Le blog d'eve anne, Madrid.


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 Photo François Benveniste.Titre-1  Les Jeux de Saint-Elme,  Hélène

 

 

Hélène-NB Hélène était une jeune femme pétulante et joyeuse. De celles qui ont toujours envie de se dépenser, de se distraire, sans exigences particulières. Elle avait en elle la joie de vivre. Son intégration dans notre groupe en changea beaucoup l'ambiance. Je sentais entre Hélène et Hilda une retenue, presque une rivalité. Hélène n'était pas une femme compliquée. Elle prit de l'assurance. Elle avait plein d'idées pour les sorties. Mais toujours elle choisissait des activités où elle serait à son avantage. Par exemple, on alla se baigner dans les étangs de Sallanches. L'eau était glacée, on se baigna quand même, mais le but d’Hélène avait été de paraître au milieu de tous dans un bikini minuscule, qui ne cachait rien de sa féminité. Et c'est vrai qu'elle était divine. Hilda était loin d'être moins belle. Elle était différente, mais toutes deux aussi jolies. Hélène avait plus de poitrine, elle était un peu moins grande, mais aussi mince, et je trouvais qu'elle avait un corps finement musclé très attirant. Une particularité assez curieuse, elle nous vouvoyait. On lui disait «tu», elle répondait «vous». Elle organisa des sorties à la piscine. Car en face de la piscine, il y avait une boîte, et on allait danser. Elle déployait beaucoup d'imagination pour danser avec moi. Quand cela arrivait, elle ne cachait pas du tout son jeu. Moi je préférais danser avec Hilda qui ne supportait pas de me voir avec Hélène.
J'aimais retrouver notre complicité. Mais Hélène avait des attitudes très explicites qui dérangeaient. Pour donner le change, Hilda accepta que je passe les cures avec elle dans sa chambre. Cela me permit de franchir un pas dans notre intimité. Je voyais bien qu'elle était très sensible à mes caresses. Elle aimait que je la regarde, elle aimait que j'aime sa beauté et que je lui dise. Mais elle se refusait toujours. Il y a des jours, où j'étais persuadé qu'elle allait céder. J'avais cette impression peut être fausse, que faisant l'amour ensemble, toute notre vie future en aurait été transformée. Je la déshabillai, doucement, j'enlevai son soutien-gorge, elle me laissait faire. Je caressai les seins, et je sentais qu'elle y prenait plaisir. Je les suçais, les mordais, je les faisais dresser. Je fis glisser le slip, elle était nue, magnifiquement nue. Dire qu'elle était belle était en dessous de la vérité. J'étais nu aussi, et mon désir était très visible.
Arrivés à ce stade de notre relation, je croyais qu'elle avait enfin envie de faire l'amour avec moi, et qu'elle allait se laisser aller. Elle se déroba à nouveau. Je pensai qu'elle continuait à jouer, à se faire désirer. Moi je savais que je ne pouvais rester des heures comme ça.
Je l'immobilisai sur le lit, comme si j'allais la violer. Mais pour moi, c'était un jeu. Puis soudain, j'ai vu dans ses yeux, qu'elle avait peur. Peur de moi ? Peur que je la viole ? Peur de se livrer ? Mais ses réactions ne laissaient pas de doute, elle était terrorisée. J'abandonnai la lutte, et avec un maximum de douceur, j'essayais de calmer ses craintes. Elle regardait mon désir, mais visiblement elle n'en avait aucune envie, et peut être pire. On se reposa, on ne parla plus, cote à cote, sur le petit lit, nous ne disions plus rien. Je tenais sa main, elle la laissa dans la mienne, et j'essayais de comprendre ce qui se passait.
On était bien ensemble, nous avions une intimité, des secrets, une connivence pour tout, on se comprenait d'un regard, on s'ennuyait l'un de l'autre. On aimait les mêmes musiques, les mêmes auteurs. On poétisait ensemble. Elle aimait que je l'aime, mais elle ne voulait pas franchir le Rubicon. J'ai eu beau chercher, je ne trouvais pas d'explication. Si j'étais laid ou repoussant, les autres femmes l'auraient remarqué.
Le lendemain, elle était souriante comme si rien ne s'était passé. Je ne comprenais plus rien. J'ai raconté l'épisode à Lysiane. Il fallait bien que je me confie à quelqu'un. Elle m'a écouté, jusqu'au bout, et m'a répondu:
«Je le pressentais. Je ne sais pourquoi, mais je savais que tu n'aurais rien. Peut être a-t-elle un problème avec les hommes. Peut être que ce problème n'existe pas seulement avec son mari? Je ne sais quoi te dire. Si, une chose: Ne la laisse pas tomber pour ça. Ce serait peut être plus triste pour elle.»
