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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
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La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 


tn Présentation1

 Photo François Benveniste.Titre-1
 Les Jeux de Saint-Elme,  Emma

 

Emma-NB Depuis le départ de Marie-Claude, je me traînais un cafard monstre. L'ubiquité de sa présence me manquait énormément. Ses rires n'arrivaient plus à mes oreilles, plus de farces, plus de cette folle gaieté que j'ai adorée. Je ne sais pas comment je me serais intégré dans cet établissement sans elle, sans sa douceur, son parfum, le soyeux de sa peau, et ses formes généreuses. Il me faudra faire un effort considérable pour la chasser de mes souvenirs. Trois jours plus tard, quand Chloé vint pour me piquer, elle me lança:
«Alors, toujours malheureux? Sa petite chérie est partie, alors Monsieur nous fait une déprime?
–N'ayez crainte, ça ne va pas durer.
Dépêchez-vous, il doit y avoir plein de femmes qui attendent votre bon vouloir
Vous par exemple?»
Elle ne répondit pas, me jeta simplement un regard que je ne sus interpréter. En début d'Après-midi, je pris le parti d'aller chez Lysiane. Peut-être était-elle visible? Elle était la seule à pouvoir me changer les idées. En suivant le couloir, je passais dans le bloc qui séparait les chambres des femmes de celles des hommes. Je jetais machinalement un œil dans le «bureau» de l'infirmière d'étage. Je la vis de dos, elle était en train d'enlever sa blouse. Les bretelles d'un soutien-gorge blanc se détachaient sur sa peau brune. Je m'arrêtai net et sans faire un bruit, je regardai. Les cheveux montés en chignon, dégageaient la nuque, et j'eus subitement envie de déposer un baiser sur ces épaules nues. Je m'approchai sans bruit, et je déposai un baiser dans le cou de la jeune femme. J'étais préparé pour une réaction violente. Il n'y en eut pas. Au contraire, elle baissa légèrement la tête pour dégager sa nuque et me laissa l'embrasser. Toujours dans son dos, je dégrafai le soutien-gorge. Alors que je saisissais les seins, elle pencha la tête en arrière pour s'appuyer contre moi. La poitrine était ferme, douce, élastique, c'était un réel plaisir. Sans se retourner, elle me dit:
«Tu en as mis du temps !! »
Elle se retourna.
«Comment as tu deviné que c'était moi ?
– Il n'y a personne d'autre ici qui ait suffisamment de culot pour faire ça.
–Je te croyais lesbienne réellement !

– Oui et alors ? Marie-Claude est lesbienne et elle t'a fait l'amour quand même ! – C'est vrai !»
Je regardais son visage, ses yeux, ses seins aux grandes aréoles presque noires, ses épaules de nageuse. Mon dieu les seins !!!
«Tu es vraiment très belle» lui dis-je.
«Je te plais ? Hé bien prouve-le.»
Elle remit sa blouse, sans le soutif, me prit la main et m'entraîna vers ma chambre. Ce fut ce qu'on appelle une «sieste crapuleuse». J'avais beaucoup de chance, moi qui n’étais pas un héros, je tombais sur des femmes actives, faites pour l'amour. Sont-elles toutes comme ça ? Non, je ne le pensais pas. Nous avons passé un bon moment ensemble, jusqu'à ce qu'elle reparte pour ses occupations. Lysiane ne m'a pas vu ce jour-là.
Chloé était réellement belle, d'une beauté impressionnante, par son allure, sa poitrine, ses hanches. Elle était aussi grande que moi. C'est la première fois que j'aimais une femme comme elle. Le lendemain, elle entra discrètement, me déposa un petit baiser au coin des lèvres et me dit:
«J'ai bien aimé. Ta réputation est méritée.»
Je haussai les épaules, et je n'en croyais rien. Je n'avais pas eu tellement de femmes dans ma vie, et je n'avais ni l'expérience, ni les «moyens» d’une bête de sexe.
«On se revoit quand ?
–Je ne sais pas» dis-je, et regardant l'alliance qu'elle portait au doigt:
«Il faudrait que tu divorces pour avoir du temps libre !
– Oh ça va, n'exagère pas, à part la nuit, je suis libre tout le temps.
– Je disais ça comme ça. Tu l'aimes ton mari ?
– Évidemment !
– Il te fait bien l'Amour?
– Comme un dieu.
– Hé ben tant mieux, tu n'auras pas besoin de moi....
