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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
  • : Le blog qui fait plaisir

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Premiers Extraits

Rencontre en forêt

tn Foret

J’ai fait une sortie  hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT plutôt que le vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4x4.  J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait, qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . .

La Devise du Québec

tn parlement quebec

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l'air glacé. Il n'avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l'homme le plus heureux de la terre..............................

Le Testament de Benjamin Briggs

tn 200501454

 

Les arbres du Square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D'Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l'air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d'hiver. Florane était la fille d'un diplomate  français décédé au cours de l'hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans......................

Les Jours de Liesse.

tn Milani

Il faisait un temps superbe ce jour là. Dans la petite bourgade de Saint André, ce village touristique de Haute Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c'était déjà les vacances, mais pour d'autres, le travail était encore d'actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, le bourg est à neuf cents mètres d'altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. .
.


La Chapelle Saint Domice

tn amiens chapelle st domice

Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer.
Elles étaient amies de longue date, ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes, était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là,  elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose.

Noire d'écume

tn cadiz cate

Les voyages sont sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas pensé réellement, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le plus. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, ou dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas à priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut apprendre l'envie de voyager

Le Chemin de Badajoz

tn Teresa

Teresa fatiguée, s’arrêta au bord de la route sur un petit refuge, à un kilomètre environ du carrefour de la route nationale,
à la sortie de Talavera de la Reina.   Elle hésita un moment avant de prendre une carte dans la boîte à gants. Elle était de mauvaise humeur. C’était un geste machinal, car en fait, elle connaissait bien la route. Mais en cette fin de journée, elle ne se sentait pas bien, ni dans son corps, elle avait froid, ni dans son esprit, elle était là à contrecœur.


L'infirmière d'Ambazac.


tn Ghylaine 9

Excusez moi de vous déranger, je m'appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés à la diable. Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres  framboise, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure à gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire.


Un douze Avril

tn Joelle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide

Le Chaos de Targasonne

tn Pisc


Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau  ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d'être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l'on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l'Andorre.

Le Coupe Chou

tn Le coupe chou 1

La Gare de Lyon à l’heure des grands départs, est habitée d’un esprit particulier. Peut être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace qui fait face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre .Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol .Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor .

La Mante


tn aigumidi

 Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu'elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu'elle remettait en place d'un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé..Elle s'arrêta sur le palier, se retourna.

 

                              

 

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XLIII-Ombrages
 

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Il ne faut pas voir la réalité telle que je suis.
Paul Eluard 

