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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

 

 

tn 22Image: L'envol des libellules


 

Chapitre 25

 

 


          Le lendemain, Christa se réveilla reposée. Alors qu’elle pensait ne pas pouvoir dormir, elle dormit calmement, et ses craintes s’envolèrent sans difficultés. Elle se sentit en pleine forme, renonça au petit-déj pantagruélique, sans se priver de l’œuf dur, dont elle ne pouvait se passer. Elle évitait seulement la mayonnaise ! Quelques exercices d’assouplissement, la douche, avec le très agréable gel moussant, le café, le jean, le blouson Police, la grimace, et en avant !
Inévitablement, Quentin était en bas, il fumait une cigarette.
« Ça y est, tu as repiqué au truc ? Tu crois peut-être que je vais épouser un type qui pue la gauloise ?
–Excuse, je ne connaissais pas tes projets matrimoniaux du matin ! J’ai mal dormi, je n’ai pas arrêté de penser à ces deux jeunes que l’on envoie en prison à perpette !
–Ils n’étaient pas obligé de jouer aux cons !
–Oui je sais, justement, c’est trop con ! Tu n’as pas pensé à ta copine Prunelle ?
–Non, c’est Reine-Claude Devallois qui ira en prison. Ce n’est pas la Prunelle que je connaissais. C’est une autre, une étrangère ! Quand je pense que j’aurais pu être à la place de Fanta !
–On fait quoi ce matin ?
–On ouvre l’enveloppe et on saura ce que l’on fait.
–Finalement, tout pourrait être truqué !
–Tout pourrait être truqué de toute façon. »
La voiture arriva au commissariat calmement. L’arrivée en trombe avec les crissements de pneus avait disparu dans la morosité ambiante. Christa fit la bise aux filles, salua d’un geste les garçons et entra dans son bureau.
« L’enveloppe » était posée sur le bureau, Mélie attendait que Christa arrive pour l’ouvrir. Christa se tourna vers Quentin :
« File-moi une clope !
–Tant pis pour le mariage. Une nana qui pue la clope c’est dégueulasse!»
Christa alluma la cigarette, s’assit sur le coin du bureau et regarda Mélie.
« Tu es très belle Mélie, quand je te regarde, j’ai des fourmillements partout.
–Et alors ?
–C’est bien agréable !
–Tu es gentille de me dire ça. Pourquoi n’ouvres-tu pas l’enveloppe ?
–Perpette c’est long, ce n’est pas à cinq minutes près.
–Tu as raison. »
Mélie s’approcha et déposa un petit baiser sur le coin des lèvres de Christa.
« Si je vous gêne les miquettes, vous le dites !
–Allez Mélie ouvre l’enveloppe. Tu en meurs d’envie ! »
Mélie avait apporté dans une chemise, toutes les analyses de Samuel. Celles qui avaient été établies lors des premières investigations dans l’entourage de Fantine. Elle prit la feuille des courbes dans l’enveloppe, y jeta un œil, superposa les deux courbes et regarda par transparence face la lampe du plafond. Elle dit simplement, de sa voix un peu cassée : « Perpette ».
En effet, l’ADN des échantillons correspondait à l’ADN de Samuel Tavernier.
« C’était évidemment prévisible, le jeune Samuel ne s’est même pas défendu. La maman a fait ce qu’elle a pu. Je suis quand même épatée. Elle a du cran cette femme.
Au travail les enfants. On va ramener nos prévenus dans la salle pour leur annoncer la bonne nouvelle. Je vais remettre Madame Tavernier en liberté surveillée, pour qu’elle assure le fonctionnement de sa boutique. De toute façon je suis presque sûre qu’elle obtiendra un non-lieu. Tu en penses quoi Quentin ?
–C’est toi qui penses ! Moi je te regarde, admiratif. C’est tout !
–Arrête de déconner, ce n’est pas le moment. Et toi Mélie ?
–Je pense que tu as raison, cette femme-là n’est pas dangereuse. »
Ainsi fut fait. Samuel Tavernier apprit la nouvelle sans broncher. Madame Tavernier éclata en sanglots.
« On va vous reconduire chez vous Madame. Ne serait-ce que pour trouver quelqu’un qui vous remplacera pour quelques temps. Je vous rappellerai pour rencontrer le Juge, aujourd’hui ou demain. J’ai confiance en vous. Vous n’avez rien à vous reprocher. Je vous demande en contrepartie, de ne pas faire de déclarations, à la presse principalement. Ici, c’est le Juge qui décide de ce qui peut être mis sur la place publique.»
Quentin et Bernier partirent pour raccompagner la pharmacienne chez elle.
« Ah ! J’oubliais : Pour vous aussi : Rien à la presse. Je compte sur vous. Viens Mélie on va revoir notre dossier, Je pense qu’il sera là en début d’après-midi. Il nous faut aller voir le Maire, pour régler le problème de l’appartement de Prunelle, il va y avoir un remplaçant qu’il faudra bien loger pour un moment ! Il faut que je voie Charlie-Rose. je pense qu’elle va avoir quelques problèmes. Bertin serait en droit de la poursuivre. Mais on verra bien. Veux-tu appeler l’hôpital ? Si le médecin est d’accord, on ira chercher Bertin.
–Ok, je m’en occupe. »
Le médecin chef de l’hôpital accepta de « libérer» Paul Bertin, avec toutefois une réserve. Il avait subi un choc émotionnel assez violent, et il pouvait y avoir des suites à plus ou moins long terme. C’est pourquoi il demanda un délai, le temps de s’entretenir avec le médecin traitant. Le retour de Paul Bertin fut fixé en début de semaine suivante. Le juge d’instruction arriva en début d’après-midi. Christa s’enferma avec lui dans son bureau, et lui relata les derniers évènements. Il fut étonné. Il ne s’attendait pas à un dénouement aussi rapide et aussi étonnant.
« Je voudrais vous demander une faveur Monsieur le juge.
–Je me doute un peu de ce que vous allez me demander.
