Le blog d'eve anne, Madrid.

Durant tout le trajet, je gardais les mâchoires serrées jusqu’à me faire mal j’étais blessée à mort, je ruminais déjà ma vengeance. Lui, j’allais le ruiner. Je ne sais pas comment, mais il me viendrait bien une idée. Elle je vais la tuer. J’ai le temps, je réfléchirai, un accident est si vite arrivé. Et le bébé, he bien je vais me faire avorter. Pas question de garder l’enfant de ce salopard ! Arrivée à Fort Mahon je fus saisie d’une fringale pas possible. Les désillusions ça creuse ! Je suis allée au restau où j’ai mes habitudes, et je me suis installée à la table du fond, loin du juke-box et des flippers.
Le patron s’avança dans ma direction :
« Bonsoir Coline, vous êtes seule ce soir ? »
« Comme vous voyez monsieur Leclerc, j’ai divorcé »
« Quelle tristesse ! Vous faisiez un si beau couple. Il vous a trompé je parie ? C’est vrai que c’est un chaud lapin votre mari ! Je l’ai vu, pas plus tard que la semaine dernière. Il est venu là, il était avec une fille. Oh pas aussi belle que vous, loin de là, une brune, petite, toute maigre, toute plate ! On ne peut plus avoir confiance en
personne ! Je vous sers une moule frites ?»
« Avec un Côte du Rhône s’il vous plait ! »
« Une demie ? »
« Non une grande bouteille et peut être deux »
Le patron s’en retourna incrédule et moi je pensais : 
« Une petite brune toute maigre, quel Salaud, mais quel Salaud ! Quand Joëlle saura ça…. » Rentrée au bungalow, c’est vrai que j’étais un peu ivre, ivre d’alcool et ivre de colère. Et puis la crise de larme vint tout à coup sans prévenir, la colère laissa place à une sorte d’auto critique qui allait faire plus de dégâts dans mon esprit que toutes les avanies qui venaient de m’arriver. J’imaginais des images fantomatiques ou je voyais Joëlle et Didier faire l’amour comme des bêtes, elle avec ses gros seins dressés, lui qui s’agitait sur elle, avec ses belles fesses musclées. Elle poussait des cris, et lui respirait très fort assumant semble-t-il un effort surhumain. Dans mon délire je voyais la scène se répéter en boucle. Je regrettais mon départ, quelle conne je suis, j’aime mon mari, il fait l’amour comme un dieu, j’aime Joëlle, la plus belle des femmes que j’ai connues.

Aphrodite en personne, et je les ai jetés. C’est quoi ces principes ringards qui m’empêchent de vivre avec eux ce qu’ils vivent ? Maintenant je suis là toute seule, je les ai perdus tous les deux. Plus je me lamentais sur mon malheur, plus l’image de Joëlle amoureuse me revenait à l’esprit. Elle était belle même en faisant l’amour avec mon mari. Je finis par m’endormir, en travers du lit toute habillée. Epuisée de remords, de haine et de Côtes du Rhône.
Le lendemain je pris des décisions héroïques. Didier je ne veux plus le voir, Joëlle, je ne l’ai jamais rencontrée, et le bébé je le garde, il faudra bien que quelqu’un me tienne compagnie. Et la vie reprit son cours. Mes décisions d’un bon sens remarquable étaient les bonnes. Je restais à Fort Mahon. Pour travailler à Amiens, être là ou à Compiègne c’était idem.Le temps passa très vite ; Il faut dire que lorsque l’on prend la décision de ne rien entreprendre c’est beaucoup plus facile. Au bout de six mois le divorce fut prononcé. Quand on peut s’en occuper et payer il n’y a vraiment pas de problèmes. Je ne revis mon ex que le jour du jugement qui accepta un divorce par consentement mutuel avec promesse de pension alimentaire pour le bébé. Deux mois après j’accouchais à Amiens maternité Sainte Claire, d’un très beau petit garçon de 3,390 kg. Je l’appelais « Louis, » Son père aurait sans doute préféré « Joël » ? Il
n’aurait peut être pas aimé la plaisanterie.
Deux mois après, je reçus un coup de fil de Didier :
« Il faut que je te parle, c’est important !»
« Tu peux me parler, il n’y a rien à la télé ce soir »
« Non il faut que je te parle je peux venir demain ? »
« Comme tu veux, de toute façon, avec le temps qu’il fait la journée sera gâchée »
Didier arriva sur le coup de onze heures, il passa beaucoup de temps avec Louis, il semblait être conquis, il était arrivé les bras chargés de peluches et de jouets divers. Il m’invita à manger une moule frites, ce qui fit dire au
patron :
« À la bonne heure ! y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis »
C’est d’une logique implacable.
« Alors qu’as-tu de si important à me dire ? »
« Je viens te demander de reprendre la vie commune avec moi ! »
« Ha oui ? Et Joëlle ? »
« Nous ne sommes plus ensemble ! »
« Tiens donc ! Tu l’as virée ? »
« Non, c’est elle qui est partie, elle m’a quitté pour une petite brune maigre et toute moche »Je partis d’un fou rire qui me dura au moins dix minutes. Je trouvais la situation tellement cocasse, que je lui dis
« D’accord, on se voit mais je ne promets rien »
« Ok dit-il je reste ce soir ! »
« C’est parfait, le biberon c’est à deux heures du matin, je vais enfin pouvoir dormir ! »
« Tu sais, c’est Joëlle qui a tout manigancé. Elle voulait que je l’épouse et que je divorce. Je lui ai dit que je ne voulais pas divorcer, et que toi non plus tu ne le voudrais pas. Elle s’est fâchée et a déclaré : « c’est ce qu’on va
voir » et elle a monté toute l’histoire »
« Je n’en crois rien mais tant pis »
Secrètement j’étais quand même heureuse ; l’abstinence, ce n’est pas vraiment mon truc. Et Fort Mahon en hiver
est une ville fantôme.
Le soir venu on se retrouva avec bonheur. Nos corps ne s’étaient pas oubliés. Comme avant, il me fit l’amour plusieurs fois de suite, il était infatigable, je passais par tous les états de l’extase jusqu’à la violence, je retrouvais mon plaisir là où je l’avais laissé.