– P'tit con !!!! »
Je sortis avant midi faire une balade au village. Je revins juste pour me mettre à table. Les autres garçons étaient déjà là, et les deux filles aussi. Je ne sais pourquoi, mais ces deux là me laissaient de glace. A deux tables plus loin, il y avait Emma. Elle était assise face à Gilberte. Je les regardais. Je vis que la discussion ne devait pas être facile. Il n'y avait pas de sourires, ni la complicité que l'on voyait entre elles avant. Vers la fin du repas, Gilberte se leva brusquement et repoussa sa chaise violemment. Il y a de l'eau dans le gaz pensé-je. Emma était impassible. Elle regarda dans ma direction, esquissa un sourire et baissa les yeux. Nous avions terminé le repas. Alors que l'on se dirigeait vers le salon, je me retournai. Emma était encore là, songeuse, elle ne finissait pas son repas. Je fis demi-tour, et j'allais me planter en face d'elle.
«Je peux m'asseoir?
– Bien sûr» dit-elle avec un triste sourire. Je ne me fis pas prier. Je la regardais, elle plongeait ses yeux dans les miens. C'était une arme redoutable. Ce regard bleu pénétrait au fond de moi.
«Hé bien Franck ? C'est sympa de venir me voir, j'en ai grand besoin!
– Ha oui, j'ai vu que quelque chose n'allait pas !
– C'est Gilberte, elle est jalouse, elle voulait que je passe la journée avec elle, et j'ai refusé. Elle parlait d'une voix douce, le visage presque grave, mais ses yeux ne souriaient pas.
– Il fait trop beau pour s'enfermer.
– Justement, si je te propose une balade, ça te dit ?»
Là son visage s'illumina.
«Avec plaisir Franck, mais tu as peut être autre chose de plus important à faire....?
– Pas du tout, je suis tout à toi !
– Alors, banco ! Je vais me changer, tu viens avec moi?»
Emma était au 5ème étage aussi, deux chambres après Lysiane. En passant dans le couloir on croisa Chloé. Elle nous lança un regard noir.
«C'est ta dernière conquête? Elle a l'air furieux. D'habitude elle est toujours souriante.
– D'habitude, toi aussi.
– Bien répondu. C'est là, entrons.»
Sa chambre était la même que la mienne, mais inversée. Ca sentait l'eau de toilette, Il y avait beaucoup de fleurs. Sur la commode, une vasque d'osier avec quantité de lettres. Mais ce qu'il y avait de plus étonnant, c'était le nombre de peluches. Il y en avait partout. Elle suivit mon regard, et dit:
«Ce sont des cadeaux d'un peu tout le monde. J'ai besoin de ça pour remplir «mes vides».
– Et les lettres, ton amoureux ?
– Non, mon mari et mes enfants. J'ai trois garçons.
– Et moi deux filles.
– Oui je sais, Claudie me l'a dit.
– Claudie ?
– Marie-Claude, c'est son surnom de ce côté là! Tu la regrettes ?
– Oui, énormément. Je mentirais si je disais le contraire.
– Tu as raison, c'était une fille vivante. J'aime bien les hommes qui n'ont pas honte de leurs sentiments... J'en ai pour une minute.»
Le chemisier disparut. Le soutien-gorge était couleur chair, il était sans bretelle sur les épaules. Je pensais que j'aurai vu toute la gamme de formes et de couleurs.
«Il tient comment ?» Elle sourit.
«Justement, il ne tient pas. Mais j'ai des coups de soleil sur les épaules et je souffre le martyr.»
Elle fit descendre le pantalon, le slip était assorti. Elle enfila un jean blanc. Dégrafa le soutien-gorge, et enfila un polo rouge. Je la regardais faire, elle n'avait aucun complexe. Ainsi, nous étions tous les deux vêtus de la même façon.
«Tu as une très jolie poitrine !
– Tu n'es pas obligé de mentir. Je ne suis pas Marie-Claude! J'espère que tu n'es pas choqué, mais le cabinet de toilette est si étroit.
– Oui c'est beaucoup mieux comme ça ».
Elle me jeta un petit baiser sur la bouche. Elle paraissait avoir retrouvé son entrain.
«Où va-t-on ?
– Dehors, on va grimper un peu ?