                                         La tristesse qui s’était emparée de nous suite à l’intervention de Michèle s’estompa rapidement, et l’on passa notre dernière nuit de week end avec beaucoup d’amour et de tendresse. Marie-Noëlle avait encore une fois à venir, et la fois suivante, en principe, elle ne ferait que passer pour se rendre à Saint Maixent. Encore qu’elle avait posé une permission pour pouvoir passer quelques jours avec moi avant de rejoindre sa nouvelle affectation. Ce lundi matin, nous étions dans le train, et je lui parlai de l’appartement du Boulevard, que je me proposais d’acheter. Je guettai ses réactions, qui furent favorables mais sans plus. Je lui demandai si ça lui plairait d’habiter cet appartement que je me proposais de lui faire visiter vendredi prochain, dernier jour de l’option que j’avais prise sur cette acquisition. Elle répondit qu’habiter Paris n’était pas sa tasse de thé, et qu’elle préférait de loin avoir une maison en forêt de Compiègne. Voilà qui était clair. Et moi je saisis la balle au bond, et lui proposai de trouver cette maison « forestière », pour qu’elle y vive avec moi.
« Je te vois venir, tu cherches à me faire changer d’idée, pour que je ne parte pas à Nouméa. Mais je suis décidée à vivre cette expérience là, après nous aurons encore du temps devant nous.
—Je sais, mais mon seul espoir, c’est de vivre avec toi comme nous l’avons fait quelques temps « Résidence des Biches. » Je n’ai aucune autre ambition.
—Tu dis des bêtises mon chat. Tu as commencé une carrière qui s’annonce exceptionnelle. Tu seras très occupée, tu n’auras plus de temps à consacrer à mon petit cul, et nous nous lasserons.
—Même si je dois faire autre chose, c’est avec toi que je veux le faire.
—Sans avoir envie des autres femmes ? Je n’en crois rien. J’aurai toujours besoin de ma dose annuelle. Tu auras toi aussi des démangeaisons quand tu verras passer une noiraude, et si Luigi a envie de toi, tu ne sauras pas dire non. On a besoin d’être ensemble, c’est vrai, mais en laissant la porte ouverte. Alors pourquoi se précipiter. On verra bien comment les années nous changeront.
—Je sais que tu as raison. Tu as toujours raison. Mais ton voyage là bas avec cette nouvelle phobie de l’hélico, je ne vais pas en dormir. Dans un pays que tu ne connais pas, avec des habitants plus ou moins hostiles, J’ai peur c’est tout.
—Pour un chef de bataillon fraîchement galonné, tu ne devrais pas avoir peur.
—Je ne suis pas brave, c’est vrai, mais je pense que l’on a des choses plus agréables à faire.
—Non, mon chat, mon idée est d’aller là bas, et je ne changerai rien. C’est ma vie. C’est toi qui me l’as donnée. Sans toi, je n’aurai rien fait de bien.
—Et moi, j’attendrai tous les matins la nouvelle que tu t’es scratchée avec ton engin de merde !
—Je ne cours pas plus de risque dans un engin de merde que dans une BM merdique à 200 km/h sur l’autoroute.
—Je ne conduis jamais aussi vite que ça.
—Des fois bien plus, mais je n’ai pas peur. J’ai peur simplement pour ton permis. Regarde moi partir avec le sourire, pense à moi, aime moi. Même si tu dors entre les cuisses de Linda ou de Maud. Je sais comment tu es, et moi, je t’aime comme ça. D’ailleurs, tu as raison. On est très bien entre les cuisses de Linda.
