Le blog d'eve anne, Madrid.

                              

 

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LVII-L'épilogue.

 

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Ma flamme est en berne; la branche d'épineux
a poussé en mon corps.
Jean Paul Guibbert 

                                                  

                                                  Le lendemain, le facteur m’apporta en main propre un recommandé. Une enveloppe banale, avec une très belle écriture. J’ouvris et je lus : « Mardi 16 heures au 12 Rue des Arcades Paris 16ème. Premier gauche. Digicode 5649. » Et c’était signé «Isabelle. » Je me demandais bien ce que ça voulait dire. Peut-être un rendez-vous galant ? Mais pourquoi s’y serait-elle prise de cette façon ? Il suffisait de me téléphoner. Et si c’était un message militaire, le Général aurait envoyé son estafette ! Bon, on verra ça mardi. J’avais un rendez vous le mercredi avec Louis, la réunion trimestrielle était fixée au mercredi suivant. Le dimanche, je le passai en toute intimité avec Maud. On retrouva un semblant de passion. Mais j’avoue que j’ai eu du mal à retrouver mes marques. Maud fit comme si elle n’avait rien remarqué. Le dimanche matin, j’étais allée faire du vélo avec le club. Il ne faisait pas très chaud, alors que nous étions déjà au printemps. Je ne suis pas arrivée à me réchauffer les pieds. Et c’est très désagréable. Et puis je n’aimais pas l’ambiance de cette équipe. Je savais que je ne pouvais rouler seule, il y avait trop de risques. Les problèmes d’assurances sont insurmontables. Il faudra que je me trouve un groupe pour relancer celui de mon père. L’après midi, on se fit une balade à cheval en forêt. Il y avait avec nous cette jolie pharmacienne, la jeune femme qui passait ses loisirs à apprendre aux enfants à monter « comme il faut ». Et ce « comme il faut », était très académique. Elle était mariée, et elle avait deux très jeunes enfants. J’aimais bien cette femme, jolie, modeste, douce et un peu timide. Axelle l’adorait, et elle lui rendait généreusement. On ne parla pas beaucoup, elle était trop occupée avec les enfants. J’étais en admiration, de voir à quel point on pouvait s’investir de façon bénévole dans un loisir éducatif. Elle s’appelait Rachel. Elle ne demandait rien, et elle obtenait quelques subsides de la mairie, pour que les enfants dépourvus de tout, puissent monter comme les autres. Même si les leçons sont gratuites, il faut louer le cheval, et ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. J’aimais bien ces balades en forêt. J’avais l’impression d’avoir un lien particulier avec la forêt. Je devais être la réincarnation d’une fée sylvestre. Ou simplement d’une biche égarée qui retrouvait ses sous-bois avec délices. Maud était comme moi, et ces moments passés ensemble étaient d’une qualité particulière. Je montais toujours la même jument, presque noire, qui s’appelait « Lilly-L-Janie ». Comprendre le nom des chevaux, est un exercice auquel j’ai renoncé depuis longtemps. Je la retenais le plus tôt possible. C’était une brave bête qui tolérait mes imperfections avec beaucoup d’indulgence et de bonté. Le lendemain matin, je retrouvai le bureau avec une bonne surprise, Monsieur XXX avait obtenu le feu vert de son conseil d’administration pour négocier le rachat de « La Lorena » Sinon, aucune catastrophe annoncée, et c’était bien comme ça. Elke s’ennuyait de ne pas me voir, je lui promis mon passage dans un futur proche. Le lendemain, je me rendis à l’heure dite rue des Arcades. Je frappai à la porte, et c’est Isabelle en personne qui vint m’ouvrir. Elle était souriante, très élégante, avec un maquillage discret. Je notai l’absence de bijoux, de rouge à lèvres et … de soutif.
« Bonjour Isabelle quelle surprise. C’est un rendez-vous de brigandes ?
