Le blog d'eve anne, Madrid.




 La Massane VI



Lucile était de celles qui vivent de l’instant sans se mettre martel en tête. Elle invita la jolie blonde le soir même au seul restaurant possible de la station. "La Salamandre".L’accueil encourageant de la patronne au large décolleté était de bon augure. Elle s furent placées à l’étage. la serveuse discrète, et discrètement jolie, lançait par moment des regards curieux à ces deux femmes qui discutaient à voix basse en se tenant la main. La fenêtre ouverte donnait un peu de fraîcheur après les 35° de l’après midi. Tout à coup un vacarme infernal vint troubler l’intimité de la rencontre. « C’est un concert sur la place » nous renseigna la serveuse avec un sourire désolé. Qu’importe, on ne s’entendait plus, le charme était rompu, ce concert de bruit inattendu avait brisé une relation naissante. Sur la place quelle ne fut pas ma surprise de constater que tout ce vacarme n’était fait que par deux gugusses disposant d’un matériel électronique très puissant. Perchés sur une estrade, ils étaient abrités sous une bâche piteusement décorée de lampions. C’était le mercredi soir. Lucile sentait monter en elle une colère sourde. Elle prit place en face des faiseurs de bruit à la terrasse du bistro, et imagina sa vengeance.

 

Et subitement, le vent se leva. Pas une petite tramontane classique, mais un véritable typhon qui emporta la bâche en quelques secondes. Et la pluie arriva, violente, puissante, inondant la place en un rien de temps. L’estrade s’effondra, l’électronique fut détruite, et le calme revint. Lucile fut assez satisfaite que les éléments aient obéi à ses vœux ! Pure coïncidence sans doute.

Jeudi soir, après avoir passé la journée à rechercher son amie, elle se coucha de bonne heure. Elle fut réveillée presque tout se suite par un vacarme encore plus fort que la veille. C’était un concert techno au camping voisin. Elle se leva et s’y rendit à pied. On ne sait pourquoi, un court circuit mit les instruments hors d’usage, et la stéréo qui fut installée en secours vola en éclats dans la minute.

Puis le lendemain, concert au café des sports, qui s’arrêta à cause d’une panne de courant de longue durée. Le soir suivant, C’est au tour du bal disco d’être interrompu par une seconde et violente rafale de vent.

Lucile allait peut être pouvoir passer une nuit tranquille. Malheureusement la villa était en bordure de route, et le trafic incessant commença dès les premières lueurs du jour. Il fallut un effondrement de la chaussée pour mettre fin à ce bruit infernal.

Lucile espérait enfin pouvoir terminer ses vacances au calme. 

L’accumulation de tous ces faits divers dans la pauvre ville de Sorède, intrigua bien évidemment les autorités locales qui décidèrent de ne rien décider, et le vacarme quotidien de reprendre aussitôt. L’incendie de la mairie causé sans doute par un court circuit mit un point final à la saison touristique, et personne n’osa plus organiser quoi que ce soit. C’est en procession que les habitants du village se rendirent à Saint Genis des Fontaines, au cloître, pour demander à Saint Genis la fin de leurs tourments. Le prêtre profita de cette occasion pour sermonner les habitants de Sorède fauteurs de nuisances. Lucile fut satisfaite, et il ne se passa plus rien. Le saint avait entendu les prières.



Mais les vacances étaient terminées, et Lucile avait enfin compris quels étaient les secrets d’Alice, sans pouvoir affirmer comment elle les lui avait transmis. C'était ainsi, mais ce n'était pas une raison pour arrêter de vivre, il fallait remballer et reprendre la route.

Mille kilomètres l'attendaient. Peu importe, une escale dans les monts d'Aubrac dans ce calme inaliénable, elle pourrait faire le point, et se reposer du trafic routier.

C’est un mois plus tard que le doute s’installa. Puis, le test vendu par la jolie pharmacienne tourna au positif. Lucile incrédule ne pouvait que le constater: elle était enceinte. Sans rien y comprendre et ne se souvenant de rien, elle pensa avoir été droguée et violée le seul soir où elle était allée en boîte à Argeles. Elle finit par admettre la réalité, et chassa d’elle-même l’idée d’un avortement.Elle mit au monde une jolie petite fille, qu’elle appela naturellement Alice.Cela lui allait à merveille, elle était blonde, elle avait les yeux verts. Elle semblait vouloir devenir aussi jolie .Lucile avait renoncé à comprendre l'enchaînement de tous ces mystères. Toute à sa joie parentale elle n'eut plus l'occasion d’utiliser ses pouvoirs secrets, d’ailleurs elle ignorait s’ils étaient encore opérationnels.Elle adorait sa fille qui le lui rendait bien. Pour elles-deux, elle avait en tête mille projets tous plus beaux les uns que les autres. Elle aimait son sourire et ses boucles blondes.Ses yeux verts pétillants étaient d’une rare beauté. Quelques fois, furtivement, le regard vert était traversé d’étincelles jaunes orangées,d'un effet tout à fait curieux.

 

  Fin

 

Conte érotico fantastique de pure imagination 

par

eve anne

Avril - Août 2005

 

 

 

Sam 11 aoû 2007 1 commentaire

Etait-ce la Déesse de la Massane aux pouvoirs magiques?

Votre conte fantastique donne envie de gravir la montagne pour la rencontrer

Merci eve anne pour cette belle histoire

Ondine - le 16/05/2013 à 23h10