Le blog d'eve anne, Madrid.

                              

 

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XXVIII-Ma vie en rose.
 

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Les anges amoureux se parlent sans parole.

A. Lamartine

                                        Comme je l’avais annoncé à Simone, je ne pris pas de congé prénatal, ce qui me rendit extrêmement suspecte aux yeux de la sécurité sociale. A tel point qu’ils envoyèrent un inspecteur pour vérifier que j’étais bien enceinte. J’aurais préféré une inspectrice, et je lui dis. Il pensa que ma remarque était justifiée et s’excusa. Bon, à la sécu ils sont cons mais polis. Ce qui veut dire également, que Simone acceptait que j’accouche sur ses genoux. Simone se serait sacrifiée pour moi. Je n’ai pas accouché sur ses genoux, mais pas loin. Les premières douleurs me prirent dans son bureau, au cours d’une réunion de travail. Ce fut évidemment le branle bas de combat, et personne ne prit le risque de me renvoyer à Compiègne. C’est donc à Neuilly que je mis au monde une superbe petite fille, à mon grand soulagement. Je devrais dire à mes grands soulagements. Soulagée que ce soit une fille, soulagée d’en avoir fini. Et comme je n’ai pas voulu d’anesthésie, j’ai dérouillé au maximum. Christian arriva très vite, puisqu’il travaillait au sud de Paris. Il m’embrassa, et me dit :
« Alors tu es contente ? C’est une fille ?
-Si ça avait été un garçon, tu te le serais gardé, et moi je t’aurais quitté. » Je suppose qu’il fût très heureux d’apprendre la nouvelle.
«Et comment vas-tu l’appeler ?
-Axelle !
-Et pourquoi Axelle ? C’est bizarre comme nom ? Ce n’est pas commun.
-C’est pour ne jamais oublier qu’il y a des gens qui n’ont pas eu le bonheur d’avoir d’enfants !
-Mais oui, j’aurais dû y penser » et ça, c’est la façon qu’avait Christian de couper court à tous les risques de conflits.
« Alors, bienvenue à Axelle. Félicitation à la maman, et surtout au papa, parce que faire une si jolie fille, ce n’est pas à la portée de tout le monde » C’est vrai, c’était un beau bébé, 3 kilos, et le portrait de son père ! Oui enfin presque. Simone eut une grosse émotion en apprenant le nom de la petite fille. Elle mit un long moment à se remettre, pour me dire :
« Tu tiens absolument à me faire mourir d’émotion. Je pense que tu n’es pas loin d’y arriver. Excuse-moi, mais je ne suis pas encore habituée.
-Mais tu as le temps ma douceur, je suis avec toi encore longtemps. » Le fait d’avoir accouché à Neuilly, ne facilita pas les choses, pour les visites. Moi je trouvais que c’était bien comme ça. Marie-No fut la première à accourir. Elle était toute excitée, émerveillée par le bébé, et elle me couvrit de baisers.
«Promets-moi que la première fois sera pour moi !
-Je te le jure mon cœur ! Mais je ne te promets pas le septième.
-Je te réapprendrai tout. Une remise à niveau en quelque sorte.
-Oui, mon cœur, occupe toi de moi.» Et je pensais en silence, que maintenant je n’avais plus besoin d’un mari. Elle déballa un gros paquet. Je m’attendais à une pièce de layette ou quelque chose comme ça. Non, c’était une boîte en polystyrène expansé avec à l’intérieur un superbe gâteau glacé aux framboises. C’est ce genre de détails qui apporte la joie de la complicité. Le lendemain ce fut Maud qui vint me voir, les bras chargés de fleurs.
«Je n’ai pas osé les œillets ; chacun son truc.
-Oui, ma tendresse, je te remercie mille fois de tout ce que tu fais pour moi. Tu sais que je t’aime, et depuis toujours. Tu peux me sourire, ton sourire est ton plus beau cadeau.» Dès que je fus rentrée, ce fut le défilé continuel. C’était épuisant. A se demander si ce n’était pas pour me voir allaiter ma fille. La pauvre tête du bébé disparaissait dans le sein énorme. Et moi, pour lui donner le sein, je ne me contentais pas d’une échancrure dans ce soutif horrible. Non, je sortais tout, Marie-No trouvait ça « super craquant »
