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  • : Le blog d'eve anne, Madrid.
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Heure d'Hiver

   

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   L'Hiver

 

 

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Vulnerant omnes
Ultima Necat

 

 

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Je suis comme je suis,
Je plais à qui je plais.

ego sum ego sum
sicut qui similis

 

 

 

 

Bonne Année



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Extraits

 

Rencontre en Forêt
carrefour11

J’ai fait une sortie hier soir en fin d’après midi, et je ne sais pas pourquoi, j’ai pris mon VTT au lieu du vélo. Dans les chemins de la forêt j’ai été doublée plusieurs fois par le même gros 4-4. J’ai eu l’impression que le mec voulait attirer mon attention. J’ai remarqué, au moment où il me doublait qu’il ne portait rien, il était torse nu. Nos regards se sont croisés, Puis il est parti loin devant. Il faisait doux, pas de vent, la forêt sentait bon. . . . . . . . . Un peu après, au coude du chemin, j’ai vu le 4-4 arrêté, dans un endroit où le chemin se rétrécissait, il n’y avait plus de place pour passer à droite, le taillis touchait la voiture, et un tout petit passage à gauche. 

La devise du Quebec
Hôtel du Parlement - Copie

Québec hiver 1876, en fin de matinée le soleil donnait à la ville gelée, les mille feux du diamant. Le froid était vif et les passants emmitouflés étaient peu nombreux. Pourtant, sur le trottoir ensoleillé, un homme ne semblait pas ressentir de gêne à déambuler tête nue, normalement vêtu, ou plutôt anormalement vêtu dans l’air glacé. Il n’avait pas de gants, et son regard bleu était perdu dans le rêve où il flottait. Il tenait à la main un petit rouleau de papier, et ce feuillet enroulé faisait de lui l’homme le plus heureux de la terre. Il suffisait de le regarder pour remarquer le sourire qui illuminait son visage d’homme intelligent et déterminé. Il venait d’avoir quarante ans, son allure était alerte, et son élégance impeccable attirait le regard.

Le testament de Benjamin  Briggs
Le testament de Benjamin Briggs

Les arbres du square Victoria commençaient à dérouler leurs feuilles. Florane-Marie D’Auteuil avançait à pas légers le long de la bordure du trottoir de la rue du Square Victoria. Malgré le soleil qui avait embelli la journée, l’air était encore frais. Elle tenait bien fermé contre sa gorge le col de fourrure de son manteau d’hiver. Florane était la fille d’un diplomate français décédé au cours de l’hiver dernier. Après un séjour de trois ans en Bavière. Elle vivait à Montréal depuis deux ans. Elle s’y plaisait mieux, et il y faisait moins froid qu’à Québec. Elle trouvait aussi la ville plus moderne et plus vivante. Elle ne venait pas souvent dans le parc, elle était généralement occupée dans l’institut où elle travaillait le plus souvent.

 Autoroute du Nord
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Autoroute du Nord, nuit de samedi à dimanche, 2 heures du matin, la chaussée est luisante, la pluie n’arrête pas de tomber, depuis des jours et des jours. Échangeur de Bapaume, les lumières de la cité toute proche se mêlent aux lumières bleues des gyrophares des ambulances et des voitures de gendarmerie. Les clignotants jaunes du Samu, et de puissants projecteurs éclairent une zone d’activité intense. De la fumée, des cris, des ordres jetés, des silhouettes fluorescentes s’agitent dans toutes les directions. Une très forte odeur d’essence s’est répandue, tout se déroule au milieu du bruit infernal des groupes électrogènes et des compresseurs. De l’autre coté du muret central les bolides ralentissent à peine sous l’œil préoccupé des gendarmes trempés.

            La Massane
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Les premières gouttes de l’averse s’écrasaient bruyamment sur les dalles de pierre. Lucile venait de refermer la porte du garage de l’hôtel, il était temps, à peine avait-elle reçu quelques gouttes. Elle adossa son vélo contre le mur et plaça avec soin l’antivol d’acier. Elle remonta directement à sa chambre par l’escalier de service. Il faut dire que l’équipement cycliste bariolé de réclames et de couleurs vives n’est pas tellement seyant pour les femmes habituées naturellement aux arcanes de l’élégance. Elle ouvrit tout de suite la fenêtre, et contempla avec ravissement l’orage au plus fort de sa fureur. Le tonnerre était d’une violence inouïe, et l’écho renvoyé par la montagne toute proche amplifiait les grondements incessants. 

Les Travers de Ms Philipson
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Le trajet entre Paris et Londres en Eurostar n’allait pas être suffisamment long pour calmer l’excitation de Magali. Elle regarda sa montre; dans 5 minutes ce sera le tunnel, et moins d’une heure pour arriver gare de Waterloo. Quinze jours auparavant, Magali avait quitté le lycée un peu plus tôt, pour absence de son professeur d’Anglais. C’est ce qui explique qu’elle ait elle-même ramassé le courrier dans l’entrée de l’immeuble cossu, rue de Turbigo, tout près de la place de la République. Au milieu d’un amoncellement de publicités, journaux, lettres etc, l’une d’entre elles lui était personnellement adressée. C’était une enveloppe anonyme, sans flamme ni cachet, ni marques reconnaissables. Elle attendit d’être à l’intérieur de l’appartement qui surplombait magnifiquement la capitale, pour ouvrir le pli qui, a priori, ne lui disait rien de bon. Elle monta directement dans sa chambre, d’où l’on découvrait toute la partie nord de Paris, jusqu’à la butte Montmartre, à demi visible dans la brume de printemps en cette fin d’après midi.

         La brosse à Dents
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Ce n’était pourtant pas un jour exceptionnel. Un samedi comme un autre, sauf que c’était l’été, que la chaleur était déjà accablante, et que je me sentais légère, en pleine forme et heureuse. Pourquoi ? Je ne saurais le dire, j’étais bien c’est tout. Madrid était une fournaise, mais cela faisait maintenant pas mal de temps que je m’y étais installée, et franchement, je ne regrettais rien. Ma fille était avec moi, et le samedi matin nous avions pris l’habitude de faire nos courses pour la semaine. Il était encore tôt, mais nous n’étions pas pressées, bien qu’étant attendues pour déjeuner à la finca où nous avions nos amis. Nos amis et nos habitudes, c’est là que nous avons logé avant de trouver cette petite villa du nord de Madrid, avec sa petite piscine et ses pins parasols. Cette villa, nous l’avons louée toute meublée. C'est-à-dire avec le minimum, ce qui lui donnait un genre particulièrement spartiate avec ses murs blancs et ses meubles foncés. On s’y était attachées, et pour nous, c’était le paradis. Nous n’avions plus que quelques achats de peu d’importance, mais je devais passer absolument à la pharmacie pour acheter de l’huile solaire.

 Résistance et Trahison
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Le 19 mai 1940 restera à jamais le jour le plus sombre de l’histoire d’Amiens. Tandis que le général de Gaulle, à la tête d’une division blindée, contient l’avancée des troupes allemandes dans le Vimeu et la région d’Abbeville, l’armée nazie bombarde la ville préfecture de la Somme. Tout le centre-ville et les gares de chemin de fer sont rasés. L’ancien secrétaire général de la Somme, Jean Moulin, apprend la nouvelle de la destruction de la ville, et revoit dans ses récents souvenirs la belle cité telle qu’il l’a connue, la préfecture d’Amiens et son propre bureau où il a travaillé au service de l’État. Il n’accepte pas que tout cela soit souillé par la présence ennemie. Amiens s’enfonce dans quatre années de souffrance et de terreur. La communauté amiénoise se divise. Certains acceptent la fatalité. D’autres la refusent et résistent. Et d’autres encore se mettent du côté des plus forts. Jean-Marc Laurent n’a que 16 ans en 1942 lorsqu’il entre dans le réseau “Centurie”. Simple cheminot, il intègre les FTP, unités combattantes clandestines. Il participe à de nombreuses opérations contre l’armée allemande.