Et puis, alors que je le chevauchais avec beaucoup d’application, je sentis qu’il allait arriver à l’orgasme. C’est à ce moment là que, instinctivement je lui décrochais une gifle de toutes mes forces, juste au moment crucial !
Il ne poussa pas un cri, il ne dit rien, je le regardais, il était KO.
Quand il reprit ses esprits, je lui dis :
« Excuse moi, mais il fallait que ça sorte. Un exorcisme si l’on peut dire »
« Ouais c’est des trucs à te rendre impuissant »
Quelque temps plus tard, nous étions réinstallés à Compiègne, dans une maison beaucoup plus grande. Louis était un bébé en or. C’était le plus beau bébé du monde, toujours souriant, jamais de cris jamais de pleurs Il faisait
toutes ses nuits, il grandissait comme un charme.
A peine un an plus tard, vers les 19 heures, la sonnette de l’entrée retentit de façon insistante. J’allais ouvrir, je
fus frappée de stupeur.
« Joëlle ? »
« Oui c’est moi,…….. je peux entrer ? »
« Si tu insistes, puisque je ne t’ai pas encore tuée »
Joëlle était plus belle que jamais, dans un costume pantalon veste cintrée, elle avait une élégance que je ne lui
avais jamais vue.
L’étonnement passé, je retrouvais mon calme :
« Tu veux prendre l’apéro avec nous ? »
« Avec plaisir »
« Dites moi tous les deux, c’est encore un coup fourré ? »
« Pas du tout, j’ai des choses à me faire pardonner d’un coté et d’autres, et je voudrais repartir toutes affaires
classées. »
« Tu n’es plus avec la petite moche ? »
« Non, elle est partie avec mon ex petite amie »
Là, l’aventure devenait grotesque.
« Tu veux un autre whisky ? »
« Avec plaisir dit-elle »
« Tu restes souper avec nous ? »
« Pourquoi pas ? »
Mais il n’y eut pas besoin de réchauffer la pizza, Joëlle était venue vers moi et m’embrassait à bouche que
veux-tu.
Je fermais les yeux, et je savourais de retrouver mes souvenirs les plus chauds.
Quand j’ouvrais à nouveau les yeux, Didier avait baissé le pantalon de Joëlle. Il était nu, et derrière elle, il s’apprêtait à l’aimer à sa façon. L’alcool aidant, cette soirée fut mémorable, et je pensais à toutes ces années
que j’avais bêtement sacrifiées.
On acheta la maison d’à coté, plus belle, plus grande, mais Joëlle avait de gros moyens et n’hésita pas une seconde à participer dans une société immobilière qu’il nous fallut créer.
Dans le quartier chic de la rue de l’Aigle à Compiègne, là où nous avions élu domicile dans une « maison de Maître », les commentaires allaient bon train :

« Dites donc madame Martin, le type d’à coté il doit être monté comme un âne pour avoir deux femmes comme ça
! »
« Pensez vous madame Lefebvre les femmes ce sont sûrement des gouines, des mauvaises femmes, des
prostituées de Paris ! Ce n’est pas chrétien tout ça »

Dans les chemins de la forêt, dès qu’il y avait un rayon de soleil, on pouvait rencontrer un homme jeune, très beau, très élégant, poussant un landau, et de chaque coté, une femme très belle lui donnant le bras. Il parait que les forestiers quelques fois ont vu l’homme marcher seul et les femmes sur le coté, enlacées…..

J’étais dans le hamac, savourant les premiers rayons de soleil de l’été et je revivais ces quelques dernières années. Que de temps avons-nous perdu avant d’être vraiment heureux.Nous vivons dans une superbe maison, dans une ville magnifique. Le maître de maison est jeune et beau, c’est le meilleur des amants. Deux femmes vivent avec lui, on dit qu’elles sont homosexuelles ?
Il y a un jeune garçon. On ne sait pas qui est la mère… Et puis il y a celui là, l’autre, « Ducon », ce chien noir imbécile dont la blonde a hérité à la mort de son père.


Que nous faudrait-il de plus ?
C’est chouette la vie !

 

Ven 27 jui 2007 Aucun commentaire