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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

                              

 

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LXI-L'épilogue.

 

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Qu'est-ce que la vie, sinon une série de folies inspirées? 

George Bernard Shaw            

 

             L’hôtesse me réveilla alors que l’avion s’apprêtait à atterrir. Je sortis d’un rêve où je jouais dans les vagues avec Marie-Noëlle. Ce n’était pas en Bretagne, sûrement pas en France, vu la dimension des rouleaux. Était-ce le fait d’avoir passé quelques heures avec son ami, qui me rapprochait d’elle dans ces jeux de plage? A Ouvéa sans doute il y avait une mer aussi puissante. Ainsi j’étais revenue dans la vie de Marie-No par le biais de Loïc, comme elle l’avait fait avec Michèle pour contrecarrer les prémisses d’une jalousie naissante. Ainsi, nous étions revenues ensemble : La camarde pouvait aller se faire cuire un œuf.
L’avion nous débarqua dans un aéroport désert. Il était tard, c’était peut-être le dernier vol. Quelques femmes de ménage étaient encore à l’ouvrage. Comme souvent, je débarquai à l’autre bout de l’aéroport. Je dus traverser la totalité des halls, pour retrouver ma voiture. Marcher me fit du bien. Je repérai quelques types un peu glauques qui me dévisageaient sans retenue. Une fille semblait tapiner encore, je me demandais bien ce qu’elle espérait trouver.
Sur la route du retour, je me laissais bercer par la musique de Benny Goodman et Charlie Christian, avec le son inégalable restitué par la chaîne Cabasse. Rien que pour ça, j’aurais acheté cette voiture. En approchant de l’aire de Rémy, j’hésitai à quitter l’autoroute pour m’offrir un petit plaisir solitaire. Finalement je n’en fis rien, je risquais de rencontrer un ou deux routiers pas forcément sympas. Je continuai ma route, et je sortis à Arsy : Onze km, j’étais presque arrivée.
Mon appartement était calme. Axelle dormait sous la protection électronique d’Odile. Je sortis un instant sur le balcon. Il faisait doux, la ville était illuminée, et le ciel dégagé. Je sentis le vibreur de mon portable. A cette heure ci ? Je décrochai. Je reconnus Maud.
« Allo ma douce, tu ne dors pas encore ?
─ Comment veux tu que je dorme quand je te sais sur la route ?
─Tu m’aimes à ce point ?
─Évidemment, tu en doutes ?
─Pas du tout, ça va bien ? Où es-tu ?
─Nous venons de rentrer. Nous sommes allés au ciné. Et j’ai vu de la lumière en passant !
─Coquine, tu as fait un détour !
─Bien sûr ! Je m’ennuyais. Je peux passer quelques minutes ? Tu me raconteras.
─Oui, je t’attends. N’oublie pas ton pass, je serai sous la douche.
─Ok j’arrive » Moins de cinq minutes plus tard, j’entendis la porte s’ouvrir, puis peu après, un léger courant d’air, et je sentis Maud se serrer contre mon dos. Je me retournai et lui pris les seins à pleines mains. A dire vrai, il fallait plusieurs mains pour contenir les seins de Maud. Je ne me lassais pas de les caresser, de les admirer, de les sucer goulument.
Le temps qui, généralement n’épargne rien ni personne, semblait avoir oublié Maud. Ses yeux gris pétillaient de bonheur sous mes caresses. Elle semblait d’une jeunesse éternelle. Quand nous nous retrouvâmes au salon devant une flute de champagne, elle me dit sur le ton de la confidence :
« Que vas-tu faire de la petite Aline ?
─Parce que tu sais ça toi ?
─Je pense que tout le monde le sait !
─Je laisse tomber, je pense que Patricia va prendre le relais. À moins que tu ne lui fasses un peu de formation, elle est très belle, très bien gaulée, elle est douée et très câline.
