Le blog d'eve anne, Madrid.

                              

 

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LVI-Les Doutes

 

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Ta peau d'or était toute ma richesse.

Gil Pasteur. 


                                         La nouvelle s’était bien sûr répandue dans l’agence, et l’ambiance avait changé. J’étais donc contrainte d’être là, pour faire tourner la boîte, Lorena avait perdu toute motivation. J’en étais particulièrement affectée. Je m’étais imaginée que l’ayant tirée d’affaire, elle était devenue plus forte. Heureusement, Rosine se révéla avoir les qualités qui faisaient défaut à son amie. Cette aventure aura au moins l’avantage de m’enseigner la modestie quant à mes capacités à gérer les employées. Rosine prenait ses marques, elle devenait de jour en jour plus affirmée, plus sûre d’elle ; elle devenait la patronne. Chose curieuse, Lorena acceptait cet état de chose avec naturel, elle se soumettait à Rosine comme elle le faisait avec moi. L’agence reprit peu à peu sa vitesse de croisière. Lorena ne serait pas la négociatrice de la vente de l’agence. C’était un échec pour moi. Linda ne disait rien, son calme m’étonnait un peu, Alors j’allais au devant de ses critiques.
« Tu m’en veux ?
—Pas du tout, tu sais ce que tu fais, je n’ai pas le moindre doute là-dessus. Et pour moi, rien ne change, je suis à toi, ici ou ailleurs, où tu voudras, ça n’a pas d’importance. Quand tu prendras un billet pour ailleurs, n’oublie pas d’en prendre un autre pour moi.
—J’ai bien peur que ça ne soit pas aussi simple.
—Pourquoi ? Là où tu vas, on fusille les négresses ?
—Je ne sais pas encore où je vais, je n’ai pas encore de projets précis.
—Cela m’est égal, je ne suis pas pressée. Ne crois pas que tu pourras te débarrasser de moi. Même si c’est pour faire ton ménage, ta vaisselle ou ton jardin.
—Tu es un amour de fille Linda, et tu laisserais Laurie ?
—Elle est si jolie qu’elle me remplacera vite, et puis elle en a peut être marre de chercher après moi la nuit ! »
Elle avait toujours un langage très imagé qui me plaisait beaucoup.
Je demandai à Rosine si elle voulait participer aux négociations.
« Je poserai une nouvelle fois la question à la miss, mais comme elle ne voudra rien faire, je suis d’accord.
—Bon alors demande lui de me préparer la situation à fin décembre, en attendant le bilan définitif.
—Ok Tu l’auras. » Je pris rendez vous avec Monsieur XXX. La réunion trimestrielle d’Amiens sera le 15 Avril. Il faudra que je prévienne Louis que j’aurai besoin d’un entretien en particulier. En fonction de ça, tout sera plus clair. Je n’avais encore rien dit à Simone, ni rien dit à Maud. J’étais persuadée que rien ne serait simple. On ne faisait plus l’amour, et Maud n’était pas contente. Depuis l’enterrement de Marie-Noëlle, ma libido était tombée à zéro. J’avais pris quelques doses avec mes hommes, et ça s’arrêtait là. Mais elle ne laissait pas voir sa déception, et elle s’occupait toujours aussi bien d’Axelle. Elle la faisait beaucoup travailler, et elle organisait aussi ses loisirs entre le cheval, la piscine, le patin à glace, la danse et la musique. Puis un soir, alors que je lui avais proposé de dîner avec nous, elle me demanda pourquoi.
« Je ne comprends pas, à moins qu’il se passe quelque chose qui m’échappe, je ne comprends pas. Je n’ai pas l’impression d’avoir vieilli aussi vite. Promets-moi de m’expliquer.
—Il n’y a pas grand-chose à expliquer. Mais je te dirai le moment venu, quand j’aurai quelque chose à dire.
—Avec ça je suis renseignée.
—Ne m’en veut pas Maud chérie. Tu n’as rien à te reprocher. C’est moi qui traverse une période difficile, mais ça va passer.