« Ça fait du bien ?
-Pas autant de bien que toi mon cœur ! » Et à Simone je disais :
« Tu es jalouse parce que j’ai les seins aussi gros que les tiens !
-Oui, pas aussi gros, mais bien plus beaux. J’envie le bébé !
-Mais non, elle, elle ne voit rien ! » Au milieu de tout ce monde, discrètement, Christian s’occupait de tout. Il me vouait une véritable dévotion. Comme si j’étais la seule capable de réussir un beau bébé. Et moi je pensais toujours aux mêmes choses :
« Pour un p’tit con, il ne se débrouille pas si mal, il est si bien que je ne vais pas le laisser maintenant. Il peut encore servir ! » Marie-Noëlle fut attendrie par Axelle au point de demander la même à Jean-Marc. Lui, il n’y voyait pas d’inconvénients. Il n’y avait qu’à oublier la pilule. C‘était bien sûr le plus beau bébé du monde, et qu’on le veuille ou non, il avait été désiré, et conçu avec amour. Et je crois que tout le reste n’est que broutille. Ce bébé m’apportera la joie, la sagesse (peut être) et sûrement la stabilité. Je ne fus arrêtée que cinq semaines, le temps qu’il fallut pour sevrer le bébé. L’allaitement me causait quelques problèmes de mamelon. Bizarre le corps humain. On m’avait sucé les seins des milliers de fois sans problème, et là que c’était utile au bébé, je ne pouvais pas. Allez comprendre. Mais tout se passa bien, c’était un bébé en or. Il passa du sein au biberon progressivement sans se plaindre. Il ne pleurait jamais. On le réveillait pour le nourrir. Je pus reprendre mon travail très tôt. Je trouvai une baby-sitter, suffisamment moche pour qu’elle n’éveillât aucun désir parasite, ni en moi, ni en lui. Bon j’exagère, elle n’était pas si moche que ça. Elle était fiancée, sérieuse, désireuse de se marier, bref, une fille comme il faut. Une fille normale, pas noire, pas lesbienne, pas juive, pas communiste, normale quoi ! Simone me retrouva avec un plaisir non dissimulé. Je n’étais pas au mieux de ma beauté, j’étais grosse encore, j’avais les seins bandés (avec des bandes), j’avais les jambes gonflées, de grosses fesses, en un mot, j’étais horrible. Mais le travail fait du bien, surtout dans une bonne ambiance, et cela facilita ma remise en forme. Je prenais une heure par jour pour faire de la rééducation, afin de me retrouver au mieux. Simone était une mère pour moi. Marie-No était impatiente, à tel point qu’elle me trouvait très bien comme ça. Mais moi, je voulais être sûre qu’il n’y ait plus aucune trace de ce qui s’était passé. Christian aussi s’impatientait. Mais moi, curieusement, je n’avais envie de rien. Je nageais dans le bonheur. Quand je rentrais le soir, j’avais hâte de retrouver ma poupée, et le reste, passait au second plan. J’avais gardé d’excellentes relations avec Patricia. Je lui disais que je la gardais précieusement, au cas où j’aurais besoin d’elle, en précisant la nature de ce besoin.
«Tu n’as pas compris que j’avais envie de toi ?
-Il me semble que si, je me souviens même t’avoir provoquée, histoire de mesurer tes réflexes.
-T’es une garce.
-Non, un psychologue.
-Un psychologue frigide. -Tu ne trouves pas que ta vie est suffisamment compliquée comme ça ? Ce que tu aimes, c’est séduire. Après quand il faut assumer, c’est différent !
-Frigide et méchante. Je suis comme je suis. Si tu peux me changer en bien, n’hésite pas.
-Je t’aime beaucoup. Je ne suis pas de celles dont tu as envie, mais je sais que tout peut basculer sur un battement de cil. Alors aime-moi comme je suis, et je t’aimerai comme tu es.