Je retrouvais là, l'immense générosité de Lysiane. J'avais du mal à croire à tout cela, elle ne voulait pas de moi. Point à la ligne. Elle aimait que je lui dise qu'elle était belle, je ne le dirai plus. Donnant-donnant. Mais je n'en fis rien, devant son sourire franc, et serein, je perdais tous mes moyens. Après avoir vécu avec Marie Claude, Emma, Chloé, Lysiane, je ne savais plus ce qu'était un«non». Je savais sans trop y réfléchir, que mon aventure avec Hilda était définitivement terminée. Je savais qu'un jour il faudrait tirer les conséquences de notre aventure, et qu'il nous faudrait mettre le point final. Pour que cela se passe bien, il fallait que ce soit son propre choix. J'étais décidé à lui laisser cet avantage, alors qu'il m'aurait été facile de lui tourner le dos et de m'occuper d'une autre. J'avais encore énormément de passion pour elle. Elle disait ouvertement en avoir pour moi. Je n'ai plus jamais essayé de lui faire l'amour. Je ne sais pas si elle s'en est rendu compte, ou si elle a fait semblant. Peut être croyait-elle que l'on pouvait durant des années soupirer d'amour avant que ne s'installe entre nous la relation tant espérée. Je trouvais ça trop bête, sans prévenir, je me rendis chez Hélène.
Elle était encore couchée, encore branchée. Je l'ai embrassée sur les lèvres. Elle me sourit.
«Vous arrivez sans prévenir, je dois être très laide.
– Oui très, plaisantais-je. Tu sais bien que tu es la plus belle.
– Oui, c'est peut être vrai, mais vous préférez quand même Hilda ? Je respecte ce choix, mais ça n'empêche pas que l'on pourrait se voir? Je sais rester discrète. Vous savez bien que je vous attends dans ma chambre depuis que je vous ai vu ?
– Oui, je le sais, mais je suis avec Hilda, et je ne sais pas faire plusieurs choses à la fois.
– C'est dommage. Vous perdez votre temps. Avec Hilda, vous n'obtiendrez rien. Moi je suis prête à faire l'amour avec vous tout de suite, si vous le voulez, parce que j'ai envie de vous, j'aime votre sensibilité, et j'aime l'amour.
– Tu es bien gentille Hélène, tu es la plus généreuse des filles.
– Ne dites pas cela, vous êtes le seul dont j'ai envie ici, les autres hommes ne m'intéressent pas..
– Mais pourquoi dis-tu que je n'obtiendrai rien avec Hilda ? J'ai déjà peut être tout ce que je veux ?
– Non je ne le crois pas. Les gens qui font l'amour se comportent différemment. Toutes les femmes te le diront.» Je tombais des nues.
«Mais je suis amoureux d'Hilda.
– Sûrement, mais vous perdez votre temps. Je ne veux pas être médisante. Hilda est une allumeuse. Peut-être inconsciente, mais allumeuse quand même. Son seul souci est de plaire.
– Et de trois !
– Pardon ?
– Non rien, je pensais à autre chose.
– D'après ce que l'on m'a dit, vous étiez avec une autre femme quand Hilda est arrivée. Elle est sortie avec Max, mais Max n'a rien obtenu, c'est cela ?
– Oui, je sais.
– Elle vous préfère à Max, mais vous n'obtiendrez rien de plus. Maintenant si vous vous plaisez ensemble, pourquoi pas ?
»Je laissais Hélène à sa toilette. Je la vis malgré tout sortir du lit. Elle était nue, elle était belle et c'était une vraie blonde. Il me restait un mois de séjour à Saint-Elme. Hilda devait partir le dimanche suivant. Pour notre dernier jour, Hélène nous offrit sa voiture, pour que l'on puisse aller s'aimer ailleurs. Hilda ne voulait pas accepter. Je la regardais et lui dis violemment.»
Tu vas continuer longtemps à refuser ce que les gens t'offrent de bon cœur ?
– Ce n'est pas de bon cœur, elle est contente que je parte.
– Tu es stupide. Hélène est très sympa de nous laisser sa Dauphine. Elle n'était pas obligée.»
Pour couronner le tout, ce jour là il fit un temps épouvantable. On ne sut à quoi occuper notre temps. Le lendemain, le mari d'Hilda était là, C'était fini. Coup de théâtre, le médecin refusa de laisser partir Hilda. Il voulait la garder encore un mois. Malgré l'insistance de son mari, le médecin resta ferme. Paul repartit sans sa femme. Hilda était heureuse. Je croyais que c'était de rester avec moi. Il y avait peut être deux autres raisons. La première était que son départ coïnciderait avec le mien, donc, Hélène ne fréquenterait jamais Franck. Et l'autre raison, celle qui nous menace tous, c'est la peur de reprendre une vie normale, après des mois de «Roue Libre» Hilda était heureuse. Elle s'affichait totalement avec moi. On se mit à une table à part comme je l'avais fait avec Emma. Je décidai d'être plus autoritaire, de lui prouver qu'elle ne dirigeait plus le jeu toute seule. Elle semblait accepter les nouvelles règles.
