Le blog d'eve anne, Madrid.

L'Infirmière d'Ambazac

 Nouvelle imaginée par eve anne,

Les photos de Ghylaine et de Laurence sont de Rafael KALETKA

Troisième  partie

 

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 3

 

 

 



















« Je ne t'ai pas dit grand-chose sur moi, et l'autre jour, je ne t'ai pas dit toute la vérité. C'est au sujet de la maison, je ne l'ai pas achetée. Elle appartenait à l'un de mes clients, un monsieur de cinquante ans, à qui je faisais une perfusion tous les matins.
 


Je le trouvais sympathique, et très cultivé. Quand j’arrivais chez lui, dans cette grande maison, il m’attendait sur le perron, toujours impeccablement vêtu. J’aimais bien ce Monsieur. Je le charriais un peu en lui conseillant de prendre une épouse, c’est vrai, dans une si grande maison ! Il me répondait toujours, "en ce moment je ne me dispute avec personne", mais j’y songerai… Un de ces matins Il me demanda à brûle pour point : » et si vous vous mettiez nue pour faire votre métier ? Sauf les bas bien sûr ! Et moi, croyant à une grosse farce je répondis du tac au tac: et bien ça vous coûterait mille balles en espèces ! Marché conclu déclara t il aussitôt. Et puis, je n’ai pas les espèces sur moi mais vous les aurez demain vous pouvez me faire confiance. Alors ? Ok ! Et je commençais mon strip devant son regard visiblement intéressé. Je ne gardais que mes bas et mes talons. Magnifique dit il, voilà un capital joliment placé ! Et après m’être lavé les mains je plaçais la perfusion, sans complexes penchée sur lui, je constatais que je lui faisais un certain effet. Voilà dis-je ça vous va ? Je double la somme si vous me laissez vous toucher. J’hésitai une fraction de seconde, et j’acceptai. Il alla mettre un disque de musique douce, je m’allongeais sur le lit et il s’assit à coté de moi. Il commença par le visage, avec une douceur inattendue, puis le cou, le dos, les fesses, le ventre et enfin les seins. Tout cela avec la perf qui n'avait pas l'air de le gêner. Je ne pouvais dissimuler mon trouble, j’avais la chair de poule, ses caresses me mettaient dans tous mes états. Il s’en aperçut bien sûr, et quelques instants plus tard, il me dit : Je triple la somme si vous vous caressez jusqu’à l’orgasme. Je ne répondis pas, mais j’en avais tellement envie que je commençais immédiatement. Je fis durer le plaisir le plus longtemps que je pus, et j’explosai enfin sans retenue. Quand je quittai la maison, j’étais très en retard pour mes rendez vous suivants. Toute à mes pensées, trois mille francs en moins d’une heure, c’est ce que je gagne en une semaine ! »
« Et les autres jours il a recommencé ? » demanda Laurence.
Le lendemain il m’a remis une enveloppe avec les billets, je l’ai prise et mise dans mon sac. On est resté deux semaines avant de recommencer, et pour une fellation il m’a offert 5000 francs. J’ai accepté. La semaine suivante il m’a offert 10000 francs pour la totale. En quatre heures de temps j’avais gagné 18000 francs. Il avait fait de moi une pute en peu de temps, et je ne regrettais rien !

Une semaine se passa, Et la question cette fois fut différente. Voulez vous m’épouser ? Je croyais encore à une farce, mais ce n’en était pas une. La proposition était sérieuse. Vous êtes la plus belle femme que je n’ai jamais rencontrée, et si un jour je devais recevoir un sentiment de votre part, je serais le plus heureux des hommes. L’idiot pensé-je, même pour rien, je lui ferais quand même ! Il m’expliqua qu’il était veuf, qu’il n’avait pas de succession directe, et que si je voulais vivre honnêtement avec lui, je n’aurais jamais à le regretter. Honnêtement je dois vous dire que je préfère les femmes, et l’aventure que nous avons ensemble est tout à fait exceptionnelle. J’en conviens dit il, mais une lesbienne comme vous, vaut qu’on se penche sur sa personne... Je l’ai épousé, et il a tenu promesse en me désignant comme héritière d’une partie de ses biens tous frais de succession payés d’avance.

   

                       Il avait le double de mon âge, mais nous vécûmes deux ans d’une parfaite complicité. Et puis ce fut l’horrible accident sur l’autoroute où sa voiture fut écrasée entre deux camions dans un carambolage. J’ai hérité de la propriété, des gens qui y travaillaient, et d’une coquette somme d’argent. Me retrouvant seule, j’ai repris mon travail d’infirmière.  « Tu n’es pas obligée de me raconter tous tes secrets » déclara Laurence. La femme que j’aime est celle que j’ai devant moi, Ton passé a visiblement été riche en évènements, Mais je ne veux pas m’immiscer dans ta vie à ce point.»

« Détrompe-toi, quand on aime quelqu’un, on est obligé de l’aimer depuis la première minute de sa vie. Imagine ce que serait l’amour, si le passé de l’autre était horrible. » Laurence en convint. « Et puis je suis bien avec toi, je ne veux rien te cacher, et le progrès aidant, je pourrai peut être t’épouser bientôt, et pourquoi pas te faire un enfant ? » « Ojala » dit Laurence en souriant retrouvant soudain ses racines. En cet instant, elle se sentait vraiment très proche de Ghylaine, et son contact faisait partie intégrante de sa vie. « Rentrons, il commence à faire froid. » Ce faisant, elles firent fuir une nuée de gamins qui s’étaient installés sur le rocher au dessus et qui les mataient sans retenue.

