les yeux, je tremblais de partout. Il m’embrassa avec douceur. Je me concentrais sur mes sensations. Je ne me sentais pas si bien que ça, et déjà, je regrettais d’avoir cédé. Je sentis ses lèvres un peu piquantes. Mais je ne voulais pas le décevoir. Il me caressa la poitrine. Je préférais cela, et j’ouvris les yeux. Sa caresse était douce et agréable. Encouragé par l'absence de soutien gorge il déboutonna  et ouvrit les deux côtés du chemisier. Il contempla mes seins aux mamelons gonflés. Je ne bougeai plus, la tête me tournait un peu. L’alcool sûrement. Puis il se baissa doucement, et je vis son regard fasciné par le téton dressé qui me faisait mal. Il avança les lèvres, pour le saisir, je voulais prendre mon sein par le dessous, et le remonter pour le guider vers sa bouche. Mais ma main ne voulut pas m’obéir. Mes jambes se mirent à trembler très fort, et j’éclatai en larmes. Il fut surpris par ce brusque sanglot, et s’arrêta net. A Travers mes yeux troublés, je vis sur son visage, la déception remplacer le désir. J’eus honte de moi. J’étais dans l’inconnu, jamais pareille situation ne m’était arrivée. Je cachais mes seins avec mes avant-bras croisés, en balbutiant quelques mots que je ne maîtrisais pas vraiment :
« Pardonnez-moi,….Je ne suis pas prête,……Pas aujourd’hui… Pas ici… Je ne suis pas libre. Une autre fois, mais là, je ne peux pas, la tête me tourne, je ne me sens pas bien.
-Ce n’est rien, je comprends. Je ne voulais pas vous faire de mal. Mais vous êtes si belle, si désirable et je vous aime tant. Je me suis mal conduit. Je vous demande pardon. » Je ne me sentais vraiment pas bien. Mes jambes ne me supportaient plus. Et je commençais à avoir peur, peur qu’il profitât de la situation. Je crus bien que le moment était venu. Je m’écroulais ; il me retint juste à temps. Il n’abusa pas... Il me conduisit jusqu’au canapé où je me laissais aller sans forces. Il mit des glaçons dans la serviette, et me les passa sur le visage. Il remit les boutons de mon chemisier. Il prit une chaise à côté, et attendit que je reprenne mes sens. Cela demanda un bout de temps.
« Il faut que vous partiez, on va vous attendre.
-Oui, je vais vous laisser, je prendrai de vos nouvelles ce soir.
-N’en faites rien, demain plutôt. Marie-Noëlle ne doit rien savoir. Elle pourrait en mourir.
-Elle n’en saura rien. Remettez vous. Au revoir eve anne, je pense à vous.
-Au revoir Colonel ne m’en veuillez pas, oubliez moi plutôt…… » Il referma la porte derrière lui. Je me jetai sur le lit, et toutes les larmes qui me restaient encore inondèrent le couvre-lit. Je m’endormis. Quand je me réveillais, Marie-Noëlle était là, Assise sur le coin du lit, Il était passé 17 heures.
« Que t’arrive t-il mon chat ?
-Je me paye un cafard monstre.
-C’est au Colonel que tu as offert l’apéro ?
-Oui, juste avant midi.
-Et vous avez fait l’amour ?
-Non !
-Non ?
-Je crois que c’est ce qu’il aurait voulu. Je me suis laissé embrasser, comme une andouille, et tout de suite, j’ai eu comme un malaise, j’étais tétanisée, je me suis écroulée, Et il m’a portée sur le canapé. Il ne s’est rien passé de plus.
-C’est de ma faute. C’est moi qui aurais dû te reconduire.
-Il ne faut pas lui en vouloir, il a été correct, il n’a pas abusé de la situation. Je n’aurais pas dû boire de l’alcool ça ne me réussit jamais.
-Mais tu avais envie toi ?
-Je ne le sais vraiment pas.