–Le déménagement du logement de fonction de Reine-Claude Devallois devra intervenir pour que la mairie puisse loger sa remplaçante. Je voudrais retirer toutes les photos explicites. Il est inutile que la presse fasse les choux gras de ces images.
–Je suis d’accord, vous faites l’enlèvement et l’inventaire sous contrôle d’huissier. Vous ne ferez disparaître aucune de ces pièces. Le lieu d'entrepôt devra être connu de mes services. Vous n’étiez pas au courant de ces prises de vues ?
Si, mais pas de ces agrandissements ni de cette exposition.
–Cela vous servira de leçon. soyez plus prudente à l’avenir. Une photo comme celle-là, dans un journal, et votre carrière est fichue.
–Oui, je sais. Merci Monsieur »
Il n’avait pas tort ce brave homme. Il prit connaissance du dernier développement de l’enquête. Il donna son approbation pour la liberté surveillée de Madame Tavernier, et fixa la présentation des prévenus pour le lendemain au palais de justice. Christa chercha Mélie. Elle la trouva en discussion avec Manon.
« On parlait d’amour !
–Pourquoi, vous vous aimez ? »
Les deux filles se regardèrent, les yeux pétillèrent et elles se sourirent.
« Si je comprends bien, Mélie, je dois laisser la place ?
–Si ça ne te fâche pas, j’aimerais passer un moment avec Manon.
–N’aies crainte, je ne suis pas jalouse, et on a vu où mène la jalousie ! D’ailleurs, j’ai encore un rendez-vous, et je n’aurai pas la tête à ça.
–Et tu ne voudrais pas venir avec nous ? A trois ça se fait non ?
–Eh bien Mélie, tu vas vite en besogne ! C’est une bonne idée, mais pas ce soir. Et puis tu n’es pas encore assez goudou pour ça !
–Tu vas chez Charlie-Rose ?
–Peut-être, je ne sais pas encore. Pour l’instant, je dois préparer pour le juge la comparution de Prunelle. Ça va me mettre le bourdon, je ne serai pas une bonne partenaire. Non, amusez-vous bien, vous me raconterez !»
Charlie-Rose ? Oui, c’était une idée. il n’y a pas de raison de laisser s’installer un vide sidéral entr’elles.
Christa avait été quelque peu déstabilisée par l’attitude de Charlie-Rose. Et puis cette impression de ne pouvoir garder ses pensées secrètes, ce doute de se sentir manipulée téléguidée. Il fallait en avoir le cœur net, il fallait aimer la femme, et résister au "fakir". De toute façon, elle devait savoir où elle en était, elle sentait au fond d’elle-même que le doute sur sa personnalité resterait un handicap. Elle se décida donc à appeler Charlie-Rose.
« Bonjour Charlie-Rose Comment vas-tu ?
–Mais très bien, un peu inquiète de ne pas avoir de tes nouvelles, désolée de t’avoir déplue. Je ne voulais pas te blesser ni t’inquiéter. On peut se voir si tu veux, quand tu veux.
–Ce soir alors, au bar, et après, Inch’Allah !
–D’accord, à ce soir Amour. »
La voix était claire, le ton était juste, les mots à leur place. Christa se sentit soulagée.
Le soir, après une mise en beauté soignée, Christa poussa la porte du Bar le cœur battant. Charlie-Rose n’était pas sur son tabouret comme à l’habitude, elle se trouvait debout discutant avec Vonnie. Elle était superbe, très joliment coiffée, Un maquillage hyper léger qui ne favorisait que le regard, très élégante, dans une robe « de soirée » des plus élémentaire, la robe noire à petite bretelles, décolleté modeste mais très affriolant. Des collants foncés, des talons aiguilles. Robe courte ajustée au millimètre sur la taille et les hanches. Les épaules et les bras de Charlie-Rose étaient une merveille de féminité. Christa sentit son cœur faire un bond de plus dans sa poitrine. Charlie-Rose l’aperçut, et lui sourit. Elle vint à sa rencontre et lui dit :
« On se sauve. Restau ça te va ? Le Préporus ? Les Marissons ?
–Le Préporus, je veux bien.
–Bonne idée, on y va. »
Elle prit sa petite veste de cuir au passage, et elles sortirent sur le parking.
« J’ai mis du rouge pour être belle, alors je ne t’embrasse pas, mais l’envie est là. Si tu savais comme je suis contente de te voir.
–Moi aussi Charlie-Rose, j’étais à la fois triste, inquiète et soucieuse.
–Hum, ça fait beaucoup ça ! On ne pourra pas soigner ça en une seule fois ! »
Le décor du restaurant comme à son habitude fut un réel plaisir, le confort, la déco, l’accueil, tout y était. Christa aimait cet endroit. Dans sa toute jeunesse, c’était un « dancing ». Le Samedi soir et le dimanche après-midi y étaient très animés, et le tout Amiens venait y danser. C’était varié, différents orchestres étaient programmés, du musette au jazz en passant par le rock et toutes les danses modernes. Christa y avait passé des heures inoubliables.
Elles s’installèrent en bordure de salle, contre la verrière, bien que la nuit fût déjà annoncée.
« Alors où en es-tu de tes problèmes? Cinq minutes seulement et après on parle d’autre chose ! Vas-tu voir le bout de cette enquête ?
–Oui, mon enquête est terminée. Les coupables sont en prison. »
L’étonnement sur le visage de Charlie-Rose n’était pas feint, et cela fit plaisir à Christa. Elle sentait qu’elle se libérait, Charlie-Rose n’avait pas pénétré ses pensées.
«En prison ? Les coupables ? Il y en a plusieurs ? Ce n’est pas Prunelle?
–Je prendrais bien un petit bourbon avec deux glaçons pour commencer!
–Tu as raison ma belle il faut fêter ça.
–Non, je ne fête pas ça, tant la vérité est triste et troublante.
–Eh bien, moi qui voulait t’aider.
–Mais tu m’as aidée, tu m’as donné l’indice capital, celui qui m’avait échappé ! 
–Tu me fais mariner là, de quoi s’agit-il ?
–De la photo dans Picardie Matin.