─Oui, je me ferai passer pour sa grand-mère.
─Et alors ? Tu aurais honte ?
─Je ne sais pas, c’est vrai que c’est tentant. Mais je crois que Patricia a déjà pris une option.
─Voilà d’où vient la fuite alors. Tu revois Patricia ?
─Il faut bien que je m’occupe quand tu batifoles avec des hommes !
─Tu as raison ma belle, occupe-toi !
─Et il est comment ce militaire ?
─Un peu rustre, mais très beau garçon. Un athlète, très viril, agréable, courtois, attentionné, presque galant. Un vrai militaire. Officier depuis peu. J’ai passé un bon moment, mais il ne me manquera pas. Il est homo comme tout le monde, mais je préfère les nôtres. As-tu revu Armand ?
─Non, mais j’espère qu’il pensera à moi un de ces jours !
─Il est timide, mais il ne t’oubliera pas, et il est très sensible aux belles poitrines ! ─C’est une bonne nouvelle ! Je ferai du décolleté !
─Tu as raison, j’adore aussi. » Le lendemain matin, j’allais au garage prendre possession de ma nouvelle voiture. Un joli bleu marine, elle sentait le cuir neuf, une véritable merveille. Le six cylindres était totalement silencieux, mais à voir les pneus et les deux tuyaux d’échappement, on sentait qu’il y avait de la puissance. Le garagiste venait juste de poser le crochet d’attelage. Ce n’était pas très chic, mais ça me sera utile. Je le ferai démonter plus tard. Il me promit de m’enseigner les manœuvres avec la remorque. Sur le siège arrière il y avait un « paquet-cadeau » de la part du garagiste, un coffret Mozart et un coffret Beethoven ! De quoi alimenter la Cabasse pour un long trajet. Je lui rendis sa voiture sans une égratignure, avec un petit air de Chanel à l’intérieur. Il m’avoua être heureux de la retrouver. Il avait roulé avec ma BM, et n’avait pas aimé, il l’avait vendue. Un jeune homme en quête de frime sans doute ! Pourvu qu’il ne se tue pas avec ! Ma première sortie fut pour aller retrouver Simone. J’allais la retrouver dans sa nouvelle maison, dont le plus proche voisin était le centre d’entraînement de l’équipe de France de foot. Elle m'avait prévenue qu'elle ne serait pas seule, elle serait avec sa « fiancée » pour reprendre ses propres mots.
Je retrouvai la Vallée de Chevreuse avec beaucoup de plaisir. C'est joli, bucolique, un coin pour gens aisés qui recherchent la tranquillité. Je coupai par le bois pour ne pas passer par Rambouillet. Je remarquai qu’il y avait beaucoup de « camionnettes » garées à la lisière de la forêt. La prostitution est partout en île de France. Cela me refit penser à Marie-Claude, cette belle amazone de la rue Pergolèse. Elle a dû se demander pourquoi je n’étais pas retournée la voir malgré ma promesse. Ou peut être m’a-t-elle tout simplement oubliée ? C’est une idée, j’y retournerai.
Simone m’accueillit avec beaucoup d’émotion. Elle avait beaucoup changé. Elle avait mené à bien son régime, elle était méconnaissable. Une taille de guêpe, et la poitrine bien que toujours présente avait diminué de moitié. Ce qui était encore bien au-dessus de la moyenne. Elle avait retrouvé le corps qu’elle n’aurait jamais du perdre. Mais il paraît que c’est tellement euphorisant de grossir. Elle n’était pas plus forte que moi, elle était séduisante pour qui aime les femmes un peu masculines. Le visage était très beau, je soupçonnais un petit lifting. Mais après tout, pourquoi pas ? Ses yeux pétillaient de malice, visiblement elle était heureuse de me voir, et aussi de mesurer l’effet qu’elle faisait sur moi.
« Tu as beaucoup tardé à venir me voir, je me suis ennuyée, tu ne peux pas savoir
─Je te prie de m’en excuser. Je t’ai téléphoné souvent ; Ta fiancée n’est pas là ?
