Le blog d'eve anne, Madrid.

Le Coupe Chou.

3ème Partie.

Lioubov.

 Il faut connaître : l’entrée est discrète dans cette petite rue du tout vieux Paris, mais quel plaisir dès l’entrée de l’établissement, nous sommes toujours aimablement reçues par le maître des lieux. C’est un restaurant élégant,  au flanc de la montagne Sainte Geneviève, près du Collège de France, de la Sorbonne et de la Contrescarpe, il a pour cadre ces maisons anciennes du Vieux Paris dont on aime se rappeler l'histoire. Vous pénétrez dans la salle de l'Abbé Certain, tables rondes, haute cheminée de pierre, sol pavé de grès aux teintes sourdes vous accueillent dans la chaleur de son atmosphère du XVIIème siècle.

De la musique classique vous plonge définitivement dans le temps. Un escalier, à balustres de bois tourné Louis XIII, vous mène à l'étage et c'est une charmante salle à manger aux murs patinés de vert sombre où se dessine l'ancienne ossature à pans de bois. Quelques marches, voici la Conciergerie, salon aux profonds fauteuils de velours, bergères et petits guéridons, vous venez prendre l’apéritif en croquant des feuilletés chauds, vous commandez et passez à table quand c’est prêt ! Puis vous accédez dans la salle du barbier qui a conservé ses tommettes, sa cheminée, ses poutres, ses colombages... Trois marches, une porte, et vous êtes dans la bibliothèque où le couvert vous attend, vous traversez une salle à manger boisée aux gravures anglaises où un joli feu de bois crépite ensuite vous accédez au jardin d'hiver