  La Chapelle St Domice
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Depuis que Karen avait disparu, Adrianne vivait l'enfer. Elles étaient amies de longue date. Ce qui semblait être pour les autres une camaraderie d'adolescentes était en réalité un grand amour partagé. Karen et Adrianne poursuivaient avec brio leurs études de médecine. L'une serait Sage femme, et l'autre voulait être gynéco. Elles n'en étaient pas encore là, elles avaient encore quelques années à travailler comme des esclaves pour espérer arriver à quelque chose. Karen et Adrianne étaient des filles sans histoire. Discrètes, inséparables, Elles étaient admises et aimées par les étudiants de leur université. Elles étaient lesbiennes disaient quelques-uns, elles étaient amoureuses disaient les autres. Certains, les plus proches, disaient qu'elles s'aimaient passionnément. Toutes deux très jolies, leur sourire n'avait d'égal que le pétillement de leurs prunelles. Elles étaient gaies (joyeuses) elles aimaient la vie, elles aimaient le monde, les fleurs les animaux, elles étaient surtout le reflet du bonheur total. Mais tout cela, c'était avant. Avant ce terrible accident qui emporta en quelques secondes la vie de Karen. . .

              Aneseau
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Tout à côté du lieu dit « La Pierre aux Fées » à quelques pas du vieux château, à la lisière du grand bois qui bordait jadis le village de Folleville, elle vivait dans une pauvre chaumière. « La Vieille Dame » ! C’est ainsi qu’on l’appelait aux alentours, vivait en recluse, et ne sortait que le soir venu. On la craignait. On l’évitait .Elle possédait, dit-on, des pouvoirs démoniaques : « Elle jette des sorts, elle mène les loups les nuits de pleine lune …» C’est ce que l’on chuchotait, à l’abri des regards de peur d’être entendu de La Vieille Dame. Ou peut-être même des adeptes de ses remèdes ou de ses pratiques. En effet, on lui prêtait également bien d’autres pouvoirs, elle n’avait pas son pareil pour combattre la fièvre. De bon matin elle vous faisait marcher dans l’herbe d’un pré couvert de rosée, cueillir par-ci, quelques poignées de feuilles de plantain, les jetant par-là, derrière, sans vous retourner. La pratique était efficace, autant que celle qui consistait à guérir les maux de ventre en prenant à jeun une infusion de la deuxième pelure du sureau qu’elle avait cueilli à la nouvelle lune, en récitant une prière aux saints Côme et Damien.

     Destruction Massive
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Saddam est un homme qui doit être intelligent, et dangereux, Il a déclenché une guerre qu'il n'a pas su gagner, et s'en est pris plein les yeux. C'est maintenant un homme blessé, parce qu'il a perdu devant l'Occident et ça, il ne le pardonnera jamais. Il rumine sa vengeance et son esprit tordu imagine des milliers de scénarios tous plus terrifiants les uns que les autres. Il a beaucoup investi dans la fabrication des armes bactériologiques et chimiques, et les ateliers de fabrication de ces potions tragiques ont été vite reconstitués. Aujourd'hui il tient sa vengeance, il a convoqué ses fidèles pour leur faire part de son plan, leur demandant leur appui pour le mettre à exécution. En ressortant de son bureau, sur les trois "généraux" dans le secret, deux se sont suicidés, pour ne pas avoir à accomplir cette tâche, tant elle était terrifiante, irréversible et incontrôlée. Et le déroulement des opérations a commencé. L'arme absolue: Les Kurdes, et la compassion de l'occident pour les martyrs de l'Irak. Il fallait y penser.

  L'Infirmière d'Ambazac
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« Bonjour, excusez moi de vous déranger, je m’appelle Ghylaine, et je suis infirmière à Ambazac. » Laurence se retourna, et fut surprise de la vision qui s’offrait à elle. La jeune femme était assez jolie, la trentaine, brune et le visage assez fin. Elle était un peu plus grande, très mince, les cheveux mi-longs, coiffés « à la diable ». Le maquillage assez discret, un rouge à lèvres très rouge, les sourcils très noirs, les paupières ombrées. Un grain de beauté sur la lèvre supérieure gauche. Le premier examen était favorable. Ghylaine souriait, Laurence lui rendit son sourire. « Je suis Laurence, et je n’ai pas besoin de piqûres ! Que puis- je pour vous ? —Voilà, je vous ai aperçue au concert d’Aixe-sur-Vienne samedi soir. Je vous ai vue prendre des photos, j’en ai pris aussi, je vous propose que nous les regardions ensemble. » Le sourire ne l’avait pas quittée en prononçant ces mots. Laurence trouva l’idée excellente, quoique peut être un peu intéressée :

      Les Etoiles Eteintes
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Sarah restait dans le mausolée pour mieux méditer. Elle appréciait que le décor soit aussi sobre, que le lieu soit aussi calme, que la lumière soit diffuse, et la fraîcheur aussi agréable. Seul flottait dans l'air ce parfum de géraniums, mêlé à celui de la canne à sucre, omniprésent à Saint-Benoît de La Réunion. Elle tira la porte derrière elle. Coupée du monde extérieur, elle serait mieux pour prier et se recueillir sur la tombe de sa belle amie. Elle aimait ce mur de marbre brut, ce dépouillement de tout objet de culte: pas de croix, pas de Christ, pas de Maries. Dehors, les géraniums en fleur ceinturaient l'édifice, mais dedans, aucune fleur, que la pierre, le marbre, la lumière. Une plaque de bronze sculptée à l'effigie d'une jeune femme aux longs cheveux épars, au visage fin comme l'avait Florane quand elle était arrivée dans sa vie. Pour que cet endroit soit tel qu'il est, Florane avait dû en définir tous les détails elle-même. Sarah pensait que le service des pompes funèbres pourrait peut-être lui donner quelques détails sur les derniers jours de Florane, et peut-être, qui sait, lui faire rencontrer les gens qu'elle connaissait, ou même qu'elle fréquentait ?

      L'Adjudant Moreau
gendarmerie-nationale

Roger Lheureux arriva au 4 rue de Seclin. Il était 9 h 15. L’ouverture de la centrale était à huit heures. Quand il lança un « salut » à la ronde, aucun de ses collègues ne lui répondit. Roger n’était pas à proprement parler un bon copain, mais il était le numéro deux de la centrale syndicale départementale, et à ce titre, il était plus craint que respecté. Ce qui choquait ses collègues de travail, c’est qu’il arrivait régulièrement en retard, et généralement dans un état de violence éthylique mal dissimulé. Chaque matin, Roger faisait une halte au « Café de la Savonnerie » situé juste en face de l’usine qui produisait des millions de tonnes de lessive en poudre. Dans ce café, nul besoin de passer sa commande, le patron vous sert d’emblée un café accompagné d’une « bistouille ». La bistouille étant ce petit verre de genièvre qu’il fallait boire en premier lieu et vider le second verre dans le café. Souvent on remettait ça, et après la deuxième ou troisième bistouille, on allait travailler. À cette époque, les accidents du travail étaient nombreux, et bien sûr, l’employeur était toujours l’unique responsable.