-Je ne te reproche rien, ça peut nous arriver, surtout à nous, on n’est pas habituées, on ne sait pas s’y prendre, ni pour dire oui, ni pour dire non. Repose toi, je vais aller faire deux trois courses. Mais tu es sûre qu’il ne t’a pas touchée ? -J’en suis sûre. » Je finis par me lever, et allais me regarder dans la glace. J’avais une tête à faire peur. Je quittai mon chemisier froissé, et je regardais mes seins dans le miroir. Je les voyais comme il les avait vus. Si j’avais mis un soutien gorge, ça ne serait pas arrivé. J’aimais regarder mes seins, je les trouvais beaux, j’ai toujours su que mes seins étaient toute ma vie. Ma main fit naturellement le geste qu’elle n’avait pu faire quelque temps avant. Il ne les avait pas touchés. Il les avait regardés, admirés, désirés. Peut être a-t-il senti le parfum de la peau. Confinés dans leur nid, les seins sont bien plus parfumés que le reste du corps. J’étais partagée dans le souvenir de cet incident. Je ne savais pas si je me suis conduite honnêtement, ou s’il m’a prise pour une allumeuse. Et puis zut, j’ai fait ce que je pouvais, parce que, à l’évidence, je ne savais pas ce que je voulais. Marie-Noëlle était rentrée. Elle vint me rejoindre et se colla à mon dos. Elle prit un sein dans chaque main, ils étaient bien, dans le nid qui leur allait le mieux.
«Quelle jolie poitrine, pas étonnant que tous les mecs en bavent.
-Ils sont plus gros mais pas aussi attirants que les tiens. Je t’aime ma douce, je t’aime. J’espère que tu oublieras que je suis une conne.
-Tu n’es pas une conne. C’était le moment qui était mal choisi. Trop d’émotion à la fois. Un autre jour, tu aurais dit oui, ou non, mais tu n’aurais pas eu ce malaise.
-Je préfère ne pas l’avoir fait. Je n’aurais pas été heureuse.
-Parce que tu ne te sentais pas libre. Je ne veux pas t’empêcher de vivre. »
-Je vais me coucher, demain je vais à Paris.
-Je me couche aussi. » Je me blottis dans les bras de Marie-No. J’y trouvais un refuge idéal. Douceur, parfum, et ce corps adoré à caresser. Comment aurais-je pu me coller à un autre corps ? Pourtant, je sentais de plus en plus fort que notre couple était en sursis, et j’avais envie d’en pleurer. Ce n’était pas sa faute, et ce n’était pas la mienne. Mais comme avec Michèle, j’étais la première à avoir fait une connerie. Je savais que Marie-No m’avait échappée. C’était écrit ; peut être l’avais-je écrit moi-même. Je savais qu’elle allait tomber amoureuse du beau Jean-Marc. Et je n’arrivais pas à lui en vouloir. Je passais une mauvaise nuit. Réveils en sursauts, cauchemars, l’heure du lever arriva, alors que j’étais épuisée. Sans le vouloir, je réveillais Marie-No. Elle comprit tout de suite : « N’y va pas. Tu n’es pas en forme, il est inutile que tu rates tes débuts là bas. Tu es malade, ça peut arriver à tout le monde.
-Marie, je te jure que je n’ai pas fait l’amour avec le Colonel.
-Je te crois mon chat, mais tu ne peux aller à Paris dans cet état.» C’est vrai que rien que de me regarder dans la glace, j’avais des nausées. Je me recouchais, je n’avais pas la force de prendre ma douche. Je dormis une bonne partie de la matinée. Marie-Noëlle revint à l’heure de midi pour prendre de mes nouvelles. Je lui demandais ce que faisait Jean-Marc.
« Il est parti à Poitier. Je m’en fiche si c’est le but de ta question. Et pour l’instant, je n’ai pas envie de lui tomber dans les bras. Ça c’est pour la question d’après. Je suis toujours avec toi, et je vais te soigner. Prépare toi, j’ai appelé le médecin, il sera là d’une minute à l’autre.
-Le médecin, mais ce n’est pas nécessaire, je ne suis pas malade.
