Le blog d'eve anne, Madrid.

 
La Massane IV

             Je sais où c’est, je t’y conduis !
– Je dois y aller à pied c’est la règle !
– Je t’accompagne ».
Nous descendîmes vers la forêt quelques centaines de mètres plus bas. Dans l’ombre sinistre des grands arbres, sur la droite de la route en descendant, un petit ruisseau s’écoulait doucement en chantant sa musique sylvestre.
« Voilà, c’est ici.- Ici ?- Oui je te jure ! Dans les temps anciens des guerres de voisinage, une jeune femme, épouse de l’aubergiste du relais d’Ouillat, rencontrait ici un douanier.

Il se trouve que la gente dame était rarement à l’heure à ses rendez vous, et que l’amoureux l’attendait en sculptant la pierre de la source.

Comme celle-ci était réputée pour soulager les digestions difficiles, l’artiste douanier sculpta avec beaucoup de précision le système digestif humain. C’est ainsi qu’aujourd’hui on peut voir l’eau s’écouler dans l’œsophage, l’estomac, les intestins….L’histoire dit aussi que la dame usait de ses charmes avec tous les voyageurs, et c’était là le motif de ses retards répétés. » Alice sembla ravie de mon histoire, prit quantités de photos, dont celle d’un petit écriteau portant un numéro.
Ce numéro avec la date enregistrée de la photo, servait de pointage au parcours du GR10 

font_r.jpg Précision purement géographique, la source, baptisée "Reina de las Fonts", (la reine des fontaines) est située à 20m du sommet, c'est-à-dire plus haut que les pics environnants. Son débit est régulier, et sa température constante. Personne ne sait dire d’où vient l’eau, ni pourquoi, une autre fontaine symétrique à la frontière s’écoule de la même façon en territoire espagnol. Beaucoup de gens d’en bas viennent faire régulièrement provision de cette eau aux pouvoirs magiques, mais personne ne peut affirmer que ces pouvoirs existent, ou s’ils font partie de la légende.


Le repas au chalet de l’Ouillat fut des plus simples : une salade, un peu de cochonnaille, quelques fruits. Seule entorse au défi sportif, Un rosé de Saleilles en carafe, presque glacé. Après le repas elles prirent le café sur la terrasse, alanguies sur des transats. Puis elles quittèrent le chalet. Sur le chemin, une biquette entreprit de les suivre. Alice et Lucile se tenant par la main avaient quitté la route et se dirigeaient vers un espace un peu plus plat, qui contournait un peu la forêt. De là, elles étaient invisibles de la route. « C’est là que nous allons planter la tente, » décida Alice ! « Il est inutile d’attendre la nuit. 
– Ici ? Tu veux dormir ici ?
—Je veux que nous dormions ici ! Tu repartiras demain matin et moi aussi. » La surprise passée, le programme plut à Lucile, et elle admira comment la randonneuse dressa sa tente en quelques secondes. 
« Tu crois que l’on pourra tenir à deux là dedans ?» risqua Lucile habitée par le doute.
—Bien sûr, ma tente est plus petite que ta maison, mais plus grande que le jardin de mon père » ça devait être de l’Astérix chez les anglais !
« Attends, il est encore trop tôt pour y entrer. Lucile alla chercher sa voiture, qu’elle parqua à proximité. Elle sortit son sac du coffre. Pendant ce temps, Alice avait ramassé un fagot de bois mort, préparant visiblement un feu de camp. 

Puis, l’une contre l’autre, elles se mirent à papoter devant le feu pétillant, comme deux vieilles amies. Il est vrai que deux femmes sont incapables de rester silencieuses. Alice petit à petit paraissait plus entreprenante, elle s’était collée à Lucile et lui caressait la poitrine en lui faisant de petits baisers sur la joue et sur la tempe. Lucile sentait monter en elle un désir fulgurant, elle se laissa couler sur le sol. Les lèvres d’Alice étaient fraîches et savantes. Puis Alice se redressa et chevaucha sa partenaire, étendue sur le dos, consentante. Elle remonta le tee-shirt de Lucile et, comme la veille, plaça ses mains sur les seins chauds et souples qui n’attendaient que ça. Aussitôt, Lucile ressentit les mêmes vibrations que la veille, et cela dura, dura .Alice était concentrée sur la caresse, baissait la tête et déposait des baisers entre les seins de Lucile. Elle marmonnait sourdement quelques paroles que Lucile ne saisissait  toujours pas, tout au plaisir de se sentir caressée, embrassée, désirée. Lucile perdait doucement tout sens de la réalité. Elle ouvrait les yeux de temps à autre et c’était pour apercevoir les yeux d’Alice qui lançaient des éclairs émeraude, tel un laser dans la nuit tombante. Á ce stade de leur étreinte, Lucile avait encore un peu de la raison qui lui permettait de vivre « normalement » les évènements. Cela ne dura pas. Quand Alice se redressa, Lucile était dans un état second. C’était chaud, c’était léger, c’était parfumé... Un semblant de paradis peut être.

 

 

 

 

 

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Dim 12 aoû 2007 Aucun commentaire