– On peut prendre ma voiture, et aller plus loin, sinon on va rencontrer tout le monde. Emma NB2
– Pourquoi pas. »
Elle me tendit les clefs. Nous sommes partis dans la 4L en direction de Chamonix. Au hasard, je ne connaissais pas encore la région. On arriva après Chamonix à un Hameau qui s'appelait «Le Tour» Un petit chemin sur la droite. On s'arrêta et on continua à pieds. Le chemin montait ferme, Je remarquai que Emma avait un peu de difficulté à respirer, je ralentis le pas. Plus ça montait, plus l'horizon se dégageait vers les grands sommets. Il y avait par ci par là encore quelques congères. On marchait très doucement et on parla beaucoup. On se tenait la main, on se rapprochait l'un de l'autre. Par notre conversation, et notre proximité, l'instant était magique. On arriva avec beaucoup de peine à un chalet minuscule, perché sur un éperon rocheux. Le nom était écrit sur un bout de bois:
«Le Chapeau de la Mer de Glace». Le panorama était gigantesque, c'est la première fois que je voyais ce glacier. De blanc éclatant en altitude, il était malheureusement tout gris dans le bas. Nous étions en contemplation, sans voix devant une telle merveille. Emma se serrait tout contre moi, ça me paraissait naturel. Elle monta sur un gros caillou pour être à ma hauteur, et m'embrassa avec passion. Et d'une voix très douce elle me dit:
«Quoi qu'il puisse arriver maintenant, je te serai éternellement reconnaissante d'être là, avec moi. »
On s'assit sur la marche du refuge, et le bavardage dura. Tous les gens de Saint-Elme y passèrent. Tout le monde eut droit à la critique. Elle me raconta l'anecdote de David, lors de cette fameuse soirée, il avait remarqué que je ne les quittais pas des yeux, et avait déclaré:
«Je n'aime pas ce garçon, il a des «bedroom eyes». On se parlait, on s'embrassait, je caressais les seins libres sous le polo, elle me laissait faire avec le sourire. On se remit debout, on s'embrassa encore devant ce spectacle minéral unique. Elle avait les mains baladeuses, pendant que je l'embrassais, l'une d'elle s'arrêta sur mon bas ventre. Elle put constater l'effet qu'elle me faisait. Cela n'alla pas plus loin. On redescendit lentement vers Le Tour. On s'arrêta, elle s'assit sur une grosse pierre, et en me regardant de ses yeux de ciel, elle me dit:
«Je ne sais pas si on peut devenir amoureux en si peu de temps, je ne sais pas si l'amour ne peut durer que quelques instants. Je vais essayer de le savoir, et je te le dirai. En ce moment tu es la personne que j'aime le plus au monde.»
Je ne répondis pas, Mais je ressentais très nettement que Emma m'attirait, et que j'allais l'aimer comme un fou. Elle n'avait pas le corps ni le visage de Marie-Claude. Elle n'avait pas la belle assurance de Chloé, ni l'élégance de Lysiane. Elle avait quelque chose en plus qui remplaçait tout : Je l'aimais. Le retour fut plus calme, on profita des magnifiques paysages sous la lumière rasante du soleil. La remontée au Plateau était longue et sinueuse. La 4L marchait bien, et elle gravissait les lacets avec allégresse. Au restaurant, je m'installai à sa table, face à son regard amusé.
«Ça te dérange?
– Pas du tout» ne dit-elle en riant de toutes ses dents éclatantes. Les garçons me regardaient en coin, et souriaient. J’aperçus David qui me lança un regard de haine. On repartait pour la guerre de cent ans! En réalité, on trouvait tellement de chose à se dire, on avait tellement de petits fou-rires, que les gens nous regardaient intrigués. Certains même réprobateurs. Mais qu'importe, nous nous étions trouvés, plus rien de ce qui existait autour de nous n'avait d'importance. Le soir, nous étions fatigués de cette randonnée, et l'on décida de dormir sagement dans nos lits respectifs. Deux heures à peine, et je trouvais la situation ridicule. Et je me dirigeai vers la chambre d’Emma. Elle n'avait pas fermé la porte, elle ne dormait pas, elle m'accueillit avec plaisir.
«Je t'attendais, j'espérais que tu allais venir.
– Oui, je le savais.»
Le corps d’Emma contre le mien paraissait en être l'empreinte exacte. Elle me caressait doucement, m'embrassait à petits baisers, me chuchotait les mots bleus. J'étais très excité, et au moment crucial, tous mes moyens s'effondrèrent, et je ne pus lui faire l'amour. Elle ne sembla pas être chagrine de cet incident, mais malgré de savantes caresses, rien n'y fit. Je repartis dans ma chambre et m'endormis comme un loir. Elle avait peut être déjà vécu cette situation, mais moi, c'était la première fois. J'étais vexé mais aussi très inquiet. Emma n'y fit pas allusion de la journée. Notre balade à Plaine Joux et au Lac Vert fut des plus réussies. Le soir, j'allais dans ma chambre. Je n'osais pas renouveler la triste expérience de la veille. C'est Emma qui vint me voir. Elle avait sans doute compris d'instinct que dans mon cadre habituel, je me sentirais plus confiant. C'est exactement ce qui arriva. Nous eûmes une nuit d'amour comme on ne pouvait en rêver.
