Le blog d'eve anne, Madrid.

 

(

 

 

 

 

 

( La Brosse à Dents )

 

  L’après midi se passa en folie dans cette pièce  fraîche, assombrie par des persiennes closes. Paula se révéla un véritable volcan, et je déclinais toutes mes attentions pour profiter au maximum de ce corps sublime. Quand on revint au bord de la piscine, personne ne sembla faire attention à nous. Dans l’eau, les hommes et les gamins, faisaient des pyramides qui s’écroulaient dans de grands jaillissements d’eau et de rires. On s’allongea côte à côte, sur des hamacas ombragés. Marisol vint discuter cinq minutes avec nous avant de repartir vers un autre groupe. Au bord de la piscine, des gens discutaient debout, et je me surpris à regarder les hommes qui étaient là, ce qui ne m’arrivait jamais. Pourtant je dus me rendre à l’évidence, ils étaient assez beaux garçons, et le soleil brillait sur leur peau bronzée, encore humide de leurs jeux aquatiques. L’un d’eux s’allongea sur un hamaca, en plein soleil, et son sexe se plaça naturellement dans l’axe de son corps, comme si il était en érection. C’est un endroit idéal pour choisir un mari pensè-je, pas de mauvaise surprise à craindre, tout est là. Et tout de suite après sans quitter des yeux le sexe au repos, je revis la brosse à dents alignée dans l’axe de la baignoire semblant dormir elle aussi. « Moi aussi je le trouve beau, il s’appelle Don Fernando chuchota Paula à mon oreille, « Mais à choisir je te préfère, toi »
             
Juliette se déshabilla entra dans la salle de bain pour se doucher. Elle était belle ma fille, avec son torse de garçon et ses fesses bien rondes. Je la regardais à travers le verre chiffonné. Elle avait les attitudes d’une femme offrant son corps au jet puissant, retenant ses cheveux en arrière. J’étais à nouveau seule, et je me redressai pour prendre le shampoing. A ma grande surprise, la brosse n’était plus au fond de l’eau. Ou du moins si, mais plus allongée. Elle se tenait debout, le manche pointu au contact du fond, et la tête juste sous le niveau de l’eau. Je regardais la brosse, médusée. Qu’est ce qui lui prend ? Et je fouillais dans mon esprit pour trouver une raison valable, pour expliquer par quel phénomène, la brosse qui se tenait au fond de l’eau avait pu se redresser et se tenir droite comme un « i ». La température de l’eau, il n’y a pas d’autres raisons possibles. Au milieu de mes pensées, je remarquai que, la brosse, avec les poils tournés vers l’extrémité de la baignoire au début, avaient insensiblement effectué une rotation d’un demi-tour, maintenant, elle semblait me regarder.
« Foutaise » m’écriai-je en saisissant la brosse pour la remettre dans son petit pot de terre. Je fermai les yeux au moment où je la déposai, pour ne pas voir le sens des poils, et je me brossai les dents avec l’ancienne brosse. Sortie, séchée, parfumée, coiffée, je me dirigeai vers le salon pour boire un verre. Le téléphone sonna : Paula était au bout du fil. Quelques mots gentils. Elle venait de rentrer, et me dit être épuisée : « Je me brosse les dents et je vais dormir » dit elle !  C’est fou. Aurait elle aussi une brosse à dents équilibriste ? Après quelques bisous, je la laissais aux prises avec sa brosse à dents.
Je me servis un Quaranta y Tres, avec des glaçons. Je bus une gorgée, et le téléphone sonna de nouveau. C’était Marisol. « J’ai donné ton numéro de téléphone à deux personnes qui apparemment te veulent du bien » dit elle en éclatant de rire. « Je sais », dis-je, une des deux m’a déjà appelée ! » « Paula je parie, elle ne perd jamais de temps! Bonne nuit » et elle raccrocha. Je n’avais pas eu le temps de demander qui était l’autre personne. Quand le Téléphone sonna à nouveau, je fus étonnée d’entendre une voix d’homme : « Fernando al habla ! Vous me situez ? Oui parfaitement je vous ai vu cet après midi, l’homme aux cheveux argentés ? C’est cela même ! » S’ensuivit une conversation somme toute banale, qui se termina par une invitation pour le samedi suivant. Je revoyais bien le bonhomme, grand, mince, finement musclé, allongé au soleil, le sexe en….. « brosse à dents »… encore que……
Ma nuit fut agitée. Je passais d’un rêve à l’autre, Paula, Fernando, la brosse à dents, Je lui trouvai un nom, avec son manche bleu et ses reflets lunaires, je la baptisai « Bluemoon » Le matin je me levai tôt, décidée à remplacer la douche par un bain. Ça va me faire du bien me mentis-je. Je détournai la tête pour ne pas voir la brosse à dents. Mais une fois dans l’eau je la saisis et la balançai entre mes jambes. « Je ne la regarderai pas » ces mots là je les ai dit tout haut. Malgré tout, je ne faisais pas un geste pour ne pas troubler l’eau, ne pas faire de vagues, tout juste si je ne m’empêchais pas de respirer. Un bon quart d’heure se passa, et, n’y tenant plus, je jetai un œil. La brosse ne touchait plus le fond, elle flottait comme un hippocampe, toute droite, le haut de la tête à fleur de l’eau. Je me reposai la tête, et réfléchissais à toutes les explications possibles. Je restai encore immobile un moment, et puis…non, quand même pas ! Hé bien si, Bluemoon s’était approchée à me toucher, et je sentais un frôlement sur mon sexe, comme une plume animée par une main coquine. Doucement je pris le miroir sur le rebord pour regarder, et pas de doute, Bluemoon semblait me butiner la foufoune le plus naturellement qui soit..