─Si, je vais te la présenter, elle est dans la salle de bain, elle se fait une beauté.
─Ha oui ? Vous avez fait des folies avant que j’arrive ?
─Bien sûr que non, avec toi il vaut mieux garder ses forces.
─Tu as raison, à te voir en jeune fille, ça donne des idées, mais je ne suis pas venue pour ça !
─Tiens, voilà la belle. Je te présente Sam, alias Samantha. Elle a la grande bonté de me tenir compagnie.
─Bonjour Sam. Très heureuse de te connaître. Je constate que Simone est transformée, je pense que tu en es la raison.
─Bonjour eve anne. Heureuse aussi, j’ai tellement entendu parler de toi. Je ne suis pas pour grand-chose dans la vie de Simone, on ne se connaît que depuis peu, six mois à peine. »
Sam était une grande femme assez class, qui portait sur son visage les stigmates de son homosexualité. Un visage très masculin aux cheveux très courts, une coupe garçon, celle que j’ai toujours aimée. Elle avait les traits fins, et le sourire facile. Un très beau sourire avec une dentition éclatante. Seule la présence d’une jolie poitrine permettait d’éviter la confusion des genres. D’une allure plutôt athlétique, la cinquantaine active, c’était une « belle » femme. Elle formait avec Simone un joli couple, qui ne dissimulait pas sa nature.
« Je suis très heureuse que vous vous soyez trouvées. Vous allez bien ensemble, je suis contente pour toi Simone.
─Merci ma belle. C’est la vérité. Sam a transformé mon quotidien. Sans elle, je ne serais jamais arrivée au bout de ce régime. Tu te rends compte, elle arrive même à me faire courir dans le bois !
─C’est une performance en effet, je ne me serais jamais aventurée à te proposer une telle occupation. Et pourquoi pas le vélo ?
─C’est prévu, on doit toujours aller chez Décathlon, mais on a toujours autre chose de plus urgent à faire. » Je passai un après-midi très agréable avec les deux femmes. Sam était toute jeune retraitée après avoir vendu son cabinet d’expertise. Elle se disait heureuse et sereine d’avoir cessé ses occupations qui ne lui laissaient aucun moment de répit. Elle avait une conversation agréable, et sa voix d’une douceur infinie contrastait un peu avec son physique. Je notai que Simone buvait ses paroles avec un immense plaisir. Simone me demanda des nouvelles de mes amies, et surtout de Maud, dont elle gardait un souvenir attendri.
Alors que je rentrais chez moi, je retrouvai Aline, qui surgit de je ne sais quel trou noir, et me sauta au cou. Deux jours avant, elle faisait la belle sur le char fleuri de la « Reine du Muguet »
« N’aie pas peur, je viens juste te faire mes adieux. Si tu as cinq minutes invite-moi à monter, je te dirai tout.
─Je n’ai pas peur, alors tu peux monter ! » Dans l’ascenseur, je la regardai avec tout l’intérêt que nos relations justifiaient pleinement. Dieu qu’elle était jolie, et ses yeux rieurs me pénétraient au plus profond. Arrivées dans le salon, elle commença :
« Je sais que je ne te reverrai plus très souvent, ni pour longtemps, j’ai préféré prendre les devants pour t’éviter la rupture.
─Merci de ta générosité, mais j’aurais survécu.
─Je m’en doute, je suis sortie avec Patricia. Elle m’a draguée, et comme elle me plait bien, je me suis laissé faire.
─Tu ne t’es pas trop forcée ? Elle est divinement belle. Des seins comme elle a, une femme sur mille à peu près !
─Ha oui ? Alors j’ai beaucoup de chance ! Mais elle est moins douée que toi ! ─Encore heureux qu’il me reste quelque chose. Je suis contente pour toi. Prends soin de vous, une relation comme tu auras avec elle, est très certainement ce que tu auras de mieux dans ta jeunesse.
─Après toi ?