–Ah ! La Twingo de Prunelle ? Pauvre fille !
–Ce que je vais te dire doit rester entre nous, aucune déclaration officielle n’a encore été faite.

–Tu sais bien que tu peux compter sur moi. Je suis très vexée ! Pour quelqu’un qui prétend faire de la voyance…
–Il faut passer ta boule de cristal à l’Ajax-vitre !
–Ou que je prenne ma retraite.
–Ce n’était pas la Twingo de Prunelle.
–Que me racontes-tu là ? C’était qui ?
–La voiture de Fanta. Ces deux nanas avaient acheté ensemble la même voiture le même jour au même vendeur avec la même remise de 15%. Les deux numéros se suivaient, elles avaient fait la démarche à la préfecture.
–Et comment l’as-tu su ?
–J’ai demandé à Picardie matin la photo originale, car je savais qu’ils coupent ou brouillent les plaques.
–Bien sûr, suis-je bête, j’étais persuadée de la culpabilité de Prunelle, je n’ai pas réfléchi plus loin. Alors Prunelle est innocente ?
–Non, hélas. Elle a commis le premier meurtre avec préméditation. Le second a été commis par Samuel Tavernier, le frère de Fanta. Il a voulu venger sa sœur.
–Mais Flora-Jane n’était pas responsable…?
–Non, en effet, mais comme nous l’avions mise en garde-à-vue quand on a trouvé son ADN sur le corps de Fanta, la presse en a parlé, et Samuel n’a pas cherché plus loin. Il a réagi très vite, trop vite.
Madame Tavernier a senti que l'étau se resserrait, elle a bien tenté de brouiller les pistes, mais il y avait trop de preuves accablantes.
–Mon dieu ! si je m’attendais à une fin comme celle-là ! Et c’est la photo qui l’a confondu ?
–Non, la photo m’a fait gagner du temps. J’avais relevé un ADN dans les cheveux de Flora-Jane, déjà, depuis quelques temps. Mais la série des
« ADN parents » m’a appris qu’il valait mieux avoir plusieurs cordes à son arc.
–Tu as été formidable. Si j’avais été à ta place, j’aurais guillotiné Paul Bertin !
–Oui je sais. A ce propos, je voulais te mettre en garde. Paul Bertin a subi un choc psychique très violent. Il est encore soigné, et le sera encore longtemps. Mal conseillé, il pourrait se retourner contre toi pour harcèlement moral.
–Et il aurait raison. Qu’est-ce que je peux faire pour réparer ?
 Tu peux faire tout ce que tu veux, mais rien ne te dédouanera définitivement. Il pourra toujours, si il y a des complications par exemple, revenir à la charge, il faut le savoir !
–Oui, je comprends. De toute façon, j’étais tellement sûre qu’il était l’assassin de ma tante, que je n’ai pas réfléchi. J’aurais dû te faire confiance et rester prudente. Bon, je vais y penser. Mais je suis épatée par ton enquête.
–Pourtant j’étais persuadée que tu jouais avec moi et que tu savais.
–Non, pas du tout ! Tu sais, deviner l’avenir, ce n’est pas une science, c’est une impression qui vient à l’esprit suite aux évènements. Une façon de les interpréter, simplement. A ce jeu tu es sûrement meilleure que moi. Souvent les gens ne voient pas l’évidence, et il suffit de leur mettre les points sur les « i » Je suis un bon magnétiseur, mais pour lire dans le marc de café, j’ai encore du boulot !
–Tu voudrais me dire que tu ne m’as pas influencée ?
–Bien sûr que non ! Tu as été formidable et je me suis conduite comme une conne. J’ai eu Bertin comme patient, et j’ai vu tout de suite que c’était un esprit simple. J’ai pensé qu’il pouvait se laisser aller à déraper totalement.
–Je crois surtout qu’il est très fragile. Sans plus. Mais je le crois profondément sincère.
–Tu as raison. Tu es une super nana ! Ils risquent quoi les deux coupables ?