—Tu ne disais pas ça pour les hommes dernièrement.
—C’était une promesse que j’avais faite. Et je tiens mes promesses. Il n’y en aura plus. » Je rencontrais Monsieur XXX, en compagnie de Rosine. Apparemment, il la trouvait à son goût, il ne s’en détachait pas les yeux plus d’une seconde. Elle était particulièrement jolie. Elle avait laissé ses cheveux blonds roux flotter sur ses épaules, et elle portait un débardeur noir qui lui serrait la poitrine, faisant ressortir les deux globes au-dessus. Son sourire et son regard rieur faisait le reste. On ne pouvait pas la contempler sans la trouver d’emblée aussi belle que sympathique. J’expliquai à Monsieur XXX que des évènements importants étaient venus modifier mes ambitions, et que j’étais décidée à abandonner cette affaire pour créer autre chose, ailleurs. Ce qui voulait dire en clair :
« J’aurai besoin d’argent pour investir, inutile d’espérer le bon coup. »
Il semblait intéressé, et l’on prit rendez vous pour l’examen de la situation.
Claudine travaillait toujours avec intelligence, elle ne semblait pas être affectée par les prochains évènements.
« J’ai un rendez vous à Lille, avec notre client, il serait très honoré que tu m’accompagnes. Ça te dit ?
—Bien sûr, je t’accompagnerai. C’est quand ?
—Après demain ça ira ? Je te prendrai chez toi vers neuf heures.
—Ok, il y aura des croissants tous chauds.
—Je suis contente. Merci. » Je la regardai sortir de mon bureau. J’adorais ses hanches, qui se balançaient joliment, j’admirai ses jambes étirées par les talons aiguilles. Elle avait monté ses cheveux brun roux en chignon, et sa nuque semblait réclamer les baisers. Pour fermer la porte elle se retourna un peu histoire de me donner un profil sur la poitrine bien placée, et son ventre plat. Elle me sourit, heureuse. J’avais une petite idée de la démarche. Aussi je prévins Odile et Maud que demain soir je ne serais peut être pas rentrée, et de ne pas m’attendre. A part l’œil soupçonneux de Maud, cela ne posa pas de problème. Je n’étais pas maître du jeu, je verrai bien si Claudine s’était lancée dans un plan de séduction. Je ne pris rien pour me changer, je mis simplement une trousse de toilette dans mon attaché case. Mais je me faisais sûrement des idées. A l’heure dite, je vis la Volvo noire de Claudine tourner au coin de la place. Je lui ouvris la porte, et elle entra toute pimpante, l’œil pétillant, et m’embrassa d’un baiser léger sur les lèvres, qui n’étaient pas encore maquillées. Je lui servis un café et un croissant tout chaud comme promis.
« Tu n’as pas oublié tes documents ?
—Bien sûr que non. J’ai tout prévu ! » S’en suivit un franc sourire. La route fut agréable, la voiture était spacieuse, confortable et semblait puissante. Elle était très silencieuse, et l’on pouvait se parler sans avoir besoin d’élever la voix. Ça sentait le cuir, le neuf, j’étais bien.
« J’adore cette voiture. Je sens que je vais mettre ma BM à la poubelle. J’aime bien voir mes femmes au volant de voitures de luxe. Je ne comprends pas Linda qui persiste avec son horrible Golf.
—Elle est jeune et elle a les fesses musclées, elle ne sent rien.
—Elle a les fesses très sensibles au contraire, et très douces à caresser.
—Tu vois, la Golf a des qualités ! Mais la Volvo, pour les fesses c’est encore mieux.
—Je vérifierai !
—J’y compte bien !
—Et ta prochaine voiture ?
—Je choisirai la plus confortable, la Velsatis peut être ! Le reste je m’en fiche. A moins que : la Aston Martin James Bond me fait vibrer !!
—Avec les sièges rabattables ?