        Un Douze Avril
Joëlle et moi

Un 12 avril …. Oui c’était un 12 avril, je m’en souviens très bien, c’était le jour d’anniversaire de ma maman, et j’étais allée déposer une potée de tulipes sur sa tombe, des tulipes perroquets rouges et blanches, ses préférées. C’était la fin de l’après midi, à l’heure où le soleil, bas sur l’horizon, allonge les ombres, et colore la nature du vert jaune des feuilles naissantes, du bleu de ciel et de blanc nuages. Il faisait beau, il faisait doux. Sur l’autoroute il y avait peu de circulation ou du moins elle était fluide. Pas d’excès de vitesse, j’étais en balade. Je rentrais chez moi, il me restait tout juste une demi-heure de trajet. J’arrivai à proximité d’une aire de repos : « Aire de Tilloloy Ouest » et machinalement je mis le clignotant, je ralentis dans la chicane et débouchai sur le grand parking. Je m’arrêtais souvent à cet endroit, d’abord parce que sur mon trajet habituel je n’ai pas tellement le choix, mais surtout pour le bois qui entoure ce parking, c’est vraiment très forêt, c’est superbe.

            Joyeuse Noelle
Joyeux Noelle

Pour moi, Noel est rarement joyeux. Ici, là où je vis, à Madrid, La Navidad se fête bien entendu, mais ce n'est pas le même Noel qu'en France. Les jouets pour les enfants sont offerts le jour de l'épi Fanny, La Navidad est surtout une fête religieuse, où la messe de minuit se paie l'intérêt général. Autre raison et pas des moindres, ma grande fille rejoint son père en France. Ainsi elle ne souffre pas d'un dépaysement total. Voir son père, c'est bien vite dit. C'est un homme orgueilleux, très occupé, pas du tout papa gâteau. Mais Axelle a le coeur sur la main et elle accepte avec le sourire l'accueil réservé de son papa. Heureusement, le papa s'est remarié, forcément, il avait besoin d'une esclave pour lui porter le café au lit. Cette esclave s'appelle Rachel. C'est une de mes amies, elle est très belle, nous nous aimons beaucoup, en secret bien sûr. Je crois qu'elle est plus jolie que moi, un peu plus jeune il est vrai, Nous nous voyons rarement maintenant que je suis expatriée. Elle s'occupe très bien de ma fille, elle l'adore, elle n'a pas d'enfant, tous ses efforts n'ont jamais abouti. Rachel est pharmacienne. Son officine n'était pas très loin de mon immeuble, ainsi je ne rechignais jamais à aller me chercher les rares médicaments que je prenais. J'ai toujours fait beaucoup de sport. Du vélo, de la piscine. C'est ce qui me vaut sans doute d'être encore présentable aux 44 ans que je viens de fêter il y a deux jours. Rachel aussi fait du sport, mais en vraie compiégnoise, elle a choisi de faire du cheval.

         Le Petit Laurent
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Entre son bonnet bleu et son masque de chirurgien, on ne voyait que ses yeux noirs. Pourtant, quand il tournait son regard sombre vers l’une ou l’autre d’entre nous, on comprenait instantanément ses désirs, sans qu’il eût prononcé la moindre parole. J’étais devant lui, et j’étais l’assistante de l’autre chirurgien qui lui faisait face. L’entente des deux hommes était remarquable, c’était le meilleur « bloc » de tout l’hôpital. Je passais les instruments qu’on me réclamait, tout en essayant de ne pas regarder le champ opératoire, je ne m’y habituerai jamais. Pourtant, délimité par le drap bleu ciel et les linges blancs tâchés de rouge, l’ouverture ne ressemblait à rien que l’on puisse identifier, sans être du métier. Moi je ne l’étais pas, je passais les outils, comme une autre fille aurait pu le faire aussi bien. Et pour ne pas regarder l’opération en direct, je portais les yeux sur le chirurgien aux yeux noirs, ou sur son assistante qui me faisait face, dont les yeux étaient d’un bleu sauvage. De l’assistante on ne voyait que la proéminence de son imposante poitrine.

 Le Chaos de Targasonne
Le Chaos de Targasone

Sur les hauteurs des Pyrénées-Orientales, la Cerdagne est un vaste plateau ensoleillé, un encorbellement entre le mont du Carlit, et celui de Puigmal, tous deux culminants aux alentours de 3000 mètres. La Cerdagne est à une altitude de 1600 mètres en moyenne, et elle a la particularité d’être une région fertile, bien que de haute montagne, puisque l’on y récolte des céréales, du blé principalement. On y vient de Perpignan par la route qui monte à Font Romeu, ou par le côté Espagnol en traversant l’Andorre. Dans la partie occidentale de la Cerdagne, on trouve un lieu particulièrement mythique, « Le Chaos de Targasonne » Plutôt qu’un lieu, on pourrait dire un pays, voire une région, puisqu’il s’étend sur 50km. Le Chaos est un amoncellement de roches granitiques -par exemple- dont l’origine et la formation ne paraissent pas évidentes. Curieusement, on trouve aussi ce genre de relief dans la forêt de Fontainebleau ou dans la Lozère.

        Le Coupe Chou
Le coupe chou-1

S’il existe un lieu magique à Paris, c’est bien la gare de Lyon. Pas cette gare TGV souterrainement austère et sans âme, mais la gare de surface, la vraie, celle qui fait vibrer le cœur dès que l’on aperçoit l’horloge, du boulevard. J’ai toujours aimé les trains, depuis ma plus tendre enfance quand, avec mes parents et ma sœur, nous partions à la mer. La Gare de Lyon à l’heure des grands départs est habitée d’un esprit particulier. Peut-être est-ce simplement la concentration des voyageurs en attente. C’est cette odeur particulière, faite d’humanité, d’ozone et de poussière. Ce grand espace face aux quais, animé de ses panneaux affichant les horaires, et les milliers d’yeux, levés vers les chiffres verts qu’ils ne semblent pas comprendre. Et puis ce sont tous ces jeunes avec sacs au dos, assis sur les murets des escaliers descendant au sous-sol. Ils fument, ils mangent d’énormes sandwiches, vident quantité de boîtes de bière ou de Coca. Ils dorment ou s’embrassent, l’amour des fois, se fout du décor. En haut de l’escalier, ce superbe restaurant : « Le Train Bleu » qui fit briller de ses ors, la redoutable Nikita, alias Anne Parillaud.

            Jolie Luna
Lena Gercke

Sur les pavés de la place St Jacques, Rachel avait beaucoup de difficulté à marcher avec ses talons aiguilles, et se casser un talon maintenant, ne serait pas pour lui remonter le moral ! Rien n’allait vraiment bien depuis une semaine. Elle avait du mal à effacer de son esprit ce qui s’était passé, et ce soir-là, elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de se retrouver seule avec ses idées noires. Sa petite fille était pour le week-end chez sa grand-mère. Elle entra dans le café le plus proche. Le Coq d’Or l’un des plus joliment décorés de la ville. Elle n’était pas une habituée des lieux, d’ailleurs elle entrait rarement dans un café. Il y avait du monde, de la musique jazzy, de la fumée, comme dans tous ces endroits-là, en fin d’après-midi. Elle s’approcha difficilement du bar et demanda un Tonic. Le barman la servit, puis, son verre à la main, elle chercha dans la salle un endroit libre pour se poser.

            La Mante
Les DrusCouleur

Je la reconduisis à la porte. Les quelques pas qu’elle fit devant moi suffirent à provoquer mes plus secrètes fêlures. Sa démarche, ses bottines à hauts talons, son jean élimé aux fesses, ses fesses rondes perchées sur des jambes interminables, ce perfecto, qui était choisi sans doute uniquement pour mettre ses fesses en valeur, et cette chevelure de jais, coupée court, très bas sur la nuque, avec cette mèche savamment rebelle qu’elle remettait en place d’un mouvement de tête des plus étudié. Deux anneaux dorés apparaissaient alternativement au rythme de son pas décidé…..Elle s’arrêta sur le palier, se retourna… Gros plan sur une poitrine agressive, moulée dans un pull col roulé blanc. Visage bronzé, ses yeux noirs lancèrent un éclair, histoire d’humaniser son sourire crispé. Elle commença à descendre les degrés, je fermai la porte appuyai mon front sur le chambranle, et je restai ainsi les yeux fermés, imprégnée de ces images qui repassaient en boucle, dans mon souvenir immédiat.