─Of course ! C’était sous entendu ! » On se fit un petit câlin d’adieu. C’était le dernier Week end avant mon entrée dans « l’industriel » pour ne pas dire l’industrie. J’allais être confrontée avec ce monde inconnu de la mécanique, des automatismes, du bureau d’études, bref, une autre planète. Pourquoi avais-je choisi ce virage professionnel ? Je ne le sais plus, cela m’est venu comme ça, comme une évidence. Je n’avais plus rien à découvrir dans le métier que je m’étais fabriqué. J’avais créé beaucoup de choses et beaucoup d’emplois, j’avais inventé un mode de gestion, j’avais gagné de l’argent, mon patrimoine s’était considérablement agrandi, je n’avais lésé personne, je n’avais aucun remord à afficher, ni aucune faute à confesser. J’avais largement payé mes employées. Le décès de Marie-No avait tout chamboulé. Il est vrai aussi que j’aurais pu persister dans ce que je faisais, mais non, cela m’était venu naturellement, ma mère était espagnole, elle avait souhaité finir ses jours en Espagne, alors je devais, pour elle, me faire adopter par ce pays. Pas de dette spirituelle dans cette démarche, disons que c’était le bon moment pour changer quelque chose dans ma vie. Pour continuer à vivre, il me fallait du nouveau, un challenge, un défi à relever, sinon je risquais de me perdre dans la routine. Un point d’interrogation persistait dans mon subconscient : Comment Axelle allait-elle vivre ce changement ? A chaque fois que l’on en parlait, je ne relevais aucune appréhension dans ses propos, je dirais même : « Au contraire » elle semblait aussi motivée que je l’étais. Changer de relations aussi, tout reprendre à zéro, pour ne pas sombrer dans les relations lénifiantes qui finiraient par me lasser. Conserver le goût des conquêtes amoureuses, découvrir d’autres visages, d’autres voix, d’autres merveilles. Me remettre en question, plaire à d’autres femmes d’une autre race. Et puis il y a aussi le désir de m’assumer professionnellement, en partant de zéro, sans l’aide d’une Simone, dans un monde où je ne connais pas encore les règles du jeu, dans un lieu où tout, forcément sera différent. Je serai obligée de faire des choix, et je sais que je n’aurai pas le droit à l’erreur. Michèle l’a fait avant moi, dans son pays, je lui montrerai que je peux le faire aussi. Dans un pays qui n’est pas le mien. Pas encore !! Il me restait une formalité, une démarche que je m’étais promise, je ne voulais pas quitter mes deux amants « comme ça », ils m’avaient rendu heureuse, ils avaient été sans se forcer des amants exceptionnels. J’avais avec eux retrouvé un semblant de gratitude au sexe masculin. Quelle chance j’avais eu, des garçons super class aussi virils, aussi adroits, aussi attentionnés… Quand je pense au mépris que beaucoup de femmes entretiennent vis-à-vis des homos, je me dis que je suis née sous la bonne étoile. Le lendemain Samedi donc, je partis pour Paris, Je voulais trouver pour chacun des garçons un bijou de prix, qui soit en rapport avec les relations que nous avons entretenues. J’allai tout droit dans une bijouterie de la place Vendôme, et je m’adressai à une vendeuse, très jolie femme, très class. Catherine Deneuve, mais avec un décolleté somptueux: « Je suis à la recherche de bijoux…. particuliers….
─Que voulez vous dire ?
─Des bijoux…intimes si je puis dire….
─Oui, je vois, nous ne faisons pas ce genre de bijoux, je regrette.
─Vous avez tort, J’avais envie de faire des folies…
─Allez plutôt dans un sex-shop ! Vous trouverez tout ce que vous pouvez imaginer !
─J’en doute. Mais je vous remercie de votre extrême amabilité » Et je fis demi tour. Au moment de passer la porte, un Monsieur d’un certain âge m’aborda.