—Presque ma belle amie, c’est un studio qui appartient à ma sœur qui est en vacances en Italie. Le général voulait que je te rencontre de façon discrète, pour te transmettre quelques informations, mais il ne sait pas que c’est ici. Officiellement, on est dans ton bistro.: Voilà. Tu sais que le Lieutenant Colonel de Nouméa a été assassiné. Il semble que ce soit l’œuvre des extrémistes Kanaks, bien qu’ils s’en défendent et accusent les extrémistes Caldoches. Toujours est-il que pour l’instant il n’y a pas de coupable, et de toute façon, les autorités n’ont pas l’intention de traiter cette affaire au sein de l’armée. Le général te fait dire, qu’il rapatrie la compagnie du Génie de l’air, qui sera remplacée par une compagnie de Paras de Mont de Marsan. Le transfert est en cours actuellement. Il te fait dire aussi que ce sera mieux pour tout le monde. Il me charge de te transmettre toute sa sympathie.
—Bien, très bien, je suis heureuse qu’il se soucie de moi.
—Il n’y a pas que lui. Je suis heureuse de ce stratagème qui me permet de te rencontrer pour une fois en particulier. Tu as bien quelques instants pour moi ? Tu sais, j’y pense souvent. » Je me rapprochai d’elle, et les seins libres sous le chemisier, étaient un pousse- au-viol caractérisé.
—Il fallait m’appeler, tu sais bien qu’il ne faut pas rester comme ça, il peut y avoir des conséquences dramatiques..
—Oui, je me doutais un peu que cela pouvait être grave en effet. » Et ce disant, elle s’approcha contre moi, et m’embrassa avec force et détermination. C’était à couper le souffle, tant elle y mettait d’ardeur et de passion. Sans détacher ses lèvres des miennes, elle ôta son chemisier pour apparaître torse nu. C’était une vision inattendue. La poitrine était plus volumineuse qu’elle ne le laissait paraître, et je sentis mon adrénaline monter d’un cran. Les seins étaient lourds et fermes, joliment formés et mes mains assoiffées ne se rassasiaient pas de caresser ces formes voluptueuses. Elle était un peu plus grande que moi, devait frôler le mètre quatre-vingt. La taille était fine, et les hanches galbées comme il faut. C’était une « belle femme » bien faite, très bien faite même, et très appétissante. J’en aurai pour des jours à tout explorer de ma bouche. Elle n’était pas venue que pour m’embrasser, et elle se montra exigeante en tout. J’avais cru qu’elle n’avait pas d’expérience lesbienne, mais pour une débutante, elle était super douée. Non, je crois que c’était une habituée des plaisirs saphiques qui ne voulait pas en avoir l’air. En attendant, je passai avec elle une bonne partie de l’après-midi, et c’était bien agréable. On se donna rendez vous pour la semaine suivante, même jour même heure, même adresse, le digicode était valable pour le mois. Je ne le faisais pas exprès, il fallait bien constater que mes bonnes résolutions volaient en éclats. Le soir, j’allai faire un petit tour à la piscine, avant de retrouver Maud, histoire d’éviter ses reproches. Le chlore, c’est radical pour effacer les parfums de femmes. Je retrouvai ma petite Aline, qui vint spontanément me dire bonjour, et me demanda tout de go si j’avais envie de l’embrasser. Je lui répondis que je ne pensais qu’à ça. Je ne sais pas si elle me crut, mais elle parut s’en accommoder avec le sourire.
« J’espère qu’on pourra se voir un jour, j’aimerais bien que vous m’embrassiez, et que vous me fassiez des caresses.
—Dit comme ça, ce n’est pas possible. Mais si tu remplaces le « vous » par un « tu », ça ira déjà beaucoup mieux.
—C’est vrai ? Tu serais d’accord pour m’apprendre ?
—Je n’ai rien à t’apprendre, il n’y a aucun secret, les baisers et les caresses ça s’improvise. Si tu me promets de garder ça pour toi, et surtout de ne pas en parler à tes copines, je veux bien passer un peu de temps avec toi.  » Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, simplement pour lui faire plaisir ? Car je ne croyais pas un seul instant que ça arriverait.