      Les Jeux de St Elme
Les Jeux de St Elme

Juin 1999 ! décès de mon père, puis en octobre, celui de ma mère. Après 63 années de mariage, la pauvre femme n'a sans doute plus estimé utile de continuer à vivre. Ils ont ainsi rejoint au paradis, leur fille décédée neuf ans plus tôt, à l'âge de quarante-huit ans. Il avait quatre-vingt-sept ans, elle en avait quatre-vingt-deux. Ils ont donc élevé trois enfants : deux filles et le garçon que je suis. Quelques mois plus tard, il fallut se décider à tirer un trait sur la matérialité de leurs existences : Vendre la maison où nous avons grandi, et la débarrasser de tous les meubles et objets leur ayant appartenu. Voir la maison de notre enfance complètement vide fut pour ma sœur et moi, une douloureuse épreuve. Au moment de charger les derniers cartons, ma sœur me désigna celui qui était resté un peu à l'écart.

     Les Jours de Liesse
Les Jours de Liesse

Il faisait un temps superbe ce jour-là. Dans la petite bourgade de Saint André, cette petite ville touristique de Haute-Provence près du lac du Castillon, la saison touristique était à peine commencée. Pourtant, il y avait pas mal de monde en ville, et déjà quelques nageurs courageux dans les eaux glacées. Pour certains c’était déjà les vacances, mais pour d’autres, le travail était encore d’actualité. Il faisait déjà chaud. Pourtant, la ville est à neuf cents mètres d’altitude. Le soleil comme toujours dans cette région était de la partie. Derrière les baies vitrées des bureaux, les employés commençaient à souffrir de la chaleur. Heureusement, la matinée de travail touchait à sa fin. Guillaume avait l’impression que ses clients étaient convaincus, et qu’il remporterait ce marché difficile. Il était assez fier de cette présentation. Bien sûr, il n’était pas seul à avoir réussi à établir ce climat de confiance, qu’il sentait maintenant installé chez ses interlocuteurs.

   Les Tricots de Marguie
Les Tricots de Marguie

Marguerite Dupain était une femme au grand cœur. Pourtant on ne peut pas dire qu’elle avait été gâtée par la vie. Née de parents miséreux de la région de Douai, à Goeulzin plus exactement, elle avait, toute sa jeunesse, traîné ses galoches le long du canal, trouvant dans cette campagne ouvrière tous les motifs qui pouvaient alimenter ses rêves. Elle s’imaginait par exemple qu’un intrépide marinier l’emporterait un jour sur sa péniche, et l’emmènerait ainsi de l’autre côté du monde, là où il n’y aurait que joies et que richesses. Son père, fut l’un des derniers ouvrier de la dernière brasserie du village, et comme bien souvent, il était le meilleur client de son patron.

   Le Miracle Impossible
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C'est ainsi que Jésus parvint dans une ville de Samarie appelée Sychar, non loin de la terre donnée par Jacob à son fils Joseph, là même où se trouve le puits de Jacob. Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement au bord du puits. C'était environ la sixième heure.Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit: "Donne-moi à boire." Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine lui dit: "Comment? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine!" Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains.Jésus lui répondit: "Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit: "Donne-moi à boire", c'est toi qui aurais demandé et il t'aurait donné de l'eau vive."La femme lui dit: "Seigneur, tu n'as même pas un seau et le puits est profond; d'où la tiens-tu donc cette eau vive?

          Noire d'Ecume
Noire d'écume

Voyager est sûrement ce qui me motive le plus. Lorsque j'ai choisi de faire ce métier, je n'y avais pas spécialement songé, ou alors, ce n'était pas l'élément fondamental de mon choix. Et pourtant, c'est ce qui m'apporte le maximum de joies. J'adore voyager. Me rendre au pied levé dans telle ou telle ville, dans ce pays ou un autre, est pour moi le plus grand des plaisirs. Ce n'était pas a priori évident. Il faut apprendre à voyager, comme il faut acquérir l'envie de voyager. Tout ce que l'on va rencontrer sera un étonnement. Je ne dis pas un enchantement, puisque sur notre terre, il se trouve malheureusement quantité d'endroits d’où l'on a plus envie de fuir plutôt que de séjourner. Quand j'ai su que je devais me rendre à Cadix (Cadiz en espagnol), j'ai ressenti ce petit pincement au cœur, signe de plaisir intense. Ce n'était pourtant pas la première fois. Je m'y étais déjà rendue, en coup de vent, une seule journée, et je m'étais juré d'y revenir. Cette fois, j'étais décidée à rester le temps qu'il faudrait pour la visiter, et pour en ressentir l’ambiance et le passé.

              Soledad
Roissy

Elle est moche cette voiture, avec cette inscription comme un tatouage ridicule à l’arrière « Taxis Lefèbvre » « Longues distances » « Roissy-Compiègne » C’était une Espace Renault, ce gros machin carré qui, à peine parti était déjà arrêté deux cents mètres plus loin au premier feu rouge. C’était comme une hésitation, cette voiture arrêtée. C’était la dernière chance, soit d’en descendre, soit de courir pour la rattraper. Mais Jane ne bougea pas, et personne n’en descendit. Les yeux pleins de larmes, elle ne distinguait plus nettement le véhicule. Elle le vit repartir, tourner au coin de la rue et disparaître. Axelle lui serrait la main comme pour dire, « ne pleure pas je suis là ». Ce n’était pas la première fois que sa « tata » partait en voyage. Mais Jane bien sûr ne lui avait pas dit que ce départ était le dernier, et qu’il n’y aurait pas de retour. Ainsi va la vie des gens qui assument leurs choix, la vie est unique, il n’est pas toujours écrit qu’une rencontre change forcément la vie, la vie se vit en suivant le chemin décidé. La vie ne change pas toujours de vie.

              Manon
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Quand la boîte aux lettres fut ouverte, les trois quarts de son contenu se répandirent sur le sol. Manon se baissa, difficilement, car les talons et la jupe serrée ne sont pas spécialement faits pour cet exercice. Elle ramassa un à un tous les journaux de pub de télé, toutes les propositions des mages de la région, toutes ces enveloppes pleines de factures, et d’autres feuillets divers. Au beau milieu de ce fatras, un document attira son attention. Elle le plaça sur le haut de la pile que sa main contenait avec difficulté. Puis elle referma la boîte, se dirigea vers l’ascenseur, après avoir pianoté le digicode. Elle retrouva avec délice l’appartement illuminé de soleil, avec son parquet brillant, ses jolis rideaux de voile de lin, ses fleurs et ses tableaux, sa bonne odeur de parfums et de cire, cette odeur si caractéristique des alcôves féminines. Manon posa le tout sur la table du salon, et partit dans la salle de bain au cas où quelque réparation serait nécessaire. Il fallait qu’elle se change pour aller faire quelques courses au Champion tout proche. Ceci étant fait, elle jeta un coup d’œil sur le document qu’elle avait ramassé.