-C’est lui qui le dira, et si tu n’as rien, on fera la fête. » Le médecin arriva quelques instants plus tard. Il fit son examen sérieusement. « Vous n’êtes pas malade à proprement parler, mais vous souffrez d’une grande fatigue physique et morale. Vous avez eu une vie active, et là, la tension nerveuse est retombée. Il faut absolument prendre du repos, sinon, vous allez au devant de graves ennuis. » Marie-No s’approcha. « Je vais te redonner la pêche !
-Oui, c’est exactement ce dont elle a besoin. Quand commencez-vous à retravailler ?
-Aujourd’hui !
-On en reparlera dans un mois.
-Comment ?
-Un mois. Trente jours, je vous fais un arrêt de travail. » Marie-No était satisfaite. Elle était sûre que ce sursis serait profitable.
« Donne moi le numéro de ta boîte, je les appelle. » La réponse fut on ne peut plus encourageante.
« Qu’elle se repose le temps qu’il faudra, rien ne presse, nous attendrons. » Je restais donc à l’appartement. Je ne me reposais pas, je pensais sans arrêt à Marie-Noëlle, j’imaginais je ne sais quel scénario tordu, dans lequel elle rencontrerait Jean-Marc à mon insu. Marie-No était catastrophée. Elle proposa de demander sa mutation dans la première compagnie. Je protestais avec force.
« Alors que veux tu que je fasse ? » et elle se mit à pleurer. Ce sont ses larmes sans doute qui me prouvèrent la stupidité de ma conduite. J’étais en train de lui pourrir la vie avec mes conneries. Je le ressentis comme une douche froide. Je me réfugiais sur le balcon, et le regard perdu dans la canopée, je ne pensais plus à rien. Mon esprit tournait à toute vitesse, mais il tournait dans le vide. Le Colonel appela plusieurs fois. Je ne décrochais plus le téléphone. J’eus la visite de mon père. Il fut inquiet de me trouver dans cet état. Puis ce fut ma mère. Cela me mit en colère.
« Pourquoi pas ma sœur pendant que vous y êtes ? » Après une semaine, j’étais toujours aussi dépressive. Marie Noëlle prit le parti de faire comme si tout allait bien. Elle me demanda même d’aller faire les courses, et d’aller rencontrer le syndic pour une réparation du balcon. Je me forçais, mais je le fis. Et puis, ce n’était pas si terrible. Alors le lendemain, je me déguisais, je sortais le VTT, et je partis en balade. J’évitais le chemin du camp des Sablons, j’allais de l’autre côté, vers Pierrefonds. C’est très dur le VTT, et j’en bavais pour grimper les cotes. Mais cette sortie me fit un bien énorme. Je respirais mieux. Bien sûr, je n’avais rien oublié, je me rendais compte que tout cela n’avait rien de dramatique. Le Colonel voulait me baiser, je n’étais pas contre, mais j’ai eu peur, et Marie-No n’a pas encore envie de baiser avec Jean-Marc. Voilà, tout était remis dans l’ordre. Je sais que je baiserai avec le Colonel, et je sais que Marie-Noëlle baisera avec le Lieutenant. Aucune raison de se prendre la tête pour des histoires de cul. En attendant, ce soir, je dors avec Marie, et je lui fais l’amour. Les autres attendront. La normalité revint peu à peu. Je me levais de bonne humeur et j’allais faire mes deux heures de sport. Vélo ou footing. Je faisais le ménage, la cuisine, je repassais le linge, je servais Marie comme une princesse. Je ne demandais pas de nouvelles du Camp. Il fallait que je me mette dans la tête que l’armée, c’était de l’histoire ancienne. Je m‘étais tellement investie durant ce temps que je m’imaginais posséder quelque chose de l’armée. Il fallait bien admettre que je n’avais été qu’un numéro, et que maintenant