Emma maîtrisait parfaitement notre situation. Je ne pouvais pas m'empêcher en moi même de comparer avec le talent de Lysiane. Emma avait trente deux ans. Elle avait pour elle l'expérience d'une vie, peut être même de plusieurs vies. Il y eut beaucoup de changements dans nos habitudes: On ne se quittait plus. Quand je pénétrai dans la chambre d'Emma, toutes les peluches avaient disparu. Il ne restait que le bouquet de Baccaras que je lui avais offert la veille. Pour moi, tout était différent. Quand j'étais avec Marie-Claude, nous n'avions à partager que son temps libre, car son travail lui prenait beaucoup de temps. Il y avait, il faut le préciser, quelques malades qui nécessitaient beaucoup plus de soins donc beaucoup plus de temps. Peut être aussi avait-elle une autre liaison quelque part ? Emma me le laissa entendre. Sans vouloir la dévaluer à mes yeux, elle me dit qu'une autre femme se vantait d'être son amie intime. Peut être était-ce la vérité, mais cela m'était totalement égal. Le plaisir d'aimer Marie-Claude se concevait sans serment de fidélité. Il n'en était pas de même avec Emma, qui se montra extrêmement vigilante quant à mes fréquentations.
Cela ne me gênait pas, mais c'était visible pour tous, et je ne sais pas si une autre femme aurait pris le risque d'affronter Emma sur ce sujet précis. Chloé accepta la situation, avec facilité. (Peut-être contente de se débarrasser de moi ?)
De même qu'il y avait une femme de chambre du coté «femmes», il y avait un homme de chambre du côté hommes. Il était âgé, grand et efficace. Il aimait bien me tenir la conversation, et je lui offrais souvent quelques paquets de Gitanes. Il en était privé par sa femme. Il nous trouva dans sa «réserve», un lit plus large. Pas un lit pour deux, mais il devait faire 1.20m 1.25m C'était plus confortable je ne sais pas comment il s'était débrouillé. Il faut savoir que les patients ne devaient pas se mélanger ! Sans doute avions-nous, pour quelques raisons obscures, une protection efficace. Chloé accepta aussi de nous faire les soins en même temps. Je me souviens qu'un matin, elle nous fit notre perfusion deux heures plus tôt, parce que Emma devait se rendre à Genève pour le début de l'après midi. Il n'y avait pas d'autoroute à cette époque. Elle y rencontra son mari à l'aéroport, alors qu'il faisait escale à Cointrin pour se rendre en Afrique. Son mari n'était pas jaloux. Il était rassuré de savoir que Emma était heureuse. Je sus par la suite qu'il n'y avait aucun serment de fidélité dans leur couple, et que malgré tout ils se retrouvaient avec bonheur.
Bien sûr, il y avait d'autres «couples» à Saint-Elme, nous n'étions pas les seuls. Mais aucun ne se montrait en public. Nous sortions presque tous les jours pour une nouvelle escapade. Il nous arrivait quelques fois de rencontrer des gens de St-Elme ensemble, dans des situations sans équivoque, alors que tout le monde ignorait leur liaison. On les saluait, ils nous répondaient timidement, comme deux enfants pris en faute. Dans ce même chapitre, un autre couple eut un accident de voiture. Dans un virage sans problème, la Mercedes décapotée fit un tout droit dans le mur de soutien à l'extérieur du virage. Tout le monde en parla, et tint pour explication, que le conducteur avait été «distrait» de sa conduite. A cette époque là, la ceinture de sécurité n'était pas obligatoire. L'homme fut hospitalisé quelques temps, et la femme eut droit à un plâtre et une paire de béquilles pendant quelques semaines. Cette aventure nous fit sourire, cela aurait très bien pu nous arriver.
J'appréciais de plus en plus la modeste 4L d’Emma. C'était un modèle des plus ordinaires, avec boîte trois vitesses. Cette voiture était géniale pour la montagne. Elle valait largement la Jeep pour grimper dans les endroits impossibles. Il suffisait d'un chemin, et cela était parfait. Ainsi, nous sommes allés au Mont d'Arbois, au dessus de Saint-Gervais. Au signal de Bisane en haut des Saisies. Le barrage de Roselend (il n'y avait qu'un sentier pierreux à l'époque, maintenant il y a une trois voies), au col de Voza où l'on n'accède «que» par un train à crémaillère. Je crois que le plus étonné fut le gardien des Chalets d'Ayères, qui ne voulut pas croire que l'on était venu en voiture. Lorsque quelques années après, j'ai revu cette route, je me suis demandé comment j'avais pu être aussi inconscient de l'avoir suivie.