–Perpétuité parce que préméditation dans les deux cas. L’avocat de Prunelle veut faire passer ça en crime passionnel, mais ça ne marchera pas.
–Et si on prenait le dessert à la maison ? Tu as encore faim ?
–Une faim de loup. Je sais que le dessert est ta spécialité. »
Le repas au « Préporus » avait été léger et délicieux. Il y avait peu de monde, ce qui laissait une ambiance feutrée. Le personnel disponible,
« Somme » toute une soirée très agréable.
La chaumière abrita leurs amours comme elle l’avait fait précédemment. Aucune ombre au tableau, les sentiments s’étaient invités, le plaisir ne se fit pas prier. Pourtant, quand au petit matin Charlie-Rose reconduisit Christa, une impression de dénouement flottait dans les cœurs assouvis. Christa mit ce sentiment sur le compte du cafard des jours passés. Elle pensait qu’il faudrait beaucoup de nuits comme celle-ci pour oublier.
Elle tenta une autre soirée avec Claudine. Ce fut différent, bien sûr, et la relation fut d’une pureté inattendue. Claudine était celle qu’il faudrait épouser. Elle était celle qui rendrait la vie immensément douce, et qui saurait inventer à chaque instant un bonheur nouveau.
Christa hésita, mais ne lui révéla pas la double personnalité de Charlie-Rose.
Ces deux là devaient être belles dans l’étreinte.
Et puis un matin, sans aucune préméditation, elle s’adressa à Quentin :
« Tu n’aurais pas envie d’un week-end à la mer ? »
Quentin la regarda bouche bée.
« Tu dis ça sérieusement ? Ou c’est encore une boutade ?
–Ne sois pas bête, si tu ne sais pas voir la différence quand je parle à Quentin ou quand je parle au flic, c’est bien embêtant pour moi. Ce n’est pas une boutade, j’ai envie de respirer l’air pur, et de regarder l’infini dans les yeux… Et aussi d’être avec toi. Toi et moi et la mer !
Et de parler d’autre chose. D'être simplement un homme et une femme.
–On part quand ?
–Quand tu veux !
–Le temps de prendre mon pyjama et on y va ! »
Aller à la mer, quand on vit à Amiens, ce n’est pas un grand voyage. Mais pour les « Samariens », « aller à la mer » a toujours été la plus belle des balades. C’est Le Tréport qui fut choisi, parce que ce n’était pas tout à fait l’été et que le site est magnifique. Le Tréport est en Seine Maritime, mais ils n’allaient pas chipoter. Il n’y a que la Bresle à traverser !
Comme s’ils avaient répété cela depuis longtemps, c’est avec le plus grand naturel qu’ils prirent une chambre dans le seul hôtel où c’était encore possible, sans avoir réservé auparavant. Ils n’attendirent pas la nuit pour tester le lit. Christa constata avec amusement que Quentin avait suivi son conseil et qu’il était entièrement épilé. Elle en fût toute heureuse. Elle ressentit un immense besoin de tendresse quand, pour la première fois, ils se trouvèrent nus, l’un contre l’autre.
Christa connaissait l’amour hétéro, à trente trois ans, cela aurait été dommage ! Mais c’est avec une grande impatience qu’elle attendit cet amour qui allait les unir, pour quelques heures ou plus, qui pouvait savoir ?
Ce fut véritablement fusionnel, et Christa sentit qu’elle venait de tourner une page fondamentale de son existence. L'homme n'était pas en cause, en tant que tel, c'était Quentin! Quentin, son ami.  En fin d’après-midi, ils se retrouvèrent sur la plage de galets, dans le vent frais qui leur fouettait le visage. Christa regardait l’horizon. Elle voulait se remplir la boîte à souvenirs avant que