            Fait Divers
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A 300km /heure, le Thalys filait vers Bruxelles en longeant l’autoroute du Nord. Dans le compartiment de première classe, confortablement installé, bercé par le ronronnement régulier du TGV, Albert se laissait aller à sommeiller. Il adorait ce train, où le confort était parfait, le seul endroit où il savait pouvoir réellement se reposer. Il faut dire que sa vie était quelque peu agitée, et le stress prenait souvent le relais de la volonté et de la détermination. Il était installé sur le fauteuil à coté de la vitre qui donnait coté autoroute. Il savait que les voitures qu’il voyait, roulaient au moins à 150km/h. Pourtant, il avait l’impression qu’elles allaient au ralenti. Il remarqua une BMW qui sur la file de gauche doublait toutes les voitures avec une aisance étonnante. Malgré tout il la perdit de vue très rapidement. Sur les fauteuils de l’autre coté de l’allée, il y avait deux jeunes femmes, qui se regardaient en se parlant à voix basse, quelques fois un sourire illuminait les visages.

 

Les Dryades

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J'ai déjà par mes nouvelles, abordé beaucoup de sujets. Peut être font-ils partie de "tout le reste". Je ne suis pas une fervente admiratrice de Simone de Beauvoir, (sauf quand le rôle est tenu par la divine Anna Mouglalis) et je ne me reconnais pas dans les féministes de tous bords. Pourtant, s'il y a un trait de ma personnalité qui surclasse tous les autres, c'est bien mon amour de la femme. Je suis lesbienne donc, puisque c'est l'étiquette que l'on colle aux tribades modernes, mais là encore, ce n'est pas vraiment ça, puisque je suis mariée, et j'ai une fille d'un premier mariage. Je tiens à vivre ma vie comme tout le monde, le plus simplement possible. J'allais dire le plus "normalement" possible, mais je sais que cela aurait fait bondir certaines âmes guerrières. Rassurez-vous, je ne vise personne. Une vie de famille, c'est ce que j'ai toujours souhaité, en faisant la part de ma vie et de mon autre vie. Mon alter ego est une entité qui existe, qui influe bien évidemment sur mon autre vie. J'espère simplement que personne autour de moi, n'en souffre. Si quelqu'un ignore ma bisexualité, c'est que ça ne l'intéresse pas, car je ne dissimule rien, je vis comme ça vient. Je vis au grand jour, et j'aime au grand jour. Je n'ai aucune arrière-pensée, aucune envie de dissimulation. "Je roule plein phares". Ma devise pourrait être le titre de ce blog, "O me quieres O me dejas. Ce qui veut dire en clair, "Ou tu m'aimes ou tu me laisses". C'est d'autant plus facile à comprendre que je vis en Espagne, banlieue de Madrid près de l'aéroport. Je suis en Espagne depuis 6 ans bientôt. Je m'y suis installée pour raison professionnelle, quand l'envie m'est venue de faire "autre chose, autrement". Ce n'est pas pour raconter ma vie, mais plutôt pour raconter mon histoire, ce qui bien sûr, est différent. Je ne suis pas une pro des blogs. Il y a encore quelques mois, j'ignorais tout de cette façon de s'exprimer. J'avais vu bien sûr les merveilles réalisées par ma belle amie Ana, et sans ce stupide accident qui m'a clouée durant quelques semaines, je ne me serais jamais lancée dans cet exercice. 

 

Chapitre 1

Les Demoiselles de St Ladre

 

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Samedi 15 décembre 2007 La petite route était noire et luisante au milieu de toute cette neige grisâtre. À peine dégagé, le ruban d’asphalte était étroit, et les voitures se croisaient avec difficultés. Il avait neigé fortement depuis le début de ce mois de décembre. Déjà, mi-novembre, quelques flocons avaient blanchi la campagne. Et depuis, une neige très fine, humide et pénétrante, n’arrêtait pas de tomber, virevoltante au moindre souffle de vent. Ce n’était pas suffisant pour recouvrir la route abondamment salée, mais assez pour effacer en une journée toutes les traces de la veille. La circulation n’était pas très intense, il semblait que l’activité, comme la nature, s’était endormie. Il faisait froid et humide, d’autres précipitations importantes, peut-être neigeuses, étaient attendues. Le ciel était gris bien sûr, et la nuit ne tarderait pas à accabler le paysage d’un sombre avenir. Les arbres des taillis tendaient désespérément leurs squelettes vers de gros nuages terrifiants. Depuis les quinze jours que la neige était omniprésente, la plupart des branches de ces arbres nus avaient perdu leur chargement de poudre blanche. Et pour d’autres, il suffisait d’un souffle de vent pour qu’elles se dévêtissent, dans un chuintement à peine perceptible. La petite route reliait la départementale à la petite ville de Cagny. C’était un raccourci bien pratique qui permettait de rejoindre le parking de la gare de Longueau. À quelques centaines de mètres de la station, la route était surplombée par cet immense viaduc qui enjambait la vallée marécageuse. Ce que l’on appelait la rocade, mais en réalité c’était l’autoroute qui contournait la ville par le sud en surplombant la vallée. Le flot des véhicules épargnait ainsi le centre-ville qui, à grands frais, avait été tristement abandonné aux piétons. Parallèlement à la route, sur un remblai de quelques mètres, la ligne de chemin de fer émergeait tout juste, elle aussi, de la couche de neige. On ne distinguait que les rails, les traverses n’étaient plus visibles qu’à de rares endroits. Comme la petite route, les voies s’engouffraient sous le viaduc dans la direction de Paris. De l’autre côté des voies, la falaise de craie du plateau picard ajoutait sa grisaille au décor ambiant. En face, dans la vallée, le marais. Cette immense étendue d’étangs constitue le lit de la rivière qui coule sa tranquillité dans la réserve Saint-Ladre, avant de se mêler à la Somme à Camon, entre Longueau et Amiens. 

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Jolie Luna II
 

 C’était un mercredi d’automne. Une fois n’est pas coutume, l’air était doux

et ensoleillé. Le ciel était sans nuage, le soleil un peu bas.