Le chlore était parfait, Maud s’étonna seulement que je sois « déjà » allée nager.
« J’en avais envie, et je ne voulais pas y passer la soirée. » cela parut lui suffire.
Je pris la direction d’Amiens. Première remarque, Jocelyne avait du goût, et un certain sens de l’utile. La remplaçante de Rosine était parfaite, et le sourire qu’elle m’offrit déclencha tous les déclics possibles. Incroyable, il y avait un truc. Une fille « bronzée », maghrébine sûrement, mais d’une allure démente. Jocelyne était très en beauté. Quand elle arriva, j’étais en grande discussion avec son hôtesse.
« Elle s’appelle Nahima, ce prénom est d’origine amérindienne, mais elle est Marocaine de naissance.
—Mes compliments, elle est très jolie. Tu as beaucoup de goût Jocelyne.
—Oui, on me l’a dit déjà, j’apprends vite.
—Je vois. Des nouvelles de Michèle ?
—Aucune. Je reçois les procurations de « Porteňa » Je ne sais pas pourquoi elle parle toujours de Porteňa.
—C’est l’ancien nom de Buenos Aires, c’est la vieille ville, et c’est plus facile à prononcer. Buenos aires a été inventé par les immigrés, les Italiens, les Allemands, et aussi les auvergnats qui ont inventé le Tango ou la Milonga.
—Mais tu en sais des choses !
—Oui, j’ai fréquenté une espagnole pendant quelques années. Louis peut me recevoir ? Et toi aussi si tu veux, je n’ai pas de secrets pour toi !
—Non je vous laisse en tête à tête. » Je rencontrai Louis et je lui exposai le fond de ma pensée :
« Voilà. Je me suis rendu compte que je ne serai plus jamais motivée pour gérer mon agence. J’avais créé cette affaire pour Marie-No et moi. J’étais toujours persuadée qu’elle viendrait me rejoindre. Maintenant, c’est fini. Alors j’ai pris le parti de vendre mon affaire, et les discussions sont bien avancées. Rassure-toi, cette affaire est en pleine santé. Je partagerai la moitié du prix de la vente avec mes filles. Tu sais que nous avons des liens particuliers, et je veux les dédommager de les abandonner. C’est Rosine qui se charge des négociations. Elle a toute ma confiance.
—Oui, j’ai appris que vous étiez très proches.
—Autant que les autres. C’est une structure pas très conventionnelle, je l’avoue, au départ c’était parti pour être une petite affaire. J’ai eu la chance de rencontrer des filles bien.
—Et qu’as-tu l’intention de faire ? Je suppose que tu as tout prévu ?
—Oui, à quelques détails près. Je quitte Compiègne et la France, en principe en Juillet. Je veux profiter des vacances scolaires pour qu’Axelle ne soit pas trop désorientée à la rentrée. Je pars pour l’Espagne, Madrid exactement. Je voudrais monter là bas une affaire industrielle, comme la tienne. Rassure toi, il n’est pas question que je te fasse concurrence. Le planning serait le suivant : Je quitte l’agence pour le premier Mai. Tu m’embauches deux mois, pour apprendre l’utilisation de tes machines. Ensuite, je te quitte et je pars pour Madrid. Là-bas, je démarcherai pour toi. Durant ce temps, je réfléchirai à la meilleure façon de créer une structure sur place.
—Tu es sûre de ce que tu dis ? Tu n’es pas du métier ?
—Je n’étais pas du métier de la mode ni même de l’Armée, et je m’en suis bien sortie dans les deux cas. N’aie crainte, dans un an j’en saurai autant que toi, sans vouloir te vexer bien entendu.
—Ça me ferait plaisir au contraire. J’admire ton défi, et je vois que tu n’as peur de rien. J’espère que tu ne sous-estimes pas les difficultés.
—Certainement que si, sinon, je ne ferais rien.