-Bien chef. N’empêche que tu es super belle. !» Maud était attendrie devant ma poupée. Ma mère, moins que je ne l’aurais cru. Ma sœur avait retrouvé un semblant d’humanité, elle était émue. Il faut dire, qu’il était impossible de rester impassible devant cette merveille. Quand j’ai revu ma mère, je lui demandais :
«Alors, radio Madrid à fonctionné ?
-Elle voudrait te revoir et voir le bébé.
-Arrête ça, maman, je t’en supplie. Tu ne vas m’apporter que des tourments pour rien. Regarde, je suis heureuse, j’ai tout ce qu’il me faut, et tu ne sais pas mentir. Arrête !! Tu ne te rends pas compte de ce qu’il m’a fallu changer dans ma vie pour avoir ce bébé ? Et ce qu’il me reste à faire pour l’élever comme il faut ? Pourquoi veux-tu me casser tout ?
-Je ne te dirai plus rien.
-Maman ton rôle est d’être près de moi, et d’aimer mon bébé. Il n’y a rien de plus important. Si tu veux parler espagnol, retourne à Arganda, mais laisse moi vivre. ! » Mon père, lui, était heureux. Il allait bientôt être en retraite, et se promettait de passer sa vie à s’occuper de sa petite fille. Sur le lieu de son travail, ils avaient arrosé cela copieusement. Je recevais des vœux d’un tas de monde. Beaucoup de militaires, Isabelle en tout premier, et les officiers que je connaissais. Nous ne pratiquions aucunes religions, mais Christian insistait pour que le bébé soit baptisé. Je répétais qu’il le serait à mes conditions. Il accepta sans discuter, et s’occupa de la cérémonie. Comme prévu, Simone fut élevée au grade de marraine, et Gustave à celui de parrain. Marie-No fut un peu triste. Elle eût bien aimé tenir ce rôle. Alors je lui rappelais que je dissimulais au maximum les liens qui nous unissaient, et que de toute façon, ce n’était pas possible, elle ne pouvait être à la fois ma femme et la marraine de ma fille. Elle trouva le raisonnement un peu tiré par les cheveux, mais n’en parla plus. Guillemette vint voir le bébé aussi, et me glissa à l’oreille qu’elle avait suivi mon conseil, et qu’elle s’était laissée séduire.
«Ta solitude est finie Guillemette, mais il va falloir s’en occuper, elles sont rapides les gazelles. Je suis très heureuse pour toi. Marie-No le sait ?
-Non, je n’ose pas.
-Dis le lui, elle en sera heureuse, et je n’aurai pas à lui cacher quelque chose.
-Ok tu es un amour ! » Le baptême fut comme tous les baptêmes, l’occasion de réunir les gens que l’on aime. L’église des Sablons, et son clocher flèche était parfaite pour le décor. Axelle ne réagit ni à l’eau ni au sel. Axelle esquissait des sourires à sa maman, et des grimaces aux autres. Enfin c’était mon avis. C'est inimaginable ce que cette petite poupée prit de place dans ma vie. Comme promis, je retrouvais Marie-No chez Maud. Elle avait sûrement révisé avec Simone sur le « comment s’y prendre » ce fut un émerveillement, un soleil, un 14 juillet, je ne savais plus que ça existait. Depuis le temps… j’étais persuadée avoir perdu toutes mes envies, toutes mes sensations, et c’est le contraire qui se produisit. Merveilleuse Marie-Noëlle. Si ton amour n’existait pas, je n’existerais pas non plus. Et la question, l’éternelle question me revenait, une si belle femme, pourquoi moi ? Christian sût aussi se faire désirer. Il m’épatait ce garçon, et je me disais qu’il ne fallait plus porter d’attention aux remarques jalouses de Maud et de Simone. Je n’avais pas le moindre gramme de reproche à lui faire. Je le trouvais toujours aussi beau, aussi galant, et j’aimais être avec lui, j’aimais ses conversations, ses joies, son humour, son sexe aussi, cette chose dressée qui me donnait tant et tant. C’est vrai qu’il avait donné la vie à ma fille, c’est vrai qu’il était allergique aux homosexuels, mais je l’adorais ce garçon, avec son éternel sourire, et ses caresses douces. Un homme capable de me caresser les seins pendant plus d’une heure pour m’endormir ? Je n’avais pas envie de le perdre. J’avais même été obligée de demander à Maud qu’elle me lâche les baskets.