 Était-ce mon esprit dérangé ? Était-ce mon imagination, Était ce une farce ? Je n’en savais rien. Je me demandais s’il était possible qu’une personne à distance puisse avoir une influence sur des objets ? Je n’avais jamais cru aux phénomènes para normaux, j’allais trouver une explication rationnelle, j’en étais convaincue.  J’avais à l’intérieur du genou droit, une petite tâche rouge qui me démangeait depuis quelques temps. La dermatologue m’avait conseillé une pommade qui se révéla inefficace. Bluemoon « s’attaqua » à cette tâche, elle la butinait quelques minutes à chaque bain, en quatre jours je n’avais plus rien. Je raconterais ça à n’importe qui, on m’enfermerait immédiatement, c’est sûr ! J’avais abandonné la douche et je prenais deux bains par jour. A chaque fois , quelle que soit la température de l’eau , Bluemoon se redressait et de façon invisible se rapprochait de moi, un petit « baiser » par ci, un autre par là , pour arriver au contact que j’avais appris à attendre, et à désirer. Il faut dire que j’apprenais aussi à affiner mes sens, et je ressentais ainsi ses « attouchements » de plus en plus nettement. Une fois même, je sentis monter en moi de violentes vibrations annonciatrices d’un orgasme tout proche. Voilà c’était fait, Bluemoon venait de me faire l’amour, j’étais totalement malade de honte. Le Samedi arriva. Fernando fut d’une délicatesse sans égale. Après un restaurant chic, on se rendit au spectacle, où des filles dénudées se livraient à quelques danses lascives. De retour chez lui, on fit l’Amour. Bien, c’était bien, il savait s’y prendre, c’était un sentimental, bref aucun reproche. Il parvint à me donner du plaisir plusieurs fois. Pour une lesbienne c’était inattendu. Qu’aurait il pensé s’il avait su que j’avais fait l’amour à Paula pendant que lui se faisait bronzer le zizi au soleil ? Et que penserait il si je lui apprenais que la veille je m’étais fait violer par une brosse à dents ? De retour chez moi, j’eus beau attendre une heure, Bluemoon resta allongée au fond de la baignoire. Quand l’eau fut presque froide, je sortis de la baignoire et je lui lançais un « Mais elle est jalouse cette conne! » Il fallut attendre trois jours donc six bains pour qu’elle me pardonnât et qu’elle revint à mon contact.   Je retrouvais Paula, je la retrouvais avec bonheur. Ses formes épanouies et le parfum poivré de sa peau me mettaient dans des états inavouables. Paula était infatigable, ses orgasmes se déclenchaient à répétition, au dixième elle en voulait encore.  J’adorais cette fille qui se donnait sans arrière pensée avec amour et sincérité. « Tu me fais l’amour comme personne » me dit elle avant de partir ! Ce soir là, Bluemoon fit sa mauvaise tête. Il fallut encore trois jours avant qu’elle « daigne » revenir s’occuper de moi. Le pire c’est que je n’avais pas honte de penser à cela, je n’avais plus honte. Bluemoon faisait partie de mon décor, et de ma vie, des évènements qui traversaient mon existence.  Le temps passa, impitoyable, et je vivais heureuse entre ma fille, (qui ne comprenait pas pourquoi je n’utilisais plus la douche), mon Ami , mon Amie , mes Ami(e)s et Bluemoon qui régulièrement faisait la mauvaise tête, mais qui par ailleurs me faisait aussi des caresses douces. Plusieurs fois j’arrivais à la jouissance après quelques longues minutes de caresses d’une douceur progressive mais efficace. Une fois même, elle me déclencha un jaillissement inattendu, c’est la première fois que cela m’arrivait. Avoir un amant et une amante et jouer les fontaines avec une brosse à dents, il faut le faire !   Au bout de presque un an, j’épousai Fernando, Paula fut la seule à pleurer. A pleurer oui, mais Bluemoon resta inerte plus de six mois. Je réussis quand même à trouver quelques idées tordues pour m’éclater avec Paula, mais jamais il n’y eut de problèmes! Heureusement pour moi, Bluemoon ne savait pas parler.   Elle s’habitua peu à peu pourtant, et décida sans doute qu’elle devait partager. Elle revint  à de meilleurs sentiments à mon égard. Un soir Fernando était en voyage.  Dans l'eau très chaude, je me prélassais, et Bluemoon faisait la belle au milieu du bain. J’avais pris l’habitude de lui parler. Et ce soir là je lui fis mes confidences. Pour mieux m’écouter sans doute elle était venue se blottir au creux de mon bras et de ma poitrine, elle me butinait le sein pendant que je lui racontais….   « Elle s’appelait Nathalie, nous étions jeunes, et nous avons, ensemble, essayé plein de choses, étonnées de découvrir l’une et l’autre les mystères de nos corps. C’était une rencontre fugace, mais en partant Nathalie me laissa un mot :   « C’était un autre monde, le paradis ne peut être plus accueillant que tes seins, et l’éternité  plus douce que ta peau. Je vivrai avec l’espoir de revoir un jour ma brosse à dents à côté de la tienne, de retrouver nos envies là où nous les avons laissées, et mon désir en marche vers ta cime.»