Nous avions acheté toutes les cartes que nous avions trouvées. Nous connaissions le pays dans tous ses recoins. Nous avons découvert des futures stations en chantier, Flaine et Avoriaz. Pas un sentier n'a échappé à notre curiosité. Quand on était parfaitement isolés dans les alpages, il nous est arrivé de faire notre «cure» en altitude. Nous avions une couverture, il faisait beau, et nous faisions l'amour au beau milieu de cette immensité. Pas besoin de nous dissimuler, la montagne était déserte, seules les clarines éloignées parvenaient jusqu'à nous. Nous avons inventé le naturisme de montagne. On s'est baigné nus dans des torrents glacials. On a fait l'amour dans la caverne que dissimule la cascade de la Pierre à Bérard pas loin de la frontière Suisse. On s'est baigné nus dans le lac d'Annecy, Nous n'avons pas cessé de nous aimer, partout, à toute heure, dans toutes les situations. On faisait l'amour deux à trois fois par jour, des fois quatre. Après je ne pouvais plus. Emma, quant à elle, avait pour l'amour une forme olympique. Je n'ai jamais connu, encore aujourd'hui, d'autre femme capable de s'investir autant dans une relation amoureuse. Et quand épuisés on s'arrêtait, on parlait d'amour, on parlait de l'amour.
Sur le sujet Emma était intarissable. Elle racontait facilement ses aventures passées, et je l'écoutais avec beaucoup de curiosité. Elle me posait aussi quantité de questions. Du genre:
«As-tu déjà eu des relations homosexuelles?» Cette question là, je ne l'attendais pas. Et je mis un temps avant de répondre:
«Si je dis non, tu ne me croiras pas, si je dis oui, tu me traiteras de pédé, si je ne dis rien tu croiras que c'est oui, si tu me poses la question c'est que tu connais la réponse.
– Peut être, en effet. Mais il n'y a aucune honte, moi-même je suis bisexuelle. Toutes mes amies le sont également. Et je pense que beaucoup d'hommes le sont aussi. Je connais un homme à St-Elme qui est homo, et qui m'a parlé de toi.
– Et alors?
– Il dit que tu es homo, et qu'il ne se trompe jamais.
– Alors je dois être repoussant car il ne m'a jamais fait de proposition. En tout cas, moi je ne sais pas de qui il s'agit. Et puis il faut un commencement à tout !
– Il te contactera sûrement. – Ok, je te le dirai de toute façon, je ne te cache rien. – Sauf que tu ne m'as pas répondu» dit-elle malicieusement.
«Je pense avoir répondu. De toute façon ce n'était pas une question, quelle que soit ma réponse, tu voulais me le faire dire.» Emma éclata de rire.
«Je te charriais. Tu as très bien répondu, Et je t'aime à la folie.
– La seule chose que j'ai faite avec un autre garçon, c'est l'amour avec une très jolie fille, qui a préféré deux garçons ensemble à la nécessité de choisir. J'en garde un très bon souvenir.
– Je veux bien te croire. Elle était jolie?
– Très jolie, très gourmande, infatigable.
– Ça a du être une expérience intéressante !»
Emma était une femme extrêmement cultivée. Elle était incollable sur les arts en général, et sur tout ce qui touchait la littérature, et la poésie. Emma parlait couramment l'anglais et l'espagnol. Elle connaissait la littérature et les poètes de ces deux pays aussi bien que ceux de France. Emma écrivait. Ses recueils de poèmes sont publiés, ce sont de vraies merveilles. Emma faisait de la peinture, ses créations sont aussi très cotées. Elle m'apprit à aimer la musique classique, on acheta un tourne-disque, et elle choisit les disques. Lorsque je me souviens aujourd'hui des jours et des nuits passés avec Emma, je me rends compte qu'elle m'a tout appris, et que je lui dois tout. Et ce qui est le plus heureux dans mon souvenir, c'est qu'elle l'a fait par Amour. Alors que je n'avais jamais quitté mon village, elle avait parcouru le monde. Elle savait ce que je n'aurai jamais dû savoir. Emma m'a laissé des recueils de poèmes dont j'aurais ignoré l'existence toute ma vie. Je collerai en fin de texte quelques poèmes d’Alain Borne, que j'ai relus mille fois, et qui m'ont apporté la sensibilité durant toutes ces années. C'est aussi Jean Paul Guibbert, avec son recueil Alyscamps, entre-autres. Plus tard, je me suis rendu aux Alyscamps, j'ai aimé, j'ai pleuré. Mes pensées vers elle, étaient si puissantes qu'il est impossible qu'elle ne les ait pas ressenties. Quelle bizarrerie de la vie de s'être connus à Saint-Elme. Dans un endroit agréable, confortable, vous installez en même temps des femmes et des hommes, séparés seulement par une frontière immatérielle. Que peut-il se passer ? Pour moi, il s'est passé que j'ai rencontré Emma, et qu'aucune femme au monde, fusse le plus joli des mannequins, n'aurait su m'apporter autant d'amour que, loyalement, elle m'a donné.