« Tu as sûrement raison, ma douceur, mais actuellement il m’apporte du bonheur, je ne peux rien exiger de plus. Quand il me jettera, j’aviserai. » Et Maud haussait les épaules. Comme si les réactions d’un homme pouvaient être prévisibles ? Ce sont des êtres simples, pour ne pas dire primaires, il faut donc les aimer comme ils sont ou s’en passer. Mais on ne peut pas garder un homme pour le sexe sans l’aimer ? En tout cas moi je ne pouvais pas, et je n’avais pas de raison de le faire. En plus, il adorait son bébé, il avait appris à le changer, à le nourrir, et il se levait la nuit quand il fallait. J’avais le meilleur des maris. Encore que Marie-No disait la même chose. Nous avions chacune le meilleur des maris, mais nos retrouvailles étaient au-dessus de tout. Allez comprendre. Et puis plus tard, je retrouvais Simone, que je suppliais de me préserver, ce qu’elle fit avec une douceur extrême. A ma demande, je retournais au manoir, pour une relation douce, dénuée de toute violence. Je voulais aussi laisser une image qui ne soit pas celle d’une vicieuse. Et puis il y avait Maud bien sûr, dont la modestie, la patience et la douceur s’accommodaient de tout. Elle avait eu droit de visite pour le bébé, et elle était heureuse de pouponner. Patricia me rendit visite. Je la reçus avec plaisir. Je constatais qu’elle était déçue. Elle trouvait que je l’avais « oubliée ».
« Il faudrait savoir ma grande, tu m’envoies dans le mur, et tu voudrais que je te réclame. Moi je suis prête, c’est quand tu veux. » Et quand je lui ai dit ça, elle s’est vexée. Alors je lui ai conseillé de consulter un psy.
« Tu m’agaces à la fin ! » et là-dessus, elle retira son chemisier, et avant de pouvoir réagir, je me trouvais avec un sein dans la bouche.
« Hum, que de temps perdu.
-Je te demande pardon.
-Je n’ai rien à pardonner. Tu as des seins magnifiques, et c’est le plus important. -Appelle-moi quand tu auras le temps.
-Je le ferai, je te le jure. » C’est vrai qu’elle était canon la psy. Je retrouvais mes bas instincts où je les avais laissés. L’accouchement n’avait rien modifié, sauf que j’avais moins de temps. Finalement, je pouvais maintenant certifier que de multiplier les rencontres était une aventure renouvelée à chaque instant, mais les instants les plus heureux, je les avais vécus quand j’étais seule avec Michèle, et seule avec Marie-No. Les amours plurielles n’apportaient que des problèmes, on mécontente toujours l’une ou l’autre des relations. Mais tout s’arrangea. Je finis par trouver un équilibre. Je voyais Marie-Noëlle le plus souvent possible, je voyais Christian tous les soirs, et les autres femmes durent se trouver des relations pour combler leurs loisirs. Je ne fis avec elles que des rencontres ponctuelles. Mon bébé poussait bien, à neuf mois elle commença à marcher. C’était extraordinaire de la voir passer sous la table sans se baisser. C’était une joie permanente. Elle se sentait adorée, elle en faisait des tonnes. Mais jamais elle ne nous a gênée, elle ne pleurait jamais, elle ne savait que sourire. Et Christian de dire,
 « Quand on sait par où elle est passée, elle ne peut que sourire ! » Son premier anniversaire, fut sûrement la plus belle fête dont je me souvienne. Elle était due à l’imagination de Christian, qui organisa tout avec Jean-Marc. Il faisait beau cet été là et on fit une Garden-party en forêt, dans une clairière, sans feu, sans alcool ni musique ni merguez. Il n’y avait pas moins de 100 personnes. C’était un pic-nic géant, qui ne laissa aucune trace dans la forêt, mais un immense plaisir dans nos souvenirs.