Rachel arrêta sa voiture sur le petit espace qui tient lieu de parking dans le virage près de l’étang de Sainte Perrine. La couleur des feuillages était d’or, au maximum de sa lumière, cela n’arrive une fois l’an, de pouvoir profiter de cet enchantement de la forêt de Compiègne. Ici, les charmes et les hêtres se couvrent d’or en automne alors qu’à Chantilly ville sœur, la forêt, magnifique elle aussi, se teinte de pourpre.
Descendue de la voiture, sa petite fille se mit à courir dans le chemin, traînant les pieds dans l’épaisseur des feuilles mortes. Le tas de feuilles lui arrivait aux genoux. Rachel marchait derrière elle, son seul souci était de respirer ce parfum étrange mêlé d’humidité et de végétaux en décomposition. Le parfum de la forêt, elle le connaissait bien pour parcourir à vélo toutes ses routes par tous les temps. A la surface de l’étang deux ou trois colverts, une dizaine de foulques, ces oiseaux qui ne volent pas, (on se demande comment ils sont arrivés là), et un couple de cygnes majestueux sur les eaux calmes. L’étang de sainte Perrine n’est pas très grand mais s’il est un lieu dans cette forêt, habité par les Fées, cela ne peut être que là. Rachel venait ici souvent, pourquoi ? Elle ne le devina que récemment, s’étant rendue compte qu’elle y venait machinalement quand elle avait des soucis, et qu’elle en repartait toujours apaisée.
Elle avait pris le parti d’en faire le tour, sur un sentier étroit et glissant toujours dans le même sens, on n’est pas superstitieux, mais quand même ! Elle s’assit sur un tronc d’arbre tombé, et regardait gambader la fillette qui s’était mis dans l’idée de cueillir du muguet pour sa maman ! À cette époque, ça n’était pas gagné ! Des soucis, Rachel n’en avait pas vraiment, son travail marchait bien depuis que, en accord avec sa direction, elle avait adopté le statut de travailleur indépendant. Elle pouvait travailler pour plusieurs clients, son patron lui avait assuré un volume de travail lui permettant de commencer, et de démarcher une autre clientèle. Les promesses étaient tenues, les clients se manifestaient, tout allait bien, pas de problème de santé, la gamine était en pleine forme, elle aussi, coté cœur ? Là peut être était le hic, c’était le calme plat, pas de liaison, pas d’amours cachées, ni même espérées, rien, nada. De toute façon, depuis le départ de Luna, rien n’était plus tout à fait pareil. Sans pouvoir dire exactement pourquoi, mais peut être était-ce la cause de son arrêt ici. Depuis le vernissage où Luna était réapparue, elle l’avait revue deux fois. Rachel s’était proposée pour aider à faire les cartons de son déménagement, mais d’Amours, que nenni. Les amours de Rachel et de Luna s’accordaient mal, sans doute, avec un scénario de départ. Nulle demande, pas d ‘effets, il n’y eut pas d’autre nuit de folie.
Luna était partie depuis deux mois maintenant, et Rachel était sans nouvelles. Luna était comme ça, une présence qui emplit le monde quand elle est là, ou alors le vide sidéral, le silence radio le plus total. Le téléphone, visiblement, elle n’en connaissait pas l’existence, et Rachel, second rôle, n’avait pas l’outrecuidance d’imposer ses inquiétudes.
Ce qui va suivre, Rachel n’en eut connaissance que bien après lors d’une nouvelle rencontre ensoleillée.
Luna avait sollicité un emploi suite à une annonce parue dans une revue professionnelle. Convoquée par un cabinet conseil en recrutement elle avait subi avec succès les tests et rencontres avec son futur employeur. Elle avait en poche un contrat de travail à durée déterminée, certes, mais un contrat quand même ! Elle prit le temps de se trouver un logement selon ses goûts, convoqua un décorateur, donna ses instructions, insista sur le respect des délais, imposa des pénalités de retard par contrat, bref elle était chez elle la veille de ses débuts au laboratoire. Visiblement il n’y avait pas de problème d’argent !
Elle arriva au laboratoire à l’heure dite, elle était attendue ; une jeune femme l’accueillit, lui consacra la journée en visites et présentations. C’était le grand style, Luna était contente. La jeune femme lui présenta son responsable hiérarchique un homme d’une quarantaine d’années, peut être moins, bel homme, élégant, l’air sérieux, Un dénommé Gérard L. . . . En fait le laboratoire était une usine, une PME de 150 personnes, déjà une grosse boîte ! Les installations étaient modernes, le matériel dernier cri, tout paraissait idéal pour travailler dans les meilleures conditions. Luna se jeta à corps perdu dans son travail qui se révéla intéressant, pendant plusieurs mois il n’y eut que cela dans son esprit, elle avait la soif d’apprendre, le désir de faire bien.
Et puis insidieusement elle sentit quelques changements. D’abord dans ses rapports avec ses collègues, et puis il lui apparut qu’il lui manquait quelque chose, elle ne savait pas quoi, mais sa vie se transformait. Luna sentait que sa vie voulait changer de vie. Au travail elle se rendit compte au fur et à mesure que le temps passait, que Gérard la regardait d’une autre façon, elle remarqua aussi que chez ses collègues femmes, deux d’entre elles cherchaient constamment son regard et sa présence, d’autres l’ignoraient de façon visible, et avec mépris.
Elle n’avait pas de liaisons amoureuses, elle n’en cherchait pas.
Un beau matin elle fut convoquée par le Directeur à une réunion de Comité d’Entreprise, Ordre du jour, Examen du règlement intérieur etc., etc.
Elle se retrouva dans la salle du CE avec les délégués syndicaux qui se présentèrent, le responsable du personnel, et le directeur, qu’elle n’avait pas revu depuis son arrivée. Elle se demandait bien ce qu’elle faisait là, elle le sut tout de suite.
« Melle, depuis votre arrivée chez nous, beaucoup de choses ont changé, et pas dans le bon sens, beaucoup de vos collègues se plaignent de votre tenue, de vos manières, bref ils se disent déstabilisés par votre présence. »
«  Je vous demande pardon ? » Luna s’attendait à tout, sauf à cela !
« Je vais tout vous dire, puisqu’il faut vous mettre les points sur les « i ». Regardez vous ! vous ne portez quasiment rien sous votre blouse celle ci n’est pas totalement fermée , ni en haut ni en bas, votre décolleté indispose , votre minijupe également , nous ne sommes pas ici dans une discothèque ! » Luna se sentit devenir rouge sans savoir si c’était de honte ou de colère !
« Et mon travail monsieur qu’en pensez vous ? »
« Votre travail n’est pas en cause à ce que je sache, il s’agit de votre tenue, de votre façon de vous habiller, voire de ne pas vous habiller, qui trouble vos collègues de travail ! » Luna regarda les délégués, qui les yeux baissés ne voulaient visiblement pas participer aux débats.
Le lendemain elle arriva en pantalon, pull à col roulé, chignon. Gérard pensa en secret que le pantalon moulait mieux les fesses et la taille, que le pull mettait la poitrine en valeur un peu plus, et que le chignon dégageait une nuque souple et parfumée. Gérard pensa que la réunion avait eut un effet positif ! Il fut le seul. Les autres collègues lui firent publiquement des réflexions, les deux femmes    «  intéressées » furent les seules à prendre son parti.
Luna ne l’avait pas fait exprès, elle était au fond d’elle même extrêmement vexée, elle ne savait plus que faire. Elle était devenue malgré elle, celle qui était différente, la provocatrice, la femme de mauvaise vie, bref, un sujet à ne surtout pas fréquenter. Dans son désarroi, Gérard essaya le la soutenir, Luna vit tout de suite où il voulait en venir, L’une des deux femmes l’invita chez elle sans détours. Luna déclina l’invitation. Luna en était là, elle n’avait rien fait, rien dit, essayé de rentrer dans le standard, mais en vain, elle était belle, trop sensuelle, les autres ne le supportaient pas, la rumeur arriva sur sa vie privée, sur ses soit disant relations avec les uns et les autres. Luna demanda un congé qu’elle obtint, le service du personnel se sentit soulagé.
Son appartement était situé dans le vieux Tours, l’usine était à une vingtaine de km. En ville elle se sentait débarrassée de ces agressions, le moral lui revint. Elle aimait cette ville où la qualité de vie ressemblait beaucoup à celle qu’elle avait connue à Compiègne.
A la terrasse ensoleillée d’un café, emmitouflée dans son manteau, seule, elle était la cible de quelques regards intéressés de la gent masculine. Un homme l’aborda, la cinquantaine aisée, l’invita à dîner sans autres manières. Luna ressentit en elle un sentiment violent qui partit du sternum, là au milieu de la poitrine, s’attarda un peu au bout des seins, puis descendit plus bas vers le ventre, sentiment qu’elle reconnut sans déplaisir. Elle adorait ce genre de situation qu’elle maîtrisait parfaitement. Elle avait pensé s’en affranchir définitivement par le travail, elle avait toujours été persuadée que sa vie Compiègnoise avait été un mal  nécessaire qui ne laisserait aucune trace et que cette période finie, tout serait effectivement fini. Elle venait de découvrir qu’il n’en était rien, Elle découvrait en plus, qu’elle en éprouvait un certain plaisir.
Luna s’organisa en conséquence, fit ses choix, fixa ses limites, ses clients furent rapidement nombreux. Elle fit un contrat « moral » avec le milieu en place. Certes, elle gagnerait moins mais elle aurait du temps pour travailler. Après trois semaines de « repos » elle regagna l’usine. En une semaine elle avait amassé plus d’argent que son mois de salaire. Là bas, sans elle, les passions s’étaient déchaînées, les employés loin d’être apaisés par son absence se reprochaient les uns les autres ce qui s’était passé. Il y avait les pro-Luna et les autres, qui s’affrontaient dans de violentes invectives. Luna constata avec stupeur ce qu’était devenu l’ambiance chaleureuse de travail et le calme studieux qu’elle avait connu en arrivant.
Elle fut terrorisée, demanda à voir le directeur, celui ci effondré lui avoua qu’il ne reconnaissait plus son entreprise. Elle offrit sa démission qu’il accepta immédiatement en lâchant d’un air blasé, « Je ne suis même pas sûr que cela va changer quelque chose ».
Le jour même la nouvelle courut comme une traînée de poudre. Luna la tête haute voulut faire ses adieux au personnel. A la salle de restauration, elle déclara simplement qu’elle partait parce que le travail n’était pas celui qu’elle avait souhaité. Ce qui n’était ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux.   Elle alla serrer la main des délégués, embrassa Gérard sur la joue, celui-ci en fut visiblement troublé, S’approcha de son « amie » qui sans complexe et devant tout le monde, l’embrassa sur les lèvres dans un baiser un peu plus appuyé qu’il n’était nécessaire. Nullement troublée Luna continua, poignées de main, bisous, selon les uns ou les autres, beaucoup ne l’avaient jamais approchée de si près, et pour la première fois furent enivrés de parfum, égarèrent un oeil dans un profond décolleté, et le balancement des hanches qui s’éloignaient, leur fit comprendre qu’ils venaient de perdre quelque chose de précieux. Le dernier fut Le Directeur, à qui Luna sans rancune fit la bise en souriant, et partit sans se retourner.