—Ce n’est plus de mon âge. » La journée se passa très bien, je laissai Claudine mener le jeu. Le client accepta notre invitation à déjeuner dans un restau de la rue de Béthune. On repartit le soir avec notre commande, et le plaisir d’avoir passé une bonne journée. Sur l’autoroute, arrivées à hauteur le l’aire d’Assevillers, Claudine mit son clignotant.
« Tu as besoin de carburant ?
—C’est à peu près ça. » Puis arrêtant la voiture sur le premier parking, elle me regarda et me dit :
« J’ai réservé une chambre à l’hôtel Mercure, au cas où tu me dirais « oui »
—Tu as bien fait Claudine, j’ai envie d’un gros câlin.
—Alors allons-y. » La chambre était assez jolie, et parfaitement insonorisée. Par la fenêtre, on voyait l’autoroute et l’on n’entendait absolument rien. Claudine vint se réfugier tout contre moi. Je lui caressai la nuque, le cou, et quand elle redressa la tête je l’embrassai avec toute la douceur possible. Je l’embrassai, je la regardai, je l’embrassai. Elle était à peine plus petite que moi, et je détaillai son visage qui me sembla d’une jeunesse inattendue. Je me plongeai dans ses yeux d’un vert de jade, qui ne me quittaient pas. On dit aussi des yeux pers, je crois. C’est elle qui parla en premier.
« C’est la première fois, il faudra que tu sois patiente, il faudra que tu m’apprennes, je veux que tu sois heureuse de notre première caresse. » J’étais décidée à faire en sorte qu’elle soit heureuse, j’aimais bien « les premières fois » En général les femmes se donnent avec volonté, sans arrière pensée, totalement. Je dévêtis Claudine avec un maximum de tendresse, pour découvrir une féminité de rêve. Je le fis très lentement, ponctué de bisous et de caresses. Je savais que je provoquerai quelques frissons, et que les seins seraient durs, et dressés vers ma bouche. La poitrine n’était pas extravagante, mais d’une extrême sensualité ; Je comptais les grains de beauté, je respirais son parfum, j’appréciais le satin de sa peau. J’aimais la ligne de ses hanches, et ses cuisses un peu fortes. J’aimais ses bras musclés qui remontaient un peu les épaules. Elle avait le physique original d’une femme qui soigne sa ligne par le sport, elle était de toute beauté. Elle avait pris le parti d’être totalement épilée, (sans doute pour me plaire) et le mont de Vénus très formé, était d’un velours étonnant. Elle paraissait beaucoup plus jeune que son âge, j’étais totalement sous le charme, je bannissais d’emblée, toutes les bonnes raisons qui auraient du me retenir, j’avais envie de fermer les yeux et de mourir d’amour dans ses bras. Je décidai de ne rien faire, de ne pas lui imposer
« ma façon » de faire. Je me souvins de ma première fois avec Michèle, et je lui dis :
« Fais-moi l’amour.
—Mais je ne sais pas.
—Fais comme tu as envie. Il n’y a pas de mode d’emploi. »
Et comme elle avait envie de moi, qu’elle y avait pensé, qu’elle en avait rêvé peut être, elle se jeta à l’eau, et je savourai sa douceur, ses audaces, et je sus comme ça, ce qui lui plaira de ressentir sous mes caresses. Ce qu’elle n’osa pas, je lui réservais, mais je dois dire que j’ai passé des instants de vrai bonheur sous ses doigts et ses lèvres. Il y eut plus d’amour que de performances sexuelles. J’adorais ce genre de rencontre où tout est découverte, surprise, et récompense. C’était une première fois, mais il y eut une seconde, puis une troisième. A la troisième fois, elle eut un orgasme très violent, à la limite de la cascade de plaisir. Elle-même fut étonnée de la puissance de cette réaction, quand elle arrive pour la première fois. Epuisée mais lucide, elle se reposa contre moi, déposant quelques baisers sur mes seins.
« C’était plus fort que je ne l’attendais, c’était impensable il ya quelques heures encore. Je dois être ce soir la femme la plus heureuse de la terre. Je me disais en te regardant vivre, que si toutes ces femmes nourrissaient un tel amour pour toi, c’est qu’il devait y avoir quelque chose ?