Plus le temps passait, plus nous étions déconnectés de ce qui pouvait se passer autour de nous. Nous dormions toutes les nuits ensemble. Nous étions au restaurant ensemble, seul endroit où l'on pouvait rencontrer les autres. Le reste du temps était fait de balades et d'amours, d'Amours et de balades. Au cours de ces virées quotidiennes, nous sommes allés dans tous les restaurants, les chalets, les bars et même les boîtes. Nous avons fait la connaissance de tous les «patrons» d'hôtels restaurants, et les patrons de bar de la région. Beaucoup d'entre-eux sont devenus mes amis, ils le sont encore aujourd'hui.
A Cordon, petit village dominant la ville de Sallanches, tout près de Megève, il y avait ce magnifique chalet hôtel, qui ouvrait ses portes. Les propriétaires étaient de notre âge, Et nous avons participé à tous les évènements de l'établissement. À Cordon également il y avait un autre chalet en cours d'aménagement qui avait été acheté par un couple de jeunes femmes. Bien sûr, et comme souvent, parait-il, le courant était passé tout de suite entre les trois femmes. Je ne me souviens plus de leurs prénoms, mais je les revois encore : Une grande femme un peu masculine de visage, et très féminine pour le reste, et l'autre plus petite, et qui était un canon de beauté. De type italien, elle avait un décolleté très avantageux, et des fesses à peine dissimulées dans un mini short effilochés. Elle était absolument craquante, et d'une beauté ravageuse. Là aussi nous avons apporté notre aide à la finition de la déco. Généralement nous étions bien accueillis par tous ces savoyards, qui ont pourtant l'habitude de rester distants.
Mais notre relation était tellement transparente, que tous ces gens enviaient un peu notre bonheur. Ce jour là, nous étions en balade à Megève. Il faisait beau, mais comme toujours à Megève, l'air était frais. On déambulait dans la rue principale, on allait au bowling. Il était nouvellement ouvert, on m'en avait dit beaucoup de bien. On entendit un bruit de fenêtre ouverte avec brutalité, des éclats de voix, et quelque chose passa par la fenêtre, et atterrit à nos pieds, en plein milieu de la chaussée. Ce quelque chose, c'était un petit chien, qui ne devait avoir que quelques semaines. C'était une petite levrette, minuscule, couleur beige et blanc. Elle semblait complètement KO par l'atterrissage plutôt brutal. Emma ramassa l'animal, et le garda contre elle un moment.
«Il est encore vivant dit elle.» C'était un vrai miracle.
 
«On va aller le porter à la gendarmerie, et signaler d'où il vient 
– De où ELLE vient, c'est une chienne. Pas question, une petite chienne nous est tombée du ciel, on la garde!
– Du ciel tu exagères, du premier étage serait plus exact !
– Oui, on ne va pas chipoter.
– Et qu'allons nous en faire ?
– On va la garder avec nous.
– A St-Elme ?
– Bien sûr ! C'est bien là que l'on habite ? Alors le chien habitera chez nous!»
C'était logique, sauf que Chloé ne voulut pas en entendre parler, elle en avait marre de nos conneries, etc... etc…
«J'ai plus de problèmes avec vous-deux qu'avec tous les autres réunis»
On chercha une solution, on la trouva, on demanda aux filles de Cordon de nous la garder.
Quand nous sommes arrivés chez elles, tout était grand ouvert. Il n'y avait personne. Inquiets nous sommes entrés dans la maison, nous les avons trouvées encore endormies dans leur lit. Il était presque midi. La plus grande se leva, Elle portait une nuisette, totalement transparente, et pas de culotte. L’autre attendit que sa copine soit sortie, et se leva, elle était entièrement nue. Nous avons pu vérifier ce que l'on croyait, elle était vraiment très belle. Et vision étrange pour moi, elle était totalement épilée. C'est la première fois que je voyais ça. J'ai trouvé que c'était plus joli, plus vrai, plus intime. Je demandais à Emma:
«Elle a fait ça pour toi ou pour moi ? Pour moi j'espère» me répondit-elle.
«Tu ne t'es jamais épilée comme ça?
– Si, quelques fois. Je le ferai si tu veux !
– Oui, j’aimerai beaucoup ! » De retour à notre chambre, Emma prit mon rasoir, et tint sa promesse. J'étais ravi ! J'en fis autant. Elles acceptèrent de nous garder la chienne. On lui avait acheté une laisse, et l'une des filles a demandé:
«Et son nom ?»