Luna ne voulut pas faire de sa vie, une vie de courtisane. Elle chercha un autre emploi. Elle fut serveuse dans l’un des grands cafés de la ville, puis vendeuse à la FNAC , puis caissière au Carrefour . Finalement elle devint hôtesse d’accueil dans une grosse société de la région, où visiblement, on considérait une jolie femme comme un bienfait pour l’image de marque de la maison, plutôt que comme une personne méprisable et de mauvaise vie. Le « management » de la société comprit tout de suite le parti qu’il pouvait tirer du savoir faire de Luna, face à la clientèle  internationale de la société. Personne n’eut jamais connaissance du « contrat de travail » que Luna aurait obtenu. Elle monta rapidement dans la hiérarchie de l’entreprise, jusqu’à devenir un cadre influent du Comité de Direction, spécialisée dans les relations publiques. Le Président appréciait en elle son élégance naturelle, son aisance, sa compétence, son talent à créer des relations durables avec la clientèle. Il était devenu son plus ardent partisan, En quelques mois Luna était devenue quelqu’un d’incontournable dans la société, beaucoup la voyaient obtenir rapidement un poste de direction.
En fait, Luna avait trouvé son équilibre, elle avait un travail qui lui plaisait, dans une bonne ambiance, ou elle exerçait de grosses responsabilités. A coté de cela elle avait sa vie secrète, qu’elle exerçait pour le plaisir, personnage à deux faces, qui lui apportait tout ce qu’elle désirait. Quelques bons clients triés sur le volet, quelques clientes aussi. Tous, gens fortunés qui avaient trouvé en elle, suffisamment de grâce et de beauté pour justifier « à leurs yeux » d’y laisser une petite fortune. Luna avait le béguin pour une jeune étudiante d’une grande beauté à qui elle ne demandait pas d’argent , mais lui en laissait le plus souvent, pour quelques folies vestimentaires.
Elle fit la rencontre de Gérard, son ancien chef, dans la salle des pas perdus de la gare, attendant tous deux le train pour Paris, où Luna devait accueillir une délégation Japonaise.
Elle le trouva plus « beau mec » qu’avant, moins stressé, cela lui fit plaisir. 
Ils firent le voyage ensemble, à sa grande surprise Luna se fit la remarque qu’elle s’était sentie plutôt heureuse de cette rencontre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
Chez Rachel, début Juin, tard dans la soirée, le téléphone sonna
« C’est Luna ! Ça va ma biche ? »
« Oui ça va. Et toi que deviens tu ? »
« Impec ! J’ai quelques jours de vacances à prendre, une semaine 10 jours peut être, j’aimerais les passer avec toi au soleil, ça te dit ? »
« Rachel, surprise, oui pourquoi pas, quelle période ? »Et la conversation continua, et les détails furent décidés, « j’ai plein de trucs à te raconter » etc. etc. . .
Rachel s’occupa de tout. Pour des raisons de simplicité elle décida d’aller à St Cyprien. Là bas elle connaissait bien, et ses amis, Jean et Dominique, y avaient un mas. Ils y seraient à cette époque. Rachel prit quelques temps pour tout organiser, et se mettre tout ça dans la tête, dans une démarche logique. Et petit à petit, elle devint pressée et attendit le départ avec impatience.
Elle récupéra Luna à Clermont. Rachel la trouva plus belle que jamais. Déjà bronzée de cette couleur dorée inimitable, ses cheveux aux épaules semblaient plus longs, ils étaient naturellement ondulés, et leur blondeur était lumineuse. Il lui sembla qu’elle était un peu plus mince, cela la faisait paraître encore plus grande. Elle retrouva la voix cassée, un peu rauque avec amusement. Luna semblait sincèrement heureuse de retrouver Rachel, son visage était éclairé d’une joie intense. Ces deux là avaient l’air de se connaître depuis toujours. Axelle la petite fille de Rachel était en admiration, elle avait devant les yeux une vraie Barbie, une grande !
Arrivées à Saint Cyprien ils s’installèrent à la Résidence du Golf, endroit calme et agréable, superbement équipé en piscines tennis restaurants et golf bien entendu. Luna fut très contente d’être là! Le lendemain tôt elles étaient sur la plage, il y avait déjà du monde, Luna et Rachel s’installèrent, l’une brune à la peau sombre, l’autre blonde à la peau dorée, Joli couple qui attirait déjà beaucoup les regards. Luna alla vers le bord de l’eau, jugea la température du bout du pied, et enleva son maillot. Rachel stupéfaite vit Luna entièrement nue au milieu de la foule. Elle revint vers elle, pour déposer le maillot sur la serviette, Rachel la regardait venir, (elle n’était pas la seule) le souffle coupé. La démarche, le corps doré, les cheveux au vent, et ce triangle d’or au bas du ventre . . . . . Superbe beauté blonde. Luna n’en finissait pas d’être belle. Elle jeta le maillot, fit un clin d’œil à son amie amusée, et repartit vers l’eau. Elle noua ses cheveux. Elle entra dans l’eau sans hésiter et partit dans un crawl impétueux, suivie par le regard connaisseur de Rachel ! Rachel commença à enduire copieusement la petite de crème solaire puis s’étendit au soleil, gardant dans ses yeux fermés l’image surprenante de ce triangle d’or ! Elle sursauta quand Luna l’éclaboussa à son retour.  « Vas y dit elle je reste avec la petite ».
Rachel retrouva l’eau avec délice, c’était son élément, elle pratiquait la natation régulièrement, et de nager jusqu’aux bouées des trois cents mètres aller retour sans s’arrêter ne lui posait vraiment aucun problème. Elle revint et repartit avec Luna et la petite, chahuter un peu dans l’eau. Quand elles revinrent, un jeune « beur »  surveillait  leurs affaires! Il s’était arrogé le rang de garde du corps ! En fait le jeune homme presque noir, était subjugué par la blondeur de Luna, il ne la quittait pas des yeux. Dans son parler très particulier, il expliqua aux jeunes femmes, qu’il ne fallait pas laisser les affaires sans surveillance, qu’il était interdit d’être nu, qu’elles risquaient une amende et l’expulsion de la plage. Il leur expliqua qu’il y avait une plage naturiste de l’autre coté du port et qu’il y avait moins de monde. Elles remercièrent, mais le jeune homme resta là, à moins d’un mètre, dévorant des yeux Luna étendue toujours nue. « Comment t’appelles-tu » demanda Rachel ? Bachir! Luna sans ouvrir les yeux prit la parole « Moi c’est Luna, elle c’est Rachel, la petite, Axelle. Tu peux rester avec nous, mais tu parles en français, tu jettes ta clope, tu retires cette casquette ridicule, et tu arrêtes de me regarder comme un singe au zoo! Sinon je t’arrache les yeux et le reste » Bachir retira sa casquette et ne dit plus rien. Quand elles quittèrent la plage, le jeune homme suivit les femmes à distance. La soirée se passa bien dans un restaurant du port, l’Hidalgo, Rachel y avait des amis. Bachir, tout ce temps était resté tout près, assis sur le petit muret, au bord du trottoir.   Le lendemain matin elles allèrent sur la plage  naturiste : le Bocal du Tech, (l’embouchure du Tech) Au bout de la route étroite et défoncée, un petit parking encore vide à cette heure là, puis un chemin qui mène vers la plage. Au bout du chemin, une paillote,  « La Carette » Près de la Carette, Bachir était là avec deux copains. Ils les attendaient, sans casquettes. Luna comprit le truc, lui lança son sac en lui disant « Rends toi utile » et Bachir prit le sac. L’autre copain prit celui de Rachel, Le troisième prit la main d’Axelle. Ils choisirent un endroit où se poser, la plage était déserte. Les femmes se sont mises nues, la petite Axelle aussi, sans complexes les gamins se sont assis dans le sable les regardant. « Et Alors les garçons ? À poils ! Qu’est ce qu’on attend ? Ce n’est pas une plage de nudistes ? » Ils se regardèrent, hésitants, et Bachir se déshabilla le premier, les autres en firent autant. «  Voilà c’est mieux comme ça » dit Luna sans même les regarder !  Visiblement ça l’amusait! Au moins dit elle à Rachel, on ne sera pas dérangées ! Ojalà dit Rachel! C’était l’heure idéale, pas un souffle de vent, pas une ride sur l’eau, l’heure où il est bon de se mettre à l’eau et de nager dans cette mer de platine. Luna partit au loin Rachel la suivit, Axelle resta avec les gamins tout fiers de la confiance qui leur était faite. Confiance bien placée ils se seraient fait tuer plutôt que de manquer à leur engagement moral de défenseur de la femme et de l’enfant ! Luna et Rachel revinrent et s’allongèrent sur leur serviette de bain. Bachir n’avait d’yeux que pour Luna, Celle ci, sentant le regard sur elle, ouvrit un œil et dit : Bachir s’il te plait, va te tremper dans l’eau, ça te refroidira un peu ! Rachel éclata de rire, les autres gamins aussi. Bachir alla se « refroidir » et revint prendre son poste dès qu’il le put. Luna murmura à l’attention de Rachel ! « Il est beau ce gamin ! » « Trop jeune pour toi  » répondit Rachel ! Le lendemain matin près de la Carette, une personne de plus, une « beurette » ! Celle ci s’avança et demanda poliment « Je peux me joindre à vous ? »
«  C’est Lizza, ma meuf dit Bachir »
« Encore un mot comme ça et je t’arrache les yeux ! Je te l’ai déjà dit ! »
La fille était assez jolie, un peu épaisse de corps, la poitrine audacieuse, elle avait un beau sourire, de très beaux yeux; elle leur emboîta le pas !
Sur la plage Lizza marqua une nette préférence pour Rachel et resta près d’elle. Elle n’alla pas se baigner avec les autres, ni même avec les garçons. Rachel étendue après avoir nagé, les yeux fermés au soleil, sentit soudain dans sa main la main de Lizza qui essayait de croiser ses doigts avec les siens Rachel ne refusa pas la caresse, et garda dans sa main la main de Lizza. Rachel les yeux mi-clos voyait la poitrine de Lizza se soulever à un rythme accéléré. Elle allait avoir du plaisir, rien qu’en lui touchant la main . . .   Elle sentit les doigts se crisper, la serrer très fort, et puis doucement la relâcher, Rachel ne dit rien, d’une pression de la main elle fit comprendre à Lizza qu’elle avait compris et qu’elle avait aimé.
Le soir elles furent invitées Chez Jean et Dominique, pour un barbecue avec quelques autres amis. De cette soirée Rachel a gardé quelques photos, Luna et Dominique, ont sympathisé très vite. Les jeunes beurs n’étaient pas loin, Luna expliqua leur « inévitable » présence, Jean les invita à entrer.
C’étaient de vraies vacances, le  matin à la plage, avec la bande des jeunes, après midi, sieste, quelque fois agitée, quand Axelle dormait. Et puis les soirées calmes, pas de boîte, restaurants, promenades main dans la main, les confidences, Rachel apprit tout ce qui s’était passé depuis son départ de Compiègne, et elle entendit Luna dire «  En fait ce que je voulais surtout te dire, c’est que je veux avoir une petite fille belle comme la tienne, j’ai trouvé le père, ce sont mes dernières vacances de jeune fille » Rachel n’en était plus à une surprise près demanda : « Tu veux te marier ? » « Je n’ai jamais parlé de cela, je veux un enfant c’est tout ! »
 