—Mais encore mieux entre les tiennes.
—Tu seras d’autant plus heureuse de me retrouver. Pour en revenir à l’appartement de Paris, je pense que ça peut être un bon placement. Si tu loues les deux, tu paieras celui là, c’est un bon calcul, et pour t’envoyer en l’air, tu loues une chambre à l’hôtel d’à côté. Tu pourras mettre la note dans les frais généraux ! Puisque tu n’habites pas Paris !
—C’est une bonne idée. » Le soir, j’appelais la propriétaire pour lui confirmer que j’achetais l’appartement. Je reçus un appel de Rosine. Elle avait tout un après midi à m’offrir, proposition que je saisis avec plaisir. Nous irons au Sofitel, comme ça je verrai la petite sœur. Et le lendemain, je partis pour Düsseldorf. Je fus très bien reçue dans ce grand magasin de luxe. Elke Kellermann était une jolie femme entre quarante et cinquante, très grande, très altière, quelques tâches de rousseur sur le visage, qui lui faisaient comme un maquillage original. Elle avait une épaisse chevelure blonde qui se terminait par une grosse tresse, des yeux noisette, une dentition parfaite qu’elle découvrait largement au moindre sourire. Elle était en chemisier de soie blanche, comme le mien, qui laissait deviner une jolie poitrine, et une jupe légère qu’elle savait faire voler au moindre pas. Les jambes étaient jolies, fines et musclées, et les talons mi hauts. Elle avait une belle allure, il semblait aussi qu’elle ne baissait pas souvent les yeux. Des bagues à chaque doigt, des bracelets, un collier et des créoles, tout cela faisait beaucoup trop pour moi, qui ne portais jamais aucun bijou, excepté la chaine quelques fois.. Elle avait les ongles ras au vernis incolore. Voyant cela je baissais les yeux, et la chaine était là, pourquoi ne l’avais-je pas vue plus tôt ? Elle suivit mon regard et sourit. Avec quelques difficultés, elle me dit en français :
« C’est un souvenir de France » Elle me fit visiter son établissement qui était la maison mère d’une chaîne de magasins de vêtements féminins de luxe. Elle voulait maintenant se lancer dans la VPC pour une clientèle aisée, sur l’Allemagne, la France, La Suisse l’Italie et l’Autriche. Je remarquai effectivement que les modèles étaient très beaux, et de grande qualité. J’étais étonnée qu’elle se soit adressée à moi, je ne faisais pas partie des « grands » de la profession.  Qu’une société Allemande s’adresse à une PME française, cela ne se voyait que rarement, quand il n’était pas possible de faire autrement. Je lui posai la question, elle me répondit qu’en Allemagne, mes confrères n’avaient aucune originalité, Et que j’avais été recommandée par une amie que nous avions en commun. Mon esprit se mit à rechercher qui cela pouvait être, mais je ne trouvai pas. Je lui parlai longuement de mon agence, avec une documentation importante, et bien sûr une collection magnifique de photos des plus belles filles que l’on avait sous contrat. Une photo l’interpella, celle de Linda en Martiniquaise. Je souris de bonheur. Les filles de couleur étaient rarement appréciées en Allemagne, du moins dans ces milieux là.
« Elle vous plait ?
—Elle est très belle, très élégante.
La robe est de Lacroix . Elle s’appelle Linda, elle est mon associée. Elle n’a que 19 ans. 