L’année suivante, se passa sans difficultés. Au bureau, Simone travaillait à la vente de son journal. Ce sujet me rendait malade. J’admirais la force qui lui faisait tenir tête aux grands de la presse. Elle ne vendrait pas son « bébé » pour rien, et je l’encourageais. Je lui promettais de lui venir en aide, le jour où elle en aurait besoin. On sait que dans ces moments là, une nouvelle tête gêne énormément l’acheteur, car elle arrive souvent avec une alternative. Ça, je le savais. Et je suivais une formation dans ce but. Et le reste de mon temps, c’était Marie-Noëlle et Christian, et bien sûr ma puce qui grandissait à la vitesse d’une fusée.
Marie-Noëlle qui était toujours aussi jolie, dont la féminité devenait plus visible, voyait venir la fin de son engagement avec interrogation. Elle voulait changer, mais elle avait peur de changer. Le Commandant, n’était pas d’un secours utile. Visiblement il voulait la garder. Elle n’avait pas été remplacée à la tête de la treizième compagnie, qui maintenant tournait à la perfection. Je savais qu’elle avait acquis une autorité indiscutable. Elle savait que pour rester, elle devrait faire au moins l’école de Saint Maixent. Elle ne se sentait pas capable de laisser son mari. Jean-Marc, lui, réussissait bien dans son métier, et ne se faisait pas de mauvais sang pour son avenir. Il n’hésiterait pas à suivre Marie-Noëlle, là où elle voudrait aller. Je redoutais que leur prenne l’envie de quitter Compiègne, je n’osais imaginer ce que serait ma vie sans Marie-Noëlle. C’est vrai que j’avais vécu une séparation avec Michèle, mais peut être en était-ce la raison, une seconde séparation serait mortelle.
Maud s’était un peu assagie. Elle ne retournait que rarement à Paris. Il me semblait que de pouponner suffisait à son bonheur. On se revit quelques fois avec tendresse et sensualité. Et je la trouvais vraiment désirable quand elle était nue, avec ses bas, et cette lourde poitrine tellement souple et douce. Je voyais Simone assez régulièrement, pour des amours moins violentes. Depuis la naissance d’Axelle, il semblait qu’elle voulait me ménager.
Seule Patricia restait toujours inaccessible, et avec le temps, mon désir était tombé. C’est peut être la première fois que je n’allais pas « au fond des choses. » Non, il y avait eu Nathalie. La douce Nathalie. Comment avais je pu être aussi ingrate !
Le second anniversaire d’Axelle, on le passa tous les quatre en vacances en Corse. Nous y sommes restés trois semaines, dont je garde un souvenir émerveillé. Ma petite puce était toute bronzée, elle était absolument craquante. Elle retirait sa culotte pour aller dans l’eau, pour ne pas la mouiller. Elle avait deux mamans, deux papas, du soleil, le bord de mer avec un seau une pelle et un râteau. Le bonheur à l’état pur. Bien sûr, le papa creusait, pour faire un « château » de sable. En fait c’était un tas de sable au carré, mais il faisait comme tous les papas à la mer, il creusait. Nous aurions aimé, Marie-No et moi faire un peu de naturisme, mais les garçons s’y opposèrent. Il n’y avait pas grand monde en Corse cette année là, il faut dire que la presse en faisait des tonnes, sur les risques encourus. On put se retrouver quelques fois avec Marie-No. Maintenant, c’était plus difficile, mais le plaisir en était multiplié.
