Le blog d'eve anne, Madrid.

                              

 
Accès direct aux chapitres



XII-Paranthèse
 

undefined

Pourquoi vivre à deux, si c'est pour vivre à moitié?

Luc Plamandon

                                          Il était près de 19 heures quand j’arrivai aux biches. Marie-Noëlle était là, je vis qu’elle avait pleuré. Son joli visage était tuméfié de s’être trop essuyé les yeux. Le rimmel était étalé partout, elle faisait pitié à voir. Elle n’eût même pas la force de me dire :
« Alors ? »
-Et bien voilà» dis-je en lui tendant le double de la note rectificative. Elle lut la lettre, et son émotion était trop forte, elle se remit à pleurer. Je la serrai contre moi, et attendit qu’elle retrouvât un semblant de résurrection.
« Voilà, le Sergent Duval peut rempiler, avec les encouragements du Général en personne.
-Mais comment as-tu fait ? Tu t’es prostituée ?
-Pas du tout, la véritable raison invoquée par le commandant c’était que dans l’armée on n’a pas besoin de salopes, et que c’était bien fait pout toi et pour moi. -Le salaud !
-Oui, le Général a exigé sa lettre de demande de mutation et la note rectificative. Le Colonel Dumas a confirmé tes capacités.
-Et toi ? Tu as été obligée à quelque chose ?
-Oui, j’ai dû accepter une invitation à déjeuner du Général.
-Mince alors ! Il t’a draguée ?
-Même pas, il a ce qu’il lui faut sous la main.
-C'est-à-dire ?
-Blonde, 1.70m, 60kg, 95-60-95, superbe animal, comme toi !.
-C’est bien. Bon tu me raconteras en détails. Alors c’est fini? Je peux rester dans l’armée ?
-Oui ma poule, mais tu sais, quand je n’y serai plus, l’armée ne sera plus ce qu’elle est !
-Je le sais bien, et ça m’attriste beaucoup !
-Je plaisantais, je resterai avec toi autant que ce sera possible, en attendant, on va arroser ça. J’ai fait un petit détour et je ramène du champagne, et un gâteau glacé aux framboises. Demain, nous irons rendre compte au Colonel.
Le travail repris son cours au camp des Sablons. Les efforts que nous avions faits pour remettre la compagnie sur ses rails en accord total avec le Colonel, avaient donné de bons résultats. La différence, c’est que depuis l’évènement de l’EMGA, Marie-No fleurissait mon bureau quotidiennement. Je m’intéressais plus aux nouvelles recrues, à l’apprentissage des engins, et je grimpais souvent aux commandes de ces monstres. Le dernier Bulldozer arrivé était véritablement énorme. Je me réservais les cours théoriques sur la topographie et les calculs de terrassement. Je n’avais rien oublié de ma formation, et l’Adjudant instructeur était bien heureux que je le décharge de ces théories. Le fait de montrer aux hommes que je savais de quoi je parlais était fondamental.
Nos relations, Marie-No et moi, étaient idéales. Je me sentais de plus en plus amoureuse, elle faisait maintenant partie de ma vie. De la jolie jeune fille que j’avais connue en arrivant ici, j’avais maintenant la vision d’une femme épanouie dont la beauté était devenue rayonnante et sans défaut. Le sport auquel je l’avais habituée lui avait sculpté un corps parfait. Les jambes fines, des cuisses galbées, des hanches bien formées, une taille fine, un ventre musclé, des fesses rondes et fermes, Et cette poitrine qui, à force d’être caressée, avait trouvé la forme qui plaisait à mes mains, à mes yeux. Je la regardais pendant sa toilette, devant le lavabo, penchée vers la glace pour épiler le sourcil récalcitrant. Je la trouvais magnifique, il n’y avait rien à changer.
Tout le monde a, au moins une fois, regardé à la télé les championnats d’Europe de danses latines, C’est assurément le sport le plus complet, si l’on en juge par l’extraordinaire beauté de corps de ces danseuses.
Marie-Noëlle, n’avait rien à leur envier. Sa beauté et sa modestie étaient surnaturelles. J’avais envie d’elle continuellement. Elle était beaucoup plus jolie que moi. D’ailleurs, quand nous marchions en ville, la main dans la main, ce n’était pas moi qui attirais les regards. Il faut dire que j’avais repris deux ou trois kilos, j’avais retrouvé mes formes, et à cette époque, les fortes poitrines n’étaient pas très appréciées, à tel point que beaucoup de filles bâties comme moi, en étaient complexées. Ce n’était pas mon cas, je n’avais pas envie de plaire aux hommes, il suffisait qu’une femme me trouve à son goût pour que je sois heureuse. Marie-No n’était pas sensible non plus aux effets produits sur la gent masculine. Elle était consciente de l’effet qu’elle faisait, mais prenait tous les mecs qui la regardaient avec insistance pour des obsédés.