—C’est une perle rare ! Elle pourrait faire partie des mannequins ?
—Elle le fait souvent, c’est elle qui a "inventé" les mannequins de couleur dans la VPC, et elle participe avec plaisir, elle est très coquette. Elle est sublime.

—Vous en parlez comme si elle était votre amie ? » Je ne répondis pas à cette question, je passais aux pages suivantes. Il me semblait qu’elle en savait plus sur moi qu’elle ne le laissait voir.
Elle me montra des « rushes » qui avaient été faits par une agence locale. C’était un travail très médiocre, sans aucune imagination. Un catalogue sans intérêt. Genre jouets de Noël. Complètement déphasé par rapport au luxe des marchandises.
« Il me semble que vos collections méritent beaucoup mieux effectivement. Et je lui fis voir le prototype de ce que je voulais faire pour Montréal. Elle parut enthousiasmée.
« Ça doit être horriblement cher !
—C’est un investissement qui sera productif. » Le fait de pouvoir compléter le catalogue par des présentations in vivo, avec le cas échéant les mêmes mannequins, était un atout majeur de ma stratégie. Je proposai également de faire un « lancement » du catalogue avec un défilé des plus beaux modèles, devant la presse. Et bientôt ces défilés seront disponibles sur CD, et à la limite réalisés sur demande dans des temps très courts. » Pour ce genre de travail, je n’avais pour l’instant pas de concurrence. Je passai la journée en sa compagnie. Nous avions juste grignoté un en-cas comme c’est la mode en Allemagne, le repas principal est celui du matin ou du soir. Elle me demanda dans quel hôtel je comptais descendre. Je lui dis que j’avais réservé à l’hôtel Nikko.
« C’est un excellent hôtel » me dit-elle. Puis je voyais qu’elle voulait ajouter quelque chose ;
« Au cas où vous seriez seule, j’aimerais vous offrir le dîner à votre hôtel ce soir, nous laisserons nos affaires, et nous parlerons d’autre chose ? Mais je ne veux surtout pas m’imposer. » Je voyais qu’elle était très attentive à l’effet que me procurait cette proposition. Je n’étais pas dupe bien sûr, et je la voyais venir de loin. Elle était jolie femme, très soignée, son parfum me plaisait, son look me plaisait, et elle n’avait pas cette attitude imbécile de supériorité qu’ont tous les hommes d’affaires allemands. Elle était visiblement à la tête d’une grosse entreprise, et elle restait modeste, et discrète. J’aimais beaucoup sa façon de porter son regard sur moi et sur les choses, elle était attentive à tous les détails, et surtout, je l’avais remarqué, au bouton « oublié » de mon chemisier. Le boutonnage des chemisiers de femme est à gauche. Ce qui fait qu’il faut se placer à gauche d’une femme si on veut profiter agréablement de quelques ouvertures du chemisier. Elke se plaçait systématiquement sur ma gauche, cela m’amusait de le remarquer. Bien sûr, elle m’avait "reconnue" aussi, elle n’était pas née de la dernière pluie. J’étais près d’elle, et elle me regardait dans les yeux attendant ma réponse. Son visage à cette seconde précise respirait la sincérité. Elle ne jouait pas, elle n’essayait pas de me tromper, elle vivait dans l’espoir que j’accepte sa proposition, rien de plus. Je lui souris, et je lui répondis que j’acceptai son invitation avec vraiment beaucoup de plaisir. L’éclair qu’elle eut dans les yeux me confirma sur l’idée qu’elle était heureuse de ma décision. Nous avions encore quelques points à régler pour que je puisse travailler sur son projet. Elle m’écouta avec attention, et je lui confirmai que dans la méthode que j’employais, nous aurions des contacts fréquents, à chaque degré d’avancement du projet, à Düsseldorf ou à Paris, comme elle le souhaitait.
« A Paris, bien entendu, je garde un si bon souvenir de France ! » Je la quittais, le temps de m’installer dans mes appartements, et qu’elle vienne me rejoindre à l’heure du repas. C’est vrai que cet hôtel gigantesque, avait quand même un confort absolument démentiel, encore plus impressionnant que le Caribbean de Montréal. Où j’allais retourner bientôt. Je savais exactement ce qui allait se passer. Et je fis en sorte de plaire à cette allemande très séduisante. Quand le téléphone sonna, on me prévint en Français qu’une personne m’attendait dans le hall. Je descendis toute pimpante. J’avais pris un bain parfumé, je m’étais maquillée juste un peu, je n’avais pas mis de soutien-gorge, et rien sous ma jupe. Ce qui était