Quinta-NB On s'est regardé, on n’avait pas choisi de nom. Emma décida qu'elle s'appellerait «Quinta» ! Va pour Quinta, je ne me souviens plus pourquoi. A la suite de cela, nous allions à Cordon tous les jours, rendre visite à Quinta, et aux filles bien entendu. Je me rendais compte qu’Emma leur faisait beaucoup d'effet. Mais Emma me resta fidèle. Nous allions souvent visiter les endroits les plus sympas du massif. J'avais, quant à moi, sympathisé avec quasiment tous les barmen, dont l'un particulièrement qui draguait Emma, à tel point que cela en devenait drôle. On y allait, on payait notre verre, mais le second nous était toujours offert. Heureuse époque ! Nous pouvions vivre nos envies avec 50 francs par semaine. Essence, boissons, restaurants (quelques fois) fringues.... On partageait tout.
Un changement dans la vie privée d’Emma, fit qu'elle dût placer ses trois fils dans un chalet. Nous avons cherché et trouvé ce chalet, fort agréable. Les propriétaires se sont habitués, comme les enfants, à nous voir ensemble tous les jours. Nous vivions notre vie, Saint-Elme était loin. On y allait dormir, se faire piquer, et tout de suite, on disparaissait dans la montagne. De jour en jour, je voyais Emma devenir de plus en plus à l'aise, heureuse, dynamique. Elle a vécu notre histoire comme on vit une vie. J'ai été l'amant comblé, aimé, adoré. Jamais il n'y eut le moindre coin sombre dans nos relations.
Un midi, c'était peut être un Dimanche, on vit apparaître dans la salle de restaurant, deux personnes en couple, une jeune femme aux cheveux noirs, à la peau mate, assez grande, très mince, très belle, et son mari sûrement, un homme assez grand, assez beau, le tout faisant un très joli couple. On se posa bien évidemment la question duquel des deux resterait. Je pariai pour la femme, et je gagnai. Le Dimanche soir, elle était seule. Je vis l'un de mes «copains» aller lui parler. Ils ne perdaient pas de temps. Il arriva que je croise le regard de la belle arrivée. Elle avait des yeux sombres extrêmement pétillants et le sourire facile et engageant. J'eus l'impression que l'échange de regard dura plus qu'il n'était nécessaire. Emma s'en rendit compte et ajouta:
«Je dormais tranquille, c'est fini. En voilà une qui n'aura de cesse que tu lui fasses la cour !
– Et pourquoi le ferais-je ?
– Parce qu'elle est belle, que tu es beau, et que vous ferez le couple idéal. »
– Elle n'en a peut-être pas envie, son mari est un bel homme.
– Oui, certainement, mais il n'est plus là !»
Notre discussion s'arrêta là. Quelques jours après, un garçon de la bande que l'on appelait Max, apparut au restaurant au bras de la jolie Hilda, puisque c'était son nom. Enfin, pas exactement, mais Hilda fera l'affaire. J'eus malgré moi un réflexe de jalousie. Max n'était pas à proprement parler un bel homme. On ne peut pas dire qu'ils formaient un beau couple. Ce jour là, j'eus droit à la seconde œillade appuyée. Elle n'échappa pas à Emma, pas plus que la première.
«Cela veut dire que la place est encore libre.»
Je la regardais. Emma disait cela sans méchanceté. Une simple constatation qui n'enlevait rien aux sentiments qu'elle avait pour moi. Mais le sort s'est acharné. Un soir nous étions allés à Chamonix. Nous ne sommes pas rentrés à St-Elme pour dîner. Nous sommes allés dans une boîte assez classique, (qui existe toujours) là où l'on savait que l'on aurait du slow à profusion. Il y avait quelques couples, auxquels je ne fis pas attention. Quand tout à coup, Emma serra ma main et me dit:
«Regarde».
A deux pas de nous, Hilda et Max dansaient langoureusement. Cela ne me fit aucun effet sur le moment. Puis je me rendis compte qu'Hilda ne me quittait pas des yeux. Max essayait de l'embrasser, et elle détournait la tête, toujours de mon côté. Je les regardais et je dis à Emma,
«Tu as raison, ils ne font pas un beau couple.
– Oui, elle serait mieux avec toi. Mais elle doit penser la même chose de nous. Cette surveillance pointilleuse d’Emma m'agaça un peu.
«Mais pourquoi me répètes-tu ça sans arrêt ? Je n'ai fait aucun geste et dit aucun mot qui puisse te laisser croire toutes ces choses !
– Parce que c'est la vérité. Écoute-moi : Je dis cela avec lucidité, sans jalousie, et sans méchanceté. J'ai encore un mois à passer à Saint-Elme. Toi tu as encore trois mois à rester ici. J'en mettrai ma tête à couper qu'elle sera dans ton lit, que je ne serai pas encore arrivée dans la vallée.
– C'est pire que de la méchanceté ce que tu dis là.
– Non, c'est de la lucidité. J'en sais quelque chose. Il a suffit que tu m'adresses la parole pour que je laisse tomber tous mes amis, mon amie, et mes prétendants. Ça sera pareil avec Hilda. Toi ici, elle ne couchera avec aucun autre.»