« Je vous prie de m’excuser chère madame, mais j’ai saisi une partie de votre conversation avec notre commerciale. Il y a des objets que nous proposons avec beaucoup de discrétion, et tous nos vendeurs ne sont pas au courant de notre gamme particulière. Je pense pouvoir vous être utile. Voulez-vous m’accompagner ? » Je suivis le Monsieur dans une petite pièce qui devait être sa caverne d’Ali Baba.
« Que cherchez-vous exactement ? Un bijou pour femme ?
─Non, un bijou pour homme. Les hommes appellent cela un « Cock-ring »
─Oui, je vois, nous avons ici quelques modèles, je vais vous les présenter. » Et ceci dit, il se dirigea vers un tableau fixé au mur, et découvrit le coffre qui se trouvait derrière. Il composa un code, et ouvrit la porte. Il en sortit plusieurs présentoirs. Sur le premier plateau, sur fond de velours noir, quelques anneaux de différentes tailles, les uns toriques, les autres plats, quelques uns ciselés, d’autres entrelacés comme des alliances. Ils étaient tous apparemment en or, jaune, gris ou blanc :
« Vous connaissez la taille ? On peut aussi le faire à la demande, en fait, on fait tout ce que vous souhaitez.
─J’ai pris le modèle, j’ai dessiné l’intérieur d’un modèle existant.
─Voilà qui est judicieux ! » Et je sortis de ma poche un papier plié en quatre, sur lequel j’avais dessiné l’intérieur du cock-ring de Luigi qu’il avait oublié dans ma salle de bain, après une nuit torride. J’étais sûre qu’Armand portait la même taille. L’homme prit le papier, et mesura le diamètre du cercle à l’aide d’un double décimètre d’écolier.
« Cinquante sept ! Mes compliments, c’est une très belle taille !
─Je lui dirai, il sera content !
─Excusez-moi, c’est un réflexe masculin ! Voyez-vous un modèle qui vous plait ?
─Oui, celui-ci, le plus simple, avec des angles arrondis. J’aime bien le petit anneau. C’est pour y fixer des accessoires ? Pouvez-vous y graver quelque chose ?
─Bien entendu ! Tenez, écrivez ce que vous voulez sur ce formulaire. Inscrivez la taille également. Il nous faudra l’adapter. Si vous voulez ajouter un décor, n’hésitez pas, nos moyens de gravure sont pilotés par informatique, il n’y a pas de limite.
─Je ne l’avais pas prévu, je n’ai pas de modèle.
─Regardez dans ce catalogue, nous avons beaucoup d’exemples originaux. » Je feuilletai le catalogue, et tombai en arrêt sur un décor représentant des œillets tressés en couronne.
─Voilà, c’est exactement cela que je veux. A l’extérieur, à l’intérieur, mon prénom, simplement : eve anne, sans tiret ni majuscule.
─Comme vous voudrez. C’est tout ce que vous désirez ? Nous avons également quelques bijoux d’urètre, très érotiques, et aussi quelques sondes de toutes tailles. Nos « Rosebuds » ornés de diamants sont de toute beauté.
─Oui, non, Je vous remercie. J’ai oublié de vous dire que j’en voulais deux.
─Deux identiques ? Je veux dire, de la même taille ?
─Oui, s’il vous plait.
─Il n’y a pas de problèmes. Tenez, voici le prix. Il tient compte d’une remise de dix pour cent pour un achat de deux modèles identiques. » Il me tendit une calculette sur lequel était inscrit le résultat de son opération. C’était exorbitant !
« Merci. Je vous verse un acompte, et je repasserai la semaine prochaine, Samedi seront-ils prêts ? Je vous laisse mon numéro au cas où.
─C’est parfait chère Madame, je vous remercie infiniment. » En ressortant de la boutique, je croisai le regard méprisant de la vendeuse qui m’avait si gentiment expédiée. Je me dirigeai vers elle : « Je suis contente, j’ai trouvé ce que je voulais. J’adore cette boutique ! Les sex-shops de luxe sont si rares de nos jours ! » Et je sortis de la boutique. Je regardai la colonne, et je trouvai qu’elle avait fière allure. Je jetai un dernier coup d’œil au magasin, et je m’aperçus que la vendeuse était derrière la porte et me regardait. Je retournai vers elle, et lui tendis ma carte :