important, ce n’était pas qu’elle puisse voir sous ma jupe, c’était qu’elle se rende compte que j’étais disponible. J’avais laissé mes cheveux onduler sur mes épaules. Le chignon magique était toujours utilisé. Et mes cheveux étaient très longs. Arrivée dans le hall, je fus émerveillée, elle était particulièrement séduisante. Très légèrement maquillée, elle n’avait plus qu’un seul bijou, la chaine. Et comme j’avais la mienne, son sourire fut un élan de bonheur. Elle avait forcément vu que je ne portais aucune lingerie, et la chaine à la cheville lui disait que j’étais prête à l’accompagner. Nous eûmes du mal à nous constituer un menu léger. Ce n’était pas l’habitude. Après l’apéritif bien tassé, je me contentai d’un turbo grillé au bois de fenouil, un délice, et d’un sorbet de poire. Nous avions laissé nos affaires, et nous discutions de vacances, c’était l’époque. Je lui posai la question de savoir ce qu’il lui plaisait en France, et si elle y prenait ses vacances régulièrement ? D’après ce que j’avais compris, sa chaine était un souvenir de France ? Elle éclata rire.
« Je ne suis jamais allée en vacances en France, et je ne connais que Paris, et encore pas tellement. Mais si vous me servez de guide, tout peut changer !
—Mais votre chaine est un souvenir de France ?
—Oui, France est le nom que je donne à notre amie. Ce n’est pas son nom, mais comme ça je ne risque pas de dire des « imprudences » Je l’appelle France parce qu’elle est Française ! Et puis son nom est difficile à prononcer pour moi. C’est une journaliste de mode, qui est venue faire un article sur ma maison ! Je l’aime beaucoup, et elle m’a dit récemment qu’une seule femme était capable de faire ce que je voulais : Vous !
—Simone ?
—Oui, c’est elle. Elle est très amoureuse de vous, n’est ce pas ?
—Je crois que c’est plus que ça. Mais vous me troublez, c’est trop personnel, je ne sais que vous dire.
—Ne dites rien. Le fait qu’elle m’ait parlé de vous, nous dispense de beaucoup d’hésitations et de questions diverses.
—Elke, voulez vous que nous prenions le Champagne dans ma chambre ?
—Je crois que c’est une excellente idée. Ici, c’est bruyant, il y a trop de monde. » On prit la direction de l’ascenseur. Dans le mouvement, je fis sauter un bouton de plus à mon chemisier. Dans l’ascenseur, nous étions seules. Dix étages, on avait le temps ! Elle s’approcha de moi, et déposa un baiser entre mes seins.
« Je suis heureuse que tu sois venue. J’apprécie ta beauté latine. J’ai confiance en toi. Je n’ai jamais fait ça avec personne. Mais j’ai senti que tu étais libre. France m’a dit que tu étais sa plus belle amoureuse et qu’elle t’aimait à la folie.
—Je l’aime aussi. Simone est tout pour moi. Maintenant, je me souviens qu’elle a fait un voyage de plusieurs jours en Allemagne l’année dernière.
—Oui, je lui ai téléphoné la semaine passée pour lui dire que nous avions rendez vous. » Je débouchai le Champagne, nous avions tout notre temps, et puis Düsseldorf le soir, à part les boîtes de sexe aux néons fulgurants, il n’y avait pas grand-chose à voir. J’avais horreur de ces boites où les garçons se trémoussaient torses nus avec un pantalon et une casquette de cuir. Pédé pour pédé, je préférai Luigi ! On discuta encore un peu, je voyais la lumière de ses yeux changer. Je compris que je devais prendre les commandes. J’aimais ça, enlever un bouton, et voir ce qu’il y a derrière, est un plaisir intense. Je la déshabillai lentement, avec mille caresses et mille baisers. Elle se laissait faire avec beaucoup de plaisir. Quand elle fut nue, je la regardai avec étonnement. Son corps était une superbe sculpture. Une fine musculature dessinait ses formes avec douceur. Les seins avaient une santé resplendissante. Elle se colla contre moi. J’ouvris mon chemisier, elle se blottit entre mes seins. Après avoir respiré un long moment le creux de mes seins, elle se redressa et, en m’embrassant, me dévêtit à son tour. Je croyais que j’allais mener le jeu de séduction, mais avec une douceur infinie, elle s’empara de moi par petits attouchements successifs, qui me firent basculer dans un ciel de désirs exigeants. Nous étions encore debout, l’une contre l’autre, que déjà, j’étais au bord du plus violent des plaisirs. Puis allongées sur le lit, elle continua à décliner toutes les caresses les plus étonnantes ; je me laissai aller totalement à sa fantaisie. Où avait-elle appris ces caresses