« C’est la première fois mon amour, si nous avons la chance de nous aimer encore, tu verras que le plaisir peut grimper à des sommets exceptionnels. C’est l’amour au féminin, c’est l’amour découverte, c’est l’amour sans limites. Cela n’a rien à voir avec l’amour hétéro. C’est une autre planète. Je ne veux pas dire que l’amour hétéro n’est rien, au contraire, mais les sensations sont différentes. Moi j’aime les deux, mais à choisir je reviendrai vers toi sans hésiter.
—Je ne voudrais pas paraître ni jalouse ni indiscrète, mais les autres femmes de l’agence. Tu les aimes toutes autant ?
—Je les aime toutes avec passion, toutes différemment. La seule clé de ces amours, c’est de ne ressentir aucune jalousie. S’il y a le moindre sentiment de jalousie il faut arrêter net, cela ne peut apporter que le malheur. En vérité, nous nous aimons toutes, et nos relations sont quelques fois plurielles.
—Vous faites l’amour à plusieurs ?
—Souvent. C’est une situation que j’aime beaucoup. Faire l’amour avec Lorena et Rosine, c’est un bout de paradis.
—Je n’avais pas pensé que c’était possible.
—C’est possible et assez fréquent. C’est ce qui fait que nous avons des liens très étroits entre nous.
—Je ne sais pas si je pourrais.
—Il n’y a rien d’obligatoire, c’est la liberté totale. Tu y viendras naturellement. Les filles sont amoureuses et n’appartiennent à personne. Elles ne te diront jamais non.
—Alors tu vas me lâcher ?
—Je n’ai pas dit ça, mais si demain tu veux faire l’amour à Linda ou une autre, il n’y aura aucun problème.
—Linda, je suis très attirée par Linda.
—Linda est une belle amoureuse. Elle est fidèle, elle est très excitante. J’ai toujours aimé les filles de couleur, et là c’est un amour incomparable. Et sa petite amie Laurie est délicieuse. Tu sais, toutes les lesbiennes ne sont pas comme nous. J’ai donné ma jeunesse à un seul amour, mon corps réclamait autre chose sans doute. Je t’aime Claudine, et je ne donnerais ma place à personne. Je suis flattée que tu m’aies choisie pour virer ta cuti.
—Sans toi, ça ne serait jamais arrivé. Tu sais, je suis au courant que tu prépares ta sortie de nos vies. Même si je ne retrouve pas de travail, je garderai un souvenir émerveillé de tout ce temps que j’ai passé à tes côtés. La suite m’importe peu. Je veux profiter au maximum du temps qui me reste pour être à toi. Je ne connaitrai jamais les motifs de ta décision, et je pense que si tu le fais c’est qu’il n’y a pas d’autre solution. Tu ne t’es jamais trompée, tu as un sens des affaires exceptionnel. Tu pourras toujours compter sur moi.
—Qu’as-tu dis à Hubert pour expliquer ton absence ?
—Je lui ai dit que je passerai la soirée avec toi. Mais sans plus.
—Tu ne pourras rien lui cacher. Tu n’auras plus jamais le même visage, la même attitude, le même regard. Tous ceux qui t’aiment verront à la première seconde que quelque-chose a basculé dans ta vie.
—Tu le crois vraiment ?
—Bien sûr, tu vas avoir cette aura qui te suivra partout. Et quelques fois, elle te précèdera.
—Mon aura ?
—Cette chose inexplicable qui fait que deux lesbiennes se reconnaissent toujours. Et cette même aura, découragera les hommes de te faire la cour, à moins qu’ils soient homo ou bi.
—C’est étrange, si ce n’était pas toi qui me dise cela, je n’en croirai pas un mot. —Tu verras, en arrivant au bureau demain, toutes les filles le sauront tout de suite. C’est la même chose pour les hommes. Je pense que ton mari s’attend depuis longtemps à ce que nous ayons une aventure. J’aurais eu des remords, si je t’avais draguée par ruse. Mais là, je suis la victime, c’est toi qui a tout fait.