Notre compagnie, n’était pas axée sur la formation militaire des recrues. Les jeunes sapeurs, venaient chez nous quand ils avaient terminé le peloton. Ils venaient donc en apprentissage, pour exercer ensuite une spécialité pendant le reste de leur temps. Par contre, il y avait au niveau du commandement, des exercices, auxquels toutes les compagnies devaient participer. Des alertes, des simulations d’attaque, des assauts, tout ce qu’un militaire en opération, pouvait être appelé à rencontrer sur le terrain. C’est dans ce cadre là qu’un soir, nous étions partis à l’assaut des « Beaux Monts » dans la forêt de Compiègne, qui est une colline fort touristique, d’où la vue par temps clair va très loin. Mais là, c’était la nuit, même pas la pleine lune. Un premier quartier pâlichon, c’est vrai qu’on n’y voyait goutte. Je me trouvais en bas de la colline, avec mon walkie talkie essayant d’organiser un peu notre action. Marie-Noëlle était une bonne centaine de mètre devant, avec la première section, Elle progressait apparemment sans problème. Apparemment seulement. Car soudain j’ai entendu le bruit strident d’un sifflet. Et là, je fus glacée d’effroi. Je savais ce que cela voulait dire. Un truc que le Capitaine Ducrocq m’avait appris. "Si vous devez être seule, prenez un sifflet sur vous". En cas d’agression, essayez de vous en servir, c’est aussi efficace qu’une arme pour faire fuir les agresseurs. Et ce truc là, je l’avais appris à Marie-Noëlle, et j’avais même vérifié qu’elle le portait avant de partir. Je sus instantanément qu’elle était en danger. En principe, dans ce genre d’exercice, on tire à blanc, on se bouscule quelques fois, mais jamais au point de mettre les autres en danger. Marie-Noëlle n’était pas une trouillarde, elle savait même se débarrasser d’un agresseur. Si elle utilisait le sifflet, c’était grave. Je fonçai devant moi, et réquisitionnai les garçons qui étaient à mes côtés. On ne voyait presque rien, même avec nos lampes. On se prenait les branches dans la figure. Heureusement, Marie-Noëlle sifflait à intervalle régulier, ce qui nous permit de nous diriger. Puis je vis une forme plus claire sur le sol, qui remuait. C’était Marie-No, à moitié dévêtue, qui essayait de rassembler ses vêtements. Elle était à genoux, sans veste de treillis, les seins dénudés, et le pantalon baissé. Quand je suis arrivée, elle remontait son slip avec difficulté.
« Ha ! C’est toi ? Ils m’ont battue, assommée, arraché mes fringues. J’ai repris mes sens alors qu’ils me tiraient le pantalon. Putain ! j’ai mal au crâne. Je ne sens plus mon bras. Super le coup du sifflet, ils se sont barrés comme des lapins. Il y en a un que j’ai griffé au visage. Et un autre qui doit avoir mal aux couilles..merde, je ne trouve plus mon soutif !
-Ce n'est pas grave, ça va maintenant. Repose toi, on est là, tu ne risques plus rien. On les rattrapera, on leur fera la peau. » Je fis appeler une ambulance. Je donnais le commandement à l’autre Sergent, et je partis avec Marie-No à l’hôpital. C’est vrai qu’elle n’était pas belle à voir. Un œil gonflé, à demi fermé, couverte de boue, un bleu commençait à se former sur le côté de la poitrine. Des éraflures partout, la chemise déchirée, le soutien gorge arraché.
« Combien étaient-ils ? Tu as pu voir ?
-Trois, quatre peut être. S’il y en avait eu que deux, j’aurais sûrement pu me défendre.
-Je te jure que je vais les trouver. »
Les infirmiers la prirent en charge, et proposèrent de la garder en observation la nuit et la journée du lendemain,  il craignaient la côte cassée. J’appelai ma section, pour qu’ils viennent me rechercher, le combat n’était pas fini, il venait seulement de commencer. Le lendemain, j’appelais le Colonel pour le mettre au courant. J’allais le voir dès son arrivée. Il appela la police et déposa une plainte immédiatement. J’insistais sur le fait que l’un des agresseurs devait être balafré par les ongles de Marie-No. Il demanda à l’infirmerie de signaler toute intervention suite à l’exercice de la nuit. Je pensais qu’il ne pouvait s’agir que de garçons de notre propre compagnie, les « ennemis » étaient à ce moment là de l’autre côté de la colline. J’envoyais quelques garçons parmi les plus fidèles, chercher des indices sur place. Puis, je reçus un appel de l’infirmerie. Un sapeur s’était présenté, il avait de profondes éraflures sur le visage, causées vraisemblablement par un taillis de ronces.
« A-t-il des éraflures ailleurs que sur le visage ?
-Non je ne pense pas.
- Alors,empêchez-le de repartir, j’arrive. » Je pris au passage les deux garçons du bureau, et avec la Jeep de Marie-No, on arriva à l’infirmerie aussitôt. Je reconnus la « victime ». C’était un garçon qui ne passait pas pour être une lumière.
« Je vous signe une décharge, et je l’embarque. » Les  garçons l’obligèrent à monter dans la Jeep et l’on reprit le chemin de la compagnie. Arrivés dans mon bureau, je pris la paire de menottes qui se trouvaient dans un placard, et on l’attacha au pied du bureau. Le garçon était à quatre pattes. Je pris mon arme de service, et de façon bien visible, je fis sauter le plomb de l’étui de cartouches, et méthodiquement, j’introduisais les cartouches dans le chargeur. J’appelai l’un des garçons et lui demandai d’aller chercher ce truc à longs manches qui sert à couper des boulons. Puis, je sortis la baïonnette que j’avais dans mon tiroir, ce truc affreux avec des dents de scie, et je la posai sur le bureau, hors d’atteinte de l’homme à quatre pattes. J’arrachai le pansement adhésif qu’il avait sur la joue. Il essaya de se reculer.
« Si tu n’as rien fait, tu n’as rien à craindre, mais j’ai de fortes raisons de penser que tu es l’un des agresseurs du Sergent Duval.