 Voilà, depuis ce jour, l’image de ma brosse à dents à coté de la sienne ne m’a plus quittée. J’ai eu l’idée (géniale ou stupide c’est selon) d’acheter une brosse à dents nouvelle à chaque nouvelle conquête. Ma collection s’est amplifiée au cours de toutes ces années, et comme je ne suis pas un modèle de fidélité, ma collection dépasse maintenant largement la centaine. » En prononçant tout haut cette phrase, je m’étais laissé glisser un peu plus au fond de la baignoire. Bluemoon avait profité de la situation. Abandonnant la position de l’hippocampe, elle était à moitié couchée, la tête à deux centimètres sous la surface, et elle me butinait le bout du sein.  Et puis un soir, ce fut la catastrophe, mais alors, une vraie catastrophe.

J’avais à faire le lendemain je ne pus rester pour la soirée, et je quittais tout ce joli monde avant la nuit. Paula me glissa un papier dans la main, en murmurant, « quand tu veux ». Le retour se fit en douceur, et sans un mot. Juliette s’était endormie sur son siège, épuisée, et moi je revoyais alternativement les seins de Paula, ses cuisses musclées, le bijou qu’elle portait au nombril, et le sexe de Don Fernando, essayant de deviner comment il serait dans de meilleures dispositions. De retour à la villa, je me fis couler un bain pour me débarrasser de l’odeur de chlore. Je m’allongeai dans l’eau tiède et je fermai les yeux. J’étais bien, j’avais passé une bonne journée, j’avais la peau brûlée, j’avais bu du vin et j’avais fait l’amour. Quoi de plus ? En ouvrant les yeux mon regard tomba sur le petit pot de terre sur le bord de la baignoire, et la brosse à dents était là, avec les poils dirigés vers le haut. Je sursautai, mettant en doute ma mémoire. J’aurais dû prendre cette photo, ce n’est pas possible, c’est le soleil qui m’a tapé sur le système ! J’attrapai la brosse et la jetai dans l’eau, violemment, entre mes jambes écartées.

 

                                                    

 

Sam 7 jui 2007 Aucun commentaire