—Oui, j’en suis la première étonnée. Tu es sûre que tu n’aurais pas préféré être avec une autre ?
—J’en suis certaine. Ce soir j’aurai aussi des comptes à rendre.
—Tu as quelqu’un ?
—Oui, j’ai quelqu’un à la maison, quelqu’un que tu connais.
—Je ne vois pas.
—Maud.
—Ta belle mère ?
—Oui, c’est une amoureuse exceptionnelle, je lui dois tout, et je l’adore. C’est une femme cultivée, d’une bonté infinie. C’est la reine de mes amours. Sans elle je ne serais rien.
—Et pourquoi me le dis-tu ?
—Parce qu’il n’y a pas de raison que tu ignores tout de ma vie.
—Et ça a commencé quand ?
—Quelques jours après mon mariage. Mais je l’avais détectée à la première seconde de notre première rencontre. Et si tu as l’occasion de lui faire un câlin, il ne faut pas la perdre.
—Je n’y aurais jamais pensé.
—Toi peut-être mais elle, si ! Elle voit tout, elle comprend tout, rien ne lui échappe. Elle s’occupe bien de ma fille. C’est pour moi une bénédiction. Chose étrange, elle a été le prof de philo de Luigi. Un sale gosse qui la faisait tourner en bourrique.
—Et que dit-elle de ton départ ?
—Je ne lui ai pas dit. Mais je pense qu’elle l’a deviné.
—Avec toi on ne s’ennuie jamais. Je passerais des heures à t’écouter.
—Je ne prétends pas n’avoir fait que des choses bien. Je suis une femme amoureuse, Marie-Noëlle disait que je ne pouvais pas passer à côté d’une fille sans mouiller ma culotte. C’est pour ça que je n’en mets pas souvent.
—Il faudra que tu me parles de Marie-Noëlle. C’est une fille un peu mystique dans l’armée, elle a laissé des marques.
—Oui, et pourtant elle s’y est toujours conduite de façon exemplaire. Je n’arriverais jamais à la cheville de son honnêteté.
—Hubert dis que le colon l’a envoyée au casse pipe.
—Hubert sait tout, il est comme Maud, il comprend tout, il prévoit tout.
—Il sera étonné d’apprendre ton départ.
—Non, il doit déjà le savoir, et lui, il a compris pourquoi. —Tu lui en as parlé ? —Non, pas du tout.
—J’avoue que je ne comprends pas tout.
—Tu comprendras, j’en suis certaine. On se rhabille ou on passe la nuit ici ?
—On se rhabille, c’est plus sage.
—Je vais faire couler le bain. Et on se prendra un repas au restaurant, tu auras toujours un ticket à montrer pour expliquer ton retard. Mais je n’y crois pas beaucoup.
—Un dernier mot, s’il te plait ?
—Oui ?
—Quand vous vous êtes retrouvés le jour de ta libération, Hubert a été correct ? —Il a été très correct. Je sentais qu’il était amoureux, bien qu’ayant toujours eu une attitude hors de tous reproches. Moi j’estimais que je lui devais beaucoup, pour le plaisir que j’avais eu à être sous ses ordres, et la complicité professionnelle que nous avions eu. J’ai cru que je pourrais me montrer reconnaissante. J’étais malgré tout inquiète, car je n’avais jamais eu de rapports avec un homme, j’étais vierge. Et quand je me suis mise en civil, pour être plus jolie je n’ai pas mis de soutien gorge, ce qui l’a troublé. J’ai cru que je lui devais bien, de me laisser aimer s’il en avait envie. Il m’a embrassée, Il a déboutonné mon chemisier pour regarder mes seins, et quand j’ai senti que j’étais dans les bras d’un homme, j’ai eu ce malaise, un étourdissement, mes jambes m’ont lâchée. Il m’a transportée sur le lit, il a reboutonné mon chemisier, et m’a passé des glaçons sur le visage. Il voulait appeler le médecin, mais j’ai refusé. Il est parti avant que Marie-Noëlle ne rentre.