Notre Dame, la Seine, la Contrescarpe, le quartier latin, la rue Mouffetard, le Panthéon sont les témoins de notre histoire, que le Coupe Chou sait si bien, le temps d’une soirée inoubliable, nous faire revivre. Le maître d'hôtel nous conduisit vers une table dont il savait qu’elle était ma préférée, celle d’où l’on peut (mater) à loisir dans la salle. En apéritif, je fis un effort en acceptant un Kir, et Lioubov commanda un Noilly, visiblement elle avait hérité certains dons de la mère Russie ! Le patron apporta les verres et prit la commande. Le Noilly de Lioubov était servi dans un petit verre et dessus une cerise confite était traversée d’une pique en bois, c’était tentant. Je regardais la jeune femme en face de moi, que deux heures avant je ne connaissais pas, je sentais son genoux contre le mien, sa main avait pris ma main sur la table, et deux grosses larmes coulaient sur ses joues .Intriguée, je lui demandait ce qui n’allait pas : « Ce sont des larmes de joie, je suis arrivée à Paris seule et triste, et là je suis maintenant la plus heureuse ! « Je la regardais, ou plutôt je la dévorais des yeux. La finesse de ses traits et son sourire éclatant, sa mèche rebelle et son regard vif me fascinaient. Elle semblait à l’aise, ses gestes étaient élégants, on sentait une maîtrise du savoir vivre, J’avais très envie de ses lèvres fines et de caresser le velours de son visage .Peut être recevait elle mes ondes, elle faisait la belle, la séduction était un art qu’elle exerçait à la perfection. Le repas fut de qualité comme toujours ici, et l’on prit congé presque à regret. « Tu es garée loin ? -Assez oui, mais nous allons marcher ! » Christian fit un geste à l’un des employés, qui nous invita à monter dans  la voiture garée devant la porte. Pendant le court trajet, elle me prit la main, et murmura « Merci eve anne, je n’oublierai jamais le Coupe-chou… »Et elle me déposa un petit baiser sur la tempe .La voiture ralentit et s’arrêta devant la nôtre ! Les rues ne sont plus sûres le soir….. Quelle délicatesse ! Lioubov s’endormit  dès la sortie de Paris, et ne vit rien de la route. Je conduisis avec douceur, et je jetais de temps à autre un regard vers  son profil éclairé des lueurs de la nuit. Quand je la réveillais d’une caresse nous étions dans le parking de mon immeuble. Bagages, ascenseur, clefs, lumière ; « Entre c’est tout droit ». Il faisait doux dans « ma maison », je faisais toujours tout pour éprouver du plaisir à rentrer chez moi. Rangement, ménage, parfum, fleurs. Lioubov le remarqua tout de suite. Ses compliments me firent vraiment plaisir .Je lui montrai les lieux, lui proposai la chambre de ma fille, cela la fit sourire ; « c’est charmant dit-elle, ta fille est une princesse !» « La salle de bain, Et voilà ma chambre ! » -Mais c’est un lit pour trois ? -Non !deux à la rigueur, mais une le plus souvent !, je te laisse la salle de bain, j’ai deux trois choses à ranger ! Une coupe de champagne ça te dirait ? » J’avais déjà compris que ce genre de proposition ne pouvait que lui plaire. Les deux trois trucs c’était un seau à glace, une bouteille et deux flûtes, que je déposais sur la table de nuit de ma chambre, pendant que la douche déversait des torrents de vapeur. Quand elle sortit de la salle de bain, je la vis fermer le peignoir blanc, j’aperçus sa poitrine l’espace d’une seconde, cela suffit à me faire  un petit battement de cœur supplémentaire. Je pris possession de la douche, savourais quelques instants ce ruissellement brûlant sur mon visage, les yeux fermés sous la pression, mais illuminés intérieurement de son image, tout mon corps était tendu vers elle, dans un état second, mais dans un bonheur intense .Logiquement, si le bon Dieu l’avait voulu, je serais rentrée seule et triste, j’aurai trouvé l’appart trop grand et la douche trop froide, et j’aurais cherché dans le sommeil à être persuadée que ma fille était heureuse. Mais lui, de là-haut avait choisi pour moi une autre voie, me faisait un clin d’œil, et me disait :  « Tiens,cadeau » Je sortis de la douche et me séchais dans le peignoir jumeau, je passais devant sa porte fermée, elle devait déjà dormir, la journée avait été longue et sûrement épuisante pour elle. Je m’aperçus que je ne savais même pas d’où elle venait ……… J’entrais dans ma chambre en ouvrant le peignoir, prête à me jeter sous le drap, moi aussi j’étais épuisée. Le lit était occupé, Lioubov s’était glissée là, elle avait les yeux fermés, peut être était elle déjà endormie. Je soulevais le drap, elle était nue, sa peau me parut plus foncée. Je me glissais doucement à son coté, et laissais la lumière diffuser des ombres sur ses formes. Elle fit un léger mouvement pour me faire comprendre qu’elle ne dormait pas. Sans un mot, je me lovais contre son corps .Je retrouvai là, une sensation presque oubliée. Un corps de femme doux et sensuel, une peau soyeuse et parfumée. Un corps souple et velouté, une liane vivante se déployant et se collant à mon corps, une main sur ma hanche, des lèvres cherchant les miennes, une bouche sur mon sein je me sentis aspirée, dévorée, bue, je me laissais portée dans un courant de plaisir, c’était trop vite trop fort, c’était des années d’attente, l’attente d’une vie, il me semblait que déjà j’avais changé de monde, et mes gestes, mes mots mes envies ne m’obéissaient plus. Sans m’en rendre compte, j’avais une vie sur moi, qui m’immobilisait totalement, des dizaines de bouches qui me dévoraient, des mains par centaines et des lèvres et des langues qui me caressaient qui me pénétraient ; j’étais perdue dans un mouvement de  flamme et je me consumais sous sa passion violente. Plusieurs fois je mourus de plaisir, plusieurs fois je crus m’évanouir, mais peut être l’étais-je déjà, et peut être que tout cela n’existait que dans le monde secret du rêve. Quand elle fut épuisée de sa folle cavale, je me pris à désirer son corps, à le faire vivre de passions violentes….Nos folies durèrent des heures, la violence de nos amours nous laissa sans forces, épuisées, trempées, le souffle court, aux limites de l’asphyxie, les yeux tirés,les lèvres gonflées, les cheveux emmêlés, les sexes irrités,douloureux ….  Laquelle des deux s’endormit la première ? Ou était-ce l’effet d’un coma «  idyllique » ?

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Sam 8 sep 2007 Aucun commentaire