c’était au numéro suivant. L’armée m’avait effacée. Je pensais qu’il serait mieux, pour moi, que ce soit moi qui effaçasse l’Armée. J’allais m’y employer. J’avais recommencé à décrocher le téléphone. Le Colonel n’appelait plus, déçu ou renseigné par Marie-Noëlle, je ne savais pas. Ce matin, c’était mon père au bout du fil. Il disait qu’un homme était venu à la maison, mais que ma mère n’avait pas compris ce qu’il avait dit. Il a laissé un papier avec un numéro de téléphone. J’étais intriguée, et j’attendais un moment avant de rappeler. Les évènements récents m’avaient appris qu’il valait mieux que je me prépare à ce qui devait suivre. J’appelais. C’était Christian, le garçon que j’avais rencontré au Buc, au stand de tir. Décidément, c’était la mode des Sous-lieutenants. Il était libéré depuis deux mois, il avait trouvé du travail, et il demandait à ce que l’on se revoie. Je n’avais aucune raison de refuser, et j’acceptais de le rencontrer le lendemain, au Saint Hubert, l’éternel bistro de la place Saint Jacques. Le soir, j’en parlais à Marie-No. J’ai vu que ça ne lui faisait pas plaisir, vu ce qui s’était passé, je comprenais qu’elle soit inquiète. Pour la dérider, je lui racontais l’épisode Marie-Catherine dans le camion. Je fis un nouveau flop. Mais je sus un moment après que Marie-Noëlle avait un souci. Enfin elle se décida :
« Je crois que je suis amoureuse de Jean-Marc.
-Ce n’est pas un scoop, je savais que ça allait venir.
-Surtout ne sois pas méchante, je ne me suis pas jetée sur lui. Mais là, je sens bien que je suis prête à faire une bêtise.
-Pourquoi une bêtise ? Une belle femme avec un beau garçon, ça fait un beau couple, et c’est comme ça depuis la nuit des temps.
-Je te sens bien détachée.
-Je ne vais pas te dire que j’en suis heureuse, mais je ne veux pas t’empêcher de vivre. Toi au moins tu sais ce que tu veux. De toute façon, j’avais écrit l’histoire avant même qu’il arrive.
-Tu avais si peu confiance en moi ?
- Pas du tout, ce n’était qu’un mauvais rêve.
-Tu me feras encore l’amour après ?
-Si tu en as encore envie.
-Ca t’ennuie si je le reçois ici ? Je n’aimerais pas le rencontrer dans la forêt comme une femme qui se cache de son mari.
-Bien sûr que non. Tu es ici chez toi. J’irai faire du vélo pendant ce temps là. Je passerai mes nerfs sur les pédales.
-De toute façon, tu as aussi un rendez vous galant, on sera quitte !
-Je ne sais pas s’il sera galant.
-Je te le souhaite de tout cœur, parce que je t’aime. Et je veux que tu te sentes bien dans ta peau.»
-Cela fait un bail que j’en ai perdu l’habitude.
-Tu ne devrais pas te sentir mal. Pour moi, rien n’est changé, je t’aime plus que tout. »



Même dans cette situation, je sentais que Marie-Noëlle était sincère.


   

 

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Ven 8 jun 2007 1 commentaire

Curieux malaise que ce malaise, mais c'est là sans doute le corps parle... pour exprimer probablement tes contradictions de l'époque... Je trouve ce chapitre admirablement et finement bien senti. Et j'y apprécie également ce petit couplet sur tes seins qui feraient ta fierté, ce que je comprends fort bien. Je les embrasse. Ophélie.

Ophélie Conan - le 25/05/2010 à 23h47

Pas si curieux que ça, mais j'aurais pu le prévoir. Cela n'aurait été que par reconnaissance, et je ne marche pas comme ça.
J'ai lu ton texte sur les seins, et je sais aussi fondre de plaisir devant un 85 B. Ce qui compte c'est la façon de les offrir. Bonne journée ma douce. 

eve anne