On découvrit une nouvelle boîte à Chamonix, Et Michel Polnareff, nous fit danser des heures durant. «Love me please love me» me fait encore vibrer aujourd'hui. Mais d'amour, il n'y en eut pas plus. Hilda refusait toutes mes avances avec le sourire. Elle faisait des projets, pour quand on serait ensemble après Saint-Elme. Elle disait ne plus aimer son mari. Celui-ci l'attendait parait-il dans un nouvel appartement qu'il avait arrangé pendant l'absence d'Hilda. Elle disait que ça ne faisait rien, qu'elle allait le quitter.
Moi je savais bien que non. Il avait plus de dix ans de plus que moi. Il avait une situation, moi je n'en avais pas, tout pour moi restait à construire. J'avais un divorce à terminer, j'avais deux petites filles. Penser que nous pourrions avoir un après, était une utopie, qui n'avait rien à voir avec l'amour. J'étais très affecté de l'attitude d'Hilda. Je ne la comprenais pas, et qu'elle ne se rende pas compte de ce qu'elle me faisait, ou ne me faisait pas, était incompréhensible.
Lysiane était toujours là pour combler mes attentes. Elle ne demandait jamais rien, elle donnait tout, d'une humeur constante. Je me suis décidé. Je suis allé voir Hélène. Elle fut comme je l'avais espéré. Elle n'en fit pas des tonnes comme je l’avais craint un moment. Elle fut une amante délicieuse, attentionnée, douce, excellemment belle dans ses attitudes. Elle ne cessait d'avoir les yeux au fond des miens, des yeux qui laissaient transpirer un bonheur comblé. Je n'ai rien regretté, et lui ai promis de revenir. Je l'ai dit à Lysiane.
«Je le sais, tout le monde le sait !»
– Comment ça ?
– Quand les gens couchent ensemble, ils n'ont plus le même comportement!»
En entendant ça, la même phrase que m'avait dite Hélène, je crus que quelqu'un se jouait de moi, mais elle ajouta:
«Cela dit, je trouve que tu as raison, cette fille est magnifique.»
Nous avons terminé le séjour comme ça. Moi, complètement effondré de cet échec, et Hilda apparemment heureuse et satisfaite de cet amour platonique. Notre départ était fixé le dimanche suivant. Mes parents viendraient me chercher. Et Paul viendrait chercher Hilda. Nous partirions le même jour, dans la même direction, sur la même route. La veille, je fis mes adieux à Lysiane. Amoureuse comme toujours. Je m'endormis dans ses bras.
Le lendemain matin, avec douceur elle me réveilla tôt et me dit: «J'ai eu la chance de t'avoir pour moi, toute la nuit. Maintenant, va faire tes adieux à Hélène. Ça ne serait pas chic autrement.»
Je fis un brin de toilette et j'allais frapper à sa porte.
«Je la trouvai debout, dans un peignoir de soie style japonais, coiffée, pomponnée, vraiment très belle. Étonné je lui dis:
«Tu sortais ?
– Non, je vous attendais au cas où vous auriez le tact de venir me dire au revoir. Je suis heureuse que vous soyez venu.»
Je ne lui ai pas dit que c'était Lysiane qui m'avait conseillé de venir. En disant ces mots, elle avait laissé tomber son peignoir. Immobile, nue, sûre de sa beauté, elle restait là, près de la fenêtre, devant mon regard émerveillé, le temps que je remplisse ma boîte à souvenirs. Puis on s'est couchés, on s'est aimés, doucement, avec application, comme si nous voulions prendre une option sur l'éternité. Et puis je la quittai, il le fallait bien. Elle avait toujours le sourire, mais une larme vite effacée me témoigna de sa sincérité.
«Adieu Franck, ne changez rien, restez comme on vous aime.»
Je retournai dans ma chambre. Ma mère arrivée pendant mon absence, avait déjà fait ma valise. Il y avait mes parents, il y avait Paul. Pour se dire au revoir, on demanda asile à René, un ami qui nous laissa sa chambre. On se retrouva tous les deux face à face. Ses larmes faisaient couler le noir qu'elle avait autour des yeux. Elle avait un visage déformé de tristesse. Je lui dis que son mari allait le remarquer, elle me répondit,
«Je m'en fiche, il est au courant de tout. Jure moi de m'écrire, jure moi de ne pas m'oublier, jure moi de venir me voir, jure moi de m'emmener vivre avec toi.»
Je jurais tout cela. Je n'avais pas à me forcer, car c'était vraiment Hilda que j'aimais. Je n'aurais pas eu d'autres aventures si nous avions été amants. Je pressentais que cet échec allait me marquer de longues années. Moi aussi j'avais les larmes aux yeux. Et d'un seul baiser salé, je la quittai.

 

Anna-M2-nb

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Ven 5 jan 2001 Aucun commentaire