-C’est une sale pute !
-Et ben tu vois, tu commences mal ! » Je m’approchai et lui décochai un violent coup de rangers dans les côtes.
« Ça c’est de la part de la pute. » Sur la joue il y avait une superbe balafre qui ne ressemblait pas du tout aux blessures que l’on peut se faire dans un roncier. C’était net, c’était profond, trois sillons bien parallèles. Il restera des traces, c’est sûr.
« Voilà ce que je vais faire, et tout cela devant témoins. Le Sergent Duval avait du sang sous les ongles, qui est en cours d’analyse. L’infirmier va venir te faire une prise de sang pour comparer.
-Je refuse qu’il me fasse une prise de sang.
-Alors c’est moi qui vais la faire avec ma baïonnette.
-Vous n’avez pas le droit.
-Tu n’avais pas le droit non plus de l’agresser. Il te reste la possibilité d’avouer être l’auteur de l’agression, et de dénoncer tes complices.
-Je n’ai rien à vous dire.
-Je repose la question. Si tu ne réponds pas, je te coupe un doigt avec le coupe- boulon. Il paraît que ça fait très mal. Si tu ne dis toujours rien, je couperai un deuxième doigt. On pourra toujours dire qu’il y avait des loups dans la forêt, et que tu as fait une mauvaise rencontre. Tu as dix doigts, donc ça peut durer un moment, mais j’ai tout mon temps. Ensuite, je mettrai le 220 volts sur tes roubignolles d'enculé, et si je n’ai pas encore de résultats, je te mets une balle dans le ventre pour que tu en profites bien longtemps avant de crever. Ça arrive que le coup parte tout seul quand on nettoie son arme. Alors ?
-On ne voulait pas lui faire de mal, on voulait juste lui faire peur.
-Lui faire peur ? Et pourquoi ?
-C’est l’Adjudant chef qui nous a dit de le faire.
-Mais vous étiez partis pour la violer ?
-Oui, mais on ne l’a pas fait.
-Parce que vous avez eu la trouille et pas eu le temps. Le nom des complices ?
-On était trois.
-Très intéressant. Attend, nous allons noter tout ça.
-On reprend tout à zéro.» Et le garçon répéta ses aveux qui furent scrupuleusement notés.
«La police va arriver. Si tu as de la chance, il y aura une belle petite gendarmette, tu pourras la violer aussi, enfin, si tu y arrives ! Mais si tu m’avais agressée moi, au lieu de Melle Duval, à l’heure qu’il est, tu serais mort, avec la tête à angle droit. Quelle chance tu as ! » Les gendarmes sont arrivés. Nous leur avons remis le violeur, les noms des complices, et les coordonnées de l’Adjudant.
L'un des gendarmes fit une fouille rapide de l'homme, craignant qu'il porte une arme. Dans la poche de son pantalon de treillis, il trouva le soutien gorge de Marie-No !
 Le brigadier me dit avant de sortir :
«Vous aviez raison. C'est bien lui. Vous ne l’avez pas brutalisé ?
-Moi ? Je suis une femme, Vous n’y pensez pas, je ne l’ai même pas menacé !
-Disons que vous avez su le persuader ! 
-Exactement. C’est le mot que je cherchais.
-Et ce pistolet automatique ?
-J’étais en train de le nettoyer.
-J’aurais dû y penser ! » Les gendarmes attendirent que le Colonel arrive avant de partir. On lui raconta les aveux du salopard. Les gendarmes le firent monter dans l’estafette, et ils s’en allèrent. Le Colonel resta discuter un moment, demanda des nouvelles de Marie-No, et subitement me demanda :
« Mais que faites vous avec ce coupe boulons ?
-Je l’ai emprunté à l’atelier. Il y a une vis qui dépasse sur la Jeep.
-Je ne sais pas pourquoi, j’imaginais autre chose.
-Ce n’est qu’un détail vous savez, un simple boulon de 6 !
------------------------------------------------------------------------------------
-Vous ne l’auriez pas fait quand même ?
-Bien sûr que non !
-Tant mieux !
-Colonel ?
-Oui ?
-Si Marie-Noëlle avait perdu la vie, c'est sûr je l’aurais tué !
-C’est bien ce que j’avais compris.» Marie-Noëlle garda les séquelles de cette agression très longtemps. Son œil se guérit assez vite. Mais le bleu sur le sein passa par toutes les couleurs avant de se résorber. Je lui dis que les garçons qui l’avaient secourue avaient eu le plaisir de voir une très jolie poitrine. « Bof, ils en verront d’autres. Génial le coup du sifflet. Sans cela ils m’auraient violée.
-Peut être pire si tu t’étais défendue. Ce sont des bêtes ces mecs là. Un juteux imbécile leur dit, « vous allez lui faire peur », et ils foncent. Il y a de quoi s’inquiéter.
-Encore une fois, tu es venue à mon secours, quand tu ne seras plus là, ils vont me tuer !
-Non, dans la même situation, rien ne t’empêche d’avoir un gars sûr avec toi, à vue, ou même deux. Je pensais que tu le savais. Tu vois, dans l’armée, il y a plein de trucs qu’il ne faut jamais oublier, être seul sur un terrain d’opération par exemple, faute de quoi, on en prend plein la tronche.
-excuse mon général !
-C’est bien, avec ton arrêt de travail, tu vas pouvoir faire les carreaux !
-Compte là-dessus, je peux à peine lever le bras gauche.
-Finalement, ce bleu au sein peut gêner nos relations sexuelles, on pourrait porter plainte ! En tout cas, tu n’es pas obligée de faire voir à tout le monde les traces de ton agression !
-Dommage, j’ai toujours été un peu exhibe ! »