« Si vous avez envie d’un peu de fantaisie… » La fille regarda si personne ne la voyait, se saisit de ma carte et la fit disparaître dans son décolleté. Le geste avait duré une milliseconde. Je lui souris, tout en regardant son regard surpris je lui dis
« Elle ne pouvait pas trouver meilleur refuge… A bientôt… » Je repris ma voiture, et je rentrai à Compiègne. Je ne savais pas quand j’aurais l’occasion d’offrir ces cadeaux aux garçons, ni même s’ils seront heureux de les recevoir. Je pense que j’organiserai une petite fête, Il y a des gourmandises dont j’ai du mal à me passer.
Tout cela m’avait passablement excitée. Ce fut Maud qui en profita pleinement, sans poser de questions.
Le lendemain matin, je me levai tôt. J’avais l’intention de faire un long circuit en vélo. Je ne m’étais pas posé la question de vouloir rejoindre un groupe. Encore que pédaler seules en forêt, j’y regardais en deux fois, la sécurité n’était pas assurée. Bof ! Je rencontrerai bien quelqu’un que je connaissais. Je ne pensais pas si bien dire. Devant ma porte trois cyclistes m’attendaient. Il y avait Linda, Armand, et Henri ! Linda me sauta au cou.
« Salut ma grande ! Dis donc tu es toujours en pleine forme ? Tu as maigri on dirait ! Tu es contente qu’on soit venus ? C’est le Colonel qui en a eu l’idée, il est en visite chez Claudine avec sa femme ! On ne te dérange pas au moins ? Tu n’avais pas rendez vous avec ta fiancée ?
─Non, je suis très émue, les jambes vont me manquer. On y va, on parlera plus tard !
─Ok, on va où ?
─On fait le grand tour ?
─Avec plaisir, il ne fait pas trop chaud ! » Et l’on partit direction Béthisy par les ruines Gallo Romaines de Champlieu. La route était étroite, mais c’était une des plus jolies de la forêt. Tout au long du circuit, Linda me donna des nouvelles de l’agence. Selon ses dires, tout se passait bien. C’est Rosine qui fut choisie pour assurer la direction de l’entreprise, Monsieur XXX lui faisait entièrement confiance. Lorena n’avait rien revendiqué, et semblait indifférente à tout. Linda pensait qu’elle allait peut-être démissionner.
Je ne pouvais pas rester froide à l’évocation de ces filles que j’avais tant aimées. Je pensai insidieusement que le goût de leurs corps, et de leurs baisers, de leurs sourires et de leurs regards, allait terriblement me manquer. Est-ce que j’aurais pu réussir cette affaire sans elles, ou avec un personnel plus conventionnel ? Et puis la question qui me brûlait les lèvres :
« Et Claudine, comment va-t-elle ?
─Ha ! Je l’attendais cette question. Je te reconnais bien là ma grande, Claudine va bien, elle se concentre sur son travail, et ne laisse paraître aucun sentiment. Elle parle peu, uniquement du travail, elle restera dans l’entreprise parce qu’elle est vraiment motivée. Il faut dire qu’elle est inventive, et que ses idées font l’unanimité. Je ne lui connais pas de liaison…

Nous abordions la côte de Morienval, et je constatais que mes amis n’avaient rien perdu de leurs ressources. Cette rencontre me fit du bien, c’était imprévu, et cela me ferait une transition qui me serait sûrement salutaire. Je promis de garder le contact, sachant pertinemment que je ne pourrai tenir ma promesse.

 

On dit que les promesses n’engagent que ceux qui y croient.


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Suite 

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tn Ombrages D 

Par eve anne
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