particulières qui faisaient réagir ensemble toutes les zones sensibles de mon corps ? Elle parvint à m’électriser totalement jusqu’à ce que tous les centimètres carrés de ma peau se transforment sous ses doigts en terminaisons érogènes les plus sensibles. Elle jouait parfaitement de la dualité de ses caresses, ce qui avait pour effet de désorienter complètement les sensations habituelles de mon plaisir. Cela me déclenchait des orgasmes soudains, par de simples caresses, qui pour la première fois m’entraînaient aussi loin. Était-elle une pro du plaisir féminin ? Avait-elle une culture érotique particulière ? Cette altérité remit en cause tout ce que je savais du plaisir, tout ce qu’une femme comme Simone m’avait appris. D’où lui venait cette connaissance si particulière ? Ce corps harmonieusement musclé, et ses talents érotiques laissaient deviner quelques spécialités asiatiques parfaitement maîtrisées. Avec mes pratiques plus conventionnelles, je la fis monter au ciel assez facilement, il me semblait même qu’il m’était plus facile de lui procurer le plaisir qu’à toutes autres, même les femmes que je connaissais bien. Nos amours durèrent, se calmèrent, reprirent plusieurs fois au cours de la nuit. Et le reste du temps, je m’endormais en la tenant dans mes bras, alors qu’elle me murmurait des mots à voix basse dans une langue absolument incompréhensible. Bien sûr, nous ne fumes pas en état de nous réveiller à une heure convenable, et ce fut juste un peu avant midi qu’on libéra la chambre. Je ne savais rien d’elle, d’autre qu’elle était d’une beauté originale, qu’elle pratiquait l’amour comme une geisha, et que j’avais vécu le paradis entre ses bras. Peut être sera-t-elle ma cliente, peut être aurons-nous la chance de recommencer de pareilles folies ? Je savais seulement que, Elke Kellermann, entrerait dans mon souvenir dans la sphère de Simone et de Maud. Peut être acceptera-t-elle de m’initier à son art ? Les quatre heures de route du retour furent entièrement habitées du sourire de la belle teutonne.
Le lendemain, j’allais à la boutique France Télécom, et je fis l’acquisition de mon premier téléphone portable, de marque Ericsson. En réalité, j’achetai deux forfaits et deux appareils, dont un serait mon cadeau de séparation d’avec Marie-Noëlle. Je savais qu’elle refuserait, estimant qu’une fois de plus, que je voulais la manipuler. Mais je ne voulais pas que l’on se quitte comme ça, comme la dernière fois, où nous sommes restées neuf mois sans nouvelles l’une de l’autre. Avec cet engin, on m’avait affirmé que l’on pouvait téléphoner de Nouméa sans problème. Puis je demandais à rencontrer Claudine. Il semblait que leur départ approchait, et je tenais absolument à passer une soirée avec eux, avant de les quitter. Pour le reste de mon temps, je préparais mes propositions, et je réfléchissais à une nouvelle structure de mon affaire, qui la mettrait à l’abri au cas où j’aurais un problème, de santé ou autre, une rencontre avec Christian par exemple. Non pas que je fasse tout le travail moi-même, mais j’avais les idées. Linda avait suffisamment de travail avec le planning, il fallait une personne capable de trouver les meilleurs sous-traitants, une personne au commercial, et bien sûr une personne en second pour diriger au cas où. Je mis Puce au courant de mes recherches, lui demandant de me refaire la liste des meilleurs éléments qui avaient travaillé avec Simone, je ne les connaissais pas tous.
Et je retrouvais Rosine le jeudi à quatorze heures au Sofitel d’Amiens. Je l’attendais en discutant avec la jeune sœur, Laurie. C’est vrai qu’elle était jolie, je dirais même gracieuse. Ses sourires, ses expressions, sa façon de parler et de vous regarder les yeux grand ouverts comme si vous étiez la Xème merveille du monde. Elle était fichtrement bien gaulée, et encore derrière son comptoir, je n’avais aucun moyen de voir le bas du corps. Mais c’est vrai qu’elle était tout à fait délicieuse. La ressemblance n’était pas frappante, avec Rosine qui venait d’arriver. Elle m’embrassa joyeusement :
« Ça y est vous avez fait connaissance ? Et tu veux encore de moi ? Mon dieu elle est aveugle. Donne moi la clef ma bichette, et que l’on ne nous dérange sous aucun prétexte. Sauf si tu veux venir jouer avec nous. » Et l’on monta par l’ascenseur sous l’œil amusé de Laurie. Bien sûr, on se jeta l’une contre l’autre tout de suite, et c’est seulement en fin d’après midi que je lui posai « mes questions ».