—Et pourquoi as-tu choisi ce métier là ?
—Parce que depuis que l’on se connaît, je suis consciente que tu négliges l’export, alors que selon moi, ça devrait être une priorité.
—Je suis tout à fait de ton avis, et peut être que ça sera l’occasion d’y parvenir. Je ne vois aucune objection à ta décision, je suis admiratif de tant d’énergie et de clairvoyance. C’est d’accord pour le premier Mai. Jocelyne sera étonnée. Mais dis-moi, Michèle est dans le coup ?
—Non pas du tout, je ne sais même pas comment la joindre. » Je laissai Louis et Jocelyne, et Nahima (à regret.) De toute façon, tant que je rencontrerai des filles comme ça, je ne pourrai jamais les ignorer. Et des filles belles comme ça, on en voit de plus en plus…D’ailleurs…. Le lendemain, j’allai chez mon avocat, dans une petite rue près de la porte Maillot, la rue Pergolèse. Dans un coin où tout est luxe calme et hôtels particuliers. Je n’en eus pas pour longtemps, un simple détail concernant la vente de La Lorena. Je repris ma voiture, et je roulais très lentement dans cette petite rue déserte, quand je vis une Porsche rouge décapotable, garée sur le côté, avec deux superbes jambes qui dépassaient de la portière entr’ouverte. Une prostituée de luxe, sûrement. Je continuai, et jetai un coup d’œil. La jeune femme croisa mon regard, elle me parut très class. Je fis un créneau un peu plus loin. Et je revins à pied sur le trottoir. Arrivée au niveau de la Porsche, la femme sortit de la voiture et vint vers moi.
« Tu as besoin de quelque chose chérie ?
—Ça dépend de toi ma belle.
—J’adorerais passer un moment avec une grande fille comme toi.
—Oui, j’aimerais aussi, mais je n’ai sûrement pas les moyens.
—J’ai bien travaillé aujourd’hui, tu seras ma seule femme, je te fais un prix.
—Les promos ce n’est quand même pas la même qualité ?
—Je te fais une fleur, tu me paieras après. Si tu n’es pas contente, tu ne paies pas.
—Passer après tous ces types, ça ne m’emballe pas trop.
—Tu es très difficile, Nous ne sommes pas à Barbès ! Je me protège. Je suis très soignée. Que proposes-tu ?
—Tu me dis à quelle heure tu commences demain, je serai ta première cliente.
—C’est la première fois qu’on me fait une proposition pareille. Ça ne sera pas le même prix.
—On verra ça demain. Ne commence pas à négocier !
—Ok, demain, je commence à quinze heures, et je termine vers minuit.
—Et le reste du temps ?
—Je m’occupe de mes deux enfants, de mon chat, et de mon mari. Comme toutes les femmes.
—Et tu t’appelles ?
—Marie-Claude.
—Ok à demain. » Et le lendemain à l’heure pile, j’étais au rendez vous, et je vis arriver la Porsche. Je sortis de la voiture et j’allai à sa rencontre. Je fus surprise par sa beauté. Une véritable merveille. Elle m’embrassa, me prit le bras, et me dit : « C’est tout près » En effet deux portes plus loin elle me fit entrer dans un immeuble super class. Son studio, au rez-de-chaussée, était minuscule, mais richement meublé. Une salle de bain et une chambre. C’était beau, c’était douillet, calme, ça sentait le Chanel N°5, je me laissai faire. Ce fut un moment de très grande douceur. Marie-Claude se montra savante, et me donna l’impression (sûrement feinte) qu’elle y prenait du plaisir.
« C’est que tu serais capable de me faire jouir ! J’adore les belles plantes comme toi, ça me change des vieilles du quartier, ou de ces types avec leurs petites bites ramollies. Je t’ai fait du bien ? Tu as été contente ? Si tu veux, on pourra se fixer un autre rendez vous quand j’aurai plus de temps.
—Avec grand plaisir. Je te dois ?