Il me restait un mois à faire, plus un mois de permission libérable. En principe, ceux qui ont la quille sont très heureux, et moi j’étais fort triste. Je m’éclatais à ce poste, Marie-Noëlle était un amour en toutes circonstances. Il faudra que je me trouve un job qui me permette de continuer à vivre avec elle. J’étais sûre qu’elle le souhaitait aussi. Elle essayait de dissimuler son trouble, comme je le faisais moi-même. Puis un soir, sur le balcon de l’appartement, elle commença à en parler.
« Si le travail que tu trouveras t’oblige à quitter "les biches", je donnerai ma démission pour partir avec toi. Je n’imagine pas vivre sans toi, ce n’est plus possible.
-Tu es bien douce de me dire des choses pareilles, mais il faut vivre . Peut être trouveras tu l’homme de ta vie, et dans ce cas là, je serai bien encombrante !
-L’homme de ma vie, c’est toi, je n’imagine pas autre chose. L’autre jour, un garçon m’a fait des propositions, je ne t’en ai pas parlé pour que tu n’aies pas envie de le démolir. Mais en y repensant, je me demande, comment, sachant ce que tout le monde sait, un garçon peut il faire une pareille demande ?
-Par amour peut être, en tout cas, je ne sais pas ce que sera l’avenir, mais on doit toujours dire oui à l’amour. On vit tellement mal quand on n’en a plus.
Je te promets de ne pas démolir tes prétendants, mais ça va être dur !
-J’imagine, j’ai l’impression que ma vie est vécue à cent pour cent depuis que je suis avec toi.



-Je n’y suis pour rien, c’est l'amour qui emplit ta vie. 



 

tn 25RGAD 

 

Dim 10 jun 2007 1 commentaire

"L'homme de ma vie, c'est toi". Cela me fait sourire et me fait penser à ce que disait Brigitte Bardot, dans une interview en 2003: "Je crois bien que, ma vie durant, j'ai été l'homme de ma vie"...

Ophélie Conan - le 20/05/2010 à 22h08

Brigitte est ma star préférée. Je pense qu'elle a fait plus pour les femmes que Simone de Beauvoir et Colette réunies. Je ne pense pas que femme ne fut jamais plus belle.

eve anne