Le blog d'eve anne, Madrid.
Soledad..
C’est comme ça, ça a toujours été comme ça, Kaela décide, Jane exécute. « Tout le monde » c’est un couple d’amis qu’elles ont en commun. Le jour dit, très tôt le matin à Roissy, après l’incontournable retard, les passagers sortaient un à un par la petite porte des douanes, cela durait depuis près d’une heure, et tout à coup, Jane eut le choc de sa vie, son regard croisa le regard d’une grande fille mince, à la longue chevelure noire, qui poussait difficilement un chariot à bagages qui paraissait horriblement chargé. Il n’y eut aucune hésitation de part et d’autre, elles se sont vues, reconnues, approchées, embrassées comme deux sœurs, et se sont mêlées à la foule des voyageurs. Et c’est comme ça que deux femmes du bout du monde, qui n’avaient aucune raison de se rencontrer une semaine auparavant se sont vues réunies, papotant dés la première minute comme de vieilles amies. Jane était très impressionnée par la beauté de ce jeune mannequin. Elle était plus grande qu ‘elle, 1. 75m peut être plus, et le reste conforme aux canons de la beauté. Une beauté métis, très foncée de peau, des yeux noirs, des cheveux noirs, belle, souriante, un sourire éclatant, une beauté lumineuse. Les deux femmes ne passaient pas inaperçues dans le hall de l’aéroport. Elle préféra venir habiter chez Jane plutôt que d’aller à l’hôtel pour un moment seulement disait elle. Elle aurait tout le temps de visiter Paris. C’était la première fois qu’elle venait en Europe .Le temps passait , Jane l’avait accompagnée pour toutes ses démarches, mais en fait elle parlait à peu près l’anglais, et s’en sortait finalement très bien . Jane eut souvent l’idée qu’en fait, Kaela lui avait envoyé un beau « cadeau », c’était bien dans le style du personnage. Au mois de Juin Jane avait prévu de partir en vacances une semaine ou deux, avant les grandes foules. Elle proposa à Kiss de l’accompagner, Elles partirent toutes les trois par avion en Corse, et prirent des chambres à l’hôtel Napoléon à Ajaccio, (ça ne s’invente pas.) Jane loua une 205 rouge, et commencèrent de magnifiques excursions. La première, ce fut le golfe de Propiano, au sud d’Ajaccio, Plage magnifique, absolument déserte, des rochers à gauche, une anse de sable à droite, une paillote abandonnée. Jane savait, pour bien connaître le lieu, que la baignade y était dangereuse à cause de violents courants. Elle se déshabillèrent sous un soleil déjà très chaud et s’allongèrent sur la plage, topless, Jane avait gardé le slip, n’avait pas « osé » le nu intégral. Les femmes sont bavardes, au lieu de se faire une petite bronzette tranquille, elles se parlaient doucement. Kiss était sur le dos et Jane toute proche appuyée sur un coude la regardait. Machinalement, elle avait pris du sable dans sa main et le laissait couler tel un sablier entre ses doigts. Et puis sans réellement y penser elle fit le geste de tous les amoureux à la plage, elle fit couler le sable sur la poitrine de Kiss, tout doucement, observant le sable ruisseler sur cette forme douce, en un jet soyeux, qui se divisait en deux à la rencontre du téton dressé. Kiss souriait et laissait faire, amusée, Derrière ses lunette noire elle regardait Jane et subitement décida qu’elle était attirante, eut envie de ses lèvres. Ce fut le premier baiser. Bientôt suivi par un autre, puis il y eut quelques caresses timides au début plus appuyées ensuite. Jane se redressa brusquement, Axelle ? La petite fille s’était éloignée d’une dizaine de mètres et discutait sans complexe avec un gamin de son âge, un petit garçon à la peau noire et aux cheveux crépus. Pas très loin, le père du gamin creusait le sable de ses mains. C’est comme ça sur toutes les plages du monde les papas creusent le sable ! Les papas font des trous dans le sable ! L’homme était nu, la musculature finement ciselée, aucun complexe à exhiber sa virilité.
C’était un beau mec. Jane appela Axelle, l’homme s’approcha rassurant, « ne craignez rien je ne la quitte pas des yeux », en fait la petite fille avait trouvé un copain, rien d’autre ne l’intéressait plus. L’homme s’était approché et reluquait du coté de Kiss, sans ménagement, visiblement admiratif. Un peu après c’était un groupe de trois adultes et deux enfants qui s’éclaboussaient dans l’eau fraîche épouvantablement salée. Les femmes s’étaient mises nues sur le coup de midi, ils partagèrent leur pique-nique. Pendant le repas l’homme raconta que sa femme l’avait plaqué sur une aire d’autoroute, près de Lyon, elle était repartie en stop ! L’histoire, traduite à Kiss déclencha le fou rire. Les autres jours, elles visitèrent Sartène, Bonifacio au sud, firent une excursion en Sardaigne à Santa Térésa, achetèrent une paire de « zoccolis » ces mules à semelle de bois qui font un bruit épouvantable sur le carrelage de la Rambla ! Elles remontèrent par Zonza, la forêt le l’Ospédale, Les aiguilles de Bavella, elles firent demi tour pour rentrer à Ajaccio. Tous les jours il y eut une nouvelle destination. Vizzavona Corte. L’escalade du Monte d’Oro leur causa quelques douleurs (ça grimpe !) Du haut de la montagne on découvre la mer tout autour, Par temps clair, le regard porte jusqu’à l’île d’Elbe. Elles visitèrent Porto Calacuccia l’Ile-Rousse Calvi Bastia, et bien d’autres sites. Cela aurait pu durer des semaines, des mois. Elles ne revirent Jamais l’homme noir et son petit garçon. Le dernier jour, plus de 205, volée, envolée, disparue. Quelques heures gâchées en formalités C’est en vélo de location qu’elles visitèrent Porticcio et les îles sanguinaires.
C’est à ces premières amours que repensait Jane allongée sur son canapé, elle revivait ces instants avec une indicible tendresse. L’émission de télé avait changé depuis longtemps. Kiss était partie, Kiss allait malgré tout changer la vie. Rien ne serait plus comme avant. A cette heure ci, elle devait déjà être dans l’avion, direction Milan. Jane aurait été tentée de suivre Kiss, Si elle avait choisi d’aller à Madrid, ou en Amérique du sud . . . . . . Mais la capitale de la mode, la capitale du bon goût de l’esthétisme, la capitale de la beauté c’est aujourd’hui incontestablement Milan! Elle avait donc choisi Milan. Porque te vas? Buena suerte guapita ! Il reste la solitude. La solitude est un plat qui se mange seul La solitude est difficile à vivre, Jane le savait, Jane la craignait, La solitude fait peur. La solitude est une sorte de tare: elle a un subtil parfum de tristesse, quelque chose qui n'attire, ni n'intéresse personne, et on en a un peu honte( Elizabeth Badinter.) Il reste le travail, heureusement, et toutes ces choses à faire , laissées à l’état de projets faute de temps et de disponibilité d’esprit . Il reste les associations délaissées quelque peu Il reste le soleil, le ciel bleu, la forêt qu’elle aimait découvrir, Il reste une jolie petite fille à élever, et toutes ces choses à lui apprendre, et lui dire. . . . Elle appela Axelle, « Viens, viens me faire un câlin . . . . . . . . . »
Ven 31 aoû 2007
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