—Je te fais confiance, tu me paieras la prochaine fois.
—Tu es sûre ?
—Oui, comme je pense que tu es une femme honnête, je suis presque sûre que tu reviendras pour me payer. Sinon, c’était suffisamment bien pour que je ne regrette rien.
—Tu es une fille curieuse. Tu es très belle, et très bien faite. J’ai passé un bon moment. Je suis très heureuse. » Et je quittai Marie-Claude avec un sentiment de bien-être inattendu. J’étais en état de grâce. Quand on pense qu’il y a des gens qui souhaitent interdire la prostitution ! Le mardi de la semaine suivante, j’allai à Amiens pour la réunion trimestrielle. L’examen de la situation fut vite fait, tout avait l’air de bien se passer, les résultats se confirmaient. Michèle avait envoyé une procuration. C’était sa façon de participer, car ce n’était pas une assemblée générale, c’était une réunion purement informative. L’homme du midi était absent aussi. Il n’y avait avec moi, que ma sœur, qui avait hérité, comme moi, de la moitié des actions de mon père, Jocelyne, Louis, et le premier fils de Louis. Un homme jeune qui pour moi n’avait aucun intérêt, mais qui parut très intéressé par ma sœur. Le pauvre ! Ma demande fut le sujet de discussion suivant. Jane n’était pas au courant et fut surprise, Jocelyne et Louis acceptèrent ma requête avec plaisir, ou du moins, c’est comme ça que je le ressentis. Au premier Mai, je passerai à autre chose. Je laissai Rosine rencontrer les hommes d’affaire de monsieur XXX. Cela se passait bien, le projet avançait.
Rosine vint me rendre compte comme à chacune de ses démarches. Elle me demanda ensuite, si j’avais envie de passer une nuit ou deux avec Lorena, ou avec elles deux. Elle me dit que Lorena en avait besoin pour ne pas se sentir oubliée.
« Je ne comprends pas cette fille. Elle a tout ce qu’il faut, un travail une femme merveilleuse, de l’argent, un train de vie exceptionnel, et elle n’est pas heureuse.
—Dans ses moments de dépression, c’est toi qu’elle veut.
—Moi je ne suis plus heureuse pour une autre raison, j’ai perdu la moitié de ma vie, et Lorena ne la remplacera jamais. D’ailleurs, c’est signé, je quitte le premier Mai, vendu ou pas vendu.
—Histoire de me mettre le moral à zéro.
—Ah non ! Tu ne vas pas t’y mettre ! Sinon, je ferme tout.
—Excuse moi, j’irai jusqu’au bout. Et pour notre soirée ?
—Toutes les deux, quand tu veux.
—Merci, ça nous fera beaucoup de bien.» En rentrant à l’appartement je retrouvai Maud qui paraissait de bonne humeur. Elle faisait de la lecture en espagnol avec Axelle, et comme il y avait une bonne complicité entre la fille et la grand-mère, c’était un moment de plaisirs partagés. Quand on se retrouva seules, je lui demandai :
« La semaine dernière, je me suis fait draguer par une prostituée de toute beauté. Une pute de luxe comme on dit. Je retourne la voir demain. Ça te tenterait que je te réserve un moment avec elle ?
—Non !
—Tu as tort, c’est une superbe fille. Et c’était de bon cœur.
—Tu n’as que ça à m’offrir ? Une pute ou une pipe avec Luigi ?
—Ou tout ce que tu veux d’autre.
—Je voudrais que tu t’intéresses à moi, comme avant.
—Ne me demandes pas ce que je ne peux pas faire. Je ne peux plus être « comme avant »
—Alors je ne veux rien.
—Maud mon amour, dans deux mois je serai partie. Ne gâchons pas le temps qui nous reste.
—Ok, je rentre chez moi.
—Comme tu voudras. » Le lendemain, Monsieur XXX me fit savoir qu’il désirait me rencontrer. Le rendez vous fut fixé en début de semaine suivante. Rosine me précisa que si on tombait d’accord sur le prix, il avait l’autorisation de traiter.