 

 

  Le lendemain, elles se rendirent à Saint Malo, juste en face, de l’autre côté de la Rance. Après avoir erré longtemps pour garer la voiture, elles s’engouffrèrent dans les rues piétonnes grouillantes de monde, et elles se dirigèrent vers les remparts de la ville. Les remparts de Saint Malo ont toujours le même effet de découverte, même si on les connaît depuis longtemps. La mer, le vent du large, nulle part ailleurs on ne peut être aussi proche de l’aventure hauturière. On s’assoit sur un muret ou on chevauche un canon, on plante le regard dans l’immensité bleue, le visage fouetté par le vent, et l’on comprend alors que cette ville ait suscité autant de vocations de marins. C’est repues de soleil et de vent qu’elles prirent le chemin du retour. Bien sûr, la traversée de la Rance était fermée, il leur fallut attendre de longues minutes avant de pouvoir passer.Le soir venu le parfum des peaux bronzées, mêlé de sel et d’iode eut un effet instantané sur la libido des jeunes femmes.

C’est vrai que les corps bronzés repus de soleil et de vent, sans la moindre trace blanche, étaient véritablement superbes.        Curieusement, elles avaient la même couleur de peau, et le soleil leur donnait cette beauté ambrée tant recherchée par les adeptes de la bronzette. Pour un tel résultat, elles ne portaient aucun vêtement à bretelles, aucun bijou, pas de lunettes de soleil qui les auraient fait ressembler à des chouettes écarquillées. Les visages animés de rires, de regards étincelants de bonheur, les cheveux au vent, tout était propice à l’amour, à l’intimité, aux confidences. Et Ghylaine reprit le cours de son récit : 
« Je reprenais donc mon travail d’infirmière, et récupérai rapidement ma clientèle. Mais au bout du premier mois, ayant décompté tous mes frais professionnels il ne me restait à peine 1800 euros, et s’il me restait d’autres moyens d’existence, cela ne me plaisait pas.

               

 Je repensais à la façon dont j’avais gagné de l’argent facilement avec celui qui allait devenir mon mari,et qui m’a épousée sans jamais me traiter de pute. Je réfléchis vite à la façon dont j’allais organiser mon temps. Il fallait que je fasse en sorte de « rendre service » à mes clients et qu’ils soient eux-mêmes les demandeurs.Dans ma clientèle, il y avait de tous les âges, de tous les milieux. Les seuls points communs entre tous ces gens, la libido, le désir, le sexe, les fantasmes. A des degrés divers, bien sûr ! Je décidais alors de ma future stratégie. Ne rien refuser, mais faire payer le juste prix. Ne prendre aucun risque, susciter l’envie sans racoler outrageusement. Mais toujours rester maître de la situation. Pour cela, j’adopterai une présentation plus sexy, que je puisse retirer en quelques secondes, sachant pertinemment que de m’offrir à la vue, signifiait ipso facto ma disponibilité. J’adoptais la chemise ouverte et la jupe kilt, je bannissais le soutien gorge et le slip. Les résultats ont été plus rapides que prévus. Mon premier client, reluquant mes seins dans ma chemise ouverte, me demanda si je pouvais lui faire des injections salines. Bien que je trouvais cette pratique stupide, je lui fis régulièrement ce qu’il me demandait, moyennant un prix qu’il ne discuta pas. D’autres me demandèrent de leur apprendre l’utilisation des générateurs d’impulsions électriques. Je faisais en sorte de leur procurer le matériel, qu’ils n’osaient pas acheter eux-mêmes. Ainsi je fournis également le Viagra, les lavements, et tous ces accessoires dont les gens ont envie et qu’ils n’osent pas se procurer. Je mettais en relation des gens, des hommes avec des hommes, des femmes avec des femmes , ou des relations hétéros. Je ne sais pas pourquoi, Ils me faisaient confiance. Certains se contentaient de me voir nue, d’autres voulaient me caresser, certains aller jusqu’aux rapports physiques. Ce que je constatais, c’est que plus de la moitié de mes clients me faisaient faire des extras non remboursables par la sécu, et me payaient très cher. Aucun d’eux ne m’a jamais rien reproché. Beaucoup de couples également, des jeunes qui voulaient simplement partouzer, des plus âgés qui voulaient s’exhiber. Des jeunes hommes qui voulaient faire avec moi ce que leurs épouses refusaient de faire. Je faisais aussi des piqûres sensées redonner de la virilité au monsieur pour satisfaire madame. Bien souvent j’assistais à l’acte au cas où il y aurait un problème cardiaque. Une fois, alors que tout semblait bien se passer, la femme s’arrêta et me dit : « Viens, prends ma place, je suis fatiguée. »
Et quelques fois, une simple prise de sang  se terminait en levrette. J’ai aussi entraîné d’autre infirmières à pratiquer les mêmes thérapies. Ainsi, j’ai constitué une sorte de réseau d’infirmières très "dévouées", qui allaient de Bellac à St Yrieix la Perche, en passant par un bout de la Creuse. Ainsi, nous pouvions nous remplacer l’une l’autre. »
Laurence était interloquée d’entendre toutes ces choses. Elle ne pensait jamais à ces choses-là, Ces déviations du plaisir, ces pratiques particulières. « Et cela te rapporte beaucoup ?
—De 10 à 13000 euros par mois, toujours en espèces. Je les dépose dans une banque du Luxembourg, ce qui me permet d’embrasser mon amie sur le chemin à Compiègne ! » Si tu veux, je t’emmènerai avec moi quelques fois, je te ferai passer pour une jeune infirmière stagiaire… » Ghylaine ne tarissait plus de détails sur ce qu’était sa vie, son métier, son travail comme elle disait, persuadée qu’elle faisait le bien, qu’elle rendait service à ces clients en leur apportant quelques petits bonheurs qui manquaient cruellement à leurs existences.

 

 

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Dim 26 aoû 2007 Aucun commentaire