—Et avec ton mari, ça a fait la même chose ?
—J’en avais tellement peur qu’il s’est passé plus d’un an, avant d’accepter de faire l’amour avec lui, et encore, j’y suis allé par petites doses. J’avais pris des leçons.
—Des leçons ?
—Oui, ça fera l’objet d’une autre confidence.
—C’est a peu près ce qu’il m’a raconté. Il m’avait dit qu’il avait admiré tes seins, et ça l’avait rendu fou. Maintenant je comprends pourquoi.
—Ils étaient plus bandants à cette époque !
—Très belle expression. Quand j’étais à coté de toi, tout à l’heure, je me sentais dans cette situation là. Je bandais comme une folle.
—Tu fais de rapides progrès. Allons dans la mousse. » Le repas fut très agréable, dans une salle de restaurant feutrée en lumière tamisée. Claudine était la compagne parfaite. J’étais heureuse d’être avec elle, j’avais bien fait d’accepter ses avances. Le lendemain, au bureau, ça n’a pas manqué. Quand Claudine est arrivée, ce n’était pas la peine de faire un dessin. Les femmes sont parfois étonnantes. Mais toutes semblèrent heureuses, lui sourirent peut être plus qu’à l’habitude, l’embrassèrent de façon plus appuyée. C’est Linda qui osa la première.
« Nous n’avons encore rien fait ensemble que déjà tu me trompes ? Viens m’embrasser ma Claudine et raconte moi. Elle a été gentille avec toi la dame ?
—Oui, très gentille. Elle m’a emmenée au restaurant, et j’ai repris deux fois du dessert !
—Oh alors c’est le grand amour ! Bienvenue au club !» Et le baiser de Linda était très appuyé. Quand j’arrivais, à mon tour, Seule Lorena vint me voir pour me dire :
« Cela veut dire que je suis définitivement sur la touche ?
—Pas du tout, j’attends que tu te reprennes et que tu redeviennes la femme brillante que j’aime à la folie.
—Oui, l’excuse est un peu facile. » Et elle repartit dans son bureau. J’allais retrouver Claudine qui était déjà au travail, élégante et joyeuse. « Bonjour ma chérie, ça va comme tu veux ?
—Oui, très bien mon amour, tu as bien dormi ?
—Comme une montagne et toi ?
—Oui, très bien, Hubert était couché, mais il ne dormait pas. J’ai commencé à lui dire que nous avions fini très tard, et que l’on avait dîné ensemble.
—Alors il m’a répondu :
« J’espère de tout mon cœur qu’elle t’a rendu très heureuse, et que ta vie en sera ensoleillée. Je sais qu’elle n’essaiera jamais de nous séparer, et qu’elle ne mettra pas en péril l’amour que nous avons l’un pour l’autre. Viens contre moi. Et je me suis endormie dans ses bras, et j’étais bien.
—J’ai toujours su qu’il était exceptionnel ce mec ! » Quand je rentrai le soir, j’eus à affronter le chagrin de Maud.
« C’était encore une promesse ? Tu en a encore beaucoup comme ça ?
—Non, c’est la dernière. Il faut que je te parle.
—Au point où j’en suis.
—J’ai mis l’agence en vente. J’ai l’intention de quitter Compiègne début Juillet, et la France en fin d’année au plus tard.
—Et tu m’enterres à quel moment ?
—Je ne peux pas faire autrement. Ma vie ici s’est arrêtée quand Marie-Noëlle est morte.
—Et quelle est la vraie raison pour laquelle tu te sauves ?
—Je ne peux pas te le dire.
—Dis plutôt que tu n’as pas le courage de me le dire.
—Pense ce que tu veux. Je n’ai rien à te reprocher, et je t’aime comme au premier jour.
—Je pense que tu as eu raison. »



Et voilà, l’étonnante perspicacité de Maud.





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Sam 28 avr 2007 Aucun commentaire