Au retour des vacances, il semblait que le calme s’était installé dans nos vies respectives. Simone devait signer la vente du journal dès le mois d’Octobre. Les acheteurs proposèrent de me garder, à un poste sans responsabilité, avec un salaire inférieur. Le salaire, je n’en faisais pas un drame. Mais la façon de faire, de ne pas avoir le courage de dire : « Vous êtes virée » me déplut profondément, et je n’acceptais pas leur proposition. J’attendais même l’après signature pour leur dire qu’ils étaient une bande de tarés. Il me resterait l’agence qui était prête à démarrer. Seul ombre au tableau, je n’aurai pas Marie-No comme mannequin vedette. Grâce à la générosité de Simone, je reçus quand même 30% de la vente, qui, toutes taxes et impôts déduits, me laissait une petite fortune. Simone avait entamé le processus avec force, détermination, et courage, elle en sortit lessivée, et cafardeuse. Je lui proposais de se joindre à moi pour démarrer l’agence, elle accepta. J’en fus soulagée et heureuse. Elle s’occupa de créer la structure, et moi de trouver les filles, les photographes, et faire la pub de l’agence. Je repris la photo pour faire les premiers books des filles que je trouvais. C’était assez facile. Pour trouver les filles, rien de plus simple, quelques annonces, et elles arrivaient par centaine. Seulement, il faut bien les choisir. Le choix est délicat, elles sont toutes belles, et toutes, prêtes à faire des galipettes avec n’importe qui pour y arriver. Le photographe qui travaillait avec moi, n’avait pas le temps de remonter son zip, qu’il était déjà sollicité. Quelle époque ! Nous avions trouvé un local près du studio, ce qui ne changea pas nos habitudes. Mais Simone, n’avait plus le ressort, elle avait pris un coup de vieux, ou alors j’étais devenue moche. Et moi, je ne voulais pas l’abandonner. En très peu de temps, mon agence commença à fonctionner, et je pus en tirer un salaire confortable. Pas à la hauteur de celui que j’avais perdu, mais ce n’était qu’un début. Simone mit en vente sa maison de la Vallée de Chevreuse. Et ce fut pour elle encore plus terrible. Elle se résignait à se ranger, non qu’elle n’ait plus envie de travailler, mais visiblement, elle voulait donner plus de temps à son mari. Le manoir était une charge importante, et ils ne pouvaient en profiter que très rarement. Et puis elle avait conservé cette allure guerrière, et de ne plus être la « patronne » autoritaire et adulée, lui avait sapé le moral définitivement. Je voyais bien que tout ce qu’elle avait fait pour l’agence, elle l’avait fait pour moi. Mais ça ne l’intéressait pas, elle ne se sentait plus concernée. Simone avait en vue une maison sur la côte d’Azur, près d’Antibes.
J’avais l’impression que tout se stabilisait, tout devenait banal, Il me resterait mon mari, ma fille et ma femme. On fêta mes 32 ans à quatre, à la « Bonne Idée. » Puis il y eut le réveillon, et le premier sapin de noël d’Axelle. Christian, pour la première fois, parla d’acheter une maison. J’étais émue. C’est vrai que la gamine serait heureuse de faire des folies dans l’herbe, et d’avoir l’incontournable balançoire dans le jardin.



J’aimais bien quand mon p’tit con de mari avait des idées comme ça.





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tn MelusineG

tn MelusineD

 

Ven 25 mai 2007 1 commentaire

Ah! la maternité! Je craque à te lire. Avec nostalgie, je revis les merveilleux souvenirs de mes deux bambins... Ma fille aussi était très sage étant petite, très facile à élever. Période également heureuse de ma vie... Comme le temps passe! Je n'avais alors pas besoin de congés prénatal et de maternité, puisque je ne travaillais pas. Je passais tout mon temps avec mes enfants, donc pas besoin de nounou. J'avais seulement un mari, souvent absent, qui travaillait beaucoup, et contrairement à toi, je n'avais pas de femme, pas de maîtresse, pas de psychologue avec laquelle je couchais... Pas de petites amies! J'étais, pour tout dire, une p'tite conne!

Ophélie Conan - le 21/07/2010 à 21h36