« A ton avis Rosine, ou à votre avis à vous deux, quelle est la valeur de La Lorena ? 
-- Je savais que tu allais me poser la question. Je t’ai rédigé un projet, et j’ai mis le chiffre que nous avons évalué. » Et elle me tendit les feuillets. Je lus le chiffre et je souris, puis je parcourus les deux pages d’explications.
« Votre évaluation n’est pas exacte. Elle est juste sur le plan calcul, mais Monsieur XXX va estimer une perte de chiffre d’affaires inhérente à la vente. Pour chaque vente d’une société, le repreneur doit faire ses preuves avec les clients traditionnels. Il ne pourra pas bénéficier de la clientèle qu’il a déjà, ce n’est pas le même métier. Lui c’est la haute couture, nous c’est le prêt-à-porter. De plus, les clients profiteront de l’occase pour voir ce qui se fait ailleurs. Il va estimer une perte sur trois ans qui ramènera le prix d’au moins dix pour cent, et ça ne sera pas une magouille. D’un autre côté, il deviendra le leader de tous les marchés confondus. C’est un argument.
—C’est vrai, nous n’y avons pas pensé.
—Je le sais parce que j’y suis déjà passé une fois. Si je tenais à ce que l’une de vous deux fasse les négociations, c’était pour que vous appreniez. Il faut au moins que je serve à quelque chose.
—C’est inimaginable ce que j’ai appris avec toi.
—Oui, sans doute, Louis était très étonné que je t’ai refilé le bébé.
—Ça ne m’étonne pas, c’est le pire des machos, il m’a toujours considérée comme une « dactylo », c’était le nom qu’il employait, mais lui ne m’a jamais rien appris.
—Tu seras vengée. Je vais te le secouer le macho ! De toute façon, il faut que je prenne l’avis de Simone.
—Il parait que ça vaut le déplacement !
—Oui, je t’emmène si tu veux ! Samedi soir à Compiègne, ça vous ira ?
—À merveille.
—Prévoyez de quoi vous habiller. Nous irons au « Théâtre Impérial », voir un opéra. Don Giovanni de Mozart.
—C’est vrai ?
—Bien sûr que c’est vrai, je veux faire plaisir à ta femme. J’espère qu’elle me fera au moins un sourire !
—Elle a intérêt ! » Maud accepta de nous accompagner. Je ne sais pas si elle avait envie de l’une des filles. Mais je vis Rosine lui parler à voix basse à plusieurs reprises, et Maud avait le sourire. Le spectacle fut sublime. Le « théâtre »est d’une beauté incomparable. Idéal dans ses proportions, il est décoré avec une sobriété de bon goût. Ce fut l’orchestre de Picardie qui fut à la tâche, et cette musique me ravit. Pour ma part, je passais une excellente soirée, et du coin de l’œil, je suivais les réactions de Lorena, qui, visiblement y prit beaucoup de plaisir. Je vis aussi que Rosine n’avait pas lâché la main de Maud. Cette fille est d’une intelligence sans limite. Il n’est pas nécessaire de lui faire un dessin à la « dactylo ». J’invitai mes femmes à « La Bonne Idée », pour une nocturne. Et puis on regagna la maison. C’est tout naturellement que Rosine repartit avec Maud en me faisant un sourire entendu. Entendu, mais heureux, elle ne se forçait pas. Lorena, qui avait été d’une excellente compagnie durant toute la soirée, me fit l’amour comme si notre survie en dépendait. J’avais oublié qu’elle pouvait être passionnée à ce point. Elle me laissa une sensation d’un plaisir intense. Cette nuit lui fit du bien. Le lendemain, j’avais retrouvé « ma Lorena », celle que j’aimais. Et Rosine elle aussi nous revint heureuse.


Il faut dire, que l’amour avec Maud, c’est tout sauf une punition.



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Ven 27 avr 2007 Aucun commentaire