Le blog d'eve anne, Madrid.

Le Coupe Chou.

5ème Partie.

Altitudes

         Cest à Cordon bien sûr que j’avais réservé la chambre, face au Mont Blanc, et l’accueil fut ici aussi sincèrement chaleureux. « Tu viens souvent ici ?- me demanda-t-elle -à chaque fois que je suis avec quelqu’un que j’aime » répondis-je. Après une soirée passée auprès de la cheminée, les joues rouges de la chaleur du feu de bois,Lioubov goûta avec délice le cocktail maison, servi par Patrick l’éternel barman du Chamois d’or.   Le lendemain, on se prépara pour une petite randonnée au mont d’Arbois, il y avait encore beaucoup de neige, des touristes à la pelle, bruyants et colorés, j’avoue que tout cela manquait un peu d’intimité, mais c’était vivant. Le soir, direction Chamonix, et petit repas à la Calèche avant de reprendre la descente .Il faisait un froid vif, je me serrais contre elle, je voulais être au plus près, sentir sa chaleur, son parfum, il me semblait maintenant qu’elle faisait partie entièrement de ma vie. Le lendemain balade à Megève .

Et le soir nous allâmes dîner à la Braconne, superbe restaurant de Sallanches dont je connaissais bien l’hôtesse. Je savais que Corinne aimait les femmes et quand elle aperçut Lioubov je sus tout de suite qu’elle lui plaisait ! Elle était heureuse de me revoir, et elle paraissait réellement sincère en me le disant.

Lioubov la regardait , c’est vrai qu’elle était originale, pas très jeune mais très belle encore, elle ne craignait pas de se passer de soutien gorge avec un chemisier quasi transparent, qui laissait voir les aréoles foncées. On apercevait aussi très nettement le tatouage qu’elle portait à l’épaule et qui représentait une femme nue. Lioubov voulut savoir comment je l’avais connue, je fus obligée, cette fois, de dévoiler un petit peu de ma vie. Nul doute qu’entre ces deux femmes, il était passé quelque chose ce soir là. Je n’en conçus aucune jalousie, c’est un sentiment que je ne connais pas. « Elle te plait ? -Oui » me répondit elle- franchement, elle a un charme La soirée se prolongea un peu, il n’y avait pas grand monde, quelques hommes bruyants, quelques couples amoureux, quelques un désappariés…Mais il y avait une ambiance : le décor impressionnant, la chaleur du feu, l’élégance naturelle de Corinne. Pour nous deux, le charme continuait, les regards qui ne se lâchaient pas, les doigts de la main qui se trouvaient toujours, les sourires  discrets .Nous parlions à voix basse, cela renforçait encore l’intimité du moment. Lorsqu’on quitta La Braconne, en m’embrassant, Corinne me glissa à l’oreille : « Elle est très belle, je t’envie » je souris en l’embrassant ! Pour un peu elle l’aurait bien draguée !

Dernière Nuit au Chamois d’or, demain il allait falloir reprendre la route, j’espérais savoir faire semblant et ne pas gâcher les heures du retour.

Et c’est comme cela que l’on s’est retrouvées attablées pour midi dans un " petit " restaurant au bord du torrent, sous les arcades de la vieille ville! Nappe rouge, et bougie allumée, Badoit au menu, soyons raisonnable.. On se dirigea vers la voiture garée sur le parking de la Mairie. Lioubov me prit les deux mains. Elle allait m’embrasser, j’étais heureuse…..Mais elle me dit : « Je viens de passer des heures et des jours merveilleux  avec toi, je ne saurais jamais comment t’en remercier, et je n’oublierai pas une seule des secondes de notre rencontre, je n’ai jamais été aussi heureuse. Mais là, maintenant, il faut s’arrêter. Tu vas rentrer toute seule à Paris, moi je rentrerai chez moi aussi. Les adieux seront plus simples comme ça, crois moi, eve anne, je t’expliquerai, mais pas maintenant ! ne sois pas triste, c’est toi qui m’as redonné la joie. » Au fur et à mesure qu’elle parlait je sentais le froid m’envahir, il y avait un petit vent frais qui venait du lac, je sentais mes lèvres se figer, ma gorge se nouer, et tout à coup je ne vis plus rien, les yeux embués de larmes, je n’entendais plus ses paroles .Elle me prit les clefs des mains, ouvrit le coffre, sortit sa valise et son sac, referma le coffre, et me rendit les clefs. Elle embrassa mes lèvres et partit, à pied, de la démarche cassée des femmes qui ont les fesses trop hautes .Je la regardais s’éloigner traînant sa valise à roulettes. Je voulais la voir de dos, et bien voilà, je la voyais…Je ne pleurais plus, je la regardais quitter ma vie, je la regardais disparaître de mon présent, de mon futur, et je me demandais subitement comment la vie allait vivre sans elle. Je la vis monter dans le bus, au coin de l’avenue. Où allait elle ? Loin de moi, tout simplement…Adieu Lioubov, porque te vas ?…….C’est juste avant de geler sur place que je repris la voiture, Comment ai- je retrouvé la sortie de la ville ? Comment même suis je revenue ? Je ne sais pas. Conduite machinale, conduite automatique, mes yeux redevinrent secs, mais je sentais des douleurs dans la nuque et dans les mâchoires, tant j’avais serré les dents pour ne pas hurler !

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Jeu 6 sep 2007 Aucun commentaire