« ces connards de financiers »

n’installent au large du Tréport, les cent cinquante éoliennes prévues !!! Assis sur les galets, le visage face à la mer, Quentin revint sur l’enquête ;
« Finalement, il aurait été plus logique que le magnétiseur soit mouillé dans l’histoire !
–Que veux-tu dire ?
–Pouvoir hypnotiser les gens ça doit être vachement pratique ! Tu choisis la victime, et tu hypnotises celui que tu envoies commettre le crime ! Les connards de policiers foncent tête baissée, et mettent le tueur en prison, et tout le monde est content !
–Tu ne parles pas sérieusement ?
–Mais non mon amour ! Pour une fois que c’est moi qui te fais marcher….
–Ah ! je préfère, ne me refais pas un coup comme ça !!!
–Non ! Mais j’en ai un autre en réserve.
–Je crains le pire...
–Ou le meilleur ? C’est selon ! J’ai toujours eu envie qu’on se retrouve tous les deux, en tête à tête, au bord de la mer….
Pour te demander en Mariage ! »


Epilogue.


Le 14 décembre de l’année suivante, il faisait un froid sibérien mais il n’y avait pas de neige. Un soleil timide éclairait vaguement la nature ingrate qui bordait la voie ferrée. Il n’avait même pas la prétention de réchauffer les éléments, encore moins les cœurs.
Les étangs étaient gelés.
L’administration judiciaire sans doute aussi.
Aucun jugement n’était encore intervenu dans cette affaire qui avait profondément marqué la vie des habitants.
Pourtant, les deux prévenus s’étaient montrés coopératifs. Ils avaient fait des aveux complets, n’oubliant aucun des détails de leurs méfaits. Ce qui, avec un peu de chance, allègerait leur condamnation. La relation des assassinats coroborait parfaitement les hypothèses de Christa.


Tcho-Phil braconnait toujours un peu, mais sa jambe le faisait encore souffrir.
Paul Bertin était entré en maison de retraite, Il n’avait pas retrouvé la possibilité de vivre son indépendance.
Profondément persuadée qu’elle était responsable de sa déchéance, Charlie-Rose finança discrètement la maison de retraite, pour qu’il ait une vie meilleure.
Elle continua cependant, par ses pouvoirs, à soulager ses plus fidèles clientes.

Christa déposa son bouquet de roses rouges sur les cailloux du ballast. Elle avait retiré ses gants, pour que Fanta, de là-haut, puisse apercevoir son alliance toute neuve. Elle essuya les larmes qu’elle n’arrivait plus à retenir. Elle entendit le pas d’une personne qui s’approchait. En se retournant, elle vit que c’était Madame Tavernier, qui tenait, elle aussi, un bouquet de fleurs à la main. Comme Christa, les larmes déformaient son visage, qui esquissait malgré tout un sourire un peu triste.


« Je savais que je te trouverai là, Christa. Tu es une bonne fille... Je pense souvent à toi. Je sais que tu souffres autant que moi...

Rentre chez toi, maintenant. Je vais prier un moment encore. Va retrouver ta maison, ton mari, et surtout, ne prend pas froid. »

 

culdecoblanc

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Par eve anne
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