Cette discussion me mit extrêmement mal à l'aise. Surtout que je ne ressentais rien de ce qu’Emma prédisait.
«Tu comprendras vite, à chaque fois qu'il voudra l'embrasser, ça te fera de plus en plus mal. Moi je t'ai vu vivre avec Marie-Claude. Je sais de quoi je parle. Sauf que je n'aurais jamais imaginé que tu t'intéresserais à moi.
– Parce que tu attendais quelque chose de moi !
– Toutes les femmes ici, attendent quelque chose de toi. Elles doivent même se demander comment j'ai fait pour te séduire.
– Et comment as tu fait ?
– Je ne sais pas, je n’ai pas compris.
– Tu m'as simplement regardé au fond des yeux, et tu as les plus beaux yeux de la terre. (Ce qui n'était pas faux, Emma a des yeux démentiellement magnifiques) Pour la première fois, le retour en voiture fut morne, et la nuit tragiquement banale. Comme si le malaise s'était installé, Emma ne parla plus jamais d'Hilda et de Max. Mais nous avions maintenant en point de mire la date fatale où Emma récupérerait sa voiture, ses enfants, ses valises, la chienne, et me laisserait là. Emma emporterait aussi, tout son amour, mais partirait sans se retourner. Pour éviter de nouvelles rencontres, nous avons trouvé une boîte à Combloux. La patronne s'appelait Juliana. Elle était seule, plus âgée que moi, assez jolie, court vêtue et décolleté d'enfer. On dansait toujours le même slow, il n'y avait quasiment personne dans la salle. Le titre de ce slow était «TILL» Je ne l'ai jamais retrouvé. Comme les autres, elle nous remarqua tout de suite. L'amour est-il si rare que lorsqu'il apparaît on le remarque tout de suite? Après quelques discussions avec la dame, extrêmement agréable. Elle nous fit une proposition.
«Je pars trois jours dans ma famille. Je vous laisse mon appartement.» On ne s'y attendait pas, mais on accepta. On s'arrangea à Saint-Elme. La bonne Chloé camoufla les choses. On s'est retrouvés seuls dans cet appartement, complètement désorientés. On avait perdu nos repères. On a eu du mal à se retrouver. J'ai profité de ce séjour pour faire quantité de photos d’Emma nue. Photos que j'ai retrouvées lors du déménagement ; (Ma maman me les avait subtilisées aussi) Nous avons voulu conjurer notre séparation prochaine. Emma m'a fait l'amour comme jamais, osant des choses, en inventant d'autres. J'étais dépassé par une telle énergie. Comme si elle avait voulu faire d'immenses provisions d'amour. On ne vit quasiment pas le jour durant tout ce temps de vacances. Nous sommes sortis une seule fois où nous avons découvert au dessus des Carroz, un immense chantier de construction. C'était la future station de Ski, «Flaine». Il n'y avait que des cailloux et des grues, des baraquements, tout cela était lugubre, et comme en plus le temps était gris, ce n'était pas bon pour le moral. Et puis, le temps passait inexorablement. Nous n'avions plus la joie de vivre, on se parlait comme sur un quai de gare. On savait que notre fin était proche, et que pour mille raisons il n'y aurait jamais plus d'après.
Quand Emma ferma la porte de sa voiture et démarra, je sentis avec une puissance inouïe, le malheur qui était le sien. Quelques heures après je rectifiais, je voulais dire le malheur qui était le mien. J'étais totalement désemparé. Toutes ces heures passées sans autre envie que de les vivre avec Emma, qu'allais-je en faire maintenant ? Emma partie, que me restait-il ? Que saurais-je faire ? Qu’aurais-je envie de faire ? Séduire une autre femme, en aimer une autre ? Je n'en étais pas sûr. Je n'avais plus d'envie. Il fallait qu'elle ait disparu pour me rendre compte que le vide était immense. J'avais conscience que l'amour physique avait joué un rôle capital dans notre relation. Bien sûr, j'avais follement aimé Marie-Claude, Agréablement aimé Chloé, et aimé avec émerveillement Lysiane. Mais Emma m'avait appris à faire le lien entre le plaisir physique, et l’amour.


«Je l'aimais. Les jours n'étaient que des escales sur des îles de fond de mer
Et la lumière de la nuit était celle du fond des eaux
Et nos corps étaient des vaisseaux;
Le lent et perpétuel voyage de nos mains, nos découvertes.»

Emma m'avait laissé «La nuit me parle de toi» d’Alain Borne, «Les Alyscamps» de Jean Paul Guibbert, et l'Adagio, d'Albinoni. Comme pour me dire : Je t'aurais fait toucher du doigt ce qu'il y a de plus beau.


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Par eve anne
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