Les vacances finies, Rachel repartit pour Compiègne, Luna vers Tours, et le silence s’installa, Rachel laissa des dizaines de messages sur un répondeur inutile. Luna ne la rappela jamais. Elle reçut enfin une lettre, juste un faire-part, de Tours. Rachel était née, elle pesait trois kilos, la maman était heureuse ! Rachel était attendrie par le choix du prénom, et attendit d’autres nouvelles, en vain. Elle téléphona, elle écrivit, elle envoya des cadeaux, de la layette, aucune réponse ne lui parvint jamais. Une année se passa, puis une autre. Rachel n’était plus seule dans la vie, elle vivait en couple avec une jeune femme récemment rencontrée; elle avait rangé Luna dans un coin secret de son cœur et de son corps, dans le coin de ses plus beaux souvenirs.
Et puis, un matin une lettre, tamponnée de Tours, Rachel eut un battement de cœur. Elle hésita avant d’ouvrir, elle se décida fébrilement à le faire et lut :

 

Chère Rachel.
Je suis Gérard, le papa de la petite Rachel, l’ami de Luna.
Vous ne me connaissez pas, mais Luna, souvent, m’a parlé de vous. 
Vos lettres sont arrivées à destination et Luna a toujours eu l’intention d’y répondre. Tous les messages du répondeur ont été écoutés, mais la vie trépidante de Luna l’a empêché de répondre même à ses meilleures amies. La petite Rachel va bien, elle est superbe; Luna dit qu’elle vous ressemblera .
Malgré les moyens modernes de communication, il y a des choses qui sont plus faciles à dire par écrit qu’au téléphone, et ce que j’ai à vous dire en fait malheureusement partie. La maman de Luna très malade, a réclamé la présence de sa fille auprès d’elle. Luna est partie en voiture là bas, mais, elle est arrivée trop tard, sa mère était décédée. Elle est restée sur place le temps des obsèques. Elle a repris la route dès le soir, pour rentrer au plus tôt.
Luna s’est tuée sur l’autoroute, en heurtant de plein fouet la pile d’un pont.
Elle venait d’avoir trente ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
 
 
 

Par eve anne
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