« Quoi de neuf dans ton usine ?
—Rien, Jocelyne fait la gueule depuis un moment déjà. A part ça rien de bien intéressant.
—Et ton travail te plait ?
—Rien de passionnant, mais il faut bien travailler !
—Et ton mari ?
—Je suis décidée, je vais divorcer, il me gêne, je ne peux vivre comme je le voudrais.
—Et tu voudrais vivre comment ?
—Autrement, avoir des responsabilités, faire des choses nouvelles, ailleurs, et rencontrer qui je veux !
—Et tu aimerais travailler à Paris ? Voyager ?
—Mon rêve. A Paris on vit deux fois mieux qu’ailleurs !
—C’est peut être un peu exagéré ?
—Oui, mais déjà quitter Amiens, ça serait le pied.
—Et si je te proposais de travailler avec moi à Paris ?
—Il faudrait déjà que je sache ce que tu fais !
—Je te laisse une plaquette de mon agence, et tu essaies de te libérer pour passer une journée avec moi.
—Tu as besoin d’une standardiste ?
—Non pas vraiment. Tu parles Anglais ? Tu as quelque chose contre les filles noires ?
—L’anglais, couramment, l’allemand pas trop mal, et l’arabe assez bien. J’ai fréquenté une libanaise deux ans. Les filles de couleur, bien sûr, Je les adore, j’ai fréquenté une créole aussi, quelques mois.
—Ben voilà ! Bon, tu viens me voir là bas ? Prévois ta journée.
—Ok c’est gentil. » On se séparait toujours avec tristesse de Rosine. D’Erosine pourrais-je dire ! J’aurais donné ma tête à couper que c’était une fille bien, et qu’elle pourrait être une recrue de choix. Je n’avouerai à personne quels étaient mes critères de sélection ! Le soir en arrivant, j’avais un message de Luigi. Je le rappelais.
« Bonsoir, je suis heureux que tu me rappelles. Je voulais te dire un truc, c’est peut être bête, mais j’ai rencontré un type qui est monté
« comme un âne bien monté ». Je n’ai jamais vu ça de ma vie de pédé. C’est absolument étonnant. Je voulais te le dire au cas ou..
—Je voudrais baiser avec lui ? Non Luigi, ça ne m’intéresse pas du tout. Tu sais très bien que si j’ai envie d’un homme, je t’appellerai, car tu satisfais amplement mes désirs. Les autres, super-mâles ou bêtes de cirque, je n’en ai rien à faire.
—Bon, c’est gentil de me le dire. La semaine prochaine, si tu veux une soirée super, je t’invite pour une omelette à la maison. Et puis on parlera.
—Hé bien voilà une soirée, appétissante, là je ne dis pas non. J’adore l’omelette. Nature ! Pas d’herbes pas de fromage, pas de jambon. Et j’amènerai le Juliénas !
—Très bien, tu me diras quand.
—Bonne nuit Luigi, fait de beaux rêves.
—Je rêve déjà. » Le lendemain, je pris rendez vous avec les Canadiens, je leur avais préparé un dossier en béton. Et je n’irai pas seule.
Et le soir, j’allais chercher mon cœur gare de Lyon. Et je me disais que bientôt, ce serait gare Montparnasse, si elle le voulait bien. C’était un quartier que je connaissais à peine. J’avais vu le film, Montparnasse 19 avec Gérard Philippe, Lilly Palmer et Anouck Aimée, il y a longtemps. Un film des années soixante, qui m’avait profondément marquée. Il devait y avoir aussi Stéphane Audran et Lino Ventura si je me souviens bien. Je me proposai de l’emmener au restaurant de la tour au 56 ème étage. Cette tour si violemment critiquée, comme tout ce qui est nouveau et réussi.
Je ne sais plus quel homme « célèbre », ou simplement célèbre pour avoir déclaré :
« De là-haut, on a la plus belle vue de Paris ! » (Parce que c’est le seul endroit de Paris d’ où on ne la voit pas.) Moi je la trouve jolie, en contradiction avec tous les autres qui la trouvent laide parce qu’isolée. Comme si les « rasca-cielos » se devaient d’être agglutinés ?
Je ne répondrai que par un sonnet de Baudelaire, (presque Parnassien) modifié eve anne (presque rien du tout), pardon Charles, que pourrais-je dire de mieux ?

"Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre
Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
Et je hais le mouvement qui déplace les lignes.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j’ai l’air d’emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;
Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles "


« Le complexe de la prof de lettres » dirait Marie-No ! « Prof de lettres ratée » Ajouterais-je sans regrets.


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tn Ombrages G 

tn Ombrages D 

 

Par eve anne
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